SPECTACLE VISUEL
CIRQUE | DÈS 11 ANS
Inbal Ben Haim | Les SUBS
Plié, froissé, collé, tissé, mâché, déchiré, recyclé… quand le cirque rencontre le papier.
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Entre les mains d’Inbal Ben Haim, le papier est matière à se suspendre, à voltiger, à danser et à rêver. Elle se transforme, change d’état, passe de la fragilité à la résistance et acquiert de nouvelles propriétés fonctionnelles, visuelles et musicales. Alors, comment imaginer que le papier puisse se faire si délicat et si résistant à la fois ? Va-t-il tenir ? Et finalement, qui est le plus vulnérable ? Le papier mille fois plié ou le corps suspendu de l’artiste ?
Né de la rencontre entre la circassienne Inbal Ben Haim et les plasticiens Alexis Mérat et Domitille Martin, Pli explore des croisements inédits entre le cirque et les arts visuels. Le papier n’avait pas encore été la matière première du cirque : c’est désormais chose faite…
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« Les feuilles qui se tournent dans la pièce d’Inbal Ben Haim laissent des traces dans les corps des interprètes et la mémoire du spectateur » Sceneweb
Avec Inbal Ben Haim, Domitille Martin, Alvaro Valdès. Conception & direction artistique Inbal Ben Haim. Collaboration, artistique, scénographie, accessoires Domitille Martin. Collaboration artistique, ingénierie – construction papier Alexis Mérat. Création lumière Marie-Sol Kim. Régie générale Yann Guénard. Régie lumière Hélène Quintard. Création son Max Bruckert. Musique originale additionnelle Caroline Chaspoul et Eduardo Henriquez (Nova Materia). Création costumes Clémentine Monsaingeon, Anaïs Heureaux. Regards extérieurs et dramaturgie Eleonora Gimenez, Shahar Dor. Assistant mise en scène Kamma Rosenbeck. Collaboration technique & artistique Sophie Lascombes. Conseils manipulations d’objets Inbal Yomtovian. Conseils artistiques Élodie Perrin.
© Photo : Domitille Martin, Loic Nys, Milan Szypura
Production Les SUBS – Lieu vivant d’expériences artistiques, Lyon Soutien : Fondation d’entreprise Hermès dans le cadre du programme New Settings Coproductions et résidence : CCN2 – CCN de Grenoble ; La Plateforme 2 Pôles Cirque en Normandie | La Brèche – Cherbourg ; Cirque Théâtre d’Elbeuf ; Le Théâtre de Rungis ; ARCHAOS – Pôle Nationale Cirque Méditerranée – Marseille ; Les utoPistes – Lyon ; 6 mettre – Pôle de création dédié aux arts vivants, Fresnes ; Le Plus Petit Cirque du Monde – Bagneux ; CDN Orléans/Centre-Val de Loire ; Circusnext. Soutiens : DRAC Auvergne- Rhône-Alpes ; La Région Île-de-France – FoRTE, Fonds Régional pour les Talents Émergents ; La SACD / Processus Cirque ; La Nationale des papeteries ; Gascogne Papier ; Lauréat circusnext 2020-2021, plateforme co-financée par le programme Europe Créative de l’Union Européenne Remerciements : Piste d’Azur – Centre Régional des Arts du Cirque ; CNAC – Châlons-en-Champagne ; ICiMa ; ON – Center for Contemporary Circus Création, Israël, Orit Nevo et Lucie Bonnet.
Plié, froissé, collé, tissé, glacé, découpé, mâché, déchiré, recyclé… le papier se prête à toutes les métamorphoses. Matière aux origines millénaires, ses identités sont multiples. Ses méthodes de confection se nuancent au fil du temps et à travers les civilisations, oscillant entre production artisanale, usage quotidien et création artistique. Longtemps utilisé comme support d’oeuvres graphiques, il s’affirme aujourd’hui comme matériau de création à part entière. Sa plasticité séduit les sculpteurs, designers, scénographes et l’impose comme un acteur à part entière de la création. Présent sur les scènes de théâtre à travers décors et costumes, le papier n’avait pas encore été la matière première du cirque : c’est désormais le cas avec Pli, spectacle d’Inbal Ben Haim dont la création a eu lieu le 10 novembre 2021 aux SUBS.
