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saison 2023/2024

Huellas

CIRQUE | DÈS 10 ANS
Olivier Meyrou & Matias Pilet
Compagnie Hold-up & Co

Soutien DSN

JEUDI 21 MARS
20h | Durée 1h
Grande salle

Tarif A

Spectacle programmé dans le cadre du festival SPRING du 13 mars au 21 avril 2024 - Festival international des nouvelles formes de cirque en Normandie, proposé par la Plateforme 2 Pôles Cirque en Normandie / La Brèche à Cherbourg – Cirque-Théâtre d’Elbeuf. Coréalisé avec la Métropole Rouen Normandie sur son territoire.
https://www.festival-spring.eu

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Sapiens a créé un monde qui l’a longtemps rassuré. Peut-être avait-il oublié le réel ?
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Partie observer des archéologues à la recherche de traces de pas ou de mains de Néandertal vieilles de 80 000 ans, la Compagnie Hold-Up & Co s’est inspirée de ces empreintes pour chercher un mouvement « brut », lié à la nécessité. Les capacités physiques du chasseur/ cueilleur néandertalien, habitué à vivre dans une nature non domestiquée, s’approchent de celles de l’acrobate. Un archéologue étudie la coupe d’un arbre avec la réplique de l’outil qu’il a découvert dans l’espoir d’entrevoir une façon ancestrale de se tenir, de bouger. L’acrobatie sert de passerelle pour toucher du doigt nos racines, en saisir l’essence, retrouver notre place réelle dans cette longue histoire humaine inter-espèces.
Huellas est un voyage corporel, un voyage à travers le temps. Et peut-être une façon d’envisager le futur plus sereinement.

La sélection bibliographique de la librairie-café La Grande Ourse.

Avec : Matias Pilet et Fernando Gonzalez Bahamondez. Musique : Karen Wenvl et Daniel Barba Moreno. Scénographie : Bonnie Colin. Création lumière : Sofia Bassim. Régie Lumière : Sofia Bassim ou Cyrille Germain. Régie plateau : Salvatore Stara. Mise en scène : Olivier Meyrou. Production/diffusion : Ludovic Ritter.

© Photo : Didier Delmas.

Production / Diffusion : Cie Hold-Up & Co. Coproductions-Résidences : La Plateforme 2 Pôles cirques en Normandie - La Brèche, Pôle National Cirque - Cherbourg / Le Festival Cielos Del Infinito, Patagonie Chilienne / AGORA Pôle National Cirque Boulazac-Nouvelle Aquitaine / Le Plongeoir - Cité du Cirque, Pôle national Cirque Le Mans Sarthe Pays de la Loire / Le Théâtre Philippe Noiret – Doué-en-Anjou. Avec le soutien de : La Direction générale de la création artistique - ministère de la culture / La DRAC Pays de La Loire - « Aide au projet en musique, danse, théâtre, cirque, arts de la rue (ADSV) » (demande en cours) / Le département de Maine-et-Loire “Création d’Anjou”. Résidences : Le Champ de Foire - Saint André de Cubzac / Les 7 doigts de la Main (Québec). Remerciements : La maison de vin Bouvet Ladubay, le site paléolithique du Rozel (Cotentin) et le Pôle d’Interprétation de la Préhistoire aux Eyzies.

Site de la compagnie

Nous explorons depuis dix ans l’art de l’acrobatie. Nos spectacles explorent les questions qui traversent notre société. Pendant les créations, il nous est souvent arrivé de chercher des écritures spécifiques en allant travailler les mouvements acrobatiques sur les plages chiliennes et françaises.

La famille maternelle de Matias Pilet est chilienne. En exposant le mouvement aux forces de la nature, au vent, à l'eau, à un sol incertain, à une forme d'immensité, nous plongions l'art acrobatique dans le réel afin d'y trouver une dimension plus âpre, brute, moins bêtement spectaculaire et plus magique car lestée par la nature grandiose qui nous entoure. C'est là que nous avons compris que l'artiste ne pouvait être qu'un élément du spectacle. Imaginer l'artiste en duo avec l'immensité immatérielle. Nous racontions déjà l'histoire d'un homme perdu dans l'immensité. Nous touchions à ce qui nous semblait être l'essence même de l'acrobatie. Un spectacle comme auraient pu en "produire" les premiers humains.

