Si l’Iliade raconte comment faire la guerre, l’Odyssée raconte comment en revenir.
Après dix années de guerre à forger sa valeur dans le fer et la douleur, Ulysse veut rentrer chez lui. En quittant les rives de Troie, il espère que le retour sera aussi prompt que la guerre a été longue. Mais voilà neuf ans qu’il erre en vain sur la mer et que sa terre natale se dérobe sans cesse sous les plis de la mer. Alors Ulysse s’inquiète : et s’il avait traversé une guerre dont on ne revient pas ? Et si, malgré sa valeur, il n’avait pas de quoi payer le prix du retour ?
Au fil des péripéties d’Ulysse se tisse le portrait d’un homme fait de creux et de contradictions qui, soumis aux vents contraires du destin, est prêt à tout pour sauver sa vie et retrouver les siens.
C’est un Ulysse plein de vigueur théâtrale et humaine, un retour sur soi et l’autre dans un monde où la prometteuse Pauline Bayle n’a pas peur du combat. – Le Monde
L’Iliade et l’Odyssée revisitées avec une audace radicale. Un passionnant diptyque servi par une troupe inventive. – Les Inrocks
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Adaptation : Pauline Bayle, d’après Homère – Mise en scène et scénographie : Pauline Bayle – Avec : Najda Bourgeois, Soufian Khalil, Viktoria Kozlova, Loïc Renard, Paola Valentin – Assistante à la mise en scène : Isabelle Antoine – Assistante à la mise en scène en tournée : Audrey Gendre – Assistante à la scénographie : Lorine Baron – Lumières : Pascal Noël – Costumes : Pétronille Salomé – Régie générale, lumière : Jérôme Delporte, Antoine Seigneur-Guerrini, Alain Larue – Régie plateau : Lucas Frankias.
© Photo : Simon Gosselin
Nous dédions les représentations de ce spectacle à notre collaborateur et ami Juergen Hirsch qui nous a quittés en août 2023 – Production : Compagnie À Tire-d’aile – Production déléguée en tournée : Théâtre Public de Montreuil - CDN – Coproduction : MC2 : Grenoble, Scène nationale d’Albi, La Coursive - SN de La Rochelle, TPA – Théâtre Sorano, TDC – Théâtre de Chartres et l’Espace 1789, scène conventionnée Saint-Ouen – Avec le soutien du Ministère de la Culture - DRAC Îlede- France, de l’Adami, d’Arcadi Île-de-France, de Fontenay-en-Scènes/Fontenay-sous-Bois, du Département de la Seine-Saint-Denis – Avec la participation artistique du Jeune théâtre national – Avec le soutien du Dispositif d’Insertion de l’ÉCOLE DU NORD, financé par le Ministère de la Culture et la Région Hauts-de-France.
Ulysse veut rentrer chez lui.
Après dix années de guerre à forger sa valeur dans le fer et la douleur, Ulysse veut rentrer chez lui. En quittant les rives de Troie, il espère, et comment ne pas le comprendre, que le retour sera aussi prompt que la guerre a été longue.
Mais aujourd’hui il s’interroge : voilà neuf ans qu’il erre en vain sur la mer et que sa terre natale se dérobe sans cesse sous les plis des eaux tortueuses. Alors Ulysse s’inquiète : et s’il avait traversé une guerre dont on ne revient pas ? Et si, malgré sa valeur, il n’avait pas de quoi payer le prix du retour ?
De ces questions, Homère tire L’Odyssée, une épopée unique et paradoxale puisqu’elle ne raconte pas l’histoire d’un héros qui se bat mais au contraire celle d’un héros qui tente de revenir du combat. Ainsi, tandis que L’Iliade racontait comment faire la guerre, L’Odyssée raconte comment s’en remettre. Bien qu’écrites par le même poète, les deux oeuvres n’ont rien à voir : si L’Iliade met en scène les différents aspects de la force à travers la figure d’Achille, cette « machine de guerre, avec ses mains de feu et son courage de fer », L’Odyssée déploie les mille-et-un visages de la ruse à travers Ulysse, un héros qui ne brillera jamais tant par sa gloire que par sa capacité à s’en sortir.