Né de la rencontre avec Alexis Mérat (ingénieur et plasticien spécialiste du papier), Pli explore des croisements inédits entre cirque et arts visuels en faisant du papier la substance essentielle et première de son processus créatif. Matière plus que matériau, le papier est entre les mains d’Inbal Ben Haim matière à danser, à se suspendre, à voltiger, à éclairer, à penser et à rêver. Sur scène, un continuum artistique se déploie autour du papier en s’émancipant des frontières habituelles entre lumière, scénographie, agrès, costume et son. La matière se transforme, change d’état, passe de la fragilité à la résistance et acquiert de nouvelles propriétés fonctionnelles, visuelles et musicales…
Pour Inbal Ben Haim, le cirque est un espace de rencontres où se tissent de façon intime la force et la fragilité de l’acte artistique. Un mélange entre expressions physiques et poétiques, risque et confiance, ce qui relève de l’extraordinaire et ce qui est profondément humain. En devenant le support d’acrobaties aériennes virtuoses, le papier introduit une dimension surréelle et métaphorique. Le temps suspend son envol, notre univers de références se brouille, nos perceptions s’inversent : ce qui nous parait fragile l’est-il tant que ça ? La fragilité peut-elle générer des forces insoupçonnées ? Plus concrètement : le papier va-t-il tenir ? Il ne s’agit pas simplement de s’interroger sur la fragilité du papier, mais aussi sur celle du corps qui évolue dessus, ce corps circassien qui semble fort, résistant, indestructible. Un corps accroché, une vie suspendue sur une feuille de papier. Qui alors est le plus vulnérable ?
« En mettant à l’épreuve la résistance du papier dans des situations aériennes, explique Inbal Ben Haim, l’incertitude devient dramatique et crée un certain suspens. J’ai envie de jouer avec cette réaction spontanée en allant jusqu’à des moments de rupture, de déchirure, comme si je sciais la branche sur laquelle je suis assise. On ne fait pas ce qu’on veut avec le papier. Il vous manipule autant que vous le manipulez. Les gestes et les mouvements que je produis s’adaptent aux spécificités et aux possibilités de la matière. Les figures que je crée sont très différentes de celles qui me sont familières avec des agrès traditionnels. »
Les formes ont une vie matérielle et ne sont pas seulement abstraites, elles nous habitent autant que nous les habitons, elles nous déterminent de l’intérieur et de l’extérieur. La dialectique de fragilité et de résistance du papier produit des qualités de mouvements, d’équilibres et d’émotions totalement renouvelées.
La création de votre spectacle Pli est l’aboutissement d’un processus artistique au long cours. Quel en est le point de départ ?
Tout a commencé en 2016, au CNAC (Centre National des Arts du Cirque), pendant un stage dirigé par Johann Le Guillerm. Il nous a proposé de créer quelque chose de très personnel en nous appropriant ce qu’il appelle des « pratiques minoritaires » : des expressions artistiques un peu oubliées, mal considérées ou carrément marginales. Le papier s’est alors imposé à moi. Je voulais fabriquer un oiseau qui puisse me permettre de prendre mon envol. Je n’ai évidemment pas tout à fait réussi mais les jours que j’ai passés à me confronter au papier pour façonner une grande poupée à taille humaine, a posé les bases de ma relation avec cette matière si riche de promesses, et à laquelle j’ai toujours été sensible. Ma rencontre avec Alexis Mérat – toujours au CNAC, dans le cadre de la Chaire IciMa – a ensuite scellé le sort de mes recherches. Sa connaissance technique et son appréhension esthétique du papier ont ouvert de nouvelles perspectives pour concevoir des dispositifs de suspension en papier comme la corde mais aussi d’autres agrès totalement inédits. La découverte du papier comme matière à la fois délicate et très résistante, m’a profondément touchée et m’a lancée dans des recherches aussi bien techniques, esthétiques que poétiques. Du cirque avec du papier devenait alors vraiment possible.
Cette confrontation originale entre le cirque et le papier soulève des défis techniques encore inexplorés. Comment orchestrez-vous ces séquences de recherche ?
Avec Aléxis Mérat, qui est à la fois plasticien et ingénieur spécialiste du papier, et l’artiste et scénographe Domitille Martin, nous testons différents procédés de pliage, de froissage et de torsion du papier pour augmenter ses capacités de résistance. Cette phase de recherche est à la fois technique et dramaturgique car le spectacle met en scène la construction à vue des agrès pour que le public soit témoin du travail sur le matériau. La transformation de cette matière première est envisagée dans ses interactions avec la lumière, le son, la scénographie, le costume et les actions que nous accomplissons tous les trois sur scène. Ce qui me plaît avec le papier, c’est qu’il est à portée de main à chaque instant de nos vies. Il a une envergure universelle et quotidienne. Tout le monde à une expérience directe du papier qui passe d’ailleurs beaucoup par le touché. Nous déployons cet aspect charnel du papier mais en introduisant une dimension surréelle avec des effets d’expansion et d’amplification tant sonores que visuels. Les différents états que connait le papier en passant de la fragilité à la résistance et à la déchirure génèrent les mouvements du corps, des formes et des changements de l’espace.
Une des spécificités du papier est de conserver la mémoire du geste, de faire empreinte. Les plis matérialisent un espace-temps.
