En raison de l'épidémie virale du COVID-19, nous sommes donc dans l'obligation d'annuler tous les spectacles qui devaient être présentés à DSN - Dieppe Scène Nationale, entre le lundi 16 mars et le samedi 11 avril 2020, dans la Grande Salle et au Drakkar.
L'équipe de DSN
Un conte initiatique moderne empreint de raffinement et d'authenticité.
— Tout commence avec une voix, dans le noir. Une berceuse qui nous aide à supporter les ténèbres. Puis vient une autre voix. Et enfin apparaissent les corps. Des corps qui se touchent, des voix qui se portent. C'est là tout l'enjeu de ce spectacle : trois acrobates, une chanteuse lyrique et un pianiste qui, ensemble, décident de « porter la voix ». Se faire entendre et surmonter les angoisses véhiculées par notre société de la peur. Puis partager cette audace avec les spectateurs, ces fantômes de l'ombre...
— Le cirque des origines c'est le cercle, l'étrangeté, la monstruosité quelquefois et la peur. Avec ce spectacle, Patrick Masset joue de tous ces éléments pour en dégager une interrogation politique et poétique. Il nous entraîne dans une autre réalité, un autre temps, où artistes et spectateurs, par cette hyper proximité sous ce dôme, tentent ensemble de dépasser leurs peurs, de trouver le courage et la force nécessaires pour oser affronter le réel, mais aussi l'autre et soi-même.
« Toute la grâce de Strach – a fear song est de varier tension et douceur, créant une connivence intense. Une vibration collective, bouleversante, lorsque la soprano elle-même se glisse dans les mouvements, et qui culmine avec l'invitation faite à plusieurs spectateurs de se glisser dans le bal, de participer au main-à-main, comme un rituel oublié. On rit, on frémit, on vit : le cirque nous réunit. » C!RQ en CAPITALE
Cirque Airelle Caen (ou Alice Noël), Denis Dulon et Guillaume Sendron. Chant Julie Calbete. Musique, arrangement Jean-Louis Cortès (ou Yohann Dubois). Son Antoine Delagoutte. Création lumières Patrick Masset. Costumes Sarah Duvert et Bérénice Masset. Régie Antoine Vilain (ou John Cooper). Réalisation des masques Morgane Aimerie Robin et Joachim Sontag. Remerciements Vinciane Despret, Pascal Jacob et Johan Daenen.
Production : T1J. Avec l'aide de l'Espace Catastrophe # Centre de Création des Arts du Cirque, du Festival UP ! – Biennale Internationale de Cirque et du CIAM – Centre International des Arts en Mouvement d'Aix-en- Provence. Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles (Service des Arts Forains, du Cirque et de la Rue), le Centre Culturel de Namur – les Abattoirs de Bomel, le Théâtre 140, la Zomerfabriek à Anvers, l'Opéra On – Festival International d'Art Lyrique d'Aix-en- Provence et du Théâtre des Doms.
© photo : Laure Villain
Le Cirque des origines c'est la sauvagerie, le cercle, l'étrangeté, la monstruosité quelquefois, l'hyper proximité et la peur.
Avec ce projet, je souhaite jouer de tous ces éléments et tenter d'en dégager une interrogation politique et poétique.
Le mélange du Cirque et de l'Opéra, d'une force originelle et d'une beauté divine, est un chemin idéal pour donner à voir, à entendre et à surmonter les angoisses, les tensions, les « dangers » véhiculés par notre société de la peur.
Toutefois, plutôt que de voir et entendre des artistes d'exception réaliser des prodiges face à moi, spectateur isolé et protégé, l'ambition de cette rencontre est de proposer une relation à égalité avec ces artistes et de les accompagner dans une recherche bien plus essentielle que la prouesse. Il s'agit ici d'affronter ensemble nos peurs, de les dépasser, de trouver le courage et la force nécessaire pour oser affronter le réel, mais aussi l'autre et soi-même.
Trois circassiens déstabilisent tour à tour les spectateurs dans une proximité inhabituelle via des propositions décalées. La chanteuse et le musicien tentent de maintenir et construire du lien avec les spectateurs. Il n'est pas question ici uniquement de comprendre, mais bien de retrouver une justesse plus profonde, enfouie très loin en chacun de nous.
Strach - a fear song est une invitation à se perdre, à entrer au coeur même de cette forêt interdite, là où les réponses ne suffisent plus, où le sens, lui aussi, est à reconstruire.
Le spectacle s'ouvre par un texte court d'un enfant qui rêve de devenir un cow-boy rouge... Sur la Piste, le reste d'un totem. Cinq artistes tentent un geste désespéré au milieu de cet univers désolé.
Ce début étrange et décalé propose aux spectateurs de quitter leurs repères et d'entrer dans une autre réalité, un autre temps, où la peur et la sauvagerie dominent définitivement, de manière visible.
Soudainement, une voix (lyrique) surgit des spectateurs, comme une présence amie, un lien ultime entre le « réel » et ce qui leur est donné à voir et à entendre... Durant tout le spectacle, cette voix n'aura de cesse de rappeler cette évidence oubliée : « Quand on ne sait pas où on va, au moins on est sûr de ne pas se perdre ! »
Patrick Masset - Auteur & Metteur en scène
Des corps qui se touchent, des voix qui se portent. D'entrée de jeu, on se trouve à la fois dans le plus élémentaire des rapports humains et dans l'inattendu. Là où le corps du porteur devient le sol du chanteur : ce mélange d'intranquilité et de confiance est source d'une étrange émotion. Porter, c'est exprimer un geste solidaire, mais c'est aussi interroger l'importance de la main (ou de la voix), qui part, porte, retient ou rattrape. Qui sauve aussi parfois !