Même lorsqu'il s'agissait d'un solo, à la fin de ces sessions acrobatiques extérieures, sur le sable mouillé, sur la terre battue, sur l'herbe, le sol était marqué par une multitude d'empreintes humaines. Des traces nombreuses, circulaires, pointées, alignées, trainées. S'il avait fallu les interpréter, notre imagination aurait probablement débordé. Chacune de ces traces, chacune de ces empreintes, avait de multiples lectures possibles. S'agissait-il des traces d'une lutte sans merci ? D'une cérémonie étrange et incompréhensible ? De courses poursuites ? De vies quotidiennes tumultueuses ? Sans le savoir nous touchions du doigt, mais "pour de faux", une partie du travail des archéologues : interpréter les traces au risque de se tromper ou d'être contredit par une nouvelle découverte suivante. Nous étions prêts pour les rencontres suivantes sur la plage du Rozel, dans le Cotentin en France et à Pali Aike au sud de la Patagonie au Chili.

Olivier Meyrou

Le site archéologique du Rozel est un conservatoire unique pour la période du Paléolithique moyen. Dominique Cliquet (responsable archéologique du site) et son équipe y ont répertorié les traces de vies actives et des centaines d’empreintes de pas, de mains d’individus de tous âges. Chacune ouvre une fenêtre vers nos cousins néandertaliens qui ont fréquenté de manière récurrente le site, il y a environ 80 000 ans. Sur ce site, l’imaginaire est totalement stimulé. Il nous relie à l'homme d'hier et nous questionne inévitablement sur celui de demain. Nous sommes si proches. On entendrait les enfants jouer, les bruits de la découpe d’une viande, les coups de butoirs qui façonnent la pierre. On devine leurs souffles quand ils courent sur la lande. C'est un voyage temporel et sensoriel dans ce qu’il y a de plus permanent dans la nature humaine.
Lien vers le site internet du Rozel : https://neandertalrozel.org

Dominique Cliquet est conservateur du Patrimoine au Service régional de l’Archéologie de Normandie (ministère de la Culture). Après un parcours atypique : technicien en construction mécanique, études d’histoire à Caen et d’histoire de l’art et archéologie à Paris, il intègre le musée d’Evreux comme conservateur chargé des collections archéologiques, enseigne la préhistoire ancienne à l’École du Louvre et se consacre à l’étude des premiers peuplements d’Europe du Nord- Ouest.
Spécialiste du Paléolithique ancien et moyen, il s’intéresse aux modes de vie des chasseurs-cueilleurs évoluant dans leurs environnements, aux problèmes de conservation des matières premières carnées, de stockage des denrées, à la fonction des sites, à la notion de territoire et à la constitution des groupes humains. C’est lui qui nous invite à nous intéresser au site archéologique de Patagonie et aux modes de vie des peuples Selknam, Tehuelches, peuples précolombiens.
Lien vers le site archéologique d'intérêt national : https://www.culture.gouv.fr/Regions/Drac- Normandie/Ressources/Le-site-du-Rozel-site-archeologique-d-interet-national

Le site archéologique au sein du parc national de Pali Aike est situé dans la région de Magallanes et de l'Antarctique chilien au sud de la Patagonie, au Chili. Il est fréquenté par des volcanologues, des géophysiciens, et des archéologues. Cet intérêt provient que l'un de ses plus grands attraits, qui consistent en un terrain couvert par de lave basaltique, détermine ses caractéristiques géologiques et la vie qui s'est développée autour. Il se trouve aux limites frontalières entre le Chili et l'Argentine, à environ 150 km un nord-nord- ouest de Punta Arenas.
La grotte de Pali Aike est classée monument national. C'est en ce lieu que les chercheurs ont mis en évidence la présence d'une population humaine. La découverte de cinq squelettes humains permit de dater leur existence comprise entre 12 000 et 8 000 av. J.-C. environ, le plus ancien peuple de la région australe de la Patagonie.

Alfredo Prieto Iglesias se consacre depuis plus de 30 ans à la Préhistoire et l’Ethnographie de la Terre de Feu et la Patagonie. Formé à la philosophie, il s’intéresse très tôt au patrimoine culturel et archéologique, et intègre l’Institut de la Patagonie de l’Université de Magallanes (Punta Arenas, Chili). Titulaire d’un Master d’Archéologie (Université de Cambridge) et d’un doctorat en Archéologie Préhistorique (Université Autonome de Barcelone), il a contribué également à la fondation du Centre d’Étude de l’Homme Austral, Université de Magallanes. Il exerce actuellement en tant que chercheur au Centre de Recherches Gaia Antarctique (Université de Magallanes) ainsi que chercheur associé à l’Instituto de Arqueología Náutica y Subacuática (Santiago).
Il développe ses principales thématiques de recherche autour de l’étude des techniques anciennes en usage chez les populations de Terre de feu- Patagonie, leurs influences et développements.

