BLACK LABEL

Charte du Manden / Sundjata Keita / Mali, 1222
J’ai saoulé ma peine / dans Black Label / Léon-Gontran Damas / Guyane, 1956
Les Dameurs / Sonny Rupaire / Guadeloupe, 1957
Autophagies / Éva Doumbia / France, 2020
Déclaration / dans Patauger dans l’eau / Tracy K Smith / Etats-Unis, 2018
Lettre de frère caoutchouc vaincu par la neige à sa femme dans Transe(s) – Maître(s) / Elemawusi Agbedjidji / Togo, 2019
Colère / dans À nos humanités révoltées / Kiyémis / France, 2018
Le Temps du martyre / dans Coup de pilon / David Diop / Sénégal, 1957
De terre, de mer, d’amour et de feu / Marc-Alexandre Oho Bambe / Cameroun, 2017
Discours sur le colonialisme / Aimé Césaire / Martinique, 1950
Avoir peur / Langston Hughes / Etats-Unis, 1922
Adieu l’ami / Lyonel Trouillot / Haïti, 2011
Interview de Malcom X / dans The young Socialist / États-Unis, 1965
Eveil Woke / dans Paradis portatif / Roger Robinson / Angleterre, 2019
Jimmy’s blues poems / James Baldwin / États-Unis, 1985
Lettre écrite en prison / dans Les Frères de Soledad / George Jackson / États- Unis, 1971
Cycloparade / dans Brûler, brûler, brûler / Lisette Lombé / Belgique, 2020
Quitte ou double / Julien Delmaire / Février 2024
J’ai mal au monde / Gérald Bloncourt / Haïti, 1991
Je suis noir / JoeyStarr / France, 2024
Poésie hybride hexagonale / dans Habitant de nulle part originaire de partout / Souleymane Diamanka / Sénégal, 2021
Lettre à Adama / Assa Traoré / France, 2017
Le Iench / Éva Doumbia / France, 2020
Le Rouge assombrissant de ton sang dans Paradis Portatif / Roger Robinson / Angleterre, 2019

À partir de l’œuvre poétique Black-Label écrite en 1956 par Léon-Gontran Damas, l’acteur et rappeur JoeyStarr, le metteur en scène David Bobée, la musicienne et chanteuse jazz Sélène Saint-Aimé, le chanteur et danseur Nicolas Moumbounou et le chansigneur Jules Turlet , vont s’emparer des plus grands écrits de la poésie antiraciste.

Une traversée de la littérature, de l’Histoire et du monde au travers des diasporas africaines ; des écrits afro-descendants jusqu’à Black Live Matters aujourd’hui.

Amoureux des mots, porte-voix de la périphérie et de la contre-culture, JoeyStarr mettra sa force et sa voix sans pareil au service de ces textes qui célèbrent une certaine histoire du courage et de la colère de celles et ceux qui depuis longtemps luttent pour l’égalité réelle.

Il y a cinq ans, David Bobée mettait en scène JoeyStarr dans Elephant man. Depuis, les deux artistes avaient à cœur de se retrouver sur un projet.

Un spectacle littéraire, musical, chorégraphique, transdisciplinaire, pour que les textes de l’antiracisme d’hier et d’aujourd’hui, vibrent et résonnent jusque dans nos corps et se fassent entendre.

Grand plateau vide, noir et feutré d’où apparaîtront les corps de JoeyStarr, Sélene Saint-Aimé, Nicolas Moumbounou et Jules Turlet. Au lointain un bandeau vidéo où seront diffusés à la fois les noms des poètes et poétesses afro descendant.e.s et des images d’archives des grands mouvements de l’histoire contre le racisme (Droits civiques, Black Lives Matter, mai 67, négritude…).

Au fil des poèmes dits et chantés, l’espace vide se remplit de silhouettes noires découpées à la forme d’hommes et de femmes, debout. Comme une foule d’ombres noires, emplissant l’espace et donnant aux mots prononcés par JoeyStarr la puissance du souffle collectif d’un peuple tout entier.

