LA CHAMBRE D'À CÔTÉ
(THE ROOM NEXT DOOR)

À l’occasion d’une séance de dédicace dans une librairie new-yorkaise, Ingrid, une célèbre autrice, retrouve Martha, son amie de jeunesse, ancienne reporter de guerre. Atteinte d’un cancer incurable, Martha a décidé de renoncer aux traitements. Elle va demander à Ingrid de l’accompagner dans ses derniers instants, de la réconforter par sa présence, de dormir dans la chambre d’à côté…

À 75 ans, Pedro Almodovar décroche enfin une récompense majeure dans un grand festival. Après être passé tout près d’une Palme d’or qui lui tendait les bras pour Douleur et Gloire en 2019 à Cannes (« seulement » salué d'un prix d’interprétation à Antonio Banderas), le cinéaste espagnol remporte le Lion d’or du festival de Venise en 2024. La chambre d’à côté, son premier film en langue anglaise, creuse le même sillon : entre réflexion sur la destinée, mélancolie et exaltation des forces de vie. Comme toujours, Almodovar place la féminité au centre de son œuvre et, pour aborder de grandes questions existentielles (le choix de la maternité, les liens de l’amitié, l’euthanasie…), il plonge deux formidables actrices dans un quasi-huis-clos aux décors follement "almodovariens". Il explique : « Dans mes films, on parle beaucoup, les mots ont une importance aussi essentielle qu’au théâtre. De tous les éléments narratifs, les acteurs, les actrices, sont ceux qui racontent réellement l’histoire. Dans La chambre d’à côté, le poids du film repose entièrement sur les épaules de Tilda Swinton et Julianne Moore. Le spectacle, c’est elles. Ma chance c’est que, à travers leur interprétation, Martha et Ingrid offrent toutes deux un véritable récital. Si, pour Tilda Swinton, il était difficile de rester dans l’agonie lors de ses longs monologues sans tomber dans la théâtralité ou la monotonie, c’est parce que ses plans alternaient avec ceux de Julianne Moore la regardant et l’écoutant. Seules les grandes actrices savent regarder et écouter en silence. »