THÉÂTRE DOCUMENTAIRE | DÈS 14 ANS
Mise en scène Philippe Awat, Guillaume Barbot, Victor Gauthier-Martin
Compagnies du Feu Follet, Coup de Poker, Microsystème
Une épopée poétique et politique qui nous invite à changer le monde !
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En janvier 2020, Philippe Awat, Guillaume Barbot et Victor Gauthier- Martin, accompagnés du musicien Pierre-Marie Braye-Weppe, présentaient à DSN Heroe(s) : un spectacle sur les dérives ultra-libérales de nos démocraties.
En mars 2020, l’arrêt brutal de la production économique mondiale en raison de la pandémie relance leur réflexion sur ce que peut vouloir dire « changer le monde ». Heroe(s) 2 est le fruit de trois nouvelles années d’enquêtes et d’expériences personnelles sur la crise écologique qui nous guette et pour laquelle nous éprouvons pourtant tant de mal à nous mobiliser. Loin d’être pessimiste ou moralisateur, ce spectacle entend donner corps, visages et voix à cette crise pour que la nécessité d’un autre mode de vie descende de nos entendements vers nos coeurs et nous pousse à agir collectivement pour préserver l’environnement.
Projet soutenu par le ministère de la Culture – Direction régionale des affaires culturelles d'Île-de-France
la sélection bibliographique de la librairie-café La Grande Ourse.
De et avec Philippe Awat, Guillaume Barbot, Victor Gauthier-Martin. Création sonore et musicale Pierre-Marie Braye-Weppe. Lumière Nicolas Faucheux. Scénographie Benjamin Lebreton. Dramaturgie Noémie Regnaut. Vidéo Franck Lacourt. Régisseurs Olivier Pot, Baptiste Dequekert.
© Photo : Dan Ramaën et DR
Production : Cie du Feu Follet. Coprods : Cie Coup de Poker, Cie Microsystème. Le Vellein, scènes de la CAPI - Isère, La Nacelle centre culturel d'Aubergenville. Soutiens – Résidences : Le CENTQUATRE – PARIS, Le Théâtre de la Cité Internationale, Le Théâtre 13, L’Imprévu Centre Culturel de St-Ouen L’Aumône, Les Studios de Virecourt, Le Théâtre des Quartiers d'Ivry CDN du Val-de-Marne, Le Théâtre Jacques Carat de Cachan.
Trois metteurs en scène, acteurs et directeurs de compagnie, Philippe Awat, Guillaume Barbot et Victor Gauthier-Martin, se réunissent en collectif pour créer un objet théâtral singulier en écho au monde moderne. Un musicien live les accompagne.
Trois générations différentes, trois visions du théâtre, trois forces vives, trois points de vue en résonance les uns avec les autres, trois metteurs en scène/acteurs qui s’interrogent sur la déglingue du monde.
Acte 1
Le soir des attentats du 13 novembre 2015, le mot « guerre » est lâché par le président de la république. Ce mot devient le déclencheur d’une enquête que nous allons mener entre 2015 et 2018. Mois après mois, nous nous concentrons sur la guerre économique, au centre de toutes les préoccupations. Et découvrons la figure des lanceurs d’alertes comme possible héros contemporains. Nous tenons un journal de bord qui deviendra spectacle et créons ensemble HEROE(s), qui jouera pendant près de trois ans à travers toute la France.
Acte 2
Le 14 mars 2020, soir de la dernière d’HEROE(s), la police entre à minuit précise et nous demande de fermer les portes du théâtre sur ordre présidentiel. Nous devons partir nous confiner. Le mot guerre a fait son retour. Et donc tout recommence ? Sur nos écrans, même voix, même ton, de Hollande à Macron seul le visage semble changer. Cette fois ce serait une guerre virale, sanitaire… et peut-être écologique. On se quitte sur le quai de la gare en se disant que l’enquête doit reprendre, qu’une suite est à écrire… 2020 – 2023, tome 2, action.
