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THÉÂTRE

Représentation adaptée en langue des signes française par Karine Feuillebois.

Tarif B - 1h
Dès 7 ans

GRANDE SALLE
Vendredi 31 janvier – 20h
Séance scolaire : ven. 31 jan. – 14h30


MORPHÉ

SIMON FALGUIÈRES

Un conte sur la naissance du monde.

Dans un pays en guerre, un pays loin d’ici, au coeur d’un petit village, un père a construit un théâtre. Un tout petit théâtre en bois qu’il a appelé « La Baleine Bleue ». Une nuit, il amène sa fille Macha dans le théâtre. La guerre tonne tout autour d’eux. Macha a peur et dans l’odeur du bois, pour la rassurer, son père lui joue son dernier spectacle. Un poème sans parole sur la naissance du monde qui s’intitule Morphé.

Seul en scène, Simon Falguières développe un théâtre plastique et sans mot dans un décor de bois pour parler de la guerre, de l’art de la résistance et de la filiation.


Cette fable foisonnante, [...] nous embarque vers des univers dignes de l’imaginaire. – Sceneweb
Un spectacle poétique, une épopée folle, une ode à la transmission. – L’Œil d’Olivier

Réalisation Accès Culture www.accesculture.org

Texte, mise en scène, scénographie et jeu : Simon Falguières – Assistant à la mise en scène : David Guez – Comédienne et créatrice LSF : Karine Feuillebois – Regard extérieur de la création LSF : Vincent Bexiga – Création accessoires et marionnettes : Alice Delarue – Création Lumières : Léandre Gans – Création Sonore : Celsian Langlois – Création Costumes : Lucile Charvet – Contrebassiste : Félicie Bazelaire – Régie lumière : Léandre Gans, Lison Foulou – Régie plateau : Alice Delarue, Roméo Rebiere – Régie son : Celsian Langlois, Hippolyte Leblanc.

© Photo : C. Raynaud de Lage

Production : LE K – Coproductions : Le Tangram - SN Évreux-Louviers, les Tréteaux de France – Création : mai 2023 au Tangram - SN Évreux-Louviers lors du festival Les Anthroposcènes – Spectacle créé en LSF par Karine Feuillebois et Vintent Bexiga avec Accès Culture – Le K est conventionné par la DRAC Normandie, Région Normandie et Département de l’Eure – Simon Falguières est artiste associé au Préau CDN de Normandie Vire, au Théâtre de la cité CDN de Toulouse Occitanie et à Transversales scène conventionnée de Verdun.

Site de la compagnie

Morphé est une pièce que je joue seul en scène accompagné de deux régisseurs.ses manipulateurs.trices.  

Je joue Pierre… Qui lui-même joue son grand-père Rezzo... Qui lui-même joue pour sa fille Masha… Qui elle-même racontera plus tard cette histoire à son fils Pierre… Qui lui-même jouera plus tard cette histoire devant des gens… 

C’est une histoire de filiation et d’héritage, une histoire de guerre et une histoire sur la beauté magique du monde.  Pour que sa fille ne s’inquiète pas de la guerre, dans son théâtre de La Baleine bleue, Rezzo lui parle de la naissance du monde. Il devient alors, sous ses yeux, un clown cosmique. Un clown qui joue les mouvements du chaos, la naissance de la terre, l’arrivée des premières cellules puis des premiers animaux. A force de transformations, de dessins, de sculptures, apparaît sur la scène, une Baleine bleue. Rezzo chante avec la Baleine. Rezzo vit avec la Baleine. Rezzo danse avec la Baleine. Mais un jour, l’homme arrive sur la surface de l’eau pour chasser l’animal. La Baleine bleue est en danger comme le théâtre de Rezzo est en danger.

Cette pièce est un hommage aux inventeurs de mondes, de marionnettes, de petites formes qui ont créé dans le tumulte de la grande Histoire. C’est un hymne visuel et poétique à la beauté de la nature et à la magie de notre présence sur terre. C’est aussi un chant sur la violence des hommes. Je voulais que Morphé puisse être un spectacle tout public à partir de huit ans. Je me suis alors lancé dans la recherche d’un théâtre visuel fait de peintures, de matière, de marionnettes et d’un jeu qui pourrait s’approcher du bouffon voir du mimodrame. Inspiré par Chaplin, les cinéastes d’animation tchéques tel que Jiri Trnka, le créateur Géorgien Rezzo Gabriedze ou encore le travail de Joseph Nadj, je me suis plongé dans un acte de création solitaire et lointain de mes derniers travaux.

