Conférence clownesque et métaphysique pour tenter une approche du où et quand.
Vous êtes ici. Maintenant. Dans cette salle, dans cette rue, dans cette ville. C’est un fait établi, indéniable. Mais dans l’Univers, vous êtes où ? Vous êtes quand ? Dans un joyeux fatras d’objets glanés ici et là, et assez désuets face à la thématique explorée, Tên Tên et Moulu redécouvrent le monde et tentent d’y trouver leur place. Du haut de leur escabeau, à la lumière de leur rétroprojecteur, elles nous transportent dans un voyage aux tréfonds de l’Univers. D’une maison en crayons, elles s’évadent sur une mer de fils électriques et sautent d’étoiles en pois cassés. Qui mieux que des clowns peut figurer le vertige provoqué par la tentative de comprendre où nous sommes dans l’Univers ? Certes, des ancrages scientifiques et littéraires sont des points de départ avisés, mais les clowns ont tendance à toujours repousser les limites de l’imaginaire et du possible.
Inconnu, rêvé, fantasmé ou exploré, c’est tout l’Univers, voire plus, que Tên Tên et Moulu feront entrer dans la salle de spectacle.
Écriture et mise en scène Marjorie Efther, Marie Filippi et David Scattolin • Interprétation Marjorie Efther et Marie Filippi • Conseils scénographiques Philippe Marioge. Création lumière Vincent Maire. Facteur de masque Hervé Lesieur. Retour au clown Gilles Defacque.
Production L’Ouvrier du Drame. Coproductions Le Prato Pôle National des Arts du Cirque Lille, Le PLOT Lille Tournai, le Théâtre du Nord Théâtre National Lille Tourcoing, Région Nord Pas-de- Calais et la Rose des Vents Scène Nationale Lille Métropole Villeneuve d’Ascq dans le cadre du Festival Prémices 2014. Soutiens DRAC Nord Pas-de-Calais et Conseil Régional Nord Pas-de-Calais. Remerciements La Nef-Manufacture des Utopies direction Jean-Louis Heckel, Anis Gras-le lieu de l’autre direction Catherine Leconte, La Maison de la Culture de Tournai direction Philippe Deman. Festival Off Avignon 2015 avec le soutien du Conseil Régional Nord Pas-de-Calais dans le cadre du dispositif Nord – Pas de Calais en Avignon 2015, le Prato Pôle National des Arts du Cirque Lille, le Théâtre du Nord Théâtre National Lille Tourcoing Région Nord Pas-de-Calais, le Phénix, Scène Nationale de Valenciennes et de la SPEDIDAM
© photo : Simon Gosselin
“ Le silence éternel des espaces infinis m’effraie. ” Pascal
L’homme, de tout temps, s’est tourné vers le ciel et s’est forgé des mythes, des légendes, des sciences. C’est au tour de deux clowns, êtres poétiques à la dérive, en perpétuel questionnement, d’être confrontés à la question du vide, de l’espace, de l’inconnu.
Les clowns sont perpétuellement à la recherche de leur espace à prendre, à entreprendre. Leur décalage et leur marginalité les empêchent de trouver place, spatialement et socialement. Ils cherchent leur « légitimité » et passent par de multiples stratagèmes pour revendiquer leur territoire et finalement, exister.
Cette problématique interne de l’espace est transcendée par l’interrogation fondamentale qui s’impose soudainement aux clowns : l’Univers a-t-il une limite ultime ? Face au mystère du cosmos, les clowns utilisent une logique qui leur est propre. Êtres vagabonds et débrouillards, ils élaborent sur le vif une conférence et utilisent leurs propres moyens pour tenter de comprendre où s’achève l’Univers.
En procédant à un zoom arrière, partant du plus petit pour aller au plus grand, les clowns revisitent les espaces connus puis se retrouvent peu à peu aux confins de l’Univers. Comme les marins et les poètes, ils se laissent guider par les étoiles et invitent les spectateurs à effectuer avec eux un périple vers la voûte céleste, là où nous avons tous un jour orienté notre regard. Le mystère des espaces infinis prend soudainement toute sa place et met à pied d’égalité les clowns et le public. Au-delà du burlesque et du rire, l’inconnu bouleverse et rassemble.
