Mer. 26 mai
19h30 | Durée 1h
Jauge réduite, réservations directement auprès de l'équipe billetterie de DSN.
Plage de Puys
Tarif B
THÉÂTRE | DÈS 16 ANS
Mise en scène Gaëlle Héraut, Compagnie l'Aronde
Coproduction DSN
Prendre un coussin et écouter la mer…
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Mer conte l'amour que se portent un homme et une femme qui n'ont pas les mots pour l'exprimer. Lui est assis au bord de l'eau, il attend. Elle, au lieu de rentrer à la maison, se met à parler… ils ne le font presque jamais. C'est alors qu'ils se surprennent à dire ce qu'ils ne se sont jamais dit et à dénouer les nœuds qu'aucune langue ne pourra jamais délier, avec des mots qu'aucun son ne pourra jamais restituer. Peu à peu se révèle un amour qui ne s'est jamais dit à voix haute. Comment se laisse-t-on atteindre par l'autre ? Est-ce que la relation de couple porte à être soi, réellement ? Peut-être ces deux-là se rendent-ils présents à l'autre pour trouver comment exister… Comment se raconter ?
Présenté in situ sur la plage de Puys, la mise en scène de Gaëlle Héraut révèle la magie naturelle du lieu et sublime le texte de Tino Caspanello par la finesse de sa direction d'acteur. Le son et la musique (créés par Éric Thomas, Alain Mahé et Dominique A) portent les voix perdues dans la mer, les naufragés tout autour et la puissance des éléments. Voici une Mer qui navigue entre vents et marées, ciel et soleil, avec tendresse et poésie.
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« Les deux acteurs de la Compagnie l'Aronde ont déclamé le texte de Tino Caspanello intitulé Mer, à la lueur de lampes électriques pour interpréter le dialogue amoureux et écorché d'un couple. Un moment magique, touchant et débordant d'amour. » Journal du FIFIG
Scénographie Jean-Gilbert Capietto. Lumières Gweltaz Chauviré. Musique Éric Thomas et Alain Mahé. Jeu Philippe Bodet et Gaëlle Héraut. Magie Arthur Chavaudret. Costumes Pauline Pô.
Une production de l'Aronde, en co-production avec le Centre Culturel de la Ville Robert à Pordic, L'Archipel à Fouesnant, DSN – Dieppe Scène Nationale. Avec le soutien de la Ville de Rennes.
© photo : Compagnie l'Aronde, Freddy Rapin
Extrait de Mer
FEMME – Vierge Marie comme c'est beau ! Tu sais, moi, la nuit, la mer, ça m'fait peur.
HOMME – Pourquoi ça ?
FEMME – J'en sais rien ! C'est p'têtre parce que j'la vois pas. J'sais pas où elle commence.
HOMME – Elle commence là, tu vois pas ?
FEMME – Non.
HOMME – Donne-moi ta main.
FEMME – Pour quoi faire ?
HOMME – Je veux t'la faire toucher.
FEMME – Non, pour quoi faire ?
HOMME – Donne-moi ta main j'te dis.
FEMME – J'vais m'mouiller.
HOMME – Qu'est-ce que ça peut faire, tu te l'essuiras après. Tu la sens ?
FEMME – Oui.
HOMME – Bouge ta main dans l'eau.
FEMME – Comment ça ?
HOMME – Comme ça.
FEMME – Vierge Marie ! Tu sais qu'j'l'avais jamais touchée la mer, la nuit ! Elle est pas froide l'eau.
HOMME – Non, tu peux même te baigner si tu veux.
FEMME – Ça va pas ? J'vais me baigner la nuit, maintenant ! Je me baigne déjà tout
juste dans la journée ! Ça va, j'ai compris, j'vais m'en aller.
HOMME – Tchao.
FEMME – Tchao.
FEMME – Mais toi, tu te mets rien sur les épaules ?
HOMME – Qu'est-ce que tu veux que j'me mette ?
FEMME – J'en sais rien moi, une veste, un pull…
HOMME – Mais y fait pas froid du tout.
FEMME – Mais regarde, t'as les mains gelées ! J'l'ai bien senti quand tu m'as fait toucher la mer.
HOMME – Mais c'est rien.
