LA NUIT SANS FIN

Après avoir écrit et mis en scène un texte sur l’histoire du féminisme en France et débattu avec les jeunes spectateurs autour de thématiques liées aux inégalités homme/femme, il m’a semblé nécessaire et urgent d’aborder au coeur d’un texte jeune public l a question du réchauffement climatique et de la disparition progressive d’une denrée aussi vitale que l’eau. La gestion des ressources en pétrole sera bientôt une préoccupation secondaire, comparée à celle des ressources en eau qui se raréfient dans certai nes régions du monde. Quand j’ai découvert qu’on assistait à une révolution financière de l’eau et une privatisation progressive d’une denrée essentielle à la vie, j’ai senti le besoin d’écrire sur le sujet. Le texte n’est pas qu’un constat d’échec, même s ’il dresse en premier lieu un tableau critique de l’état du monde de demain. A travers les rêves des deux héros et les personnages qu’ils rencontrent sont en effet évoquées les alternatives à la catastrophe, les tentatives actuelles pour encourager la tran sition écologique. Dans le conte, l’espoir est partout dans la solidité de la relation entre le frère et la soeur, dans le secours du messager poisson et de la guerrière forestière, emblèmes d’une humanité qui résiste et persiste dans cet univers assoiffé, dans la possibilité de s’évader par l’imaginaire et la poésie. L’amour, l’entraide et le collectif apparaissent alors comme d’ultimes possibilités de survie.

Pourquoi deux enfants ? Parce que mon envie première est de m’adresser à un public jeune, d’encourager à travers la pièce une réflexion autour des questions environnementales et des comportements humains. Il ne s’agit pas de donner une leçon, mais de raconter à partir d’une docu mentation précise une fable motrice de discussions et de débats.

De plus, le théâtre m’apparaît comme un medium privilégié pour favoriser la libération de la parole et l’imaginaire. L’objectif n’est pas seulement de faire un constat, mais de proposer, d’inventer ensemble, de nouvelles manières d’être en société, de nouv eaux rapports aux autres et à la nature. Car si la situation est plus que critique, j’ai malgré tout foi en l’humain et ai encore envie de croire qu’ « une autre fin du monde est possible »*

Lillah Vial

* Une autre fin du monde est possible - Vivre l'effondrement (et pas seulement y survivre), Pablo Servigne, Raphael Stevens, Gauthier Chapelle

Des représentations in situ et participatives
Le dispositif, quadri frontal, place immédiatement le public dans une position active. Dans cette pièce à tiroir « dont vous êtes le héros », les jeunes spectateurs deviennent eux mêmes acteurs de la pièce en encourageant les personnages de l’histoire à opter pour une voie ou une autre. Une manière ludique et créative d’envisager et d’explorer différentes formes de résilience. Le dispositif est extrêmement léger afin de favoriser les représentations dans différents espaces. Ainsi, cet immense désert est aus si un parti pris esthétique, le choix de dépeindre un no man’s land dans l’optique d’une mise en scène épurée. Car l’idée est aussi de jouer cette pièce hors des théâtres, dans des classes, des réfectoires, des cours d’école, des jardins publics... dans le but d’échanger avec des spectateurs non avertis, n’ayant pas nécessairement accès aux salles de spectacle. Le langage est volontairement quotidien, afin de permettre au public de s’identifier facilement aux personnages et de plonger au coeur de la quête d es deux héros. A l’issue de chaque représentation est organisé un débat avec les spectateurs autour des thématiques abordées dans la pièce. Des ateliers de pratique théâtrale sont également proposés afin d’approfondir la réflexion autour des problématiques environnementales et sociétales, et d’encourager une méditation commune autour de nouvelles manières d’être au monde.

Un spectacle éco responsable
En adéquation avec le sujet de la pièce, le spectacle est pensé de façon totalement éco responsable . Les costumes et le décor ont été conçus avec des matériaux de récupération. Le dispositif ultra léger participe également à réduire le bilan carbone de l’équipe en permettant de maximiser les déplacements en train. Cette spécificité du spectacle est ensuite discutée avec les jeunes spectateurs, et vient nourrir la réflexion autour des gestes éco responsables à adopter au quotidien.

LILLAH VIAL (ÉCRITURE ET MISE EN SCÈNE)
Formée au CRR de Rennes et au Studio de Formation Théâtrale de Vitry-sur-Seine et diplômée d’un Master de Lettres Arts et Pensée Contemporaine de l’Université DenisDiderot et d’un Master Métiers de la Production Théâtrale de l’Université Paris 3, elle cocrée la compagnie Avant l’Aube en 2014. Elle est alors comédienne dans les spectacles L’Âge Libre, Ground Zero, Rien ne saurait me manquer, Je suis sorcière et Tout sera différent, et écrit et met en scène le spectacle jeune public On ne naît pas femme. Egalement comédienne-danseuse pour la Compagnie Pied d’Argile, elle joue dans les spectacles Les Fissures de mon visage, Summertime, Combinaisons, La mort de Férula et Dors mon Ange. En 2017, elle devient membre de la compagnie OkO et joue dans le spectacle Manques mis en scène par Taya Skorokhodova au Théâtre de l’Hôtel de Ville du Havre. En 2019, elle participe à la lecture du texte Surprise Parti, écrit et mis en scène par Faustine Nauguès, au Théâtre du Rond-Point. En 2021, elle est danseuse-comédienne dans le spectacle Trop de Silence en corps mis en scène par Jérôme Boyer, ainsi que dans Ceci est mon corps d’Agathe Charnet.

