À peine trentenaire et plus jeune lauréate du Prix national de la danse (ultime distinction pour un artiste chorégraphique en Espagne), la danseuse prodige Rocío Molina révolutionne le flamenco et défend un style propre mêlant puissance, sensualité et profondeur.
Dans Afectos, accompagnée de l’indomptable Rosario « La Tremendita » à la guitare et au chant et Les affinités électives d’une jeune danseuse flamenca d’exception.du contrebassiste Pablo Martin, la danse se décline sans cliché et dans une recherche et une modernité rares. À travers un jeu de silences, d’éclats de voix, de chocs du corps et de vibrations, les trois artistes présents sur le plateau révèlent la fragilité de l’existence et explorent la dureté des émotions, la fragilité de la peine, la découverte du plaisir. Rocío Molina sillonne ces étendues en fulgurances et en ruptures, toujours en face à face avec Rosario « La Tremendita » et offre un flamenco inspiré, fort de sa tradition et riche de nouvelles influences.
« rocio molina est indiscutablement un prodige de la danse. […] elle n’appartient déjà plus au monde du flamenco mais à celui de l’art universel. mais aussi à la danse. mon Dieu, comme elle danse ! avec précision, originalité et la capacité de mesurer chaque moment à la perfection, […] sans jamais cesser de surprendre. » DEFLAMENCO.COM
Dans le Flamenco , il existe plusieurs méthodes et instruments pour marquer le compás: les percussions que le bailaor réalise avec les pieds (el zapateado: voir technique de la danse ) , les palmas, le poing, les pitos, et les instruments de percussions comme les castagnettes et le cajon.
Palmas : Claquement des mains qui accompagne le cante ou le baile. Dans les palmas normales, ou sonores, on frappe dans la paume d'une main avec les doigts de l'autre. Les palmas sordas (étouffées) sont utilisées pour éviter de gêner l'audition du chant. Elle s'obtiennent en frappant les deux paumes l'une contre l'autre.
AUTRES PERCUSSIONS
Marteau du forgeron : Si on se réfère au cante jondo comme le martinete, ce chant du forgeron est accompagné des coups de son marteau dans l'enclume.
Le poing : Il est souvent utilisé comme instrument de percussions chez les gitans andalous. Le poing tour à tour frappe sur la table et s'ouvre pour égrener les doigts comme les rasgueados de guitare.
Les pitos : ce sont des claquements de doigts qui peuvent se substituer aux castagnettes. Ils participent à l'ambiance musicale du flamenco
Cajon : Instrument de percussions typique du Flamenco. Le cajón a été introduit par Paco de Lucía qui l'a importé du Pérou. Le cajon est en fait un parallélépipède qui peut varier selon les modèles. La plaque de frappe (devant) est plus fine que les autres côtés, ce qui permet une élasticité et une résonance propre au cajon. Au dos, un trou d'environ 10cm de diamètre permet la sortie du son . A l'intérieur du cajon, on place souvent des cordes de guitare ou de piano, ou même parfois des clochettes.
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Beaucoup d’artistes parlent de la simplicité de leurs propositions, mais l’art, comme la vie est tout sauf simple. Il serait plus juste de parler de l’intégrité et de l’absence de raffinement. Parce que la jeune Rocío Molina est compliquée. Elle possède une intelligence rare et une créativité quasi inépuisable. Mais à travers ses pièces originales, on sent son désir sincère de raconter quelque chose qui tient de l’honnêteté et de l’innocence.
Dans le programme, on lit que l’un des objectifs de cette pièce est la recherche de l’imperfection et la manière de la rendre parfaite. C’est une vieille idée, illustrée par certaines cultures orientales. Les contradictions fascinent Rocío comme le montrent les titres de ses pièces, par exemple « Turquesa como el limón » (Turquoise comme le citron) ou « Cuando las piedras vuelen » (Quand les pierres volent).