FEMME – C'est ça, c'est rien ! Après tu vas encore dire que t'as mal aux mains.
HOMME – J'ai pas mal aux mains.
FEMME – L'autre nuit, tu t'es plaint.
HOMME – En rêve.
FEMME – Non, non tu rêvais pas, je t'ai bien entendu. Moi je faisais semblant d'dormir, mais je t'entendais. Tu te frottais les mains et tu te plaignais. Tu te frottais même les pieds. T'avais aussi les pieds froids.
HOMME – J'm'en rappelle plus.
FEMME – Quand c'était… la semaine dernière, vers trois heures du matin.
HOMME – Mais qu'est-ce que tu fabriquais, tu dors pas la nuit ?
FEMME – Je t'avais attendu toute la nuit.
HOMME – Et tu dormais pas ?
FEMME – Non.
HOMME – Pourquoi donc ?
FEMME – Je faisais semblant.
HOMME – Je vois pas pourquoi tu fais semblant. Si tu dors, tu dors, sinon t'as qu'à m'le dire.
FEMME – C'est ça, toi t'es arrivé crevé…
HOMME – Crevé par quoi ?
FEMME – J'en sais rien, moi.
HOMME – Faut qu'tu m'le dises quand tu dors pas.
Avec une grande tendresse, cette pièce conte l'amour que se portent un homme et une femme qui n'ont pas les mots pour l'exprimer. Lui est assis au bord de l'eau, il attend. Elle, au lieu de rentrer à la maison, se met à parler… ils ne le font presque jamais. C'est alors qu'ils se surprennent à dire ce qu'ils ne se sont jamais dit et à dénouer les noeuds qu'aucune langue ne pourra jamais dénouer, avec des mots qu'aucun son ne pourra jamais restituer. Peu à peu se révèle un amour qui ne s'est jamais dit à voix haute.
Écrite en dialecte sicilien, Mer a reçu le Prix spécial du Jury du Prix Riccione pour le Théâtre dans sa langue originale en 2003. Elle est éditée chez Espaces 34, en 2010.
Né en 1960 en Sicile, Tino Caspanello est auteur, acteur et metteur en scène pour la Compagnie Teatro Pubblico Incanto qu'il a créée. Diplômé de l'Académie des Beaux-Arts de Pérouse, il enseigne le théâtre à l'Université et au Théâtre Vittorio Emanuele de Messine. Il a écrit une dizaine de pièces et a reçu en 2008 le Prix de la critique italienne. Mer est sa première pièce publiée en français. Tableaux d'une révolution et À l'air libre sont également traduites et éditées en français.
Tino Caspanello – "Quand une bonne histoire arrive, tout arrive en même temps, du début jusqu'à la fin. Je perçois tout, même la fin, je sais exactement comment ça doit finir, avec quel son, avec quel mot. C'est seulement quand je sens que l'idée est dans mon ventre que je commence à travailler l'histoire, alors je sais que je suis probablement sur la bonne voie. Je sens l'histoire, comme la musique, dans les organes creux. Quand je perçois une histoire, quelque chose à raconter, ça n'arrive pas à travers les mots, mais principalement à travers une série de sensations émotives que je ressens, évidemment, comme on ressent la musique, avec le cœur, l'estomac. Les émotions sont avant les mots, en amont, et elles ont le pouvoir de faire vibrer l'âme, comme les notes. Je sais que ce sont elles qui animeront mes textes et je travaille sur elles par la suite, pour inventer une forme linguistique."
propos recueillis par Julie Quénehen en mai 2011
Daniel Martin-Borret, auteur et réalisateur sonore, nous offre deux litanies pour MER, une pour l'homme qui interviendra assez tôt dans la pièce et une pour la femme qui sera donnée un peu avant ses derniers échanges avec l'homme, juste avant qu'elle ne disparaisse. Cette langue nous permet de plonger à l'intérieur de ces deux êtres, d'entendre un appel, un cri qui est en eux. Ils n'adresseront pas directement ces mots-là à l'autre… Ils seront portés en un souffle et le public alors pourra entrer en lien avec eux, de manière organique, en secret.
