Perdus au coeur d’une forêt peuplée d’animaux inquiétants, Hansel et Gretel découvrent une maison de sucre où les attend une vieille dame ensorceleuse et anthropophage... L’histoire de ce conte est bien connue, avec ses cailloux semés, sa maison à croquer et son four où finira la Un impressionnant théâtre d’images à découvrir sur le grand plateau de DSN.sorcière. Mais si Gretel avait tout imaginé, transformant son quotidien en un rêve aux couleurs acidulées, à la fois effrayant et magique ?
Dans la mise en scène d’Angélique Friant, c’est à travers les yeux de la jeune fille que se tisse l’histoire du spectacle, à travers les filtres de sa perception, de ses peurs, de ses désirs, de ses fantasmes. Le spectacle se crée par une succession de scènes intrigantes comme une suite d’images dramaturgiques proches de la métaphore poétique. La formidable qualité du travail visuel de ce spectacle met le public dans une étrange sensation entre spectateur de théâtre et spectateur de cinéma. Surprenant, comme toutes les mises en scène d’Angélique Friant.
C’est à travers les yeux de la jeune fille que se tisse l’histoire du spectacle. À travers les filtres de sa perception, de ses peurs, de ses désirs, de ses fantasmes...
ET SI...
Et si l’histoire d’Hansel et Gretel se déroulait dans le quotidien d’une famille tout à fait ordinaire ? Et si Gretel, aux prises de son imagination, avait vu en sa vieille cabane une maison de sucreries, en la clôture du jardin une rangée de pain d’épices, et en sa mère une sorcière... Et si la faim dévorante l’avait amenée à pousser sa mère dans le four pour se nourrir de sa chair cuite…
Dans plusieurs versions du conte, après avoir tué la sorcière, les enfants rentrent chez eux, ils retrouvent leur père veuf. On comprend alors que la sorcière était en fait la mère de Hansel et Gretel.
D’un endroit à l’autre du conte, il y a un comme jeu de vases communicants entre les deux personnages féminins, figures malignes aux deux visages dangereux (la mère infanticide et la sorcière cannibale) qui créent par leur omniprésence une fausse unité d’espace et disparaissent en même temps dès lors que les enfants acceptent l’idée du combat et de la fuite salvatrice d’un foyer certes nourricier mais aussi aliénant et funeste.
Pour traiter la métamorphose d’un cocon familial en un monde fantastique, c’est tout l’univers plastique et sonore qui se transformera sur le plateau.
De la scénographie aux accessoires en passant par les costumes, nous convoquerons ainsi l’ambivalence entre la mère et la sorcière, en travaillant sur un costume transformable.
A partir d’une même base couleur et forme, la robe de la mère se transformera en une robe de sorcière maléfique. Le col, les manches, le bas de la robe sembleront pousser comme l’image de la bonne mère se transformant en celle de la mauvaise mère.
Dans la première partie du conte, c’est Hansel, le frère, qui domine la situation, protège sa soeur, cherche des solutions. Dans la seconde partie, Hansel se retrouvant prisonnier d’une cage, devient le personnage passif de l’histoire. Gretel est obligée d’agir, de prendre des décisions, de passer à l’acte. C’est à ce moment qu’elle devient l’héroïne du conte.
L’histoire de Hansel et Gretel est plus ou moins connue de tous. La maison de sucre, la sorcière anthropophage, la cage, le four, sont autant d’éléments du conte identifiables par tous.
Dans le conte il y a deux parties très distinctes : le quotidien de Hansel et Gretel, avec leurs parents dans leur petite maison près de la forêt familière, et l’histoire fantastique qu’ils vont vivre au milieu d’une forêt inquiétante, dans une maison imaginaire, pris au piège d’un adulte aux pouvoirs étranges.
Le spectacle traitera le conte de façon nonlinéaire. Chaque image, étant déjà chargée dans la mémoire collective, portera en elle seule le sens. Et entre deux images, c’est l’imagination du spectateur qui sera invoquée.