Rappeur, producteur, acteur, Joeystarr débute sa carrière music ale en 1983 avec le groupe NTM, en duo avec Kool Shen (Bruno Lopes). Grâce à leurs textes incisifs évoquant l’état des banlieues et critiquant ouvertement le racisme et les inégalités dans la société française de l’époque, ils deviennent rapidement un des groupes de rap les plus en vogue et connus de leur génération. Suite à la dissolution du groupe, Joeystarr commence dès 2001 à faire des apparitions dans des films et séries télévision.
En 2008, il est choisi au casting de la série Mafiosa puis, en 2009, sa carrière cinématographique décolle : il est nommé au César catégorie meilleur acteur dans un second rôle en incarnant son propre personnage dans Le Bal des actrices de Maïwenn. Il s’illustre ensuite dans de nombreux longs métrages comme Polisse pour lequel il obtient le Prix Patrick Dewaere en 2012, ainsi qu’une seconde nomination aux Césars, puis il enchaîne avec La Marque des Anges (Sylvain White, 2013), Max (Stéphanie Murat, 2013). Une Autre vie (Emmanuel Mouret, 2014).
En 2018 et 2020, dans la série documentaire en deux saisons La Route de la Soif, JoeyStarr partage l’histoire du rhum, des Antilles et de la culture créole. Il joue ensuite dans des séries telles que Capitaine Marleau sur France 3 et Gloria sur TF1.
Puis remporte un succès populaire avec le rôle principal de Nicolas Valeye dans Le Remplaçant (création 2021) série d’après son idée originale et dont il est co-auteur.
Sa carrière de comédien s’épanouit aussi au théâtre avec Éloquence à l'Assemblée en 2018-2019 (Jérémie Lippman / Pierre Grillet), sa première expérience sur les planches, un seul en scène sur des lectures de discours célèbres prononcés devant l’Assemblée Nationale.
En 2019, David Bobée le met en scène dans Elephant Man.
Il a ensuite été de nouveau sur scène à l’automne 2021 pour un projet à la Seine Musicale avec Sofiane Pamart et travaille sur la pièce, cette fois en tant que metteur en scène, Cette petite musique que personne n’entend.
En 2017, JoeyStarr double Samuel L. Jackson dans le documentaire I’m Not Your Negro. Il est également le narrateur depuis 2020 du podcast Gang Stories – dont la 5ème saison est actuellement en préparation.
Véritable touche à tout, mais toujours engagé, Joeystarr s’associe à Alexandre Houpert pour le projet Studytracks qui vise à aider les jeunes générations dans leurs études, en adaptant les sujets de révisions du programme scolaire en chanson : « Le plaisir d’apprendre grâce au pouvoir de la musique. »
JoeyStarr garde toujours un pied dans la musique en multipliant les collaborations, les duos et en travaillant récemment sur les deux biopics que sont le long métrage Suprême et la série télé Le Monde de demain, toutes deux retraçant l’histoire de la création du groupe NTM.