Au même moment, au sud-est de la Chine, un troupeau de quinze éléphants d’Asie (une espèce en voie d’extinction) quitte sa réserve naturelle et marche vers le Sud du pays, à plus de 500 kilomètres de leur habitation. Leur randonnée est retransmise en direct par la télévision chinoise. Alors que le monde entier se confine, ce troupeau d’éléphants, lui, traverse frontières, champs, villes et villages, agglomérations, autoroutes, habitations… Et personne ne sait expliquer la raison de ce voyage improvisé. A l’heure où nous écrivons (septembre 2021), le troupeau est toujours en marche... Ces éléphants essaient-ils de nous transmettre un message ? Seraient-ils nos lanceurs d’alerte climatique ?
Partant de ces deux phénomènes simultanés, l’un où la production mondiale s’arrête de manière contrainte et forcée en raison de la pandémie mondiale, l’autre, où pour une raison mystérieuse, des éléphants se mettent à bouger, estimant peut-être que leur lieu de vie n’est plus habitable, nous nous interrogeons sur la crise écologique qui nous guette et pour laquelle nous éprouvons pourtant tant de difficultés à nous mobiliser au niveau mondial.
Quelles sont nos outils nos armes de pensée face à cela, hormis le vieux vocabulaire de la guerre qui a envahi le champ médiatico-politique, et qui pourtant ne correspond plus aux situations que nous vivons/que nous allons vivre ?
Le mot guerre est un champ lexical utilisé pour rendre la menace palpable et nous pousser à faire bloc. Nous avons été capables de ne plus faire tourner nos usines à plein régime, de ne plus démarrer nos voitures ni de faire décoller nos avions, de ne plus remplir nos caddies… Des canards ont été vus se promener tranquillement sur le bitume parisien et d’un coup le chant des oiseaux a remplacé le vrombissement des voitures. Le monde s’est arrêté quelques semaines, puis quelques mois, puis une année, puis … tout a recommencé. Les énergies fossiles, la fonte du permafrost, la déforestation, la mort du corail, la montée de l’acidité des océans, la montée des eaux, l’extinction des espèces, la surconsommation, la surproduction, le gâchis alimentaire, le 7ème continent de plastique, les réfugiés climatiques de plus en plus nombreux… La liste de l’épuisement terrestre est très longue et semble de plus en plus inexorable.
Alors nous nous posons cette question : pourquoi peut-on s’arrêter pour un virus - certes mondial - mais pas pour le climat (en sachant que les deux sont sûrement intimement liés) ? Parce que nos populations riches n’en subissent pas encore directement les conséquences ? Pourquoi l’urgence climatique n’est-elle pas au centre de tous les débats, de toutes les discussions, de toutes les peurs comme de tous les espoirs de l’humanité ?
Il ne s’agit pas de faire un spectacle de mauvaises nouvelles. En revanche, nos vies sont en train de changer, et nous avons besoin de récits nous permettant de comprendre le monde qui s’annonce et de le transformer. Nous donnerons à cette crise visages, sons, images, voix, corps, pour que la nécessité d’un autre mode de vie descende du cerveau au cœur. Nous donnerons la parole à différents points de vue : négationnistes du réchauffement climatique, défenseurs du « capitalisme vert », éco-féministes, philosophes, militantes, citoyens, journalistes... tout en nous demandant si la jeunesse et les femmes tiennent un rôle particulier dans cette lutte, comme en témoignent les figures de la nouvelle génération telle que Greta Thunberg.
Et comme pour la première partie de Heroe(s), nous tenterons des expériences : un voyage à Glasgow pour la COP 26 où nous nous rendrons avec la plus faible empreinte carbone possible, un sitting dans un bureau au parlement Européen, l’analyse de notre taux de Glyphosate dans un laboratoire parisien, ou encore une nuit dans une station d’éolienne près de Fitou. Nous allierons à une réflexion sur l’état du monde la construction d’une fiction née du voyage, de la rencontre et de la mise à l’épreuve de nos propres vies et de nos propres corps face à cette crise. Nous mettrons en scène une épopée poétique et politique, avec humanité et insolence.
