Qui aurait cru que théâtre et football avaient tant en commun ?
Il y a, au départ, l’appel du football. Ce sport, fédérateur, chorégraphique, est une matière idéale pour mettre en mouvement le corps, chercher l’ensemble et le groupe. Il y a, ensuite, le contre-appel d’une question, celle de l’enfant et de l’enfance. À cet âge flottant de la vingtcinquaine jusqu’à la post-trentaine, pointe et subsiste la question de la reproduction, de la mise au monde d’un enfant. Mais sur quel monde miset- on dans ce processus ? À l’heure de la dissolution de la planète, pourquoi commettre cet acte et à quelle fin ?
Dans une composition d’équipe réduite, un match tragique à cinq performeurs et performeuses auxquels s’accolent des amateurs et amatrices de 7 à 77 ans, on questionne ce 21e siècle de la pandémie, de la guerre et des coupes du monde.
PASSERELLE CINÉMA
Coup de tête de Jean-Jacques Annaud
Direction artistique, mise en scène & écriture : Louise Emö – Assistant mise en scène : Antoine Laroye – Interprétation : Eliot Saour, Manon Roussillon, Anne- Laure Thumerel, Baptiste Noslier, Antoine Laroye.
© Photo : Marie Charbonnier
Création & production déléguée : la parole au centre – Coproduction : DSN-Dieppe Scène Nationale, Espace Germinal Théâtre des Fosses - Val-d’Oise – Soutien : Département Seine-Maritime, MPAA Bréguet Sabin Paris 11e arrondissement, Centre social et culturel solidarité Roquette, Ville de Rouen - Labo Victor Hugo, Théâtre Paris-Villette/Grand Parquet.
Il y a, au départ, l'appel du football, lancé dans la profondeur du travail de la PaC. Ce sport, fédérateur, chorégraphique, constitue un objet d’études et une source d’inspiration de la compagnie. C’est une matière idéale pour mettre en mouvement le corps, chercher l’ensemble et le groupe.
Il y a, ensuite, le contre-appel d'une question, celle de l'enfant et de l'enfance. À cet âge flottant de la vingtcinquaine jusqu'à la post-trentaine, pointe et subsiste la question de la reproduction, de la mise au monde d'un enfant. Mais sur quel monde mise-t-on dans ce processus ? À l'heure de la dissolution de la planète, pourquoi commettre cet acte et à quelle fin ?
Surface de Réparation s’imagine tel un mouvement d’ensemble interdisciplinaire et indiscipliné, entre théâtre et football, où peuvent apparaître beatbox, polyglossie, mimétique, chorégraphie. C’est l’underground sur la surface, la face cachée institutionnelle du théâtre, avec Patrice Chéreau, Clément Cogitore, Zinedine Zidane et Ronaldinho dans le viseur des modèles. Le théâtre x football s’abreuve fluidement d’autres disciplines, avec des passes courtes ras de terre, dans le dialogue, l’opposition.
Ce sport de ballon rond qui se joue au pied, il n'est pas étranger à Louise Emö. Commanditée par l'Eclat à Pont-Audemer, elle rédige un podcast en 5 épisodes sur le football, l'enfance, la transgression, la honte, entre autres. Cette recherche-action autour de cette matière se poursuit ici dans ce spectacle. Quelle est la dramaturgie de ce sport et quelle matière peut-on en tirer pour faire théâtre ? Parallèlement, nous nous concentrons sur la tragédie de la parentalité sous toutes ses formes. L'adoption, l'abandon, l'avortement, tous ces mots trop grands-là qui s'immiscent dans nos quotidiens, avec l'urgence de prendre une décision avant qu'il ne soit trop tard. Cette question de l'enfant, et par extension de l'enfance, est prégnante dans cette création. L'enfantine passion du football associée au rêve de passer professionnel sans se prendre les pieds dans la rupture des ligaments, qui croise la question de comment devenir des adultes, philosophiquement, moralement pour toute une génération relai qui essuie les plâtres pour penser comment reconstruire – offrir ainsi autre chose à ces descendants, ces enfants, qui marcheront – peut-être ou pas – dans nos traces.
Cette tragédie, nous l'étudions en réduisant notre distance avec elle : nous la concevons au premier degré de notre recherche. Comme le signale Roland Barthes, il s’agit d’observer la distance, et non l’annihiler. Comme le signale Thierry Roland, après ça on pourra mourir tranquille. Quoique le plus tard possible.
Dans une composition d'équipe réduite, tel un five, un match tragique à 5 performeurs et performeuses auxquels s'accolent des groupes satellites de 7 à 77 ans, composés de 10 à 50 membres, on questionne ce XXIème siècle de la pandémie, de la guerre, des coupes du monde. Comment les figures de la tragédie classique et shakespearienne peuvent-t-elles servir d’étendard, de crachoir ou de muselière ? Dans quelle mesure Nina, Jennifer Aniston, Trigorine, Antigone, Neymar, Pelé, ont-ils traversé des crises similaires ? Comment le football transit-il ? La distribution est intergénérationnelle, elle rassemble satellites et professionnel.les, elle ressemble à tout le monde, elle invite les non-choisi.e.s, celles et ceux qui, en dépit du déterminisme social, montent sur scène.
