FOOTBALL FREESTYLE, THÉÂTRE, ACROBATIE, CIRQUE
Tarif B - 50 min.
Dès 8 ans
GRANDE SALLE
Mercredi 30 avril – 20h
Séance scolaire : mar. 29 avr. – 14h30
Le foot rencontre le cirque.
Mouton noir repose sur une maîtrise technique accrue du football freestyle de Paul Molina couplée à une performance physique circassienne autour de l’acrobatie. Il laisse libre cours à son explosivité, caractéristique d’un sport où tout se passe en fractions de seconde. Le football freestyle puise une partie de ses techniques dans le cirque, mais se démarque du jonglage classique. Dans cette création, le cirque vient pousser à son paroxysme le niveau de maîtrise du corps et se mêle au football freestyle avec un niveau de contrôle du ballon par Paul Molina poussé à l’extrême.
Un échange, une discussion entre deux univers qui ont beaucoup de choses à se dire.
Et, sous les yeux du public, le jeune étudiant, puis salarié, se rêvant freestyler professionnel, déploie ses ailes à coups de jongles et d’introspections. Paul Molina est davantage que ça, c’est un artiste. – La nouvelle Aquitaine
Paul Molina a remporté la troisième place au Super Ball 2022 (catégorie Rookie), championnat du monde de freestyle (Prague).
Mise en scène : Wilmer Marquez – Interprétation : Paul Molina – Création son : Jorge Avellaneda – Regard artistique : Lou Valentini – Régisseur général : Hubert Perin – Costumes : Fanette Bernaer.
© Photo : Christophe Raynaud de Lage
Production déléguée : Équinoxe – SN de Châteauroux – Coproducteurs : Maison de la Culture de Bourges - SN, Scène nationale du Sud Aquitaine - Bayonne, TANDEM SN - Hippodrome de Douai - Théâtre d’Arras, Théâtre-Sénart - SN, Le Sirque - Pôle national cirque à Nexon en Nouvelle-Aquitaine, Lieux publics - CNAREP & Pôle européen de production - Marseille, Le Phare - CCN du Havre Normandie, Le Séchoir - Scène andémik de Saint-Leu, La Réunion (scène conventionnée) – Soutien en résidence : Agora Boulazac - Pôle National Cirque et La Gata Cirko – Bogotá – Aide à la création : Région Centre-Val de Loire et DRAC - labellisation Olympiade Culturelle/ Ministère de la Culture.
Au printemps 2021, le directeur de la Scène nationale que je suis, remarque, sur les réseaux sociaux, une photo d’un jeune footeux jouant avec son ballon sur le parvis d’Équinoxe, et bien centré sur le logo monumental de notre façade. Désireux d’utiliser cette image très « instagrammable » pour notre propre communication, j’avise un soir le jeune homme que j’avais déjà repéré à de nombreuses reprises devant notre entrée, en train de s’entrainer avec son ballon. Je m’approche, mais lui, apeuré, me répond en partant : « oui, oui, je m’en vais, je ne ferai plus de bruit »… Je le rattrape en le rassurant, et commence à lui expliquer ce que je voudrais. Puis nous discutons, et je m’aperçois que, non, il ne vient pas d’un quartier défavorisé de Châteauroux, que, non, il travaille, pour une boite de marketing digital à Madrid (du fait de la pandémie, il télétravaille depuis chez lui dans le centre-ville de Châteauroux), et que, oui, son frère, Jacques, à côté de lui, étudie le droit… Mes clichés se brisent.
Quelques semaines plus tard, nous allons boire un verre, et discutons avec fluidité et intérêt commun. Paul est un garçon poli, bien élevé, résilient et qui réfléchit. Il a surtout une passion dévorante qu’il place au-dessus de tout : le foot freestyle qu’il m’explique longuement. Je m’intéresse de ce fait de plus en plus à la discipline et regarde des vidéos et les entrainements intensifs de Paul. Une amitié nait, même si j’ai le double de son âge. Nous refaisons avec notre photographe associé, Romain Bassène, la photo de Paul jonglant devant le parvis, elle fera une belle affiche pour notre festival autour du mouvement.