David Bobée est un metteur en scène, scénographe et directeur de Théâtre. Il a étudié le cinéma puis les arts du spectacle à l’Université de Caen. Il y crée en 1999 sa compagnie Rictus. Ses créations mêlent théâtre, danse, cirque, vidéo, lumière... Ses interprètes sont actrices, danseurs ou acrobates, professionnelles ou amateurs, et brillent par leur diversité de nationalités et de cultures.
Il monte des textes du grand répertoire, Roméo et Juliette, Lucrèce Borgia avec Béatrice Dalle, La Vie est un Songe, Peer Gynt ou encore Elephant Man avec JoeyStarr, comme des textes d’auteurs et d’autrices vivantes, en collaborant notamment avec l’auteur Ronan Chéneau (Fées, My Brazza, Mesdames messieurs et le reste du Monde, Les Arrivants, Djamil Mohamed, Ma couleur préférée …).
À partir de 2016 l’opéra fait appel à lui : The Rake’s Progress de Stravinsky (Opéra de Rouen), Louées soient-elles d’après Haendel (Festival Spring 2019), Tannhäuser de Wagner (Opéra de Rouen), Tosca de Puccini (Opéra de Rouen). En 2022, Laurence Equilbey (Insula Orchestra / Accentus) pour laquelle il avait mis en scène La Nonne Sanglante de Gounod, lui demande à nouveau de mettre en scène Fidelio, l’unique opéra de Beethoven à la Seine Musicale.
Il a mis en scène des spectacles de cirque : Dios proveerá, Warm, This is the end... et des concerts littéraires comme Viril avec Virginie Despentes, Béatrice Dalle, Casey et le groupe Zëro.
À l’étranger il collabore entre autres avec le metteur en scène Kirill Serebrennikov et les comédien.ne.s russes du Studio 7 (Metamorphosis, Hamlet). Il crée pour les Journées Théâtrales de Carthage à Tunis, La Vie est un Songe puis Lettres d’amour à l’Espace Go de Montréal. Il part également à Pointe-Noire pour créer avec les acteurs et actrices de la ville un Hamlet en partenariat avec l’Institut français du Congo.
De 2013 à 2021, David Bobée dirige le Centre dramatique national de Normandie-Rouen, premier CDN à vocation transdisciplinaire.
En 2021, il est nommé directeur du Théâtre du Nord, Centre Dramatique National Lille Tourcoing Hauts-de-France, ainsi que de l’École du Nord, École professionnelle supérieure d’Art Dramatique.
Artiste engagé, il défend par ses œuvres, ses écrits et ses actions une haute idée du service public de la culture et engage son théâtre contre toute forme de discrimination. En 2015, il devient membre du Collège de la diversité au sein du Ministère de la Culture et cofonde le collectif Décoloniser les arts qui travaillent à une meilleure considération de la diversité sur les plateaux de France. En tant que directeur d’institution publique, il plaide pour des programmations paritaires, un juste partage des moyens de production entre les hommes et les femmes, une programmation diversifiée, une accessibilité des œuvres pour toutes et par tous.
En 2023, il a créé Dom Juan de Molière, son premier spectacle en tant que Directeur du Théâtre du Nord dont la tournée se poursuit jusqu’en 2025.

Sélène Saint Aimé est une contrebassiste, chanteuse et compositrice d’origine martiniquaise et franco-ivoirienne.
Elle a fait ses classes à New-York auprès de musiciens de renommée inter­nationale comme Steve Coleman, Lonnie Plaxico, Ron Carter...
Son identité musicale se développe au travers de voyages et rencontres.
En 2020, elle sort son premier opus "Mare Undarum". Salué par la critique, cet album lui valut une Victoire du jazz 2021 dans la catégorie “Révélation”.
Son deuxième album, "Potomitan" sorti en mars 2022 est remarqué par la presse internationale (n°4 The 10 Best Global Albums of 2022 - The Guardian).
Elle aime particulièrement accorder du temps à la recherche et à ses études musicales. Elle est actuellement compositrice associée à Tropiques Atrium Scène Nationale en Martinique, l’une des lauréates 2022 de la Villa Albertine à la Nouvelle-Orléans ainsi que l'une des lauréates 2023 de la Villa Ndar à Saint-Louis au Sénégal.
Elle a aussi créé avec le percussionniste martiniquais Boris Reine-Adélaïde, une association : Afropolis qui a pour objet de promouvoir et développer la pratique de la musique traditionnelle martiniquaise et des expressions artistiques associées.