Détachée du contexte exceptionnel de la guerre, L’Odyssée donne ainsi à voir un homme en temps de paix qui évolue dans son environnement naturel, questionnant la place de l’homme mortel sur Terre. En cela, les aventures d’Ulysse n’ont rien d’un périple hasardeux qui le bringuebalerait aux quatre coins du monde. Au milieu du foisonnement de ses péripéties se tisse en effet le portrait d’un homme fait de creux et de contradictions qui, soumis aux vents contraires du destin, est prêt à tout pour sauver sa vie et retrouver les siens. Et toujours cette interrogation lancinante qui le guette : et si les épreuves et l’absence avaient creusé entre lui et le monde un fossé trop profond pour être comblé ?
Poursuivre un processus commencé avec L’Iliade en novembre 2015 en s’attelant cette fois-ci à l’adaptation de L’Odyssée me semble évident. Cette deuxième étape de travail permettra à la fois d’approfondir la proposition d’Iliade et à la fois de l’amener sur des territoires de création encore vierges, propres à cette deuxième épopée. In fine, cette nouvelle création sera le moyen de représenter ces deux oeuvres fondamentales dans la continuité l’une de l’autre sous la forme d’un diptyque.
En ces temps où la contestation et la révolte s’immiscent dans l’espace public tandis que les inégalités se creusent et que le repli sur soi-même menace, et si la voix d’Homère venait allumer la lueur d’une nouvelle perspective ?
Pauline Bayle
Portrait d’un homme / Portrait d’un monde
L’Odyssée dépeint un monde en temps de paix, en dehors du contexte exceptionnel de la guerre. Le poète place l’homme dans son environnement naturel et décrit les rapports qu’il entretient avec les forces qui gouvernent le monde. Le point de départ de l’épopée est une rupture de l’harmonie : voilà dix ans que Troie est tombée et que les Grecs ont repris leurs bateaux pour rentrer chez eux et pourtant, Ulysse n’a toujours pas revu sa terre natale. Tous ses compagnons sont ou bien morts comme Agamemnon, ou bien rentrés chez eux comme Nestor et Ménélas. Dernier héros grec à chercher le chemin du retour, Ulysse continue de subir la haine de Poséidon qui ne lui pardonne pas d’avoir aveuglé son fils, le cyclope Polyphème. Après avoir peu à peu perdu tous ses compagnons au fil d’aventures sanglantes, il est à présent retenu prisonnier par une déesse, Calypso, sur une île à la frontière du monde des hommes.
À la différence de L’Iliade, ce n’est plus grâce à l’action glorieuse que le héros accède à l’immortalité mais en retrouvant la place dans le monde que la guerre et l’absence lui ont fait perdre. Point de candeur et de naïveté pour autant : c’est par la ruse et la vengeance que l’ordre sera rétabli. Pour échapper au chaos et retrouver enfin le « cosmos ordonné des hommes », Ulysse utilise cette qualité appelée mètis par les Grecs et que Jean-Pierre Vernant et Marcel Detienne traduisent par l’intelligence de la ruse. Grâce à elle, Ulysse parviendra d’abord à rentrer chez lui, à Ithaque, où il organisera méthodiquement la vengeance qui lui permettra finalement de retrouver son rôle de roi, d’époux et de père. Une fois cette place reconquise, il pourra à nouveau redevenir l’un des maillons de la chaîne des générations et ainsi devenir un fragment d’éternité. C’est donc au « portrait d’un homme à travers le récit de ses errances », pour reprendre l’expression de Philippe Brunet, que s’attache la dramaturgie de l’adaptation.
Une adaptation qui respecte le texte original
Comme pour Iliade, le texte d’Homère sera au centre du texte de l’adaptation, l’idée étant d’en proposer une version d’1h30 accessible à tous. Dans un premier temps, le travail consistera en un défrichage permettant de retrouver la structure du récit cachée derrière le foisonnement de détails.
L’Odyssée s’organise ainsi en trois grands mouvements : le premier narre les aventures de Télémaque parti à la recherche de son père. Le deuxième se concentre sur le récit qu’Ulysse fait de ses aventures depuis qu’il a quitté Troie. Enfin, dans le troisième, Ulysse retrouve Ithaque et entreprend de se venger en massacrant tous les prétendants de sa femme, Pénélope. L’épopée s’achève par un retour à l’ordre : Ulysse a rétabli la paix sur Ithaque et il a repris sa place dans le cycle des générations.