(...) Rocío Molina est indiscutablement un prodige de la danse. Raison pour laquelle un Baryshnikov étonné s’est agenouillé devant elle après l’avoir vu danser. Elle n’appartient déjà plus au monde du flamenco, mais à celui de l’art universel. Mais aussi à la danse. Mon Dieu, comme elle danse ! Avec précision, originalité et la capacité de mesurer chaque moment à la perfection, sans jamais commettre d’erreur, sans jamais cesser de surprendre.
Le rapport artistique avec la chanteuse Rosario «La Tremendita» est essentiel dans ce travail, et la communication entre les deux est présente tout au long de la pièce. Tout est soumis à quelque chose de plus grand, une force invisible qui tourne dans l’air et promet du risque, de l’émotion, une découverte.
Une grande partie du spectacle se fait a capella. Pablo Martín apporte la majorité de l’accompagnement musical avec sa contrebasse et des boucles d’échantillons sonores qui prouvent que le flamenco peut exister sans guitare, même si La Tremendita joue à quelques moments.
Rocío nous provoque avec des détails de bulerías, soléa ou petenera, provocation qu’elle distille pour nous défier de comprendre son message. Une scène intitulée « Café au rhum » est une parfaite suite caribéenne de guajira et rumba qui débouchent sur un tango comme on n’en n’a jamais vu – Rocío trouve l’inspiration dans les battements binaires dont les autres ne profitent pas. C’est là que l’esprit de recherche donne ses meilleurs fruits.
(...) Quand tout est fini, la lumière revient et c’est comme se réveiller le matin après un rêve que vous avez partagé avec ces deux femmes et leur complice à la contrebasse.
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Le rythme au service de la danse
Le sens de la danse de Rocío Molina captive le Teatro Villamarta
Trouver la simplicité n’est pas chose facile. Encore moins lorsqu’on dépasse une certaine phase de la vie artistique. A ce stade, tout devient exigence, responsabilité, pression, nécessité, anxiété… et tant de recherche finit par cacher l’essentiel, le naturel, l’inné.
Pour autant, Rocío Molina et Rosario la Tremendita, avec la collaboration du contrebassiste Pablo Martín, se proposent de récupérer et faire pousser cette graine initiale oubliée un jour dans un coin, ce qui lui a fait perdre son destin.
Ils le font à travers un montage intimiste, dans lequel il n’y a pas d’espace pour de grandes scénographies (un porte-manteau, un sofa et à peine plus) mais où tout est particulièrement soigné, de la lumière à la musique, numérisée ou interprétée en direct. C’est le meilleur exemple de ce petit format dont nous avons hérité de la crise, mais qui est loin d’être synonyme d’absence de qualité, comme en témoigne « Afectos ».
Inutile de dire que dans cet univers imaginaire, émerge au dessus de tout la figure de la danseuse de Málaga, qui a depuis longtemps surmonté la barrière du naturel pour naviguer dans le monde de la géométrie et de la gravité avec une subtilité et une facilité hors du commun pour une personne de cet âge. Rocío n’a besoin de rien de plus que son corps pour tirer le meilleur, à la fois sur le plan sonore et chorégraphique : debout, assise, avec un grattoir, seule, accompagnée, embrassant une guitare, sans doute l’un des détails les plus important qu’a laissé la soirée d’hier.
Dans cette capacité à rencontrer le rythme pour jouer avec les silences, l’andalouse a trouvé pour l’occasion la complice parfaite, Rosario la Tremendita, une artiste versatile et douée, capable de chanter et de jouer de la guitare en même temps, et qui entre à merveille dans la vision conceptuelle que défend Rocío Molina. La trianera apporte une infinité de registres à la pièce, peteneras, solea, tangos, rumba, guajiras, … et constitue le trait d’union avec la contrebasse de Pablo Martín, dont la présence grandirait n’importe quel spectacle. (...)
Une fois de plus, Rocío Molina dévoile son côté sensuel dans ses chorégraphies, avec des raccourcis invraisemblables, des mouvements caractéristiques du bassin et une coordination à la hauteur des plus grands. Elle se démarque dans le paysage chorégraphique, et peu aujourd’hui s’en rapprochent.
ROCIO MOLINA
Rocío Molina est née à Málaga en 1984 et a débuté la danse à l’âge de 3 ans.