VINCENT CALAS (JEU)
Après 4 ans à Sciences Po Paris, Vincent Calas se forme à la pratique de comédien au Studio de Formation Théâtrale de Vitry Sur Seine. Il a joué sous la direction de Jean Gabriel Vidal Vandroy (Hamlet Machine, Après le Silence, Nos Corps Sauvages) et Guillaume Lambert (Citoyens du Vent) avec la compag nie Rhinocéros avant de rejoindre la compagnie Avant l’Aube pour Tout sera différent et Rien ne saurait me manquer.

CAMILLE LEFRAND (Jeu)
Camille fait hypokhâgne et khâgne option théâtre au lycée Molière à Paris et valide une licence d'études théâtrales à Paris 3. Puis elle se forme en tant que comédienne à l'École Claude Mathieu et part en Chine faire un stage de théâtre de l'Opéra de Pékin. Par le Studio de Vitry, elle rencontre Jean-René Lemoine et joue dans sa pièce Dans ces vents contraires mis en scène par Florian Sitbon au Théâtre de l'Opprimé à Paris. Elle participe en tant que comédienne à un laboratoire de recherche mené par Joël Pommerat et la Compagnie Louis Brouillard. Elle intègre ensuite le Théâtre du Jour-Pierre Debauche à Agen. Après avoir terminé sa formation et validé son DNSPC, elle fonde la Cie Ravage avec ses ami-e-s et joue dans Le Cabaret du Ravage et la nouvelle création Avant les Noces pour le Festival du Plongeoir. En parallèle, elle travaille sur un chantier d’écriture, et assiste Anthony Rossi pour la mise en lecture de sa pièce Comment faire mon amour. Elle joue dans le spectacle jeune public Paulette et Leus et les enfants terribles mis en scène par Sibille Claire et rejoint également le projet On ne naît pas femme de Lilliah Vial avec la Cie Avant l'Aube.

KHALIL ALLAL (composition musicale)
Khalil est depuis 2012 compositeur, arrangeur, et musicien dans le groupe Esma (jazz, musique du monde), La Billie (pop electro, chanson française), Dopamine (métal, hard rock), Ten Square (pop rock) et Yoti. En 2022, il compose pour la compagnie La Vie Grande la musique du spectacle La Nuit sans fin.

SUZANNE DEVAUX (conception des costumes)
Après un DMA Costumière Réalisatrice à Toulouse et une Licence d'étude théâtrales à la Sorbonne Nouvelle, Suzanne est diplômée de l’ENSATT en Conception Costume en 2022. Depuis 2018 elle assiste la costumière Gwendoline Bouget sur plusieurs créations de Sylvain Creuzevault (Les Démons, Les frères Karamazov, Le grand Inquisiteur). Elle collabore également avec la metteuse en scène Lorraine de Sagazan pour qui elle créé les costumes de “L’absence de Père” en 2019 et de "Un sacre" en 2021. Actuellement, Suzanne poursuit son travail aux côtés des metteuses en scène Georgia Tavares, Agathe Charnet, ou Jeanne Lazar. Passionnée de dessin, Suzanne intègre petit à petit la bande-dessinée à son travail et se questionne sur le rôle qu'elle pourrait avoir en tant que costumière dans un film d’animation : une recherche qu’elle aimerait développer.

Créée en 2014 et basée au Havre depuis 2019, la Compagnie La Vie Grande (anciennement Compagnie Avant l’Aube) est co-dirigée par les autrices, comédiennes et metteuses en scène Agathe Charnet et Lillah Vial.

« Il s’agit de concilier la singularité de nos écritures à la recherche de dramaturgies plurielles ayant toujours un lien actif avec le public pour créer un théâtre profondément vivant, exigeant, et généreux. Un théâtre au croisement des littératures, des sciences sociales et de la pop-culture. Au plus près des sursauts et des tendresses du monde »

Le travail de création et d’écriture théâtrale de La Vie Grande s’organise en Cycles de Recherche Dramaturgie et Création où la nécessité conjointe d’expression des deux artistes fait directement écho aux actions de transmissions culturelles et de représentations auprès des publics in et hors des théâtres.

Les pièces écrites et mises en scène par Agathe Charnet viennent ainsi répondre aux spectacles adressés au jeune public imaginés et conçus par Lillah Vial. Toutes deux fabriquent également des ateliers et des séquences pédagogiques en lien avec leurs oeuvres mêlées, qui peuvent se déployer sur tous les territoires.

Après une longue exploration consacrée aux féminismes et aux sexualités à travers le cycle GENRE/S de 2018 à 2022 avec les spectacles Ceci est mon corps de Agathe Charnet et On ne naît pas femme de Lillah Vial, la Compagnie La Vie Grande ouvre en 2022 un nouvel espace d’exploration avec le Cycle de Recherche Dramaturgique et de Création autour de l’anthropocène et du vivant : HABITER LE MONDE.