Le spectacle se crée par une succession de scènes mystérieuses et intrigantes. Proche de la métaphore poétique. Un travail visuel, construit comme une suite d’images dramaturgiques, fera de chaque scène de Gretel une approche cinématographique.
L’adaptation visuelle du conte oscillera entre forêt sombre et profonde, et décors aux tons tranchés, vifs, comme un curieux cauchemar. L’idée est d’entrer dans le conte de la façon la plus naturelle, sans surprise, et que petit à petit, la magie fasse son apparition sans qu’on s’en aperçoive, qu’elle nous surprenne et nous entraine irrésistiblement dans les profondeurs d’une histoire fantastique.
Parfois à la lisière d’un film d’épouvante cocasse, le spectacle plonge dans un imaginaire enfantin, marqué par les peurs extrêmes et les cruautés fugaces propres au monde de l’enfance.
Dans un environnement douillet aux couleurs acidulées se déroule une histoire cruelle, à base d’angoisses et de tabous comme l’abandon, la maltraitance et le cannibalisme.
LA FORÊT
Le travail sonore de Vincent Martial, musicien flutiste et ingénieur son se fera à partir de prises de sons dans des parcs naturels, jungles et forêts de l’Asie du Sud Est, pour nous entrainer dans une forêt profonde et inquiétante. La journée, les biches, les oiseaux, les lapins, les renards gambadent, mais quand vient la nuit, c’est au tour des hiboux, chauve-souris, chats noirs et autres animaux terrifiants de régner sur la forêt pour nous amener jusqu’à l’entrée d’une charmante petite maison toute rose…
Les animaux de la forêt seront fabriqués à taille réelle et manipulés en prises directes par des marionnettistes vêtus de noir, à la façon des marionnettes bunraku. Ils se transformeront ensuite en d’étranges géants masqués, invoqués par la sorcière... ou par les fantasmes de Gretel. Les plasticiens et marionnettistes David Girondin Moab et Catherine Hugot travailleront à les rendre hyperréalistes. Ils seront confectionnés en fourrure, latex et mousse.
LE CHOEUR DES BISCUITS
La vilaine sorcière cannibale mange les enfants qui se perdent dans cette forêt. Cet appétit contre nature se trouve symbolisé par ces enfants transformés en pain d’épices qui entourent la maison de la vieille dame. Ils sont les victimes, mais aussi les témoins de ceux qui leur succèdent.
Ils tentent d’avertir et d’aider Hansel et Gretel à échapper à la sorcière, dans l’espoir de pouvoir, un jour, rompre le charme qui les emprisonnent et rentrer chez eux.
Ces personnages jouent le rôle du choeur antique, omniprésent et omniscient. Nous avons ici des images connues de notre enfance, naïves et désuètes pour les pousser vers ce qu’il peut y avoir de plus inquiétant, oscillant toujours entre rêve et cauchemar.
Gretel est plongée dans le rêve, au milieu de ses souvenirs. Les personnages de son quotidien tournent autour d’elle et se transforment, comme métamorphosés par son imagination. Chaque personnage évolue et grandit, marionnette hyperréaliste, homme masqué, géant de fourrure...
La scénographie est à l’image de cette fantasmagorie. Constituée d’espaces distincts construits comme des ellipses. Des sortes d’îlots à sauter pieds joints pour reconstituer le conte, entre lesquels des personnages apparaissent et disparaissent, évoluent et se transforment, dansant autour de Gretel une transe diabolique.
Le sol est couvert d’une pelouse verte pomme. Une balançoire descend des cintres. Un lit d’enfant suspendu. Une maison de sucreries fourrée aux cauchemars...
ANGÉLIQUE FRIANT Metteur en scène
Angélique Friant se forme en art dramatique dans les Classes de la Comédie de Reims sous la direction d‘Emmanuel Demarcy Mota.