En 2005, elle crée sa première pièce, Entre Paredes et présente El Eterno Retorno, basé sur des textes de Nietzsche.
En 2006, elle crée Turquesa como el limón à Madrid, démontrant… une capacité à danser chaque son, chaque silence, chaque idée et chaque sensation. Une capacité à dire ce qui lui plait, manifestement le fruit de nombreuses heures d’études pour tout dire, et c’est bien dit. Extrêmement douée. (…) De bien des manières, c’est aujourd’hui la danseuse la plus importante. C’est comme ça, ne me demandez pas pourquoi. (Juan Vergillos, Deflamenco.com)
En 2007, elle crée Almario, mis en scène par Miguel Serrano. Dans ce spectacle, Rocío Molina déshabille sa danse et montre le Flamenco comme Dieu l’a mis sur terre…même plus libres, pieds, corps, esprit et âme (Silvia Calado, Flamenco-World.com). Cette même année, elle crée également, Por el decir de la gente, dans lequel elle ne présente pas seulement une idée originale, mais assure la direction artistique ainsi que la chorégraphie.
En 2008, elle présente Oro Viejo lors de la 15e Biennale de Flamenco de Séville. …Oro Viejo est l’une des plus fantastiques expressions du flamenco contemporain que j’aie eu la chance de voir. C’est une forme évoluée de flamenco, fidèle à ses origines. Expressive, confiante et exubérante cette pièce est un tribut au talent de Rocio et un indicateur excitant des aventures dans lesquelles elle nous emmènera dans les années à venir. (Carole Eldrich, Ballet Magazine)
En 2009, Rocío crée Cuando las Piedras Vuelen …Tout se déroule harmonieusement avec une rythme incessant, qui nous amène doucement à admirer une danseuse tellement douée et intelligente. (Julia Martín, El Mundo). Cette pièce est un autre pas en avant dans son travail de chorégraphe et de metteur en scène, et elle joint à cette occasion son talent à celui de Carlos Marquerie.
2010 est une date importante dans la carrière de Rocío Molina. Elle s’impose fermement comme une artiste qui compte auprès de la critique britannique et nord-américaine. À seulement 26 ans, elle reçoit la plus haute distinction possible dans le domaines des arts et de la culture en Espagne, le Prix national de Danse décerné par le Ministre de la Culture pour « sa contribution à la rénovation du Flamenco et pour sa versatilité et sa force comme une artiste capable de maitriser différents styles, librement et avec courage, des caractéristiques qui s’expriment pleinement dans ses deux dernières pièces Ojo Viejo et Cuando las Piedras Vuelen. »
En 2011, elle crée Vinatica et débute une longue tournée qui la conduit sur les scènes les plus prestigieuses du monde. Cette tournée se poursuit tout au long de l’année 2012, et on pourrait souligner sa collaboration avec le Ballet National d’Espagne, pour qui elle crée une chorégraphie pour Angeles Caídos, un spectacle mis en scène par Hansel Cereza.
2012 est l’année choisie pour créer Afectos, co-produite avec la chanteuse Rosario la Tremendita. Cette pièce sera présentée plus de 30 fois en Europe. Actuellement, Rocío mène de front plusieurs spectacles et la création de sa prochaine pièce à la Biennale de danse de Lyon.
Tout au long de son parcours, Rocío a collaboré avec les plus grands noms du flamenco traditionnel et contemporain ainsi que des artistes de renom, internationalement reconnus dans le domaine de la danse et de la musique.