Je propose à Paul de faire une démonstration de son art à la présentation de saison de septembre 2021. Il pense « non », mais dit « oui », ne voulant rater l’opportunité un peu effrayante de partager son sport/art à un public qui ne le connait pas. Je lui ajoute l’obligation d’une musique différente du reggaeton qu’il écoute en boucle, et il choisit une musique à michemin entre lui et la musique de Rameau que je lui ai fait écouter. Il travaille beaucoup sur ce « show ».
La présentation de saison se passe évidemment bien (il vous dira le contraire), et je pressens chez lui une capacité à occuper l’espace, un réel plaisir de la scène, une présence forte et magnétique, et des fêlures à exploiter. Je lui propose alors de créer une forme courte dans l’espace public, pour notre festival « Après le dégel » au printemps suivant. J’y ajoute le regard extérieur de Mélodie Joinville, directrice artistique de la Cie La Tarbasse avec laquelle nous travaillons souvent, que j’apprécie particulièrement, et qui a l’habitude de travailler avec des non-danseurs. Il dit « oui », mais pense encore une fois « non ».
Le printemps arrive, Paul réunit 350 personnes enchantées pour son touchant portrait dansé en extérieur, porté par les artistes présents au festival (Vladimir Couprie de Connexio- Carré Curieux qui lui prête sa scène circulaire en bois et ses conseils, Diego Ruiz Moreno et Wilmer Marquez, circassiens colombiens qui lui offrent un retour immédiat).
Nous décidons de perfectionner ce spectacle en l’allongeant et corrigeant ses faiblesses, par une nouvelle résidence où Paul et Mélodie travaillent d’arrache-pied. Paul devient « artiste en développement », titre que nous créons pour lui, profitant de cette occasion pour avancer notre projet de production déléguée. J’y ajoute d’autres résidences avec notre artiste associé Wilmer Marquez (que Paul admire), en lui demandant de créer avec Paul, fortement « coachable » comme il le dit lui-même, une nouvelle pièce, circassienne cette fois, et plus acrobatique donc, qui mettra en valeur toute l’explosivité de Paul et de son art. Paul dit « oui » sans désormais penser « non ». Paul part à l’été 2022, à Prague, pour les championnats du monde de freestyle (le « Superball »), il revient avec la troisième place en catégorie « rookie » (c’est-à-dire « entrée dans la compétition »), ne comprends pas ma (vieille) référence à « Rox et Rouky », mais m’offre avec fierté le panneau des juges avec son nom.
Nous sommes partis pour une belle aventure, tant je suis persuadé des capacités d’interprétation de Paul, de sa force intérieure, et de l’intérêt de son croisement des arts.
Le plus drôle dans l’histoire, c’est que la photo partagée sur les réseaux sociaux représentait en fait le frère de Paul…
Jérôme Montchal, directeur d’Equinoxe-Scène nationale de Châteauroux
RENCONTRE ENTRE PAUL MOLINA ET WILMER MARQUEZ
Wilmer Marquez a assisté à un show de Paul Molina lors du festival d’Équinoxe « Après le Dégel » édition 2022, auquel ils participaient tous deux.
Suite à cette découverte artistique, où il a décelé le potentiel de Paul pour aller au-delà de sa discipline, il a échangé avec Jérôme Montchal qui partageait la même vision des choses. La Scène nationale a ainsi décidé de produire une création qui associerait Wilmer Marquez à Paul Molina.
Dès la première résidence, Wilmer a puisé son inspiration dans le parcours de ce jeune homme pour créer ce nouveau spectacle. Il est rentré dans son intimité afin de mettre en scène la vie d’un « Monsieur tout le monde » qui a tout quitté pour vivre de sa passion. Wilmer reconnaît la chance inouïe qu’il a eu de pouvoir s’introduire dans la vie de quelqu’un afin de créer un spectacle qui parle au plus grand nombre. Il espère ainsi véhiculer un message encourageant auprès des jeunes en leur démontrant que des alternatives de vie existent pour contourner les parcours imposés.