Et si dans HEROE(s), les héros se sont imposés à nous, identifiables sous la forme des lanceurs d’alertes, on se demandera aussi dans ce second volet s’il n’est pas temps de changer nos points de vue sur ce que serait sauver le monde. D’arrêter d’espérer de croire en des figures individuelles, en des individus soi-disant d’exception, pour se hisser tous ensemble et collectivement à la hauteur d’une situation inédite. Nous tenterons d’aller vers une lucidité nouvelle sur cette crise écologique qui nous guette et modifiera à jamais nos manières de vivre et de penser.
13 JUIN 13H22
CO2, mon amour
Marseille, il fait chaud, très chaud, je suis allongé sur mon canapé, torse nu en short, je repense à notre 1ere semaine de travail au 104... Qu’est ce j’aurais bien envie de dire tout haut à un public de théâtre ? Reprendre la parole pour dire quoi ? Avec ce que l’on vient tous de traverser ces derniers mois, tous, d’un même élan, d’un même cœur. Je ne sais pas.
La radio diffuse une émission, « CO2 mon amour » Denis Chessous parle de la planète et se questionne, un peu comme nous, et ces mots soudain qui sortent de mon poste de radio :
« … à l’exception de l’hypothétique existence d’un paradis merveilleux au-delà du miroir, combien de temps de vie terrestre nous est-il accordé ? Bon, une bonne soixantaine d’années sans accros majeurs et plus encore. Cette fulgurance de la vie nous permet aussi de garder un sens profond à toute chose. A contempler les beautés d’une planète sans égale, là je suis désolé pour Mars, une terre miracle, miracle de vie, d’équilibre harmonieux des 4 éléments, d’espèces végétales, animales, minérales extraordinaires qui va du concombre de mer, des îles glorieuses à la panthère des neiges himalayennes. Et notre vanité nous conduirait à être les maîtres et possesseurs de tout cela ? Allons, allons… alors que faire de ce voyage inouï de la vie ? Consommer de l’eau en bouteille plastique à jeter après usage ? A offrir des vacances à notre portable ? Serions-nous juste bon à nourrir la bête, cette machinerie folle ? Ne servir à rien d’autre que cette accumulation, cet acte-humiliation ? En fait nos sociétés urbaines volontairement distraites et orientées savent peu de choses du vivant, de la nature, de la terre qui a la gentillesse de nous porter et supporter. La beauté existe comme le silence, oui elle se fait découper en rondelle, faute de voler en hirondelle, mais elle est là. Se couper de la beauté de la nature c’est se couper de soi-même, se déshumaniser. Se relier aux insectes, aux fleurs des champs, à l’envol d’un aiglon, aux lèvres roses de l’amour, à la respiration de la mer chaloupée comme un boléro, oui, se relier à notre commun.
23 AOÛT 2021, 10H
Petit village niché dans le Champsaur, dans les Alpes. Pour rejoindre le gîte en voiture, je tape Gap sur mon gps, il me propose la chaîne de magasin de vêtement avant la ville / essayez, vous verrez. J’arrive en pleine nuit dans une maison trop grande pour nous, les lits sont faits, mes enfants dorment dans mes bras, la propriétaire a tout prévu, elle a veillé pour nous, elle nous dit à demain, on la remercie, tu t’appelles comment ? on peut se tutoyer ? à minuit, on se tutoie, oui, Je m’appelle Françoise, ok merci Françoise, on aime déjà votre maison, il y a tellement de livres, ça rassure pour dormir les livres, Ah oui ? je suis éditrice alors c’est sûr vous allez en trouver des livres ici, Editrice ? Oui, en écologie... et elle referme la porte. Je me dis, là, c’est un signe. Même en vacances, le travail vous rattrape... Et six jours plus tard, table et café au soleil, je l’interview près de son potager.
Tu sais Guillaume, je vois depuis deux trois ans partout sur les plateaux de télévision mes auteurs et autrices qui écrivent depuis plus de 40 ans la même chose et que l’on n’écoute que maintenant... alors oui, ça évolue... mais ça m’amuse aussi...