Marjorie Efther, Marie Filippi et David Scattolin.
Vous êtes ici est un spectacle dédié au public puisqu’il se modifie selon l’endroit où il est représenté. En effet, pour comprendre où ils se trouvent dans l’Univers, les clowns identifient d’abord le lieu réel où ils sont accompagnés des spectateurs : avec un jeu de description visuelle et sonore, ils revisitent la salle de spectacle, puis le théâtre en son entier, le quartier du théâtre, la ville, jusqu’à arriver aux confins de l’Univers. Cette inscription concrète dans le lieu du spectacle provoque une relation exceptionnelle avec le spectateur et une réadaptation perpétuelle du canevas. Le spectateur reconnaît ses espaces quotidiens et ses références de vie au travers des clowns.
Avant la représentation, l’équipe artistique procède donc à un large repérage des lieux : ils visitent le théâtre, prennent connaissance du quartier en son entier, repèrent les lieux phares de la ville et les habitudes de transports, s’inspirent du territoire et de ses habitants.
Entreprendre la création d’un spectacle sans partir d’une oeuvre précise mais d’une interrogation était à la fois périlleux et grisant. Nous avions ce point de départ : le vertige que provoque notre tentative de comprendre où nous sommes dans l’Univers. Nous avons pris comme points d’ancrage plusieurs sources scientifiques et littéraires. Mais ces références n’ont pas conditionné une trame dramaturgique qui aurait été écrite en amont du travail de plateau. C’est en improvisant que les clowns ont structuré d’eux-même une pensée et le spectacle, sans préméditer la poésie qui pouvait s’en dégager ou les doubles sens qui en naissaient.
À chaque représentation les deux clowns réinventent, se faufilent entre les mailles du présent et prennent contact avec le public, ces nouveaux visages venus les voir « ici et maintenant ». Le spectateur est un partenaire : son attention, ses réactions aiguillent le clown, l’emmènent sur de nouvelles pistes. Au cours de la création du spectacle, chaque moment de recherche a donc été ponctué d’une confrontation avec le public. Ces rencontres avec les spectateurs ont permis de dessiner toujours un peu plus le canevas qui se profilait.
Pour construire le spectacle, les deux clowns et le collaborateur artistique ont procédé à un système de va-et-vient entre les propositions improvisées des clowns et les directions extérieures. En perpétuel agencement des pensées, des actions, et de ce qui fait sens, ils deviennent tous trois co-auteurs et co-metteurs en scène d’un seul et même objet.
L’Ouvrier du Drame, créée en 2013, est une compagnie implantée dans le Nord qui a pour vocation de créer, produire et diffuser du spectacle vivant.
L’Ouvrier du Drame a pour ambition de créer un théâtre proche des spectateurs, de mêler à la narration de ses création une réflexion sur le monde, avec une grande exigence artistique. Nous avons la nécessité d’explorer au sein de notre travail différents biais d’expressions, qu’ils appartiennent au théâtre du mouvement (clown, masques, danse) ou au théâtre de texte (classique et contemporain). Il en va de même quant aux sujets des créations qui pourront s’extraire de divers matériaux (oeuvre dramatique, littérature, improvisation). Il s’agit d’être en perpétuelle recherche pour affiner au mieux la corrélation entre la forme et le propos de la création. Nous sommes aussi attachés au fait de questionner la notion d’espace et n’excluons pas la possibilité d’investir des lieux de représentation atypiques.
Cette compagnie a vu le jour à la suite de la rencontre entre Marjorie Efther et Marie Filippi en 2008 au Conservatoire Départemental de Noisiel (77). La recherche du clown a été un point essentiel de leur rencontre mais elles ont aussi collaboré autour de mises en scène de textes contemporains : différents projets sont donc nés et ont été représentés notamment à La Ferme du Buisson (scène nationale - Noisiel), au Centre Georges Pompidou (Paris) et à l’auditorium Jean Cocteau (Noisiel). A travers ces créations, l’une et l’autre ont été clown, comédienne, metteur en scène ou collaboratrice artistique. Les rôles se sont inter-changés mêlant ainsi les points de vue, les directions et les axes artistiques. Marjorie Efther (formée en Conservatoire et à l’Université) et Marie Filippi (formée à l’EpsAd et à L’École Jacques Lecoq) attachent une importance toute particulière à la diversité de leurs formations et de leurs expériences artistiques. C’est en cela que L’Ouvrier du Drame a le désir de rassembler plusieurs artistes provenant d’horizons variés afin d’enrichir ses conceptions scéniques.