En découvrant le site du Rozel à l’été 2021 j’ai été fasciné par la nature du travail de l’archéologue. Fouiller le sol à la recherche des traces d’une activité vieille d’il y a 60 à 80 mille ans. Un bout de charbon, un morceau d’os calciné ou bien, le graal de ce lieu unique : une trace de pas, de main, ou d’une quelconque autre partie de corps. L’émotion que cela procure de mettre au jour les restes d’une activité qui devrait déjà avoir disparu depuis longtemps. Le fait que ces traces n’aient pas été laissées par notre espèce mais par un cousin disparu, Néandertal, n’en est que plus incroyable.

Les traces qui ont été retrouvées sur le site du Rozel et qui m’ont les plus marquées sont celles d’un enfant courant en rond. Parce que bien que figées dans le sable, ces traces sont le vestige d’un mouvement. Le mouvement, l’acrobatie, la danse, c’est ce que j’explore dans mon travail. L’idée de devoir imaginer à partir d’une empreinte de pas, quelle a été l’action qui l’a laissée m’a fasciné.

La discussion avec Dominique Cliquet, qui a suivi cette journée de fouilles, et une autre plus tard avec Alfredo Prieto en Patagonie, m’ont appris qu’une partie du travail qui suit ces découvertes est d’imaginer quelles ont été les actions ou les mouvements qui ont laissé ces traces. Néandertal étant comme nous des Hommes, nous pouvons imaginer que les enfants jouaient, courraient, se poursuivaient, comme les enfants d’Homo Sapiens peuvent le faire.

Enfant, bien avant d’apprendre l’acrobatie, j’aimais faire rire, grimper aux arbres, faire des spectacles à ma famille et mes amis, j’aimais faire le pitre. Personne ne m’a appris à faire ça, c’était naturel, j’aimais amuser la galerie. Il en va de même pour beaucoup d’enfant à travers le monde, et surement à travers les âges. L’idée d’un enfant néandertalien voulant faire rire les autres m’aide à me connecter à ces cousins disparus. Pour Sapiens, bien que nos modes de vies et nos cultures soient très éloignés nous sommes de la même espèce : Selknam, Tehuelches, peuples précolombiens, nous. Nous avons cela en commun, un enfant s’amuse, court, saute, et a un moment, consciemment ou non il fait spectacle. C’est un tissu qui nous unit, adulte, adolescent et enfant. Plus tard, c’est le travail, la chasse, les besoins du groupe qui obligent les individus à se déplacer, à courir, sauter. Encore plus tard, cela peut être des mouvements liés à des cérémonies, notamment funéraires, comme à Pali Aike (en Patagonie). L’acrobatie est un moyen de faire rire, de déplacer le regard, la danse en est un autre.

Avec ce projet, nous aimerions nous projeter dans l’imaginaire des individus ayant laissés ces traces. Produire une sorte d’archéologie en trois dimensions, un moyen de les voir bouger à travers nous, acrobates. Comme l’archéologie qui peut parfois partir de plusieurs découvertes concrètes et élaborer des hypothèses pour les relier entre elles, nous aimerions nous baser sur des traces découvertes et imaginer en s’appuyant sur le mouvement, l’acrobatie, la danse, ce qui a pu se passer entre ces traces spécifiques. Se servir du mouvement pour combler les trous. Essayer de pratiquer une sorte d’archéologie expérimentale et en faire spectacle. Comme un archéologue coupe un arbre avec un outil mis au jour sur un site, nous aimerions, en nous basant sur les découvertes scientifiques et en travaillant avec des archéologues faire l’expérience de la marche, de la course, de la danse pour étudier comment ils se déplaçaient, vivaient et interagissaient.