Dans le rétro, des textes classiques. L'amour, l'enfance, tout y est. Antigone de Anouilh rencontre La Mouette de Tchekhov x Emö ; le clasico Real vs Barça rencontre les Montaigus vs les Capulets ; textes paroxystiques où les curseurs émotionnels sont poussés aussi loin que possible, le premier degré du trop plein - le pari et la force du groupe aussi, qu’on soit 500 ou 3000 l’important c’est la magie d’y croire. Comme dirait le sponsor.
Les premiers jalons du spectacle rêvé sont déjà posés. Une première ouverture de travail de Surface de Réparation a eu lieu au théâtre La Reine Blanche, à Paris, le 6 février dernier. Dans cette esquisse, en vrac, un extrait du podcast éponyme, la fuite en avant d'un mari, Hervé Renard à la mi-temps, du beatbox sur Fly me to the Moon. Ensuite, une première résidence de création a eu lieu en avril 23 à Dieppe, au Drakkar. Au menu, à la Clairefontaine, récit de la génération 87 au centre de formation de Clairefontaine, perte de l’enfant de Boris et Nina dans La Mouette, Jennifer Aniston et Mademoiselle K sur fond de cimetière des enfants non-nés.
Avec ce troisième spectacle choral, Louise Emö et la PaC affirment le désir d’un théâtre transdisciplinaire, multigénérationnel et inclusif, afin d’inscrire un nouveau chapitre dans l’appropriation des codes de la culture pop et de leur résonance avec les mythes classiques sur une scène multicolore.
La PAC (La ParoleAuCentre) est une compagnie portée par l’autrice et metteuse en scène Louise Emö. Son projet est contenu dans son nom : la parole au centre, qui a valeur de manifeste et se décline selon une méthode qui puise dans la performance. La prise de parole frontale, la modalité de présentation de soi, font partie intégrante de la démarche artistique. La théâtralité se construit essentiellement sur un triple mouvement de recherche : - le développement d’une pâte poétique, au sens dramaturgique et littéraire - la recherche d’une esthétique épurée (plateau nu, scénographie lumière, régie sonore à vue) qui met le performeur à l’honneur par une présence percussive, entre improvisation semi-écrite et chorégraphie de la partition - une arborescence entre les formes où se font écho des motifs formels et thématiques : la centralité de la direction d’acteur, la sacralité de la parole, le dépassement de la tragédie, la notion de mots trop grands, le truchement de la réécriture, un rapport pointilleux au langage. La ParoleAuCentre (PAC) défend aussi un projet de recherche artistique et vise à impliquer largement le public dans ses travaux. OEuvrant à la promotion de l’écriture, elle vise des actions de transmission, de formation ou d’édition de toute activité nécessaire à la diffusion de son répertoire. La compagnie se développe selon l'axe international Québec - Normandie - Bretagne - Belgique - PACA.
En 2017, le premier spectacle choral de la compagnie, Mal de Crâne, revisite pop de Hamlet en regard avec l’artiste Eminem.
En 2019, sorties parallèles de trois solis, En mode avion, Simon et la méduse et le continent et Jeanne et le orange et le désordre. Ces deux derniers constituent un diptyque.
Depuis 2021, la compagnie renforce sa présence francilienne et provinciale par le biais d’interventions auprès d’amateurs de tous âges, milieux, cultures, prolongeant la volonté de pédagogie et de transmission de la PaC, notamment à Nantes, Paris, Dieppe.
Avec un rendez-vous annuel en début d’année, nommé le freelab, laboratoire de recherche autour des motifs et du vocabulaire de la compagnie, en fédérant amateurices et professionnel.les proches du travail de la PaC, cette dernière rêve d’une future formation labellisée. Les deux premières éditions de ce laboratoire/stage ont eu lieu à Paris en janvier 22 et janvier 23. Ce dernier a notamment permis de constituer l’équipe de performers mobilisés sur Surface de réparation.
En 21-22, dans la veine d’un partenariat avec la Théâtre Universitaire de Nantes (TU), la compagnie a été mobilisée pour l’accompagnement de jeunes comédiennes sorties du conservatoire de Nantes - dans le cadre du programme “année d’envol” - pour intégrer le travail de la compagnie, en immersion, avec certains acteurs permanents, autour de la figure de Phèdre chez Racine, et une ouverture du travail durant le festival FAUVES en mai 22.
En gestation depuis 2020, le deuxième spectacle choral de la compagnie, Sauts de l’ange, a été créé au CDN la Comédie de Caen, en septembre 22, avec une tournée au Quai à Angers (au sein du GO Festival) et au TU à Nantes en octobre 22.
Prochaine création de la compagnie, Surface de réparation, provisoirement rêvé comme un dialogue entre le football, l’enfance, et la question de l’enfantement sur une planète qui se dissout, a connu ses premières étapes plateau à la Reine Blanche en février 23 ainsi qu’au Drakkar, à Dieppe, en avril 23 (partenariat avec DSN Dieppe Scène Nationale). Création prévue courant de saison 24-25, la prochaine résidence de travail aura lieu au Grand Parquet, à Paris, en février 24.