En raison de l'épidémie virale du COVID-19, nous sommes donc dans l'obligation d'annuler tous les spectacles qui devaient être présentés à DSN - Dieppe Scène Nationale, entre le lundi 16 mars et le samedi 11 avril 2020, dans la Grande Salle et au Drakkar.
L'équipe de DSN
À l'école du mentaliste Scorpène, la magie rime avec grain de folie.
— Scorpène était hier un cancre notoire. Aujourd'hui, de la malice plein son vieux cartable, le magicien revient sur les bancs de l'école avec un spectacle décalé et loufoque. Une sorte de revanche qui se transforme en performance renversante et complètement hors normes. Motivé par l'envie de faire peur, de faire rire, de faire rêver… et de faire de tous les enfants les premiers de la classe.
— Sur scène, quelques objets suspendus réservent des surprises : une copie double déchirée, un lance-pierre, un Rubik's cube, une photo de classe, une tablette numérique volatile… Grâce à ses talents de magicien, Scorpène réinvente l'école en laissant libre cours à sa fantaisie : les réponses aux problèmes les plus complexes s'écrivent toutes seules, les objets n'obéissent plus à la gravité, les sous-doués deviennent premiers de la classe en un claquement de doigts… Un spectacle jeune public incroyablement déroutant.
« Le magicien mentaliste Scorpène propose avec son spectacle Cancre-là de retourner sur les bancs de l'école, où le merveilleux dicte désormais ses règles. » Paris-Normandie
Texte et performance Scorpène. Collaboration artistique Sarah Crépin, Alexis Gora. Musiques Trent Reznor & Atticus Ross, Aphex Twin, Angelo Badalamenti. Régie et technique Olivier Deluen.
Création : dans le cadre du Ad Hoc Festival 2018 Le Volcan, Scène nationale du Havre. Remerciements : Musée national de l'Éducation, Les Scènes du Golfe – Vannes. Production déléguée : Le Volcan, Scène nationale du Havre.
© photo : Arnaud Bertereau
Le regard magique d'un grand enfant sur les années de primaire. On entre dans le musée de mes échecs scolaires. Suivez-moi, je vous emmène à la rencontre de mes souvenirs. Je vais raconter magiquement ce que pourrait être l'école : ici un livre de classe devient une maison de papier. D'un claquement de doigt la lumière s'allume, d'un souffle la fumée du feu de bois sort de la cheminée…
Pour Scorpène, élève = cancre et école = prison.
Mais qu'adviendrait-il s'il retournait en classe doté de ses pouvoirs magiques et d'un pouvoir, peut-être encore plus puissant, qu'on appelle la confiance ? Ouvrant un à un les tiroirs de la mémoire, Scorpène replonge, avec un regard tendre et espiègle, dans les joies et les peines de l'enfance. On y rencontre l'amitié, l'ennui, l'espoir, l'amour des livres… et on grandit avec les émotions d'un enfant qui cherche sa place dans le monde. La magie l'aide à rendre le quotidien plus beau et plus fou, et si elle peut résoudre quelques problèmes de maths au passage, ce ne sera pas de refus ! L'élève se sépare petit à petit de son bonnet d'âne et laisse son imagination déborder pour créer des tableaux poétiques et bienveillants de l'enfance.
Scorpène, artiste hors norme aux multiples talents, manie la magie mentale avec brio. Suite à une commande initiée par Le Volcan, Scène nationale du Havre, il a créé son premier spectacle à destination du jeune public. Entre théâtre, magie mentale et close up, il crée une relation privilégiée avec les enfants, à la fois attendris par cet ancien cancre, et impressionnés par ce magicien surprenant !
C'est l'histoire d'un bon élève un peu trop rêveur qui perd confiance en lui dès son entrée au collège. Le meilleur de la classe devient le cancre dont il faut s'éloigner sous peine de contagion de l'échec scolaire. La soif d'apprendre est toujours là, mais en solitaire. Les lacunes deviennent insurmontables. Pour continuer d'exister, il fait des bêtises et adopte malgré lui une position en marge de la classe. Perdre la confiance des adultes est un choc terrible pour un enfant, c'est presque une mort. Comment survivre à cela ?
Cette histoire n'est pas seulement la mienne, elle est universelle. J'ai choisi de la raconter sous la forme du conte. Je m'appuie sur des situations, des anecdotes vécues par l'élève Scorpène, Le cancre-là ! La magie intervient alors aux endroits charnières pour réparer quelque chose, panser une blessure, transformer la réalité pour la rendre plus vivable, métamorphoser des pleurs en larmes de joie. Toujours avec un profond respect pour les enseignants et leur difficile mission de transmettre des connaissances.
Les petits spectateurs tiennent une place particulière, car ils participent activement. Des enfants me rejoignent sur scène , ils interprètent tour à tour des voisins de classe, des amis, des membres de ma famille.
Ensemble nous découvrons cette clé essentielle : on ne peut trouver seul la confiance, il faut que quelqu'un nous la donne. La magie au service de la poésie. La magie est comme un geste qui rassemble, qui interroge, et surtout qui propose un autre point de vue sur notre façon de percevoir la réalité. Tout l'enjeu du spectacle est là. Le plus important n'est pas la chose regardée, mais l'oeil qui regarde...