Dans le contexte des arts du cirque, le papier crée également une sorte de suspens. En mettant à l’épreuve sa résistance dans des situations aériennes, l’incertitude devient dramatique : le papier va-t-il tenir ? J’ai envie de jouer avec cette réaction spontanée en allant jusqu’à des moments de rupture, de déchirure, comme si je sciais la branche sur laquelle je suis assise. C’est ici que je trouve la notion du risque dans le cirque. On ne fait pas ce qu’on veut avec le papier. Il vous manipule autant que vous le manipulez. Les gestes et les mouvements que je produis s’adaptent aux spécificités et aux possibilités de la matière. Les figures que je crée sont très différentes de celles qui me sont familières avec des agrès traditionnels. Ce type de travail aérien s’inscrit dans la voie ouverte par Chloé Moglia, Mélissa Von Vépy ou Fanny Soriano : des femmes qui pratiquent l’acrobatie aérienne avec d’autres ressources, d’autres rapports aux objets, dans un dialogue incongru avec le monde. L’agrès a une fonction technique et dramatique, de forme et de contenu. Avec Pli, le papier et le corps ont une importance égale. Mais c’est lui qui donne le ton. C’est lui la vedette.
L’intérêt que vous portez au papier et au pli fait bien sûr penser au Japon. La culture japonaise est-elle pour vous une source d’inspiration ?
Comment faire l’impasse sur un artiste comme Issey Miyake quand on explore les nuances infinies du pli ? La création contemporaine japonaise (et aussi la tradition philosophique) a une grande importance à mes yeux. Par exemple, j’aime beaucoup les oeuvres de Chiharu Shiota : les fils arachnéens qu’elle tisse dans l’espace créent des formes paradoxales et des rapports d’échelle très surprenants. Ma démarche artistique est nourrie par plusieurs éléments fondamentaux de l’esthétique japonaise. Je suis fascinée par le culte du papier qu’ont les Japonais : ils en font un matériau social très puissant. La danse butô a également une influence sur mon approche de la dramaturgie et du mouvement. Je suis enfin très sensible au concept spirituel du wabi-sabi, la quête de la beauté dans l’imperfection. Il est en effet primordial pour moi d’accepter la diversité et l’irrégularité des choses. Il ne s’agit pas de le faire volontairement, mais simplement de ne pas rechercher à être complètement parfait. Accepter d’avoir des défauts, laisser place aux altérations du temps, aux accidents du hasard, aux effets de la nature : laisser la vie faire son oeuvre. C’est ce dont je me suis rendu compte en devant surmonter l’épreuve d’une blessure à l’épaule. Mon travail d’artiste de cirque est finalement devenu plus intéressant avec cette partie de mon corps blessée/réparée qu’avec une constitution physique « parfaite ». C’est dans ces fragilités que je trouve une autre puissance.
Propos recueillis par Stéphane Malfettes (janvier 2020)
« Le pli est universel. Toute enveloppe qui rencontre une action se plie. Que ce soit la peau de notre corps lorsque l’on fait un geste ou la surface de la Terre lorsque la lave se déplace en son coeur, le monde est rempli de multiples plis. Notre langage l’est aussi. Nous nous plions en quatre pour quelqu’un, nous acceptons d’être employés, nous rendons simple (un pli) ce qui est compliqué (avec des plis), nous évitons de nous replier sur nous-même, rendant l’action de plier très intime.
Le pli est ainsi un dialogue entre l’enveloppe, la matière, qui va accueillir et garder en mémoire les actions qui lui sont appliquées, sous forme de pliures, de rides, de courbures, de fléchissements, autant de moyens d’expression à notre service. Le papier est le support privilégié pour accueillir le pli.
C’est un matériau d’équilibre, ajusté aux actions à échelle humaine, dans un accord entre solidité et fragilité, transparence et opacité, élasticité et plasticité, absorbance et étanchéité. Cette recherche d’équilibre est le lieu où interroger notre rapport à nous-même et au monde. »
Alexis Mérat - Artiste plasticien, ingénieur froisseur plieur
Inbal Ben Haim - artiste de cirque, auteure
Née à Jérusalem en 1990, Inbal Ben Haim a grandi dans les paysages d’Israël. Passée par l’apprentissage des arts plastiques et visuels, elle découvre le cirque en 2004 au Free Dome Project, puis au Cirque Shabazy. L’appel de la hauteur et de la création corporelle l’amène à se spécialiser d’abord dans la pratique du trapèze fixe, puis à se consacrer au minimalisme riche de la corde lisse.
En 2011, elle quitte sa terre natale afin de suivre son chemin artistique en France. Elle approfondit sa recherche à travers des rencontres artistiques importantes et dans les formations professionnelles artistiques : d’abord au Centre Régional des Arts du Cirque PACA – Piste d’Azur, puis au Centre National des Arts du Cirque à Châlons en Champagne dont elle sort en décembre 2017 (Promotion 29).