Le travail d’adaptation repose sur le texte original d’Homère ainsi que sur deux traductions libres de droit de L’Odyssée : celle de Leconte de Lisle, publiée en 1893, et celle de Victor Bérard, publiée en 1924. L’objectif principal de cette réécriture était de traduire L’Odyssée non pas en bon français mais dans le langage du théâtre. Délimité par l’espace d’une scène et par le temps partagé avec les spectateurs, ce langage est constitué de mots mais aussi de sensations et d’images. Adapter ainsi le poème permet donc de donner à voir une Odyssée portée par un élan vital, investie dans le temps présent.
Une écriture qui se joue des conventions
« Chez Homère, l’épopée est un art à part fait de simplicité mais aussi de souplesse et où des moyens réduits sont employés de manière à rendre avec sa force la complexité et la portée émouvante de l’aventure humaine »
La dramaturgie de l’adaptation joue délibérément avec les conventions théâtrales afin de sortir d’un cadre conventionnel trop connu par les spectateur ·ice·s. L’objectif n’est donc pas d’exécuter une forme qui reprenne des codes identifiés mais d’en inventer une spécifique qui soit hybride et ludique afin de donner à voir un théâtre surprenant et généreux. La seule permanence conservée est celle de l’espace et du temps : un espace vide, sorte de terrain de jeu qui se dessine en fonction des tensions que les acteurs créent et laissent se défaire. Un temps partagé entre la scène et la salle qui permet d’éprouver le temps de l’épopée et la manière dont elle altère ses différents protagonistes. Le théâtre permet ainsi de créer les conditions nécessaire à la création d’une Odyssée riche du foisonnement de la vie si cher à Homère.
Ruse vs force
Contrairement à Achille qui était le meilleur des Grecs, la qualité principale d’Ulysse n’est pas la force mais la ruse et avec elle la capacité à se sortir de situations périlleuses. Dès l’Antiquité, Platon compare les deux héros l’un à l’autre admirant la valeur du premier et dénigrant les mensonges du second. Ainsi, plutôt que de dépeindre une humanité forgée dans le dépassement de soi, L’Odyssée choisit de montrer un homme ambivalent et fragile dont l’objectif n’est pas de mourir en héros mais simplement de rester en vie et de retrouver les siens. Ulysse incarne cet être humain par excellence, faillible et ambivalent, attaché à sa famille et à ses racines. Une sorte d’anti- héros avant l’heure en quelque sorte.
Les défauts d’Ulysse sont nombreux : trop orgueilleux, il révèle son nom au cyclope Polyphème, s’attirant la colère de Poséidon. Trop fatigué, il s’endort et laisse sans surveillance l’outre des vents. Ouverte par ses compagnons, les vents s’en échappent et les repoussent loin d’Ithaque alors qu’ils s’apprêtaient à retrouver l’île. Infidèle, il reste une année entière aux côtés de la belle magicienne Circé. Et surtout, face à toutes les situations inédites qu’il traverse et pour lesquelles il n’a ni manuel, ni grille de lecture, Ulysse a peur. Cependant, on a bien vu que même dans L’Iliade les héros·ines n’étaient pas épargné·e·s par la peur, bien au contraire. Au lieu de l’ignorer, chacun l’éprouve dans son intimité la plus secrète pour ensuite essayer de la dépasser. Cet aspect déjà présent dans L’Iliade est au coeur de L’Odyssée : c’est en éprouvant la peur que le héros sauve sa peau et c’est grâce à cette peur qu’il grandit.
Par ailleurs, autour d’Ulysse gravitent des personnages héroïques bien qu’ils n’aient pas les attributs traditionnels des héros·ines : on peut penser à la vieille nourrice Euryclée ou au porcher Eumée. Bien qu’ils ne soient pas nobles, c’est grâce à leur intelligence et à leur grandeur d’âme qu’Ulysse parviendra à reconquérir Ithaque. En cela, L’Odyssée propose une vision de l’homme plus humaniste encore que celle de L’Iliade où seuls les héros de guerre étaient dépeints comme des individus accomplis, capables d’actes courageux et de noblesse de coeur.
