Les chorégraphes Héla Fattoumi et Éric Lamoureux s’associent au compositeur et chanteur Peter von Poehl pour une création fluide et hypnotique.
Dans un décor qui évoque la surface d’un océan, huit interprètes évoluent au rythme des vagues. De déferlantes contenues en latentes échappées, les danseurs éprouvent les éléments, les changements de rythme, les rassemblements, les dispersions. Les corps font surface, s’immergent, semblent passer de l’état solide à l’état liquide. Le captivant flux et reflux auquel nous assistons s’éclaire de reflets, de variations, de pauses et d’accélérations. La musique accompagne et entraîne les danseurs dans une atmosphère magnétique et puissante. Jouée en direct par Peter von Poehl accompagné d’un violoncelliste et d’un percussionniste, cette chanson fleuve a été composée en même temps que la chorégraphie s’est construite progressivement, dans un travail d’allers retours constants entre mouvements et mélodies. Bon voyage !
Héla Fattoumi et Eric Lamoureux, chorégraphes et co-directeurs du Centre Chorégraphique National de Caen/Basse-Normandie s’associent avec le chanteur et compositeur suédois Peter von Poehl pour une création, commande du NorrlandsOperan dans le cadre de Umeå 2014 capitale européenne de la Culture. Le songwriter composera une chanson originale d’environ une heure pour l’orchestre symphonique du NorrlandsOperan et sera réadaptée pour une formation live de trois musiciens pour les lieux ne disposant pas d’orchestre.
Pour Waves, titre de ce nouveau projet, les deux chorégraphes, accompagnés de leurs huit interprètes, vogueront sur un motif chorégraphique d’un perpétuel flux et reflux. Exit les sujets sociétaux. Après MANTA (Montpellier Danse, 2009), Lost in Burqa (Festival Danse d’Ailleurs, 2011) et Masculines (Arsenal de Metz, 2013), triptyque performatif qui sondait le corps féminin face à ses représentations et ses interdits de part et d’autre de la Méditerranée, ils reprennent les chemins de traverse d’une recherche chorégraphique à l’imprévisible étrangeté qui interrogera de nouveau l’individu et le collectif, le détail et l’ensemble. Souhaitant retrouver dans un continuum les déferlantes contenues et les latentes échappées qui ont fait leur marque, ils interrogeront la notion de « banc » - entendue comme groupement d’individus de la même espèce qui se déplace ensemble sans hiérarchie – dans un espace scénographique stratifié de plusieurs hauteurs de la face au lointain. Il s’agira de plonger littéralement le spectateur dans une écriture hypnotique qui révèlera des transformations d’états de corps évoluant du liquide au solide. La musique orchestrale et astrale de Peter von Poehl sera quant à elle prompte à une empathie salutaire.
Positionné le long des lignes de faille du rock indie et de la musique contemporaine, ma musique a souvent été définie comme des « symphonies de poche ».
La création musicale de Waves, écrite pour un orchestre symphonique et une guitare électrique, s’inspirera autant des expérimentations de la scène post-rock (Goodspeed you ! Black Emperor, Explosions In The Sky, Mogwai) qu’aux compositions contemporaines d’un Toru Takemitsu ou d’un Philip Glass et de l’héritage des modernistes William Walton, Arnold Bax, Aaron Copeland, Edward Elgar ou Benjamin Britten. Basée sur un fragment mélodique et lyrique simple qui pourrait typiquement être développé sur trois minutes dans une chanson pop, la composition musicale de Waves entend étirer et altérer cette ligne mélodique sur près d’une heure tel un signal audio dont on procéderait à la modification de sa durée ou de sa vitesse sans pour autant changer sa hauteur.
Travaillant en étroite collaboration avec les chorégraphes Héla Fattoumi et Eric Lamoureux, l’ensemble musical qui interprétera l’oeuvre sera adapté à chaque lieu permettant ainsi de jouer le spectacle chorégraphique même si la présence d’un orchestre symphonique n’est pas possible.
Waves réunit la complexité de la composition moderne avec l’immédiateté d’une chanson d’un auteur-compositeur dans le contexte de la danse contemporaine. Avec l’idée d’une libre circulation entre les genres, le projet est de favoriser l’émergence d’un nouveau type de public dans un environnement qui rassemble des auditoires aussi variés que le sont les influences du projet.
PETER VON POEHL