En mars 2015, l’équipe artistique de Vous êtes ici, décide de remettre en jeu le clown et ses possibles au travers de la langue de Valère Novarina et crée Restes d’Opérette. Ce solo clownesque d’après L’Opérette imaginaire s’amuse à mettre en abyme inlassablement notre condition humaine.
Valère Novarina a offert à la compagnie de pouvoir emprunter une expression dont il est l’auteur : « L’Ouvrier du Drame ». L’auteur-metteur en scène nomme ainsi le technicien chargé du plateau dans ses créations : peu à peu, celui-ci est devenu un véritable personnage, un acteur parlant, parmi les autres. À l’image de ce personnage, la compagnie oeuvre à la création de spectacles, sans hiérarchie dans l’importance ni dans la considération des métiers.
Le festival Prémices vient de se terminer. La moisson 2014 est marquée par la consécration de deux talents Thiphaine Raffier et Mounya Boudiaf et un spectacle de clown qui a créé la bonne surprise d’une philosophie souriante. Webthéâtre
un spectacle de clowns plein de finesse et de drôlerie. Sous forme d’une conférence sur l’infinité (ou non) de l’univers, les deux clowns Ten Ten et Moulu mêlent métaphysique et tendres pitreries, avec une belle ingéniosité. (...) La magie opère, le spectacle oscille entre humour et poésie, et le public part à la recherche des limites de l’univers en compagnie de ces clowns un peu doux-dingues. Toutelaculture.com
« L’Univers a-t-il une limite ultime ? ». Si d’aventure cette angoissante interrogation vous taraude le ciboulot, un bon conseil, filez daredare consulter Tên Tên et Moulu, deux clownesses spécialement versées en cosmogonie et bricolage astrophysicien et dotées des outillages intellectuels et matériels adéquats ; à savoir, une imagination à toute épreuve, une table de conférencière à roulette avec lampe de chevet, un caddie de supermarché curieusement achalandé, un rétroprojecteur ayant déjà servi, un écran géant en papier et une échelle double à plateau. Paré pour le voyage dans l’Univers, et, croyez-le, c’est drôlement grand ! Marjorie Efther (Moulue) et Marie Filippi (Tên Tên) ont plus d’un tour dans leur sac à malices et de l’imaginaire à revendre. Malgré un petit temps de retard à l’allumage, la mise sur orbite fonctionne à merveille, avec une belle ingéniosité sans ratés ni à-coups. Le rythme et l’intensité drolatique du spectacle doivent beaucoup à la présence bourdonnante et sautillante de Marie Filippi, sorte de Speedy Gonzales hybride mi-souris à tête chercheuse, mi-moustique énervant, ou sauterelle à nez et collant rouge avec jupette en abat-jour, mais pas rabat-joie pour deux sous. C’est à découvrir en famille. Liberté Hebdo
Que tous ceux qui ont manqué ce week-end au Prato, Vous êtes ici, le regrette immédiatement ! Deux jeunes femmes clowns y donnaient un spectacle venu d’ailleurs où l’humour le disputait à la poésie. Le spectacle commence par l’entrée à la fois timide et engagée de Ten-Ten (Marie Filippi) vite rejointe par son acolyte Moulu (Marjorie Efther). Immédiatement, le rire emplit la salle. L'univers a t-il une limite ? Avec une certaine angoisse, les deux clowns décident de répondre à la question en utilisant un élément inattendu, un vieux rétroprojecteur. Les deux protagonistes construisent un décor réaliste à l'aide de jeux d'ombres et d’éléments du quotidien. Toujours avec une angoisse curieuse, on avance petit à petit sur le monde vu par ces deux clowns attachants à l'air naïf. Un spectacle drôle avec une touche de philosophie (qui ne s’adresse donc pas qu’au jeune public) à revoir cet automne dans le cadre des Belles sorties de Lille-Métropole. Festival Prémices / Jeunes Reporters