Parallèlement, elle s’intéresse au cinéma, à la dramaturgie, à la danse et plus particulièrement au butô. Elle se forme à la marionnette auprès de David Girondin Moab (compagnie Pseudonymo), puis rapidement collabore à ses créations et installations plastiques.
Elle fonde sa compagnie Succursale 101 en 2006 et commence son expérimentation marionnettique. Elle crée et interprète Colette Michard - 2008, met en scène De la porte d’Orléans - 2008, Petit-Bleu et Petit-Jaune - 2009, Le Laboratorium - 2010, De paille, de bois ou de brique… - 2011, Erotic Michard - 2011, Gerda - 2012, les Spécimens - 2012, L’ autre sommeil - 2013, Couac - 2013. Elle joue dans Nuits - 2007 et Imomushi - 2008 de la compagnie Pseudonymo. Elle collabore aux spectacles mis en scène par David Girondin Moab : Un phénomène tout à fait ordinaire - 2009, Glouchenko - 2010 , Poisons - 2011, Octopoulpe le Vilain - 2011, Le grand architecte - 2013, et aux installations plastiques Objets possédés - 2006, La part invisible - 2007, Fabrique Fétiches - 2009.
Elle crée en 2013 au festival Mondial des Théâtres de Charleville Mézières L’Orée des Visages avec David Girondin Moab, Christian et François Ben Aim.
En 2010, David Girondin Moab et Angélique Friant mettent en place Le Jardin Parallèle, lieu de fabrication, de recherches et d’expérimentations marionnettiques. Ils créent et co-dirigent, depuis 2010, le Festival Orbis Pictus au Palais du Tau à Reims, festival de formes brèves marionnettiques.
En 2013, elle conçoit avec David Girondin Moab l’installation plastique immersive Les esprits de la forêt, labyrinthe marionnettique à la Condition Publique de Roubaix. Elle crée, Sous les paupières, sa première installation plastique en collaboration avec la station magnétique en 2014.
Angélique Friant travaille actuellement sur l’exposition de Couac, installation immersive à partir de 2 ans et sur sa prochaine création Gretel qui sera créé à la Comédie de Reims le 4 décembre 2014.
En 2015, elle mettra en place en partenariat avec la scène nationale de Dieppe un projet de territoire en créant l’installation plastique autour du spectacle de Gretel. Et travaillera dur ces deux prochaines créations, Coco de Koltès et Crépuscule.
DAVID GIRONDIN MOAB Scénographe
Marionnettiste diplômé de l’École Supérieure Nationale des Arts de la Marionnette de Charleville-Mézières, David Girondin Moab est directeur artistique de la compagnie Pseudonymo.
En 2004, il crée Le Golem, d’après le roman de Gustav Meyrink. Suivront Variations, concept déambulatoire de formes brèves et performances créé en 2006 à La Comédie, Centre dramatique national de Reims, et Mille et une nuits et Nuits, deux spectacles adaptés des Contes des Mille et une Nuits, une commande du Théâtre Gérard Philipe, Centre dramatique national de Saint-Denis.
Il crée en 2008 Sortilèges d’après les contes de Der Nister, Un phénomène tout à fait ordinaire d’après un texte de Daniil Harms et Imomushi d’après la nouvelle d’Edogawa Ranpo (respectivement à la Comédie de Reims et à La Salamandre de Vitry-le-François).
Alternant spectacles et installations, David Girondin Moab met en espace La part Invisible au Cryptoportique de Reims et transforme en 2008 et 2009 le hall de la Caserne des pompiers d’Avignon en parcours onirique déambulatoire avec Ici reposent et Fabrique fétiche. Il crée en novembre 2009 Glouchenko au Salmanazar d’Epernay. Il crée la performance Poisons en collaboration avec la Fondation Cartier pour l’Art Contemporain et Octopoulpe le Vilain au Festival mondial des théâtres de marionnettes de Charleville-Mézières en 2011, puis Der Nister au Salmanazar d’Epernay et à la Comédie de Reims en mars 2012.
