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saison 2016/2017

Badavlan

  • JEUNE PUBLIC À PARTIR DE 6 ANS
  • THÉÂTRE & OBJETS
  • MERCREDI 29 MARS
  • 16H
  • LE DRAKKAR
  • DURÉE : 1H
  • TARIF D
  • RÉSERVER
  • SÉANCES SCOLAIRES : MER. 29 MARS 10H / JEU. 30 MARS 10H & 14H / VEN. 31 MARS 10H

TEXTE ET MISE EN SCÈNE PIERRE MEUNIER

COMPAGNIE LA BELLE MEUNIÈRE

 

« La loi de la pesanteur est dure mais c’est la loi ! » Georges Brassens

Un homme et une femme venus d’ailleurs tombent sur la Terre et découvrent le règne de la pesanteur. Si l’un est séduit par l’ordre qu’elle fait régner, l’autre, plus enclin à la rébellion et obsédé par la liberté perdue, va batailler et résister. Ils prennent chaque fois les moyens de faire l’expérience qui les départagera. Mais la matière, apparemment docile, manifeste une indépendance qui les amènera parfois au bord de la catastrophe... Au fil du temps et des rebondissements, se tisse un propos où l’humour et le sérieux font alternativement rire et penser à cette loi de la pesanteur qui détermine tant de nos actes et de nos pensées.
Dans la mise en scène, la proximité avec l’expérience en cours est extrêmement surprenante. Affectés par les phénomènes physiques à l’œuvre, les spectateurs deviennent partie prenante de la recherche des personnages. Perception et imaginaire, sensible et poétique se rejoignent dans des questionnements aussi simples que philosophiques : magique !

DISTRIBUTION

Écriture et mise en scène Pierre Meunier • Avec Gaël Guillet, Emma Morin • Scénographie, costumes et accessoires Isabelle Rousseau. Création lumière Bruno Goubert. Construction et régie générale Jeff Perlicius. Production – diffusion Claudine Bocher. Administration Caroline Tigeot.


Coproductions Cie La Belle meunière, Culture Commune-Scène Nationale du bassin minier du Nord Pas-de- Calais. Soutiens Ministère de la Culture-Drac Auvergne, Conseil Général de l’Allier, Conseil Régional d’Auvergne

© photo : Jean-Pierre Estournet

Site de la compagnie

SI VOUS AIMEZ CE SPECTACLE, VOUS AIMEREZ PEUT-ÊTRE :

AbrakadubrA !
Effet Bekkrell

« Tout ce qui ne monte pas, tombe ! »

L'heureuse réception du spectacle Molin - Molette par les enfants a confirmé pour moi la pertinence d’une forme théâtrale les conduisant à une rêverie qui leur soit propre, une véritable expérience dynamisante, nourriture pour la pensée et l'imaginaire. Une confrontation avec des corps respirants engagés dans le défi d'un présent incarné. Un théâtre qui réveille et stimule le lien entre la perception et l'imaginaire, entre le sensible et le symbolique. Ce lien menacé aujourd'hui par un environnement prétendument "culturel" à très haut pouvoir de séduction fabriqué dans l'unique but de formater l'individu en plein développement, afin de le priver de toute autonomie poétique, prélude au décervellement à suivre. Grégarisation à l'oeuvre d'autant plus efficace qu'elle s'appuie sur l'illusion de maîtriser individuellement la règle du jeu : zapping, clic, pas clic, clic et reclic... c'est moi le roi du monde !

Pourquoi l'étonnement de l'enfant face au monde n'est-il pas plus souvent une leçon de vie pour nous autres adultes ? C'est que, éloignés de l'insouciance des premières années, nous avons intégré en grandissant une hiérarchie bien différente de ce qui serait digne d'intérêt. Asservis au raisonnable, aimantés par l'immédiat, le rentable, l'utile, nous organisons obstinément le tarissement d'une source vitale d'indépendance et de réconfort.

Imaginons un instant une classe d'adultes en costumes de bureau, avec comme maîtresse une petite fille qui leur ré-enseignerait la position tête-en-l'air, la fluidité du mouvement de la nuque pour suivre le vol du papillon, qui réanimerait en jouant avec une pierre la question fondamentale du " Pourquoi ça tombe ? " et puis citerait Lucrèce : " Fatigués et rassasiés que nous sommes de cette vue, plus personne ne songe à lever les yeux vers les espaces lumineux du ciel."