Matias Pilet

Olivier Meyrou - Cie Hold-up & Co
Formé à la FEMIS, l’École Nationale française du film, et lauréat de la « Villa Médicis hors les murs », Olivier Meyrou est réalisateur et metteur en scène. En 2007, son film Au-delà de la haine obtient le Teddy Bear du meilleur film au Festival de Berlin. Ses films Célébration et Parade y sont également sélectionnés en 2008 et 2013. Au théâtre, il crée Acrobates en 2013 avec Stéphane Ricordel (tournée : Canada, Argentine, Chili, Equateur, Hongrie, Serbie, Italie, Suisse, Belgique, …) et met en scène La petite fille aux allumettes à la Comédie-Française. Olivier Meyrou travaille avec Matias Pilet depuis 2010. Ensemble, ils créent TU (tournée : Argentine, Italie, Chili, ...) La Fuite (tournée : Allemagne, Suisse, Belgique, Italie, Russie, Colombie, Chili, ...) et Anjalousia. Filmographie : 1996 : My Own Little Gay America / 2004 : Bye Bye Apartheid / 2006 : Au-delà de la haine / 2007 : Celebration (sortie en salles 2018) / 2008 : L'avocat du diable / 2011 : Acrobate / 2013 : Parade

Matias Pilet - Cie Hold-up & Co
Formé à l’École Nationale des Arts du Cirque de Rosny en 2008, Matias Pilet est à la fois attiré par l’acrobatie et la danse. Il commence à réfléchir sur la façon de danser l’acrobatie. Puis, étudiant à l’Académie Fratellini, en compagnie d’Alexandre Fournier, leur recherche s’axe sur la fusion de leur corps différent et du mouvement dans les portés. Ils jouent ensemble dans Totem de cirque, mis en scène par Fabrice Champion, Bestioles dans le cadre de leur cursus à l’Académie Fratellini, Nos Limites réalisé au 104 et chorégraphié par Radhouane El Meddeb et en 2013, dans Acrobates de Stéphane Ricordel et Olivier Meyrou. En 2016, il est l’un des interprètes du cabaret Terabak de Kyiv. Après une apparition en 2012 dans le film Parade d’Olivier Meyrou, il créé avec ce dernier en 2015, le solo acrobatique TU puis La Fuite et Anjalousia. Parallèlement, dans le cadre de recherches personnelles, Matias Pilet suit des stages de danse Gaga. En 2019, Matias Pilet joue en solo sur la scène du théâtre du Châtelet pour la réouverture du théâtre avec le spectacle Parade. En 2022 Matias Pilet et Olivier Meyrou créent avec Stéphane Ricordel Les Aventures d’Hektor actuellement en tournée et bientôt au théâtre Monfort à Paris (décembre 2022). 

Fernando Gonzalez est interprète et auteur. Il est né à Punta Arenas en Patagonie Chilienne. Son parcours artistique est parsemé de rencontres avec des artistes qui l'ont marqué et ont grandement influencé. Son approche artistique du mouvement acrobatique l'incite à approfondir une acrobatie hybride qui intègre de multiple langages corporels et explore notamment le lien entre la technique acrobatique, la danse, la danse urbaine dans le but de développer une écriture acrobatique élargie. Il vit actuellement à Montréal où il a collaboré ces dernières années avec diverses compagnies telles que Acting for Climate, Gypsy Kumbia Orchestra, Les 7 doigts de la main, Machine de Cirque. En parallèle, Fernando suit actuellement une spécialisation à l'Ecole Nationale de Cirque de Montréal comme formateur des Arts de cirque. 

Bonnie Colin
Après deux années de cours à l’ENSB-A section modèles vivants, Bonnie Colin entre à l’école d’art de la Glacière à Paris, en section Peinture de Martin Bissière. Elle travaille et expose dans son atelier tout en dessinant des costumes pour le théâtre. Elle rencontre Christian Lacroix à la comédie Française pour qui elle commence à dessiner des imprimés textiles. Sacha Walckhoff (le nouveau directeur artistique de la maison Lacroix) fait à son tour appel à son talent. Commence alors une collaboration régulière pour les collections de papiers peints et tissus distinguée par un travail pictural qui lui est propre, mettant en oeuvre des médiums comme l’aquarelle, l’encre ou la gouache… Parallèlement Bonnie Colin, qui entretient un rapport particulier au papier, continue une création frénétique sur des carnets japonais. Ses derniers travaux nous montrent une oeuvre picturale qui explore entre ombre et lumière et dans un trait acéré les zones secrètes de l’être humain comme celui des paysages.