Malgré son jeune âge cette danseuse iconoclaste a reçu, entre autres, les prix suivants :
- Prix du meilleur danseur, Concours de chorégraphie et de danse « Danza de Madrid » (2002)
- Prix du meilleur danseur, Madroño y Venencia Flamenca el Mistela » (2006)
- Prix de révélation du public et du meilleur spectacle pour Turquesa como el Limón, Canal Sur Radio (2007)
- Prix de la critique pour le meilleur danseur, Flamenco de Hoy (2007 et 2008)
- Prix du meilleur danseur, Biennale de Séville (2008)
- Prix Giraldillo de la meilleure chorégraphie pour Oro Viejo (2008)
- Prix de la critique pour Oro Viejo décerné par la Chair pour les études sur le Flamenco, Jerez (2009)
- Prix National pour la Danse (2010) - « Escudo de Oro », Vélez-Málaga (2011)
- Médaille d’or de la Province de Málaga (2011)
- Prix du public pour sa contribution au Flamenco, Canal Sur Radio (2012)
ROSARIO «LA TREMENDITA»
Rosario « la Tremendita » est une chanteuse importante dans le flamenco. Elle remporte de très nombreux prix et notamment :
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Prix du 4e jeune concours de chant Flamenco de Séville .
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Premier prix à la Soleá de Triana en 1999,
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Prix du meilleur jeune chanteur au festival Festival Antonio Mairena en 2002
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Finaliste du Concours International de Cantes de las Minas en la Unión en 2002 et 2003
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Prix National lors du 17e Concours national d’art flamenco de Cordoue dans la catégorie Bulerías et Soleá por Bulerías.
Rosario « la Tremendita » parcourt une bonne partie de l’Europe et de l’Amérique collaborant avec des artistes comme Belén, Rocío ou Andrés Martin.
En tant que soliste, elle se distingue dans ses interprétations dans les Jardins de l’Alcázar lors du cycle la Femme dans la musique en juillet et août 2007. Elle participe à l’inauguration de la Biennale de Séville avec le spectacle Andalucía, el Flamenco y la Humanidad sous la direction de Belén Maya au Théâtre Central de Séville en 2005 et donne un récital au 15e Festival Flamenco de Nîmes.
Elle collabore au spectacle La Boda de Luis Alonso sous la direction de Santiago Sánchez au Théâtre de la Zarzuela à Madrid et au Théâtre Maestranza de Séville.
En août 2009, elle participe au succès du film Flamenco Flamenco de Carlos Saura. Elle a également collaboré à Evocación, dernier disque du trompettiste Raynald Colom, considéré par la critique comme le meilleur disque de jazz de l’année 2009 (Cuadernos de Jazz).
Elle assure la direction musicale des derniers pièces de la danseuse et chorégraphe Rocío Molina (Cuando las piedras vuelen, Vinatica et Afectos) ainsi que du spectacle Qasida, créé au Festival Morgenland en Allemagne et à la Biennale de Flamenco des Pays-Bas, où elle tient le rôle principal aux côtés de la chanteuse iranienne Motamedi Mohamed.
En 2010, elle enregistre son premier disque, A tiempo chez Harmonia Mundi en collaboration avec Rocío Molina et rencontre le succès auprès du public et de la critique. Cet album remporte notamment le Prix « Flamenco Hoy » de la révélation de l’année en 2010 et le journal Le Monde déclare alors… «Plus flamenco que la Tremendita, impossible. »
Rosario « La Tremendita » prépare actuellement un second disque avec la participation de Diego Amador, Rocío Molina, Salvador Gutiérrez, Juan Requena, Antonio Coronel, Ramón Porrina, El Pájaro, Manolo Nieto, Oruco.
PABLO MARTÍN-CAMINERO
Pablo Martín est né en 1974 à Vitoria. Il étudie la contrebasse aux conservatoires de Bilbao et Vitoria. En 1994, il étudie à Vienne et obtient son diplôme en 1999. Au delà de la musique classique, Pablo a toujours été attire par le jazz, le Flamenco et les musiques populaires qui l’ont amené à fréquenter des groupes de styles variés.
En 2000, il s’installe à Madrid et commence très vite à jouer avec Chano Dominguez, Gerardo Núñez, Niño Josele, Joaquín Grilo, Martirio, Carmén Linares et bien d’autres. Avec son quintet, il publie Doméstica (2005) et le DVD El Caminero parus sous son label BOST Espacio Creativo. Pablo Martin collabore régulièrement avec Jorge Pardo, Gerardo Núñez, Rocío Molina, Abe Rábade Trío, Ultra High Flamenco, Pablo Martín Quintet et compose des musiques à la fois pour le cinéma et la publicité.