Représenter le monde de demain
La distribution des rôles n’a pas été préalable au début des répétitions. On a attendu d’avoir expérimenté un certain nombre de situations et d’exercices en lien avec L’Odyssée pour répartir les rôles entre les cinq acteurs. La seule règle a été de procéder à un décloisonnement des emplois traditionnels, décloisonnement fondé sur une approche qui prend les individus pour ce qu’ils sont et non pour ce qu’ils représentent. Comme dans Iliade, l’idée est donc de jouer avec le genre et l’apparence physique afin de déconstruire des archétypes qui trop souvent viennent enfermer et réduire la perception que les individus ont les uns des autres. Par ces choix, on défend ainsi la vision d’un théâtre qui donne à voir le monde de demain.
Fuir les apparences
« I’m not interested in how they move as in what moves them. »
Lors des répétitions, on a commencé par travailler non pas à partir du texte de l’adaptation mais à partir de l’épopée originale dans les traductions de Victor Bérard et de Leconte de Lisle. L’objectif de cette phase de travail était de permettre aux acteurs de s’approprier la matière de l’épopée depuis l’intérieur et non pas depuis l’extérieur et ainsi de se tenir aussi loin que possible de la reproduction des clichés. Cet écueil eût été redoutable avec un texte comme L’Odyssée dans la mesure où il fait partie de la culture générale et est à ce titre vaguement connu de tous.
Le travail s’est organisé autour d’un fil conducteur qui a traversé tous les choix de dramaturgie et de mise en scène. Pour Iliade, nous avions par exemple exploré le concept de la force et de ce qu’elle représentait lorsqu’elle circulait parmi un groupe d’individus, d’un point de vue anthropologique et philosophique. À partir de différents documentaires et lectures, nous avions réfléchi à la question de savoir s’il existe par nature des courageux·euses et des lâches, des bourreaux et des victimes. Ce qui était ressorti de cette exploration avait nourri le spectacle aussi bien en ce qui concerne la dramaturgie de l’adaptation que la direction d’acteurs.
Pour Odyssée, j’ai voulu fonder la démarche de travail autour du concept de danger et de ce qu’il représente, à la fois à l’échelle de la construction individuelle et à l’échelle d’une société. Quel rapport faut-il entretenir au danger afin de trouver sa place dans le monde ? Cette place doit-elle forcément se conquérir par la force ou bien d’autres moyens existent-ils ? Faut-il encourager la quête de danger ou au contraire défendre une culture qui le proscrit ? L’enjeu était que les comédien·ne·s s’approprient ces questions et les éprouvent, aussi bien d’un point de vue théorique en discutant de lectures partagées par tout le groupe que d’un point de vue pratique par des propositions personnelles au plateau, ainsi que par des d’improvisations collectives et individuelles.
L’aventure comme moyen
« Cette interminable traversée d’Ulysse est plus qu’un simple parcours de lieux : par elle et à travers elle s’esquisse en effet une anthropologie homérique ou épique, voire grecque : la place des hommes mortels sur terre, la condition de ceux que le poète appelle les mangeurs de pain. »
Les aventures vécues par Ulysse au cours de sa traversée ne doivent pas agir comme un leurre : en se concentrant sur leur aspect merveilleux, la tentation est grande de n’en retenir que le pittoresque et de laisser de côté ce qu’elles impliquent en terme d’apprentissage. Chacune d’entre elle est une épreuve qui rapproche un peu plus Ulysse de son retour à Ithaque, même lorsqu’il s’en éloigne géographiquement et en ce sens, dans L’Odyssée, l’aventure ne constitue jamais une fin en soi. Elle est toujours une étape vers autre chose qui permet à Ulysse de revenir à lui-même et au monde. Ici c’est l’aventure et non plus la guerre comme dans L’Iliade, qui forme le creuset où se forge la place de l’homme sur terre. Sans arrêt, les épreuves que traverse Ulysse interrogent son rapport aux éléments, aux animaux ainsi qu’aux forces magiques et divines qui gouvernent le monde.