Scéniquement, Rezzo est enfermé dans une cabane sans porte. Une chambre comme une boîte crânienne faite de trappes, de fenêtres et de mécanisme magiques. Sa table de travail tremble toute seule. Son tiroir s’ouvre et se referme avec magie et donne au personnage de Rezzo des objets merveilleux à détourner. D’autres objets sortent des murs, par des trappes et des portes dérobées. La régisseuse et le régisseur qui m’accompagne activent cet espace respirant sans qu’on ne les voit. Cependant ils jouent aussi le père et la mère de Pierre au lancement de la pièce.

L’espace qui au départ est vide se remplit au fur et à mesure d’objets et de dessins que Rezzo ordonne pour nous raconter son poème.

Comme Geppetto dans le conte de Pinocchio, Rezzo est enfermé avec sa fille dans le ventre de la Baleine bleue. Enfermé dans un espace magique, entouré du grand vide des abysses, ici le grand vide de la guerre. Enfermé dans une cave à mystère… Le théâtre lui-même.

Simon Falguières

L’équipe créatrice
Pour créer ce spectacle à part, je veux m'entourer de mes plus proches collaborateurs.trices. Léandre Gans à la lumière, Alice Delarue aux accessoires et au plateau, Lucile Charvet aux costumes et Celsian Langlois à la création sonore.

Lumière
La progression de la lumière ne fera qu’un seul et même mouvement du petit jour jusqu’à l’aurore. Un mouvement imperceptible, sans changements brutaux. Elle devra être invisible. Je ne veux pas travailler sur une lumière dite « claire obscure » qui sépare les espaces et vient sculpter le plateau mais sur un éclairage diffus. Le public doit ressentir sans s’en rendre compte l’évolution d’une journée en l’espace d’une heure de spectacle.

Son
La matière sonore qui nimbe le spectacle est très importante. Je veux pour cela travailler avec Celsian Langlois sur une production sonore d’une grande finesse. Cette création se fera autour de sons aquatiques, des sons enregistrés sous l'eau ou des sons trafiqués. Comme si la guerre autour d'eux était assourdie par l'eau des océans... Comme si nous étions véritablement enfermés dans le ventre d'une baleine. Il y a en parallèle de ce travail, la présence de voix enregistrées qui traduisent la langue étrangère et imaginaire de Rezzo, à la manière du dispositif utilisé dans les pièces de Rezzo Gabriedze. Je souhaite aussi qu'un thème mélodique d'une grande simplicité nous accompagne tout au long du spectacle. La colonne vertébrale du conte ! Enfin, il y a les chants des baleines qui au fur et à mesure de la pièce, emplissent l'espace jusqu'à venir nous bercer et distordre nos perceptions.

Un spectacle tout public.
Je veux que ce spectacle mêle les arts en une forme joyeuse et onirique. Un spectacle court et sensoriel qui pourra toucher les adultes comme les enfants à partir de 8 ans. Un spectacle « paysage » à plusieurs strates. On y parlera de la naissance de la parole, des métamorphoses de la nature, du deuil mais aussi de la joie de contempler. On y parlera enfin de la fin d’un monde qui par l’acte poétique, se réinvente pour qu’il ne s’éteigne pas.

Un spectacle en lien avec un lieu.
Morphé sera la première création que la compagnie fera au sein de son lieu Le Moulin de l’Hydre à Saint Pierre d’Entremont (61). Le spectacle sera entièrement lié à cet espace. D’abord dans sa scénographie : l’atelier aux grandes fenêtres est similaire à celui présent au Moulin. Ainsi que sur le fond, cette fable est imprégnée de la forêt, la rivière et la carrière de pierres qui entourent les lieux.

Un travail d’acteur hybride.
Avant de faire du théâtre de texte, j’ai appris à jouer en passant par l’art du clown. J’ai pu tourner le clown Rob plus d’une centaine de fois à travers la France ou encore m’essayer au burlesque avec deux spectacles muets. Avec Morphé, je veux retrouver ce travail, en le faisant évoluer, en le métamorphosant vers un personnage hybride. Mi clown mi aède, mi sculpteur mi danseur. Il s’agit pour moi d‘une recherche intime. D’un travail technique que j’ai toujours rêvé de reprendre et que ce projet me permet de déployer.