Donc, pas tant raconter des histoires à l'enfant que l'encourager à s'en raconter lui-même, à partir de correspondances qu'il établira librement entre ce qu'il voit dans le temps de la représentation et ce qu'il vit par ailleurs. Pas tant une succession d'images toutes faites, encloses dans leur finition, qu'une sorte d'atelier d'expériences physiques et poétiques, où le réel se voit reconsidéré sur l'établi de la scène par les acteurs autant que par les spectateurs.

Soulever le couvercle. Du moins, l'empêcher de se refermer complètement. Le couvercle a un poids. Et nous, au fond de la marmite, entourés d'enfants pour la plupart inconscients de la menace, nous voulons tenter de nous opposer à cette force que nous appellerons Pesanteur et qui n'a qu'un but : nous maintenir en toute chose au plus bas !

La force de gravitation détermine toutes nos actions, elle les empêche, les contrarie, ou les facilite - la chute permet par exemple de ne pas perdre de temps pour rejoindre le sol.

La Pesanteur, conséquence concrète et sensible de cette loi fondamentale de l'existence, nous rappelle à chaque instant notre destin d'être pesant, entravé, limité dans son essor. En dépit de toutes nos inventions, nous sommes et restons des cloportes, ingénieux certes, mais des êtres rampants, qui peinons autant à décoller de la boue qu'à nous élever en pensée.

La Pesanteur induit un ordre du monde qui semble éternel à l'enfant qui le découvre. La maison, l'arbre, le pylône, la montagne, sont là depuis toujours, et pour toujours. Il ignore que cette permanence matérielle est dûe à cette force qui cloue toute chose à terre, oeuvrant ainsi au façonnement du réel.

Dans les premiers mois de son existence, intrigué par ses effets, il va se mettre à vérifier les preuves de cette loi. Inlassablement, il prend des objets sur la table et les lâche pour jouir encore et encore de l'obstination des choses à voyager vers le bas. Il fait tomber tout ce qu'il trouve, forçant l'adulte au ramassage, sans se soucier de l'énervement occasionné. L'adulte qui s'est depuis longtemps interdit ce genre d'amusement, trouve vite que l'enfant exagère, et qu'il a lui mieux à faire que de remonter pour la dixième fois la cuiller tombée. Mais c'est sans compter sur la faculté d'étonnement de l'enfant et sa capacité inépuisable à provoquer la chute !

Peut-être l'enfant a-t-il besoin de s'assurer de la permanence de la loi avant de la braver et d'oser l'aventure verticale. Peut-être ce phénomène résonne-t-il avec la sensation éprouvée au moment de sa naissance, lorsque, après des mois de portance heureuse, quittant le liquide séjour du nid maternel, il découvrit brutalement la pesanteur de son corps nouveauné. Le cri de l'enfant qui naît ne vient-il pas de l'effroi ressenti de se sentir soudain peser ?

Sur la scène de cet atelier, un homme et une femme vont se livrer à toutes sortes d'expériences de physique poétique appliquées à la chute.

La chute, manifestation implacable de la Pesanteur, sera au coeur de leurs tentatives de résister à cette puissance d'écrasement à l'oeuvre. Pour en savoir plus long sur ce qui nous menace, ça va tomber ! Corps, pensée, matière, seront mis à l'épreuve.

Revisitant l'existence terrestre depuis la naissance, il s'agira de redécouvrir l'étrangeté de ce phénomène occupé à conduire toute chose du haut vers le bas, à combattre tout mouvement, à contrarier notre soif d'essor, à triompher de la verticalité, du redressement, du fragile debout. Le corps de l'enfant a sûrement en mémoire les efforts pas si lointains qu'il a dû fournir pour se mettre debout, les chutes innombrables qui ont jalonné sa lutte pour gagner en hauteur, les pleurs ou les rires qui l'ont ponctuée...

Et puis voilà l'embarrassant paradoxe que ces deux explorateurs devront traiter : c'est bien grâce à la Pesanteur que les choses restent à leur place ! La vache dans son pré, le fruit sur son arbre, la statue sur son socle, le pâté sur la tartine, l'immeuble dans son quartier, l'enfant dans son lit... Vertu rassurante de la Pesanteur ? Ça se corse ! " Gravité et légèreté se détruisent dans la commune vendetta de leur mort." dixit Leonard de Vinci.

Au travers de textes et d'expériences contradictoires, il s'agira de rendre sensible la dialectique entre le pesant et le léger. S'amuser à s'élever par le jeu du contrepoids, à se maintenir en l'air. Le lourd servirait donc à se nier lui-même ? La notion d'équilibre surgira à force d'être approchée. Etat enviable ou fin de toute aventure ?