Françoise, pendant plus d’une heure de discussion, ne me parlera au fond que d’une chose, d’une seule conviction (‘moi j’en suis là’ dit-elle) : elle croit aux révolutions intérieures. La vie n’est pas simple, il faut entendre les contraintes de chacun, obliger les gens à changer à coups de fouet ça ne marchera pas. Il faut trois choses pour nous sauver du merdier dans lequel nous sommes englués : que chacun de nous change intérieurement (que la révolution soit profonde et intime), que toutes les actions écologiques citoyennes et collectives se rassemblent - que de gens travaillent à mettre en lien toutes ces initiatives, là personne ne se parle ou presque, chacun est inventif mais dans son coin, et que les politiques prennent la mesure de la catastrophe pour poser des actes forts. Si tu veux des héros du futur, ce seraient ceux qui feraient les intermédiaires pour mettre en lien tous les citoyens, et qui donneraient un poids politique à toutes les initiatives et idées qui existent déjà éparpillées à droite à gauche. Je ne crois pas en la violence. Aux coups de bâton. Tu sais, l’agriculteur à côté de chez moi qui pollue ses terres, il est aussi victime, on lui a dit fait comme ça il y a trente ans et maintenant il est coincé, trouver le courage de changer c’est pas si simple. Pour faire la révolution il faut y croire intimement. Et alors là d’un coup ça peut aller vite. Très vite. Dans la vie tu peux changer le monde par peur ou par émerveillement. Je préfère l’émerveillement.
PHILIPPE AWAT, CIE LE FEU FOLLET
Artiste associé au Théâtre de Villejuif puis au Théâtre de Chelles, il a créé entre autre Le Roi Nu, La Tempête, Ma mère m’a fait les poussières… au Théâtre de la Tempête, au TQI CDN des Quartiers d’Ivry, au Théâtre de Belleville, au Théâtre du Soleil, à la Maison des Arts de Créteil…
GUILLAUME BARBOT, CIE COUP DE POKER
Actuellement artiste associé au Théâtre de Chelles et à DSN - Scène Nationale de Dieppe, il a créé entre autre Club 27, Nuit, On a fort mal dormi, Anguille sous roche, Alabama Song, Et si je n’avais jamais rencontré Jacques Higelin… à la Maison des Métallos, au TPV, au Théâtre du Rond-Point, au Théâtre de la Tempête, au Théâtre 13, au TGP CDN de Saint-Denis…
VICTOR GAUTHIER-MARTIN, CIE MICROSYSTÈME
Associé à la Comédie de Reims – CDN, puis au Théâtre du Blanc Mesnil puis au Théâtre Chelles, il a créé entre autre Gênes 01, Docteur Faustus, Round’up, Sous la glace… au Théâtre National de La Colline, au Théâtre de la Ville (Paris), à la Commune CDN d’Aubervilliers…
PIERRE-MARIE BRAYE-WEPPE
Compositeur, violoniste et guitariste, travaille avec la Cie Coup de Poker depuis près de dix ans. Il travaille aussi avec Yohan Manca, Lola Naymark, Julien Barret, Marcus Borja… et est cofondateur du Festival des Arts Confinés.
Spectacle saisissant - France Inter
Imparable - Plus de Off
Ils fabriquent un théâtre en état de siège - Sceneweb
Un très beau travail, entre espoir et désespoir, d’hommes ayant besoin de croire en l’avenir. - Bruit du Off
On sort avec l’envie de les rejoindre dans cette lutte pour un monde meilleur. - The ARTchemists
Un spectacle empilement nécessaire - Theatr’Elle
Un spectacle authentique, politique et citoyen - Ottello Théâtre
Puissante épopée musicale - Un fauteuil pour l’orchestre
C’est épidermique, vif, jeune et insoumis. - Artistikrezo
Ce qui ressort, c’est l’empathie que l’on peut éprouver pour soi-même, petit humain perdu dans la violence du monde… - Theatrorama
Un cri d’alarme - IO Gazette