Magie et surnaturel : qu’est-ce que le danger ?
« Ulysse, dans l’Odyssée n’est pas entouré de héros, ni confronté à ses semblables ; il est seul ; et ses aventures le mènent aux limites du monde humain. »
Le monde de L’Odyssée est complexe : en plus des humains et des dieux, on y trouve des créatures surnaturelles en tous genres : cyclopes, sirènes, monstres, magiciennes... Pour raconter les aventures d’Ulysse, Homère puise allègrement dans un répertoire de références folkloriques qui n’est pas sans rappeler celui des contes orientaux ou égyptiens. Cependant, le poète évite systématiquement de s’appesantir sur le merveilleux et le surnaturel : les sirènes ou les monstres Charybde et Scylla ne sont ainsi jamais décrits. Du cyclope on nous précise seulement qu’il n’a rien à voir avec un être humain et qu’il est d’une grande taille en omettant le fait qu’il n’est doté que d’un seul oeil ! Plutôt que de s’attarder sur la description en elle-même du surnaturel, Homère préfère insister sur l’effet qu’il produit sur les humains qui le côtoient. En ce sens, le merveilleux représente tout ce qu’un être humain ne peut pas comprendre. La ruse devient alors la seule arme pour en triompher. Grâce à elle, Ulysse parvient à contourner un choc frontal qu’il est de toute façon condamné à perdre. La métis lui permet de faire un détour pour finalement mieux aller à l’essentiel : c’est en rusant que l’homme est homme et c’est en étant autre que lui même qu’il parvient à se sauver du surnaturel.
Par ailleurs, à mesure qu’elle avance, l’épopée se dépossède peu à peu des éléments de surnaturel. Cette progression se matérialise parfaitement dans les trois femmes qu’Ulysse rencontre au cours de son voyage : la première, Circé, est une terrible magicienne. La deuxième Calypso, est une nymphe immortelle. Et la troisième, Nausicaa, est une femme Phéacienne. Bien que légèrement différents des humains, les Phéaciens sont cependant le peuple que rencontre Ulysse qui s’en rapproche le plus. Ces trois femmes préparent Ulysse à ses retrouvailles avec Pénélope qui elle n’est « que » humaine et qui est pourtant celle sans qui il ne peut être lui-même.
Mettre en scène l’aventure : image et synesthésies
« Le monde des apparences n’est qu’une écorce. Sous l’écorce, il y a la matière bouillante, pareille à celle que nous voyons à l’intérieur d’un volcan. »
Plutôt que de copier l’aspect extérieur des aventures d’Ulysse, la mise en scène et la scénographie s’attacheront à comprendre ce qu’elles représentent de l’intérieur pour le héros. On laissera de côté les attributs du merveilleux pour essayer d’en dégager la substantifique moelle. Dans L’Odyssée, le merveilleux représente ce qu’Ulysse ne connaît pas et par conséquent il offre différentes visions du danger. Pour chacun des espaces que traverse Ulysse, on cherchera à en comprendre les principes invisibles et de les restituer par un jeu de métaphores visuelles.
Pauline Bayle
Adaptation et mise en scène
Formée au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, Pauline Bayle fonde sa compagnie en 2011 et lui donne le nom de sa première pièce, À Tired’Aile. Son spectacle suivant, À l’ouest des terres sauvages, présenté au Théâtre de Belleville, est distingué par le jury du Prix des Jeunes Metteurs en Scène, organisé par le Théâtre 13 à Paris. En parallèle, elle joue sous la direction de Christian Schiaretti dans Le Roi Lear puis de Sandrine Bonnaire et Raja Shakarna dans Le Miroir de Jade. En 2015, Pauline Bayle adapte et met en scène Iliade, puis Odyssée en 2017, d’après les deux épopées d’Homère où cinq comédien·ne·s interprètent tous les rôles. En 2018, le Syndicat de la Critique lui décerne le Prix Jean-Jacques-Lerrant de la révélation théâtrale pour ce diptyque. En 2019, elle met en scène une adaptation du roman Chanson douce de Leïla Slimani au Studio Théâtre de la Comédie-Française. En 2020, elle signe l’adaptation des Illusions Perdues de Balzac pour laquelle elle remporte le Grand Prix du Syndicat de la Critique qui récompense le meilleur spectacle théâtral de l’année 2022. En juin 2021, Pauline Bayle est invitée par l’Opéra- Comique à mettre en scène L’Orfeo de Claudio Monteverdi, sous la direction musicale de Jordi Savall, avec le choeur et l’orchestre du Concert des Nations. En 2021–2022, elle est choisie pour mener le projet Adolescence et Territoire(s), porté par l’Odéon, Théâtre de l’Europe, le T2G à Gennevilliers et l’Espace 1789 à Saint-Ouen. En collaboration avec Isabelle Antoine, elle y présente une adaptation des Suppliantes d’Eschyle pour une quinzaine de jeunes de 15 à 21 ans. Depuis le 1er janvier 2022, Pauline Bayle dirige le Centre dramatique national de Montreuil. Sa prochaine création, Écrire sa vie, une adaptation d’écrits de Virginia Woolf, sera présentée en septembre 2023 au TPM.