Nicolas Moumbounou est un artiste polymorphe.
En 2008, il intègre la compagnie Baninga dirigée par le chorégraphe DeLaVallet Bidiefono. En parallèle, il participe aux ateliers de recherche et de formation chorégraphiques organisés à Brazzaville, à l’institut Français du Congo et au cercle culturel Sony LabouTansi animés par des choré­graphes tels que Salia Sanou, Byb Bibene... Il est interprète dans la création Où vers de DeLaVallet Bidiefono. Il est aussi danseur dans Métamorphoses d’Ovide à Moscou en Russie dans une co-mise en scène de David Bobée et Kirill Serebrennikov et sur une chorégraphie de DeLaVallet Bidiefono. En 2013, il est interprète dans la création de DeLaVallet Bidiefono au Festival d’Avignon, Au-delà (texte de Dieudonné Niangouna) qui sera présentée plus de quarante fois en France comme en Europe.
De retour au Congo, il crée le Collectif Adhésif et crée sa première pièce Embrouille. En parallèle, il continue à collaborer avec Salia Sanou pour une reprise de Clameurs des arènes. Il présente pour la première fois en France son premier solo Ombres.
En 2022-2023 il est interprète en tant que chanteur et comédien dans la création Dark was the night d’Emmanuel Meirieu qui a joué plus de 50 fois en France et en Suisse et qui a fait l’objet d’une fiction radiophonique pour France Culture.

Jules Turlet est un artiste sourd aux multifacettes.
Il a suivi plusieurs formations de mime, théâtre visuel, danse hip hop, contemporaine et moderne. Son créneau : allier la Langue des Signes Française, le mime et le corporel à toute forme artistique comme la danse, la poésie, le chant, l’éveil corporel, le théâtre, le cinéma…
Il prend ses inspirations des grandes tendances musicales et artistiques françaises ou internationales pour créer, coacher, interpréter et jouer. Son interprétation LSF et VV (Visual Vernacular) donne une dimension artistique supplémentaire, accessible à tous.
Il travaille auprès de différentes institutions sourdes telles que l’IVT ou l’INJS, le théâtre Chaillot et Accès Culture, des maisons de production comme Les films du Cygne, Gulli, M6 et de nombreuses compagnies.
Il a notamment joué dans la série Extra (sortie en 2025), Incroyable Talent (Finale), participé à des spectacles tels que Images et Les Ombres d’Antoi­nette Gomis, Alice au pays des Merveilles de Johan Amselem, Tricôté de Mourad Merzouki, Zoom de Philippe Ménard…
Il s’investit aussi dans des événements plus impliqués comme la journée mondiale des sourds, la semaine du handicap.

© Photo : Jeremy Bouchet, Arnaud Bertereau, Nicolas Derné, DR, DR.

« La force de frappe de Black Label, c’est de nous parler d’ici et maintenant, qui est le propre du théâtre : “Du haut de ma colère / Je balaie, je combats puis, / l’un après l’autre, de mes mots j’abats le Front National et ses idées nauséabondes. / Avec ma gueule de métèque, / Héritier de l’horreur / Je suis Noir / Et une leçon pour l’histoire, mon devoir de mémoire.” Ce texte-là, signé JoeyStarr, est une banderille plantée dans l’arrogance d’une extrême-droite qui gagne du terrain. » fabienne Arvers - Les Inrockuptibles

« Ce n’est pas un spectacle. Pas même une histoire. C’est comme l’interstice de tous les grands textes, ceux qu’on lit, ceux qu’on enseigne, ceux autour desquels s’écrit doucement un roman national. Les textes dont JoeyStarr et Bobée s’emparent existent en creux du répertoire. L’écriture y est pourtant pleine, riche et parfois assez exigeante. Mais dans ces grands théâtres publics (le Théâtre du Nord en l’occurrence, que dirige David Bobée), un sentiment d’inédit plane sur ces écrits alors même qu’histoire et littérature devraient se les disputer. » Mathis Grosos – L’œil d’Olivier

« De sa voix qui déchire autant le rap que les textes choisis, JoeyStarr sert une vingtaine d'auteurs et autrices, du XIIIe siècle à aujourd'hui, des écrits afro-descendants jusqu’aux Black Live Matters d’aujourd’hui. Les plus connus ont pour noms Aimé Césaire, James Baldwin, Macolm X mais on note aussi des découvertes comme Léon-Gontran Damas ou Tracy K. Smith. Un exercice dans lequel il se sent parfaitement à sa place. » Thierry Fiorile – FranceInfo Culture