DEUX LITANIES POUR MER
de Daniel Martin-Borret
L'HOMME
Ma tête est une étoile. Ma tête est dans le ciel. Ma tête est dans le ciel des étoiles. Les étoiles du ciel sont dans ma tête. Les étoiles de ma tête sont dans le ciel. La tête du ciel est dans ma tête. Le ciel des étoiles est dans la tête de ma femme. Ma femme est dans le ciel. Ma femme est dans le ciel des étoiles. Ma femme est dans le ciel qui est dans ma tête. Ma femme est dans le ciel des étoiles qui sont dans ma tête. Ma femme est une étoile du ciel qui est dans ma tête. Ma tête est dans le ciel des étoiles de ma femme. Le ciel de ma tête est dans la tête de ma femme. Ma femme est dans le ciel de ma tête. Le ciel des étoiles est dans la tête de ma femme. La tête de ma femme est dans le ciel des étoiles qui sont dans ma tête. Dans ma tête il y a le ciel de ma femme. Le ciel des étoiles qui sont dans la tête de ma femme. Ma femme est comme le ciel qui est dans ma tête. Comme le ciel des étoiles qui est dans la tête de ma femme. Le ciel de la tête des étoiles de ma femme est dans le ciel de ma femme. Le ciel des étoiles de ma tête est dans la tête du ciel des étoiles de la tête de ma femme. La tête de ma femme est comme le ciel des étoiles de ma tête. Ma tête est comme ma femme. Ma tête est une étoile du ciel de ma femme. Ma femme est dans ma tête. Ma femme est une étoile.
LA FEMME
La terre est souple à mes pieds. La terre est sous mes pieds. La terre est comme du sable sous mes pieds. Mes pieds glissent sur le sable de la terre. Je suis sous le sable. Sous le sable qui caresse mes pieds qui sont sur la terre. La terre porte mes pieds sur le sable. Je caresse le sable de la terre de mes pieds. Le sable de la terre est blond, lisse, et je m'assois sur le bord du sable pour être près du sable de la terre. Le sable de la terre est une caresse à ma pensée. Je pense à toi mon homme. Mon homme est souple. Mon homme est souple comme est souple le sable sous mes pieds. Je glisse sur mon homme en caressant le sable sous mes pieds. Sous la terre de mes pieds, il y a le sable de mon homme, le sable lisse et blond de la pensée de mon homme. Ce soir je serai sous le sable, assise et souple sur le sable. Le sable sous mes pieds s'imbibe de la mer. Je reste sous le sable à caresser mon homme. Mon homme est sur le sable. Sur le sable de la terre il y a mon homme qui est souple comme le sable sous mes pieds. Mon homme caresse mes pieds comme le sable de la terre caresse mes pieds qui sont sous le sable de mon homme. Le sable glisse sur la peau de mon homme et je glisse sous le sable qui glisse sur la peau de mon homme. Je suis sous le sable de mon homme. Mon homme est comme du sable sous ma peau. Mon homme glisse. Mon homme est sous ma peau.
Un autre cadeau
Le chanteur Dominique A nous fait aussi cadeau d'une chanson pour MER.
Elle sera chantée par la femme.
IL NE DANSERA QU'AVEC ELLE.
Il ne dansera qu'avec elle
C'est la seule qu'il invitera
A l'heure de faire tourner les belles
La seule qu'il prendra dans ses bras
Et ils tourneront jusqu'au bout
Et leurs yeux ne se lâcheront pas
Quand la musique s'arrêtera
Eux seuls seront encore debout
30 ans qu'ils viennent danser ici
30 ans qu'il s'assoit et l'attend
30 ans qu'elle arrive après lui
S'assoit face à lui et attend
Et tout le monde les regarde
Et tout le monde les envie
On le voit traverser la salle
Elle tend sa main et lui sourit
Bien sûr parfois ils ont manqué
Le rendez-vous on a senti
Leurs regards ne pas se trouver
Par d'autres regards envahis
Mais à coup sûr la fois suivante
Au moment même où il se levait
Pour l'inviter, elle-même allait
Vers lui et très vite ils partaient ensemble
Il ne dansera qu'avec elle
Même les soirs où elle n'est pas là
Il s'avancera vers les belles
Et à la place où elle n'est pas
Il tendra la main et bientôt
On le verra tout seul tourner
Et se pencher pour dire des mots
A celle qui ne veut plus danser
Si vous avez envie de l'entendre chantée par Dominique A, c'est par ici, et ça commence à 0'51 de la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=nVNP9ChxfsU
« Quand je suis seul, je ne suis pas là. »
Peut-être ces deux-là se rendent présents à l'autre pour trouver comment exister ? Comment se raconte t'on à l'autre, comment a t'on le désir de le connaître profondément ? N'oublions pas que connaître contient naître… Comment se laisse t'on atteindre par l'autre et est-ce que cela nous porte à être soi, réellement ? Peut-être finalement qu'elle est morte et qu'elle revient pour vivre ce qu'ils n'ont pas vécu ? Peut-être que c'est lui qui la fait revenir ?