Soufian Khalil
Comédien
Soufian se forme au Conservatoire de Nogent-sur- Marne (Serge Franco), au Conservatoire de Vincennes (Laurent Rey) et à l’Académie internationale des arts du spectacle (direction Carlo Boso et Danuta Zarazik). Depuis 2007, il travaille pour différentes compagnies et structures en tant que comédien, pédagogue, auteur ou metteur en scène (La compagnie du Mystère Bouffe, Le Théâtre en Stock, La compagnie à Bulles, La compagnie Masquarades, La compagnie des Marlins, La compagnie à tire d’aile, La compagnie demain dès l’aube). Au théâtre, il joue notamment sous la direction de Robert Hossein (Ben-Hur), Carlo Boso (Arlequin valet de deux maîtres ; Fuente Ovejuna), Gilbert Bourébia (Le Marchand de Venise), Maryline Klein (Une fantaisie du Docteur Ox), Ismaël Saïdi (Djihad), Pauline Bayle (Iliade et Odyssée), Hugo Roux (Leurs enfants après eux).
Viktoria Kozlova
Comédienne
Originaire de Lettonie, Viktoria arrive en France à 18 ans et rejoint Paris trois ans plus tard. Elle y intègre le Cours Florent, dont elle suit la formation du cycle professionnel avant d’être admise sur concours à la Classe Libre. Depuis, elle fait partie de l’ensemble théâtral ESTRARRE et joue sous la direction de Julien Kosellek dans Macbeth et Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, Le Dragon d’Or et Push Up de R. Schimmelpfennig. Elle tient le rôle de Catarina dans Angelo, tyran de Padoue de Hugo, crée Kohlhaas, un monologue de Marco Baliani et tout récemment Débris de Dennis Kelly. Depuis 2017 elle joue sous la direction de Pauline Bayle. Au théâtre, elle travaille également avec Clémence Labatut, Tatiana Spivakova, Sophie Mourousi, Laurent Brethome et Guillaume Clayssen. A l’écran on peux la retrouver notamment dans Le Tournoi de Elodie Namer (2015) ou dans Même Pas Mal, réalisé par J. Trequsser et M. Roy (2013).