Nous souhaitons, dans ce spectacle, saisir la nature, l'essence du vivre ensemble sur base d'une expérience nouvelle : porter la voix.
La voix lyrique, comme les portés acrobatiques, sont en décalage face au réel. Et paradoxalement, la voix et les corps nous accompagnent sans cesse au quotidien.
Cette proposition, dans sa forme même, est un plaidoyer imagé et pourtant très concret contre notre société capitaliste - productrice d'inégalités et de mise en concurrence - où la plupart des hommes se perçoivent comme des « suiveurs », incapables d'agir et sans identité propre.
Notre volonté est de partir du constat que le comportement des gens, les uns envers les autres, se transforme en relation aux mouvements sociaux qui les entourent. Avec ce projet réaliste, nous souhaitons présenter une vision décalée et nécessaire de la société qui s'articule autrement, endosse une forme originale, se manifeste différemment dans les rapports à ses compagnons, s'exprime sur un autre ton, par d'autres gestes, d'autres attitudes corporelles et vocales. D'autres façons d'envisager la musique aussi, quelquefois...
Le voeu ardent de cette pièce musicale consiste à reconnaître ces différences, à observer la réalité qui nous entoure, celle du comportement humain, même et surtout dans son caractère contradictoire, et à trouver une forme autre qui met en lumière cette contradiction sur le plateau.
Chanter. S'abandonner. Se laisser porter. Accepter le déséquilibre pour écrire une partition physique où le corps soulevé, déplacé, transformé s'épanouit autrement et, au final, permet d'appréhender le monde dans une réalité qu'il ne pouvait soupçonner...
Née en 1994, la Compagnie fêtera ses vingt ans en 2015.
Depuis 2008, le T1J n'a eu de cesse de défendre un « art de la création » reposant sur la transdisciplinarité et la mise en doute du réel au travers d' un questionnement incessant sur la place que chacun doit prendre dans la "société" qui est la sienne.
En regard de l'extrême diversité et complexité du monde actuel, il me paraît de plus en plus crédible d'aborder un travail artistique en confrontant les disciplines et ses praticiens.
Un travail colossal de résistance et de combat a pris, par la force des choses, tout son sens au sein de notre pratique actuelle.
Comme le souligne très bien Jan Goosens (directeur artistique du KVS) dans l'hommage accordé lors du décès de Gérard Mortier : "Il est plus facile d'être méfiant vis à vis de grandes maisons culturelles mais plus courageux de les refonder. Les aventures artistiques sans ambitions politico-sociétales ne sont que de la suffisance. Une relation amour-haine avec le secteur dans lequel vous travaillez offre la meilleure garantie d'une vigilance pour la vie : ce sont des leçons pour la vie".
Une forme nouvelle de production et de diffusion est appelée à naître et c'est à nous de l'inventer, de nous en emparer, de la faire vivre et de la partager. La création est devenue bien plus large et essentielle qu'un espace de répétition et d'envie.
Le rôle de l'artiste n'a jamais été de subir les transformations du monde, mais bien de les devancer, les anticiper. La vitesse imposée par le net et la bourse ne sont rien en comparaison du pouvoir de création et d'invention qui est le nôtre. Comme dans les arts martiaux, il faut prendre cette énergie nouvelle et l'utiliser à notre avantage.
C'est dans cet esprit de lutte que s'inscrit actuellement le travail du T1J.
« Strach - a fear song nous invite à affronter à notre tour nos peurs en s'aventurant vers l'inconnu. Le ton est juste. Les prouesses non ostentatoires. La proposition artistique à taille humaine. » Christiane Dampne – Mouvement
« Opéra circassien accompagné en live par le pianiste Jean-Louis Cortès, tout en chaleur humaine, en pure simplicité mais bourré d'audaces, Strach - a fear song, écrit et mis en scène par Patrick Masset, revient bel et bien aux fondamentaux du cirque, presque comme si les acrobates jouaient sur le trottoir au coeur d'un attroupement. Du cirque à l'état brut certes, mais aussi un conte initiatique, empreint de modernité, d'authenticité et de raffinement. » Laurence Bertels – La Libre
« Indéniablement spectaculaire, bien jamais criard, le propos esquisse aussi les mythes et croyances ancestrales dans un étrange sabbat qui, revisitant Leonard Cohen (Dance Me to the End of Love) ou Henry Purcelle (The Cold Song), n'exclut ni la poésie, ni la sensualité. (…) Strach - a fear song restera comme un des climax du Festival UP! » Gilles Renault – Libération
« C'est simple, beau, ça raconte de terribles luttes animales ou des élévations de corps soutenus par la belle voix de la cantatrice. On passe sans cesse du rêve, de l'émotion au défi physique du corps dans l'espace. Sans esbroufe puisque deux spectateurs 'normaux' sont finalement associés aux grandes manoeuvres. Ça s'appelle Strach - a fear song, la peur surmontée, un dessert gourmand. » Christian Jade – RTBF.BE
« Une aventure qui résonne au plus profond de soi tel cet enfant qui rêve de devenir un cow-boy rouge. La performance vocale de la chanteuse Julie Calbete est intense, lancinante et chargée d'émotion.Quant au trio d'acrobates, il est formé de Guillaume Sendron et de Denis Dulon les deux porteurs, qui emmènent Airelle Caen, la danseuse voltigeuse, jusqu'au sommet du dôme à la recherche de la lumière.Ce spectacle d'une grande intensité émotionnelle a été salué par un tonnerre d'applaudissements, bravo...» Patrick Denis - La Provence