PROJET DE CRÉATION DE WILMER MARQUEZ
En s’inspirant du parcours de vie de Paul, Wilmer raconte le nouveau chemin qu’aspire à emprunter un jeune homme, tout droit sorti d’une grande école lui donnant accès à une carrière lucrative, qui ne lui procure pas l’épanouissement souhaité. La seule chose dont il rêve est de sortir de sa vie monotone et de vivre sa passion.
Mélangeant cirque, acrobatie et football freestyle, le spectacle relate avant tout une quête du bonheur.
Une réflexion portée sur notre société de consommation et de production incessante qui amène le spectateur à s’interroger. Une bouffée d’optimisme qui dégage l’horizon en montrant que d’autres issues sont possibles.
INTENTIONS SCÉNOGRAPHIQUES
Habitué au travail de mise en scène, Wilmer aime particulièrement plonger le spectateur dans un univers grâce à un habillage scénographique et à une mise en exergue des corps. Pour cette nouvelle création composée de plusieurs tableaux, le choix scénographique s’est porté vers des praticables habillés par un puzzle de tatamis afin de jouer avec les formes et avec les contraintes. Ce décor est assez simple et a nécessité peu de matériel, mais est toutefois imposant sans être contraignant.
Il représente un lieu accessible où tout le monde peut trouver sa place et reprend de nombreux codes de l’art urbain. Deux yeux ne sont pas suffisants pour décortiquer toutes les informations taguées, à la fin de chaque représentation par le public sur les tatamis, référence à la surinformation et aux réseaux sociaux. Chaque public vit ainsi un moment de cohésion avec les artistes et laisse ainsi une trace de son passage à la fin du spectacle, dont la scénographie est évolutive.
Site internet de foot Freestyle France : https://footfreestylefrance.fr/quest-ce-le-freestyle
Le Freestyle Foot consiste à faire des gestes avec un ballon. Cette simple phrase pourrait suffire à définir notre pratique car en soi, il suffit d’avoir un ballon et d’essayer des figures avec.
Il n’y a pas de figures imposées, chacun est libre de construire son panel de gestes et d’en créer. C’est même l’ADN de la pratique. Pourtant, il y a quand même des bases communes que les pratiquants savent faire. Il est préférable quand on commence de reproduire des gestes de base. On peut retrouver des tutoriels sur internet. On a tous commencé ainsi. Beaucoup d’entre nous, ont commencé ce sport car cette liberté qu’offrait le freestyle nous séduisait. En opposition avec le football à 11, où on pouvait se sentir limité par les règles.
Seul, avec son ballon, on essaye de reproduire ce qui nous parait impossible au départ. Et on développe au fur et à mesure, une relation avec son ballon, avec la discipline. Et on apprend sur soi. Certains développent même un style à part entière, qui se démarquent. On apprend à être auto-discipliné car il faut avancer seul, même si les entrainements en groupe et l’aspect communautaire joue un rôle important aussi. La pratique du freestyle est dissociée du football car les figures qu’on apprend ne serviront très probablement pas sur un terrain et ce n’est pas le but. Certains voient même la dimension plus artistique du freestyle où ils s’inspirent d’autres disciplines comme du cirque, de la danse pour en faire des spectacles. D’autres y voient un côté plus athlétique, c’est pour cela que nous sommes à la croisée du sport et de l’art.
Mais nous sommes aussi associé au football car bien souvent les freestylers sont sollicités lors des évènements de football. Et surtout nous utilisons un ballon de football ! Même si depuis le temps, des ballons typiques de freestyle ont été créés : ils restent, néanmoins des ballons de foot avec quelques spécificités minimes.
Pour parler de l’origine du freestyle, il faut en évoquer plusieurs :
• Enrico Rastelli, jongleur d’origine italienne, dans les années 1920 réalisait déjà des gestes qui sont largement utilisées par les freestylers. Surtout des figures réalisées avec le haut du corps qu’on appelle dans notre jargon le Upper : https://www.youtube.com/watch?v=mowNKg1vhl8.
• Francis Brunn, de la même façon, a aussi créé des gestes que les freestylers utilisent. Mais ces deux jongleurs ne sont pas à l’origine du freestyle, on peut les voir comme des jongleurs hors-pair dont les freestylers plus tard se sont inspirés surement : https://www.youtube.com/watch?v=s3JC2PXit5M.