Simon Falguières

Pierre : Bonjour, je m'appelle Pierre.
Je suis acteur. C'est mon métier quoi... Acteur de théâtre, on dit ça…
C’est d'ailleurs pour ça que je joue devant vous.
Aujourd’hui, je vais vous raconter une histoire.
C'est une histoire que ma mère me racontait.
Ma mère aussi c'était une actrice. Elle a joué à travers tous les continents.

Une femme apparaît.

Voilà, c’est elle… Ma mère… Quand elle était jeune.
Elle s’appelait Masha.
Enfant, elle a grandi dans un autre pays que le nôtre.
Un Pays, loin d’ici... Moi je n'y suis jamais allé.
Ma mère est devenue une actrice parce que son père était un acteur.
Comme moi je suis devenu un acteur parce que ma mère était une actrice.
Dans ce pays où je ne suis jamais allé, on se passait l’art du théâtre comme des artisans se passent un savoir-faire. De père en fille ou de père en fils. De mère en fils ou de mère en fille.
Son père, mon grand-père, était acteur dans un théâtre au centre d’une petite ville, loin d’ici, dans ce pays où je ne suis jamais allé. Enfin c'est pas tout à fait vrai... Il n’était pas qu’un acteur… Il était aussi le directeur du théâtre. Il l’avait appelé Le théâtre de la Baleine bleue. Et puis, il construisait des marionnettes, des objets magiques, des castelets. Dans ce pays où je ne suis jamais allé, les gens aiment les marionnettes.
Plus que ça, ils les vénèrent. Mon grand-père était ce qu’on pourrait appeler donc un inventeur ! On pourrait dire ça. Un inventeur de mondes.
Un inventeur de formes.
Je vous parle de lui, mais je ne l’ai jamais connu mon grand-père.
Parce que dans ce pays où je ne suis jamais allé, il y a eu la guerre. Et la guerre a fini par l’emporter. L’emporter dans un autre monde. Un autre monde qu’il n’a pas inventé. La guerre a continué et ma mère est venue ici. Et des années plus tard, elle m’a eu, ici, sur une autre terre, ici, dans une autre langue que la sienne. La langue que je parle aujourd’hui devant vous.
Elle m’a eu avec mon père.

Une silhouette d’ombre apparaît.

Voilà, c’est lui… Mon père… Je l’ai fait comme ça,avec le voile et tout, parce que je ne l’ai pas connu.
Je veux dire… Il a disparu avant que je ne soisassez grand pour me souvenir de lui. Alors je n’aipas pu lui mettre de visage… Mon père a toujoursété une ombre pour moi. Mais ce n’est pas grave…
Ce n’est pas de sa faute s’il a, comme on dit,disparu. J’ai vécu seul avec ma mère. Je n’avais pasde frère, pas de soeur. Seulement ma mère.
Et le soir, avant de m’endormir, souvent... Ma mère me racontait une histoire. L’histoire que ma mère me racontait quand j’étais un enfant, il y a 30 ans de ça, parlait du théâtre de la Baleine Bleue et de ce grand père et de ce pays où je ne suis jamais allé.
Cette histoire commence une nuit de septembre, Masha, ma mère, avait 8 ans.

La Mère : J’avais huit ans.

Pierre : C’était la guerre dans son pays. La petite ville où elle grandissait était devenu un champs de ruines à cause des bombardements et des incendies. Quelques bâtiments restaient encore debout : le beffroi, la grande église, le théâtre que son père dirigeait… Mais sinon, les rues étaient dépecées. Gravats, éboulis, murs crevés, ciel gris.
Un soir, son père l’amène dans le théâtre. “Je dois récupérer une affaire que j’ai oubliée là bas. Tu veux venir avec moi ?” Il lui dit.

La Mère : Main dans la main, nous traversions la ville déserte. Il faisait froid. La brume commençait à recouvrir les boulevards ravagés.

Pierre enfant : Vous habitiez loin du théâtre ?

La Mère : Il nous fallait une moitié d’heure pour y arriver.

Pierre enfant : Il était comment ?

