Solenn Jarniou écrit, met en scène et joue dans cette brillante fête du langage. Elle porte un regard à la fois drôle et acerbe sur notre société.
Elle parle un argot particulièrement riche et inventif et Lui ne s’exprime qu’en alexandrins. Elle et Lui perdent systématiquement leur travail. Sommé par sa direction de faire du résultat sans délai, leur conseiller Pôle Emploi est contraint de leur trouver un poste sous peine de licenciement. Aidé par son frère jumeau qui parle toutes les langues (le Manager), il va tenter tant bien que mal d’apprendre à ces deux crapauds à s’exprimer comme tout le monde. Les quatre personnages se lancent alors dans des échanges d’une autre dimension en jonglant avec le parler des rues, la poésie classique et la langue banalement utilisée dans la vie quotidienne, le tout parsemé de quelques échanges parlés- chantés ! À travers cette comédie terriblement drôle et grinçante, Solenn Jarniou pose de façon très subtile et intelligente la question de la normalisation du langage (et donc de la pensée ?) et met en évidence la barrière à laquelle se heurtent celles et ceux qui n’en maîtrisent pas les règles.
« Voilà une pièce irrésistiblement drôle, subversive et de nature à libérer de leurs complexes les clients de Pôle Emploi. Fine bouche et mine de rien, Solenn Jarniou convoque le public à un cours magistral linguistique de haut vol. » Le Monde
Texte Solenn Jarniou • Mise en scène Solenn Jarniou et Solange Malenfant • Distribution Solenn Jarniou, Loïc Auffret, Christophe Gravouil • Création lumière Yohann Olivier.
Production Plus Plus Productions. Coproduction Le Grand T – Théâtre de Loire-Atlantique. Partenaires institutionnels Ministere de la Culture - DRAC Pays de la Loire (aide à la production), Région des Pays de la Loire, Département de Loire-Atlantique, Ville de Nantes, SPEDIDAM, ADAMI. Partenaires professionnels Le Carré – Scène Nationale de Chateau-Gontier (53), Le Piano’cktail - Bouguenais (44), Le Piment Familial – Mortagne / Sèvre (85), Le Grand Lieu – La Chevrolière (44), Le Carroi – La Fleche (72)
© photo : Bilgou
Marcel AYME a écrit: « Ce pouvoir qu’ont les mots de tenir à distance les vérités les plus éclatantes. »
Un mot clôture le champ de notre pensée. Les mots qui sortent de notre bouche sont teintés de notre intention (bonne ou mauvaise). Un mot n’a pas la même signification pour tout le monde. Un mot mal choisi, mal interprété va tout de même en appeler un autre, qui va en appeler un autre, qui viendront alourdir cet équilibre précaire.
Notre principal outil de communication est fragile.
Au début de la guerre en Syrie, un homme qui luttait contre la dictature de Bachar- El-Assad, décrivait un combat et criait: « … Là où les mots sont les plus beaux malgré eux, c’est lorsqu’ils sont en concordance avec une situation, une action. »
Elle et Lui ne sont pas des êtres grossiers, mal-élevés, ils tentent simplement , à travers leur propre langage, de rester au plus près de leurs pensées, de traduire au mieux leurs sentiments, de trouver la meilleure concordance entre leurs mots et leurs actions. Mais la normalisation du langage à laquelle Elle et Lui ont échappé, les rattrape et les sanctionne.
Cette normalisation du langage qui crée ses expressions favorites ( -ça m’interpelle quelque part- -que du bonheur- -on est pris comme otages-…) ne conduit-elle pas à une normalisation de la pensée?
C’est sur cette question que le texte s’interroge de façon ludique.
C’est la confrontation de trois langues différentes: la poésie (rimes, haïkus, sonnets), l’argot et la langue utilisée quotidiennement par chacun d’entre nous. Pour alléger le propos, les situations dramaturgiques , vont, quelquefois, amener les personnages à s’exprimer avec le parlé-chanté. Ils trouveront dans cette expression l’émotion qui leur permettra d’avancer et de poursuivre l’apprentissage.
Sur le sol noir, un carré gris clair centré matérialise une zone de type ring où les protagonistes vont accepter le jeu quand ils sont à l'intérieur et le refuser quand ils en sortent. Au fond un rectangle translucide ferme l'espace. Une table et trois tabourets symbolisent l'espace de la discussion.
Pas de signes particuliers pour les vêtements, ils sont le plus anodin possible. Des “fringues” de tous les jours en quelque sorte.
La Compagnie Acta Fabula a été fondée en 2001. Suite à des lectures de Plus ou moins, ça dépend - dont le titre originel était « Les G »- au Théâtre Icare, au Studio Théâtre et au Lieu Unique à Nantes, le projet a obtenu l’aide à la création de la DRAC, mais faute de partenaires suffisants, n’a pu voir le jour. La compagnie est alors restée en sommeil pendant plusieurs années. La rencontre avec Loïc Auffret et l’envie de travailler ensemble ont décidé Solenn Jarniou à faire l’adaptation de son texte (initialement écrit pour 5 personnages) pour deux comédiens. La première pièce a donc vu le jour en 2009 sur une commande du Grand T à Nantes (Philippe COUTANT) pour se jouer en appartement. Après un passage à Avignon en 2010 la pièce aura été joué environ 100 fois. La compagnie créée pour la saison 2014/2015 « Le manager, les deux crapauds et l'air du temps », sa deuxième pièce. Le texte est à nouveau écrit par Solenn Jarniou. On ne peut pas encore donner une thématique au travail de la compagnie Acta Fabula mais il ressort sur ses deux premières créations que l'attention est portée sur l'importance du langage dans notre vie sociale et combien savoir choisir le mot exact est primordial.
Voilà une pièce irrésistiblement drôle, subversive et de nature à libérer de leurs complexes, les clients de Pôle emploi. (...) Toutes les vannes qu'ouvre la talentueuse Solenn JARNIOU font glousser de bonheur les spectateurs. Elle même comédienne assure avec Solange MALENFANT, une mise en scène clinquante et réaliste, accompagnée d'excellents partenaires, Loïc AUFFRET et Christophe GRAVOUIL. Le Monde
C’est brillant, rigolo, et finement mené. Mine de rien, au-delà de la caricature drolatique, parfaitement réussie, on mesure la barrière à laquelle se heurte ceux qui ne maîtrisent pas les règles du langage et comment ce dernier peut être détourné à des fins de manipulations. Marianne
Voilà sûrement une des petites perles de ce festival ! Le titre, un peu long et loufoque n'attire pas forcément le chaland. Ce serait pourtant une erreur de ne pas y aller ! (...) Solenn Jarniou, auteur, metteur en scène et comédienne (c'est elle qui ne connaît que l'argot), a réalisé un travail remarquable. Avec elle, Christophe Gravouil et Loïc Auffret rivalisent de talent, devant le public stupéfait. Un regard drôle, vivifiant, intelligent et désarmant sur notre société ! Vaucluse Matin
La pièce de Solenn Jarniou est une fête du langage. La partition d’argot qu’elle joue elle-même est étincelante de trouvailles et de drôlerie. La partition rimée fait penser à de l’Edmond Rostand, du Cyrano de Bergerac d’aujourd’hui. (...) avec trois acteurs malicieusement imperturbables, Christophe Gravoult, Loï Auffret et Solenn Jarniou, ce moment de théâtre langagier et satirique est profondément original et réjouissant. Webthéâtre