REMI PRADIER Comédien, assistant à la mise en scène
Rémi Pradier débute sa carrière d’acteur en se formant à la pratique du clown, après des études d’éducateur spécialisé, au Théâtre Marie-Jeanne à Marseille sous la direction de Patrick Rabier. Il fonde en 2008 la compagnie Maâloum avec laquelle il joue en adaptant, pour le théâtre, le roman de Paolo Giordano, La Solitude des Nombres Premiers.
Il poursuit son parcours d’acteur en orientant son travail vers une approche théâtrale où le corps a une place centrale. Ainsi, il participe à différents projets de danse théâtre, notamment avec le metteur en scène chilien Mateluna en jouant durant deux années consécutives au festival Off d’Avignon sur l’oeuvre de l’auteur uruguayen Carlos Liscano Ma Famille.
Il prolonge cette démarche en participant à des master-class de danse contemporaine, notamment avec le chorégraphe Peter Goss et avec le metteur en scène polonais, Krystian Lupa, avec lequel il poursuit, depuis deux ans, un travail d’acteur autour du monologue intérieur dans le processus de création du personnage.
Il rencontre Angélique Friant en 2014, durant le festival Orbis Pictus à Reims, et participe à sa dernière création Gretel en tant qu’assistant et collaborateur artistique.
VINCENT MARTIAL Créateur Sonore
Flutiste, percussionniste, compositeur, concepteur d’installations. Après des études de flûte et percussion au conservatoire Charles Munch à Paris, il part à New York où il s’oriente vers la musique improvisée et cherche à mélanger l’acoustique et l’électronique. De retour en France, il joue avec de nombreux musiciens, tels que Roger Cazenave, Eric Pailhé, Hélène Breschand, Sergio Dia, Richard Turegano, Tounde Adebimpe, Iggy Pop, David Aknin, Dgiz…
De 2001 à 2007, il travaille à l’Institut Médico-professionnel « faites des couleurs », axe sa recherche sur la communication par le son et la musique et développe des structures sonores modulables, il développe en parallèle des instruments de musique originaux qu’il utilise dans différentes formations.
En 2010, il est lauréat à la fondation de France pour son projet de sculptures sonores robotisées et développe un solo combinant ses recherches musicales, ses instruments traditionnels et ses machines sonores.
En tant que compositeur il travaille pour diverses compagnies : Punchisnotdead (Ubu), Naforo Ba (ailes), Théâtre de l’estrade (Gengis Khan), Playtime story de François Ede (dvd), musicien improvisateur pour Alice sous terre, Victor-Victor films… et la compagnie Succursale 101 ( Petit-Bleu et Petit-Jaune, Le Laboratorium, Erotic’ Michard).
FRÉDÉRIQUE STEINER-SARRIEUX Créatrice lumière
Diplômée par l’ENSATT, Frédérique développe ses compétences en nouvelles technologies numériques, en collaborant notamment avec la Compagnie Incidents mémorables, dirigée par Georges Gagneré. Parmi ses réalisations les plus récentes, elle est conceptrice lumière des Soirées Tchékhov, direction artistique assurée par Anatoli Vassiliev, Créanciers, d’August Strindberg, mis en scène par Cyril Pointurier. Pour le jeune public, elle créé la lumière d’Obo puis de Monsieur M, de la compagnie Toutito teatro.
En tant que vidéaste, elle conçoit la diffusion vidéo et l’environnement interactif du spectacle J’ai 20 ans, qu’est-ce qui m’attend ? mis en scène par Cécile Backès. Prochainement, elle créera les lumières de Où étais-tu ? de Natalie Rafal, au Théâtre du Lucernaire à Paris et Gretel de la compagnie Succursale 101, dont elle assurera la régie générale.