Najda Bourgeois
Comédienne
Najda Bourgeois est une comédienne issue du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique avec Daniel Mesguich, Gérard Desarthe, Jean Paul Wenzel et Mario Gonzales. Elle se forme également avec Jean-Claude Cotillard à l’ESAD, et lors de stages à l’Académie des Arts de Minsk en Biélorussie et à la Escuela Nacional de Teatro de Santa Cruz en Bolivie. Depuis sa sortie d’école, Najda joue dans : Illusions Perdues, Iliade et Odyssée trois spectacles adaptés et mis en scène par Pauline Bayle, La Chartreuse de Parme ou se foutre carrément de tout par la compagnie Théâtre derrière le monde, La fin de l’homme rouge et Les ponts mis en scène de Stéphanie Loïk, Tant d’espaces entre nos baisers de Joël Dragutin, mise en scène Sarah Capony. Elle travaille également auprès du collectif Denisyak avec Solenn Denis et Pierre-Marie Baudoin avec Le syndrome Karachi et Clea Petrolesi avec Enterre-moi mon amour. Elle intègre le comité de lecteurs du Jeune Théâtre National, fait plusieurs lectures pour le Collectif Traverse, assiste Julie Ménard à la mise en scène de Vers où nos corps célestes, joue et collabore à la création des courts-métrages et documentaires de Nicolas Montanari et de Mehdi Harad. Elle est à l’origine de collaborations artistiques internationales notamment pour le Festival International de Santa Cruz en Bolivie et a travaillé auprès de l’école Thot et a donné des ateliers aux primo-arrivants venus d’Afghanistan, d’Érythrée, du Soudan. De 2019 à 2022, elle a été comédienne permanente au Préau CDN de Vire Normandie et joué dans les différentes productions ou coproductions du Préau : Le Montage des attractions mis en scène par Vladimir Pankov, Plus belle la Vire de et par Jérémy Fabre en extérieur et dans des endroits insolites de Vire comme une discothèque, une église ou encore devant le pôle emploi, Vanish de Marie Dilasser mis en scène par Lucie Berelowitsch, Toutes leurs robes noires de Claudine Gallea mis en scène Antoine Hespel. Elle a également cocréé le spectacle participatif On m’a dit la fureur de mes frères en adaptant La Thébaïde de Racine pour le jouer avec 26 jeunes de Vire et d’Aubervilliers dans un City stade. Elle s’est associée au comédien Mehdi Harad et au musicien Baptiste Mayoraz pour créer une série audio en 7 épisodes pour le très jeune public La Vie des bruits.
Loïc Renard
Comédien
Après être passé par le Studio-Théâtre, il entre au CNSAD en 2010. Il a depuis travaillé sous la direction entre autres d’Anne-Laure Liégeois, Olivier Letellier, Émilie Rousset, Anthony Magnier, Léna Paugam et Ronan Rivière. Il crée en 2017 avec d’autres artistes le collectif Y’a Pas la mer, organisateur du festival éponyme en Bourgogne. Il a également collaboré avec les collectifs Lynceus (Bretagne) et Pampa (Dordogne), et participe à la création en 2021 de la Fédération des festivals de théâtre de proximité (FFTP), qui défend la création théâtrale en milieu rural. Il s’intéresse aussi beaucoup au théâtre dit « Jeune public », et participe régulièrement à des actions culturelles à destination des enfants et adolescents, avec le Théâtre du Phare et la compagnie À Tire-d’aile. Sous la direction de Pauline Bayle, il a joué dans les spectacles À tire d’aile, À l’ouest des terres sauvages, Iliade et Odyssée.
Paola Valentin
Comédienne
Originaire de Bellou-le-Trichard dans le Perche, après un parcours de plasticienne en candidate libre aux Beaux Arts de Paris, Paola Valentin se forme à la Classe Libre du Cours Florent où elle travaille notamment sous la direction de Jean-Pierre Garnier et Sebastien Pouderoux (de la Comédie Française). En 2018, elle intègre la promotion 6 de l’Ecole du Nord (Direction Christophe Rauck). Durant cette formation, elle travaille à plusieurs reprises sous la direction d’Alain Françon (parrain de la promotion). Elle fait aussi la rencontre de metteurs en scènes comme Cyril Teste, Marie-Christine Soma, Margaux Eskenazi, Cecile Garcia Fogel, Rémi Barché, Tiphaine Raffier ainsi que Pauline Bayle. En parallèle, elle joue sous la direction de Pierre Notte dans Les couteaux dans le dos et dans Noce de J.L Lagarce. Elle forme des duos d’actrices avec Judith Magre et Anne Benoit dans le cadre du festival NAVA. A sa sortie d’école, elle joue le rôle de Jeanne d’Arc dans un spectacle de Christophe Rauck, Henry 6 de Shakespeare, en octobre 2021 aux Théâtre des Amandiers. Paola explore également l’image, en tant que comédienne dans différents courts-métrages avec La Fémis et avec le collectif Aveque le sourire, et en tant que réalisatrice de documentaire dont Trois mots de rien sélectionné au Champs-Elysées Film Festival 2022. En 2023 elle jouera dans la prochaine création de Sandrine Lanno Mauvaise Fille au coté de l’actrice Evelyne Didi au théâtre du Rond Point.