L'espace scénique, comme une île, isolera la femme et l'homme, nous les rendant plus proches, dans leur solitude. La pièce connaîtra une double création puisqu'elle sera jouée dans les théâtres et aussi au bord des océans, des rivières, des lacs…
Le son et la musique créés par Éric Thomas et Alain Mahé porteront les vents, les voix perdues dans la mer, les naufragés tout autour et la puissance des éléments.
Au plateau, la mer ne sera pas une résolution vidéo, ni même nécessairement liquide mais un élément qui agira sur les deux êtres, une force, une brume, quelque chose qui s'élève, les enveloppe, retombe, s'évanouit et les rattrape…
« Il est certain que nous ne sommes pas simplement poussés en avant sur les méandres de notre chemin par nos simples actions mais que nous sommes toujours attirés par quelque chose qui semble toujours nous attendre quelque part et reste toujours caché. »
pas dans son savoir faire mais dans sa pensée impliquée. Ce qui me passionne, c'est l'être sur un plateau, les êtres et ce qui circule entre. Cela passe notamment par ce que j'appelle maintenant (après plusieurs années de pratique) la pensée agissante. Rien dans ce qui est dit n'est écrit. Un texte pré-existe bien sûr et oui, les mots sont là, mais la pensée, l'arrière pays de l'acteur et tout son être intérieur en mouvement permettent aux mots d'agir sur lui et tout autour. Le champ est immense – le chant aussi – et jamais figé.
Mon travail n'est donc pas de dire à l'acteur ce qu'il doit faire. D'abord il ne doit rien, et puis il ne s'agit pas ici de faire.
La mise en scène n'est pas une mise en place. Elle est une quête. Ce que je cherche et que j'adore trouver et voir apparaître, c'est cet état d'être, sur le fil, qui permet à l'acteur d'être en pleine possession de sa pensée, de ses sensations. Cette pensée agissante nous laisse entendre les mots comme jamais dits. Rien n'est expression, rien n'est dit "à priori", ni même en sous entendant. Tout se dit, tout est en train de se dire et donc en train d'agir. Et les paysages intérieurs restent toujours à parcourir, à découvrir et la construction arrive en cheminant.
Quand au plateau, je dis que "je peux déplacer des montagnes", je ne suppose pas ce que je pourrais ou aimerais faire, mais j'agis et je réalise que j'ai le pouvoir de déplacer des montagnes. Je réalise dans tous les sens du terme. Je réalise parce qu'en le nommant, je le vois, je comprends que j'ai ce pouvoir de déplacer les montagnes, et dans le même temps, je fais que cela advient, j'accomplis cela, je produis un déplacement des montagnes. Je me donne le pouvoir de… je peux… C'est ici un exemple et tout le travail est d'ouvrir cela à toute la pensée, en la nourrissant de toutes les images et sensations par la mémoire du corps de ce que j'investis.
Tout cela se travaille aussi, avec dans le même espace temps, la conscience que ce qui est dit, contient aussi ce qui ne l'est pas. Quand il est écrit dans le rôle que le personnage a à dire "non", peut-être essaie t'il de dire "oui"… Peutêtre… et c'est une éventualité à ne pas fermer… ce qui je crois est honnête par rapport à la vie. Comme dans la vie et pour la rendre encore plus dense sur un plateau, au delà de ce qui se dit; ce qui tente de se dire est au moins aussi important.