À l’été 2018, elle crée le projet Racine(s), qui naît de sa rencontre avec le musicien compositeur et arrangeur David Amar et le metteur en scène Jean-Jacques Minazio.
En parallèle, elle développe une pédagogie adaptée du cirque thérapeutique et intervient dans différents cadres en Israël et en France. En mêlant cirque, danse, théâtre, improvisation et arts plastiques, Inbal Ben Haim crée sa propre poésie visuelle. Largement inspirée par le lien humain que permettent la scène, la piste et la rue, elle est en quête de rencontres fortes entre le public et l’artiste, l’intime et le spectaculaire, entre la terre et l’air, l’ici et l’ailleurs.Inbal Ben Haim est artiste associée au CCN2 Grenoble en 2020-2022.
Alexis Mérat - artiste plasticien, ingénieur froisseur plieur
Ingénieur de formation, Alexis Mérat est diplômé en Systèmes mécaniques spécialisé en simulation numérique et en Technologie et mécanique des matériaux avancés (Université de Troyes).
Passionné par le travail du papier, il se spécialise dans les techniques de pliage (origami) et plus particulièrement dans le froissage, technique plus intuitive et organique. Son travail se trouve au croisement de nombreux domaines, tant artistique à travers des expositions, le plus souvent collectives – TIM Futur Centre à Venise, Biennale animalière de Châlons-en-Champagne, INART aux Pays-Bas, Centre d’Histoire de Saragosse…, que scientifique avec des publications de plusieurs articles sur les propriétés techniques du papier froissé.
Depuis plusieurs années, il développe des collaborations avec le monde des arts vivants et plus spécifiquement la marionnette et le cirque. Son intérêt se porte aussi bien sur les décors que les costumes ou même les agrès de cirque, avec un travail particulier autour des cordes en papier. Il place ainsi son savoir-faire au centre de la création plastique des projets. Il a notamment collaboré avec le Centre National des Arts du Cirque (CNAC), la compagnie Succursale 101, la compagnie Pseudonymo lors du festival Orbis Pictus de Reims ainsi qu’au sein du collectif des Lagoon Pirates pour différents officiels du Carnaval de Venise.
Après de premières recherches communes autour du papier au sein du CNAC en 2017, il retrouve l’artiste circassienne Inbal Ben Haim en mai 2019 pour la création du projet Pli, lauréat Circusnext 2020 – 2021, projet co-financé par le programme Europe Creative de l’Union Européenne.
Alexis Mérat était membre du Centre de Recherche International de Modélisation par le Pli depuis 2008 et Membre du Mouvement Français des Plieurs de Papiers depuis 2005.
Domitille Martin - artiste plasticienne, scénographe
Domitille Martin est artiste plasticienne, sculptrice de matières composites et réalise des installations artistique dans l’espace. Les formes qu’elle modèle puisent leur inspiration dans la nature. Son travail traite des métamorphoses, aussi bien animales, végétales, minérales qu’humaines. Diplômée de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris en 2015, elle s’associe à des artistes venant de la performance ou du cirque pour donner vie à ses créations, notamment auprès de Nina Harper, Kamma Rosenbeck et Quentin Folcher. Elle est la scénographe des spectacles chorégraphiques d’Anna Rodriguez, de la Cie Le jardin des délices et au côté d’Inbal Ben Haim dans Racine(s). Depuis 2018, elle est artiste résidente au sein de l’Association « La Source » et participe en 2019 au programme « Création en Cours », mené par les Ateliers Médicis et le Ministère de la Culture. En mai 2021, elle créée avec Alexis Mérat « La Tornade », oeuvre monumentale de papier installée sous la Verrière des Subsistances. Domitille Martin est lauréate dU prix Pierre Gautier-Delaye et bénéficie d’une résidence à la Cité Internationale des Arts de 2020 à 2021.
Alvaro Valdes - circassien et danseur
Alvaro Valdes, circassien et danseur, est diplômé de l’école « Circo del Mundo» (Chili). Il accompagne de nombreux projets en cirque et danse en tant que metteur en scène ou regard extérieur. Il co-dirige le projet « La texture » comme matière interprétative (cirque, arts plastiques et artisanat d’art) avec José Luis Cordova puis fonde avec Charles Dubois, la Compagnie ÑO. Le projet « Girafe » sera créé au sein de celle-ci. La mémoire émotive est sa ressource créative première. Il s’attache à questionner le rapport entre la fluidité et l’acrobatie sur les agrès aériens. Cette recherche est animée par l’intention de construire et d’habiter un corps-objet de manière organique. Actuellement, Alvaro collabore avec la Cie Lunatic, la Cie Barks, le Collectif de danse théâtre Poetic Punkers, La Muse en Circuit, Inbal Ben Haïm et le collectif de danse Nokt.