La Mère : Un grand théâtre en pierre avec écrit sur un panneau en lettres enluminées : La Baleine Bleue. Mon père sort son grand trousseau de clefs de sa poche. Des clefs immenses et dorées digne des clefs d’un château de conte. Mon père ouvre la porte du théâtre et la referme derrière lui. Nous traversons le hall une lampe à la main. Il y a une odeur de bois, de poussière, de cigarettes et de cire. Il y a les costumes, les masques et les marionnettes qui attendent dans l’obscurité des loges et des couloirs. Nous sommes dans le ventre de la baleine bleue… Le ventre du théâtre à l’écart du reste du monde. Nous arrivons sur la scène. Mon père allume les lumières ! Le décor de sa dernière pièce apparaît.

Pierre enfant : Comment s’appelait la pièce ?

La Mère : La pièce s’appelait “Morphé”. C’était un conte sur la naissance du monde.

Simon Falguières

SIMON FALGUIÈRES
Auteur, metteur en scène et comédien, Simon Falguières est le directeur artistique de la compagnie Le K implantée en Normandie depuis 12 ans. Après une dizaine de créations, il écrit et met en scène en 2018 son premier spectacle jeune public, Poucet. Le texte est édité en Mars 2020 à l’Ecole des Loisirs. Il crée en Janvier 2019 la première version de Le Nid de Cendres au Théâtre du Nord CDN de Lille Tourcoing Hauts de France. Entre 2017 et 2019 il crée sept épisodes d’un journal intime théâtral intitulé Le Journal d’un autre qu’il joue seul en scène. En 2020 il écrit et met en scène Les Étoiles, au Théâtre National de la Colline. La pièce est éditée à Actes Sud Papiers. En Juillet 2022 il met en scène l’intégrale du Nid de Cendres, treize heures de spectacle, au Festival d’Avignon à la FabrikA. Le texte est édité à Actes Sud Papiers pour l’occasion. Il tourne ses spectacles dans de nombreux théâtres de Normandie, Le Préau CDN de Vire et la Comédie de Caen où il est artiste associé, mais aussi le Tangram SN Evreux-Louviers, Le CDN de Rouen Normandie, DSN, Le Trident SN Cherbourg en Cotentin ainsi qu’au réseau national Théâtre de la tempête, Théâtre de Nanterre Amandiers, Théâtredelacité de Toulouse, Tréteaux de France. Il créera en 2022 et 2023 trois pièces : Le Rameau d’Or au Conservatoire National Supérieur d’art Dramatique de Paris, L’Errance est notre vie avec la Belle troupe du Théâtre de Nanterre Amandiers et un solo Morphé.

LE K
Autrefois collectif pluridisciplinaire, c’est aujourd’hui sous le nom de cette lettre énigmatique – l’une des plus anciennes – que la compagnie théâtrale LE K, dirigée par Simon Falguières et créée en 2011, continue son chemin.

UNE LETTRE
La lettre K est une lettre archaïque qui – semble-t-il – devait représenter, au début de l’écriture, la paume de la main. Aujourd’hui, il se dégage de cette lettre une impression d’inconnu. Les auteurs du XXème siècle comme Kafka ou Buzzati l’utilisait pour nommer les « sans noms ».

UNE EQUIPE
Le K réunit aujourd’hui une équipe dirigeante de quatre personnes. Simon Falguières – directeur artitistique, Martin Kergourlay – Administrateur, Juliette Didtsch – responsable des actions culturelles et Léandre Gans – directeur technique. Autour de cette équipe, vingt-quatre comédiens participent aux dernières créations, ainsi qu’une équipe artistique et technique.

RÉPERTOIRE
LE RAMEAU D'OR, création en décembre 2022 au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique.
LES ETOILES, création au ThéâtredelaCité dans le cadre du festival Supernova en novembre 2021.
LE NID DE CENDRES, créé en janvier 2019 au Théâtre du Nord-CDN de Lille Tourcoing.
POUCET premier spectacle jeune public de la compagnie créé en février 2018 sur le département de l’Eure et en tournée à travers la France.
A MON FRERE spectacle diffusé dans les établissements scolaires à l’attention des classes de 3ème et de lycées

SOUTIENS
La compagnie Le K est conventionnée DRAC Normandie
Région Normandie et Département de l'Eure
Simon Falguières est artiste associé à la Comédie de
Caen CDN de Normandie et à Transversales scène conventionnée de Verdun