La confiance n'a pas de matérialité propre, c'est une abstraction que l'enfant ne comprend pas. Il peut cependant la ressentir, et la lire dans les yeux de l'autre. Je souhaitais un spectacle doux, sans violence. Diamétralement opposé à l'effervescence des images et des écrans omniprésents de nos jours chez les jeunes enfants. Ainsi lorsque le petit Scorpène découvre une tablette tactile dans son cartable, il lui préfère la bonne odeur et le contact du papier. La magie intervient et la tablette se métamorphose en vrai journal.
Ici un livre de classe devient une maison de papier. D'un claquement de doigt la lumière s'allume, d'un souffle la fumée du feu de bois sort de la cheminée. C'est comme si chaque objet perdait sa définition propre qui l'emprisonne à une seule fonction, tout devient vivant, une petite ventouse dotée d'une ouïe exceptionnelle nous apprend à compter, un simple carton devient un arbre impossible à déraciner, les Rubik's Cubes se résolvent sans effort.
Je vous propose un petit voyage à la reconquête de la précieuse confiance. Et si tous nos savoirs nous ne menaient nulle part, et si les jeux remplaçaient les « je », et si l'amour s'invitait …
C'est la première fois que tu crées pour le jeune public. Qu'est-ce que ça change dans ta manière de travailler, dans ton rapport au public ?
Oui c'est le baptême du feu ! La toute première fois. Lorsque j'ai commencé la magie je m'étais dit : jamais de scène. Très vite j'ai pris goût aux planches et je ne veux plus en descendre. Ensuite je m'étais dit : jamais de magie pour les enfants, ils voient tout, comprennent tout, ils n'ont pas de barrière et mettent souvent en danger les magiciens... Pour moi la peur : c'est la porte à franchir ! Elle s'est entrouverte il y a quelque temps avec le jeune public et j'y prends un intense plaisir. Les enfants sont souvent un spectacle à eux seuls ! Mon rapport avec eux est assez singulier car dans ma gestuelle ou même dans mon phrasé, je considère les enfants comme des adultes. Vous verrez cela donne des situations théâtralement étonnantes.
Comment la magie s'intègre-t-elle dans le spectacle ?
La magie est plus visuelle que dans mes précédents spectacles mais ce n'est pas à proprement parler une magie enfantine. Pas de lapin, pas de balle mousse. Je veux les emmener dans mon univers plutôt que de trouver l'univers qui leur correspond selon les « normes magiques » actuelles.
Par ce spectacle, qu'as-tu envie de raconter de l'école de l'enfance ?
J'ai subi une incarcération scolaire assez pénible : redoubler trois fois, échouer à tous les examens... Et pourtant j'ai envie de retourner à l'école avec un peu de magie dans mon cartable. J'aurais voulu être le meilleur, être aimé ! J'étais le meilleur... des cancres. Je vais raconter magiquement comment j'envisageai les maths, la physique. Avec la magie, il se pourrait bien que les mauvais résultats de jadis deviennent justes aujourd'hui... Et pourquoi pas tenter à nouveau ma chance d'être aimé !
« Jongleur de mots, il aime comprendre la magie comme "l'âme agit" où le public se laisse porter. "Je fixe les règles pour 45 minutes. C'est un jeu de l'imaginaire : le cancre s'échappe, il n'a pas le choix. Il est isolé et il s'évade parce qu'il a soif d'apprendre quand même. Simplement, le cancre ne rentre pas dans la case imposée. Je retourne à l'école avec les enfants, et faire de la magie avec eux est un vrai défi." Avec une magie plus visuelle que mentale, Scorpène présente un spectacle tout en poésie. » Eléonora Hurillon-Ajzenman - Paris Normandie
« Scorpène, le magicien mentaliste préfère aux effets spectaculaires l'installation progressive d'une fascinante atmosphère. Peu d'accessoires, mais beaucoup de psychologie et pas mal d'astuces, grâce auxquelles Scorpène nous révèle les pensées des différents spectateurs sollicités. Et devant ce spectacle étrange on se laisse rapidement emporter, oubliant de chercher "le" truc pour se concentrer sur les capacités sidérantes du manipulateur. » Caroline - Châtelet Metro
« Qu'elle soit humble, inévitable ou terrible, la réalité n'est, pour Scorpène, qu'une vue de l'esprit. Joueur d'échecs puis vidéaste, devenu magicien pour l'occasion, il crée un spectacle étonnant qui s'appuie sur l'alchimie, la physique quantique et "Les Chants de Maldoror" de Lautréamont. Etonnant, vous dis-je ! Alors oubliez vos a priori, abandonnez vos certitudes et prêtez-vous à ses expériences mentales. Rien à voir cependant avec les prétentieux prétendants de la magie nouvelle, ni avec le bellâtre télévisuel Simon Baker ! Scorpène est un homme de scène, plein de finesse, de désinvolture et d'angélisme, qui manipule les mots, les chiffres et les objets avec la complicité des spectateurs. Car il n'oublie pas que "la magie, c'est quand l'âme agit sur l'âme à tiers".» Thierry Voisin Télérama Sortir