• Le point de départ vient peut-être plus du football. Diego Maradonna était déjà considéré comme la légende qui amusait le public lors de ces échauffements d’avant-match comme dans cette vidéo avec du jonglage : https://www.youtube.com/watch?v=JDQ2jdnv-2w.
Il est même (vraisemblablement) le premier footballeur a avoir réalisé le tour du monde – même si ce geste était déjà connu des circassiens.
PAUL MOLINA
Jeune sportif qui se rêve artiste. Il commence comme beaucoup de jeunes par les terrains de football avant de glisser doucement, mais sûrement, vers ce qui va devenir sa passion : le football freestyle. Cet art de jonglage croise de multiples disciplines artistiques, sportives et acrobatiques avec comme seul outil un ballon de football.
Obsédé par cette matière nouvelle, il explore avec avidité les perspectives sans fin que lui ouvre cet art qu'il cherche désormais à transposer dans le monde du spectacle.
Diplômé d'une prestigieuse école de commerce, il décide de s'éloigner de ce milieu et de prendre le risque de se lancer corps et âme dans cette nouvelle aventure artistique, muni de son ballon avec lequel il essaye de défendre sa discipline si chère à ses yeux.
Une discipline sur laquelle il a dû poser un regard nouveau, un regard « d'artiste » pour s'extraire du schéma de la compétition dans lequel un « drop » (c'est à dire le moment où le ballon touche le sol après avoir raté un geste) est synonyme d'échec ultime intolérable.
Il a dû revoir cette notion de l'échec, pour pouvoir décrire un sport où la réussite d'un geste n'est possible qu'à la condition de répéter inlassablement le même mouvement et entendre l'écho de ce ballon qui heurte le sol, encore et encore.
Paul Molina prend le risque de voir ce ballon tomber en quittant le parvis d'Équinoxe, lieu où son apprentissage a commencé et se perpétue depuis 4 ans, pour faire découvrir sa passion sous un autre angle, celui de l'art.
L'art, c'est également raconter une histoire, et Paul va chercher à expliquer ce que représente désormais pour lui cette discipline qui est devenue au fil du temps plus qu'une passion, en prenant le rôle de catalyseur et de régulateur de son diabète. Le football freestyle : une discipline nouvelle, un pont entre différents univers autour du mouvement mêlant fulgurances et moments figés que Pablito rassemble dans deux spectacles : un solo dansé chorégraphié par Mélodie Joinville et une représentation chapeautée par Wilmer Marquez dans laquelle le cirque vient se mélanger au football freestyle.
WILMER MARQUEZ
Colombien d'origine, il a formé pendant dix-huit ans un duo de portés acrobatiques et a cofondé la Cie El Nucleo à l'issue de sa formation au Centre National des Arts du Cirque en 2011. Il crée en duo les spectacles Sans Arrêt et Quien Soy ? en 2013.
En 2017 Wilmer met en scène le spectacle Somos, puis en 2019 le spectacle Nawak, tous deux actuellement en tournée. Il a participé à de nombreuses pièces de David Bobée : Romeo et Juliette, Warm et Dios Provéera pour lequel il est assistant à la mise en scène.
En 2020, il est invité par l'Orchestre Régional de Normandie à mettre en scène la nouvelle création intitulée Caravanserail (création festival SPRING 2021). Dans le même festival mais sous sa nouvelle Compagnie, la Cie Bêstîa créée en 2020, il met en scène le spectacle Barrières qui a fait sa première le 26 mars 2021 au CDN de Rouen avec dix acrobates sur scène (coproduction Équinoxe - Scène nationale de Châteauroux).
En 2020 il devient artiste associé à Équinoxe - Scène nationale de Châteauroux, dirigée par Jérôme Montchal, qui lui demande un regard extérieur sur le spectacle Ziguilé (Cie Très d’Union) qui a connu un grand succès et de nombreuses dates en tournée en 2022 et 2023. Parallèlement à son travail au sein de la Cie El Nucleo et de la Cie Bêstîa, Wilmer a rejoint le collectif XY sur le projet Les Voyages depuis 2018.
© Photos : Valentin Boureaud et DR