« La philosophie, les sciences et l'art sont trois moyens d'avancer dans la connaissance de nous-même. Ces moyens ont des voies apparemment différentes mais finalement tous doivent – la philosophie en premier – se confronter au doute. La pensée n'avance pas autrement que par des avancées qui sont détruites et remplacées par d'autres avancées. C'est le mouvement de la pensée. »
J'aime les textes (souvent à l'écriture obsessionnelle) dans lesquels les êtres essaient de se parler, tentent de trouver comment s'atteindre. Cela engendre et nécessite un dialogue parallèle, un dialogue intérieur et qui n'est pas sans humour entre la pensée donnée par les mots de l'auteur et la sienne propre sur l'instant – et chargée de tous les instants d'avant, celui du mouvement de la représentation et de tous ceux des répétitions.
Cependant, on ne "répète" à proprement parler jamais. On exerce, on traverse. L'idée de TRAVERSÉES appartient plus à notre langage de travail que les mots de filage ou de répétitions. Parce que nous traversons, et sommes traversés… sinon, ne sommes pas au bon endroit du travail.
« et dans le poème intitulé "L'amitié des étoiles" il s'arrangea pour que chaque être humain ait une étoile, chaque étoile un ami, chaque être humain un sosie et enfin que ce sosie porte en lui un confident. »
De plus en plus, pour ce théâtre des âmes, je trouve avec Éric Thomas un chemin de plus en plus fort. Le travail avec Éric, auteur, compositeur et immense guitariste, soulève formidablement le travail de cette pensée agissante et participe pleinement à la création d'un espace mental. La musique n'est ni décor ni paysage sonore. Elle devient le terrain par lequel le dialogue peut naître et exister. Elle soutient et fait éclore toutes les strates de la pensée, toutes ces profondeurs.
Au plateau, les acteurs agissants ont le pouvoir de sculpter l'espace et le temps. Ainsi, plus ma pratique s'affine, moins mes plateaux sont des décors. Ils ne viennent pas définir le terrain de jeu – qui est le terrain du je – mais ils viennent soutenir le vide autour des êtres, ce vide à sculpter… Ces espaces sont une atmosphère, un cosmos, une sorte d'île, de no man's land. Un espace en suspension qui ne tient que tant que les êtres l'habitent.
Pour densifier ces atmosphères, je veux travailler de plus en plus avec la magie nouvelle. Elle permet de distendre le temps, de créer dans l'espace des phénomènes étranges qui aiguisent notre écoute et nous maintiennent encore plus à fleur de peau sur ce que nous percevons.
Pour la forme en extérieur, nous jouerons avec la magie naturelle du lieu, vent et mer, sable et ciel. Nous ne transporterons pas un théâtre dehors, la nature nous portera à rendre encore plus vertical ce que nous vivrons.
Il n'y a aucun message. La pièce est une expérience, du ressenti, du vécu. Et le spectateur agit aussi. Il est amené à rencontrer ses propres visions, par sa propre expérience et son vécu, transcendés par le poème.
« C'est absolument vrai qu'on n'a pas envie de parler de son travail. On sent aussi que quand on en parle, sans qu'on le veuille, il y a forcément un élément de tricherie qui intervient parce qu'on ne peut pas en parler. Peutêtre même il ne faut pas en parler. C'est quelque chose de très mystérieux. Quelque chose qui doit rester secret. Dont on ne doit pas non plus être totalement conscient.
Et puis si on fait ce travail c'est pour essayer de transmettre quelque chose et que les gens le rencontrent. Si on doit expliquer le mode d'emploi, si on doit expliquer ce qu'on veut faire, comment on le fait, je crois d'une part que c'est une imposture, et d'autre part si on y arrivait ce serait quelque chose comme une trahison. Peut-être même ce ne serait pas très propre, un peu obscène.
Je crois qu'il faut garder le secret là-dessus, je crois que les artistes s'expliquent trop. Déjà, s'appeler artistes c'est très équivoque, c'est très prétentieux, on ne sait pas ce que c'est d'ailleurs. Maintenant le mot créateur ne veut pas dire grand-chose non plus, on l'emploie pour la mode, pour la cuisine, pour n'importe quoi. On est "créatif". On vit une période très "créative". Elle stagne pourtant comme une eau morte, dangereuse, croupissante. Sous le fallacieux clinquant de la technologie triomphante. »