Mardi 4 mars – 18h30

TARIF UNIQUE : 4€
En partenariat avec le festival rouennais « à l’est » et l’association Nous toutes.
Séance suivie d’une rencontre avec la réalisatrice.

MI BESTIA

FILM COLOMBIEN DE CAMILA BELTRAN (2024 - 1 H 16)
AVEC STELLA MARTINEZ, MALLERLY MURILLO
SÉLECTION ACID, CANNES 2024

Bogotá, 1996. La population est effrayée : le diable va apparaître à l’occasion d'une éclipse de Lune imminente. Mila, 13 ans, sent que le regard des autres sur elle se fait plus oppressant. Elle se demande si la métamorphose de son corps a un rapport avec cette prophétie. Le jour tant redouté arrive, la lune rouge illumine le ciel...

Dossier de presse

Mi Bestia s'ouvre sur un lever du jour : tandis que de l'ombre émerge un lac au coeur d'une forêt luxuriante, les chants des oiseaux montent pour résonner en un cri immense. À l'image de ce plan inaugural, la puissance et le mystère du sauvage irriguent le film, comme la jungle marécageuse qui surgit en pleine ville, attirant Mila irrésistiblement, comme les chiens qui grondent à l'entrée de l'école et qu'elle caresse sans crainte.

Elle est née fille, elle a l'âge où le regard du beau-père devient insistant, où elle doit attendre à la maison une mère qui n'a pas le temps, où on lui interdit de marcher seule dans les rues parce que les filles disparaissent. Mais Mila n'a peur de rien, elle déambule, casque sur les oreilles, rencontre ce garçon à la sortie de l'école, esquive un destin sage et domestique. La caméra s'aimante au visage de son actrice, le regard de la cinéaste recompose le monde autour d'elle, humide et flou, sombre, bouché. Le fantastique innerve par petites touches, juxtaposant les fragments de réel : une croyance populaire en boucle à la télé, une perruche qui s'échappe, une coupure de courant, deviennent tous vecteurs du surnaturel et composent la partition mystique, combative et secrète d'une enfant qui se transforme. 

Pascale Hannoyer, Thomas Jenkoe et Clara Teper, cinéastes de l'ACID
https://www.lacid.org

Pour son premier long-métrage, Camila Beltrán construit un récit d'initiation nimbé de fantastique. Elle en assume les nombreuses références, qu'elles soient anciennes – Carrie, le bal du diable – ou récentes – Tiger Stripes. Elle trouve cependant sa singularité dans son enracinement dans la société colombienne : son folklore, son imaginaire, ses croyances et le poids qu'y exerce encore aujourd'hui la religion. Elle ose aussi des parti-pris formels proches du cinéma expérimental : Mi Bestia est ainsi majoritairement tourné dans une cadence plus « lente » qu'habituellement (8, 12 ou 16 images par seconde plutôt que 24), procédé original qui renforce l'étrangeté de son atmosphère. 

Dans une Bogotá partagée entre son urbanité saturée d'écrans de télévision et la forêt sauvage encore présente au cœur de la ville, Mila découvre tout à la fois sa féminité, la force de la sororité et la prédation masculine. En s'inspirant de ses propres souvenirs, Camila Beltrán nous dévoile une Colombie métissée, organique, magique, peu montrée au cinéma. À travers les yeux de sa jeune héroïne, superbement incarnée par une comédienne non professionnelle, elle nous offre un conte qui cache sous sa noirceur et son mystère un paysage inédit, empli d'espoir pour les femmes comme pour la jeunesse.

Jeremy Breta
https://www.lacid.org

Mi Bestia raconte, dans une ambiance de panique générale, le passage de l'enfance à l'adolescence de Mia, 13 ans. Le film se distingue tout d'abord par la manière dont il aborde son sujet, réutilisant certains codes du teen movie en y ajoutant une dimension horrifique. Son esthétique particulière, à la fois intimiste et anxiogène, permet d'emporter les spectateurs dans l'imaginaire de la protagoniste. L'adolescence est ici traitée d'une façon fantastique, utilisant des codes propres à la culture sud-américaine (comme l'omniprésence de la religion ou la frontière floue entre le réel et l'imaginaire), revisitant la forme du teen movie américain. Il questionne aussi le regard masculin, permettant au film de s'inscrire non seulement dans des sujets universels tels que l'adolescence, mais aussi dans des sujets de société actuels. Dans l'ère post me-too, Mi Bestia réinvente les personnages adolescents en utilisant les codes classiques pour mieux les subvertir. Même si le film se déroule dans la Colombie des années 90, Camila Beltrán nous offre un film on ne peut plus actuel. !!!!!

Rosalie Duhoo, jeune ambassadrice de l'ACID
https://www.lacid.org

EXTRAITS DE PRESSE
Une tapisserie infrahorrifique au charme impressionniste. L'Humanité
Un film certes étrange mais non moins fascinant, d’autant qu’il est formidablement réalisé et interprété. Le Parisien
Acerbe, crue, mal élevée et stupéfiante, cette fiction en partie autobiographique repose sur la rage contaminante d’une mise en scène qui déborde d’idées visuelles (image malmenée, véritablement écorchée vive) pour mieux dénoncer le seul monstre de cette histoire : la phallocratie abusive. L'Obs
Naturaliste et surréelle, cette quête de l'intime s'ouvre avec un très sensoriel nocturne et parvient à un fantastique moment de déploiement de soi. Positif
Camila Beltràn mêle le récit juvénile au fantastique pour dire les injonctions bien réelles qui traversent nos sociétés. Parfois maladroite, la proposition se distingue par son originalité. Les Fiches du Cinéma