Un homme et une femme venus d'ailleurs tombent sur la Terre et découvrent le règne de la pesanteur. Chacun à leur manière, ils veulent en savoir davantage sur cette loi si décisive et déterminante pour la vie des terriens. Si l'un est séduit par l'ordre que fait régner la pesanteur, l'autre, plus enclin à la rébellion et obsédé par la liberté perdue, va batailler et résister bien davantage. Ils prennent chaque fois les moyens de faire l'expérience qui les départagera. Mais la matière, apparemment docile, manifeste une indépendance qui les amènera parfois au bord de la catastrophe... L'intervention du troisième personnage, sorte de régisseur manipulateur, les sauvera de situations trop dangereuses. Ils pourront à l'occasion utiliser comme cobaye ce personnage providentiel, ou l'entraîner dans leur folie pondérale. Au fil du temps et des rebondissements se tisse un propos où l'humour et le sérieux font alternativement rire et penser autour de cette loi de pesanteur qui détermine tant de nos actes et de nos pensées. Faut-il s'arrêter de vivre par peur de tomber ? A cette question cruciale, le spectacle tentera d'apporter des éléments stimulants et inattendus de réponse.

La proximité des spectateurs avec l'expérience en cours me paraît tout à fait nécessaire. Ce côtoiement favorise le sentiment d'y participer plus que d'y assister. Affecté physiquement par les phénomènes à l'oeuvre, le spectateur se sent davantage concerné, il devient partie prenante de la recherche, les conditions d'une rêverie intime n'en sont que mieux réunies. Le rapprochement avec le plateau permet également de jouer avec les échelles de grandeur sans avoir besoin de recourir à de trop grandes dimensions. Nous utiliserons à peu de chose près le même dispositif que pour Molin- Molette, c'est à dire un espace scénique entouré par des bancs. Afin de pouvoir jouer dans des lieux qui ne disposent pas d'un grill technique, nous trouverons des solutions pour être autonomes en accroches et points de suspension. Les divers objets et systèmes machiniques utilisés seront de notre invention.

Auteur et metteur en scène

Pierre Meunier est né en 1957. Il suit les formations dispensées par Pierre Étaix, Émilie Letendre, Clémence Massart, Philippe Caubère, Amy Lavietes. Il travaille notamment avec Pierre Étaix et Annie Fratellini au Nouveau Cirque de Paris ; avec Zingaro ; avec le Théâtre de l’Unité dans L’Histoire du soldat de Ramuz et Stravinsky ; avec la Volière Dromesko; avec Matthias Langhoff dans Désir sous les ormes d’Eugène O’Neill ; avec François Tanguy et le Théâtre du Radeau dans Choral (Théâtre de la Bastille, 1994) ; avec Philippe Nahon (Ars Nova) dans Les Naufragés de l’Olympe, fantaisie lyrique dont il a écrit le livret, musique de Giovanna Marini ; avec Isabelle Tanguy dans Feu d’après Luxun ; avec Joël Pommerat dans Pôle et Treize étroites têtes ; avec Jean-Paul Wenzel dans Caveo ; avec le Cabaret Dromesko dans La Baraque.

Depuis 1996 Il fabrique ses propres spectacles : L’Homme de plein vent avec Hervé Pierre, Le Chant du ressort avec Isabelle Tanguy, Le Tas avec Jean-Louis Coulloc’h (Théâtre de la Bastille, 2002), Les Égarés, fabrication collective (Théâtre de la Bastille, 2007), Au milieu du désordre (Théâtre de la Bastille, 2008), Sexamor avec Nadège Prugnard (Théâtre de la Bastille, 2009).
En 2011, il engage un chantier autour du langage avec Du fond des gorges (Théâtre de la Bastille), création collective avec Pierre-Yves Chapalain et François Chattot, puis en 2012 Molin-Molette, spectacle jeune public avec Gaël Guillet et Emma Morin. Création en déc 2012 de La Bobine de Ruhmkorff.
En 2015 il créera « Forbidden di sporgersi » présenté au Festival d’Avignon 2015 et « Badavlan » spectacle Jeune-Public .

En parralèle, il met en scène Éloge du Poil de Jeanne Mordoj (Théâtre de la Bastille, 2009). Il conduit sur trois années un travail d’atelier avec des patients de l’hôpital psychiatrique d’Ainay-Le-Château. Il participe au projet collectif Les Étonnistes avec Stéphanie Aubin, Christophe Huysman et Pascale Houbin.

Il réalise également plusieurs courts-métrages, Hoplà ! Hardi ! Asphalte, et un long-métrage autour de la matière intitulée Et ça continue !

Il encadre des ateliers de création avec des étudiants à l’Université de Nanterre, au TNS, à l’Académie Fratellini.