Isabelle Antoine
Assistanat à la mise en scène
Formée à l’École du Passage de Niels Arestrup, Isabelle Antoine est d’abord comédienne, notamment au sein de la compagnie Vies à vies. En 2006, elle joue sous la direction de Michel Vinaver dans ses pièces À la renverse et Iphigénie Hôtel. Depuis 2010, elle mène en parallèle une transmission de la pratique théâtrale et des ateliers de création ainsi qu’un travail de dramaturgie et de collaboration artistique avec différentes équipes artistiques. Ainsi, ces dernières années, de sa collaboration avec Sonia Bester alias Madamelune, naît une forme de spectacles mêlant théâtre et musique. Elles créent ensemble notamment On a dit on fait un spectacle en 2015, Ah ! Félix n’est pas le bon titre en 2018, et plus récemment Comprendre, au Théâtre du Point du jour en 2020 dans le cadre du festival les Nuits de Fourvière à Lyon, puis en tournée et au festival d’Avignon Off 2022, au théâtre de la Manufacture. Elle collabore également à la création du spectacle musical Ici bas, les mélodies de Gabriel Fauré, dans la cour d’honneur du festival d’Avignon en 2018. Au sein de la compagnie À tire d’aile, Isabelle Antoine assiste Pauline Bayle à la mise en scène de Odyssée d’après Homère créée à la MC2 de Grenoble en 2017. En 2019, elle retrouve Pauline Bayle au Studio théâtre de la Comédie française pour la création de Chanson douce, d’après le roman de Leïla Slimani. En 2020, elle participe à la création de Illusions perdues, d’après Honoré de Balzac, actuellement en tournée. En 2022, elle collabore à la création des Suppliantes, d’après Eschyle, dans une adaptation de Pauline Bayle, dans le cadre du dispositif « Adolescences et territoires », mené par le théâtre de l’Odéon, le théâtre de Gennevilliers, et l’Espace 1789 à Saint-Ouen. Elle retrouvera la metteuse en scène en 2023 pour la création de Écrire sa vie, d’après Virginia Woolf. En 2019, elle retrouve Pauline Bayle pour la création
« Ce qui l’emporte, c’est bien cette certitude que devant nous s’est déroulée une représentation bruyante, excessive, débordante. Bref, vivante. » Télérama Sortir
« C’est là un théâtre dont l’acteur est le pivot et où l’ensemble fait immédiatement choeur ou commando, lequel se forme par intermittences au service du récit, du langage oral et du rythme ainsi toujours soutenu, maintenu sur le feu, à vif. » Médiapart
« Pauline Bayle et sa bande signent ainsi une pièce d’une rare puissance, empreinte de dynamisme et de féérie. » Marianne
« Il y a du sang neuf dans cette lecture, qui fait exister le texte dans toutes ses variétés de registre, du tragique à l’humour, et joue d’ingénieux détournements des genres et des identités [...] La virtuosité avec laquelle les comédiens sautent à pieds joints dans chaque rôle trouve son apogée dans l’Odyssée. » Transfuge
« Ils donnent à voir une Odyssée portée par un élan vital et investie dans le temps présent. Débarrassant l’espace de tout décor réaliste, c’est encore l’occasion d’explorer de nouvelles possibilités de mettre en scène une épopée et de nous plonger dans un spectacle débordant d’inventivité. » Scèneweb
« Sur scène comédiennes et comédiens refont Odyssée et Illiade sans armure. Avec peu de choses, car dire le feu c’est déjà le feu. Sans armure, ils avancent avec une foi inébranlable dans la puissance du texte. » Marie Richeux - France Culture
« Épaulée par cinq formidables comédiens, Pauline Bayle nous fait découvrir la langue et le monde d’Homère. Sans céder aux vertiges de l’actualisation ou du péplum, son diptyque «Iliade-Odyssée» exalte le dépouillement pour faire émerger l’imaginaire et la réflexion. Une réussite. » Les Trois Coups
« C’est très simple, très clair, très limpide. C’est assez remarquable cet Iliade mis en scène par Pauline Bayle. » Le Masque et la plume