THÉÂTRE | DÈS 8 ANS
Ahmed Madani | Madani Compagnie
Partir à la recherche de l’autre amène souvent à se rencontrer soi-même.
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Anissa n’a pas connu son père, elle le recherche depuis son plus jeune âge. Un jour, elle retrouve sa trace d’une manière digne des téléfilms les plus mélodramatiques. Dix ans plus tard, Ahmed Madani, fasciné par son histoire, la pousse à partir à la recherche de cet homme pour en avoir le cœur net. En accomplissant ce voyage vers son père, Anissa accomplit un voyage vers elle-même.
À leur retour, ils décident de créer un spectacle qui racontera leur incroyable périple.
Dans une époque où les repères identitaires et sociétaux sont mis à mal, Au non du père invite à s’interroger sur ce qui fait lien entre un enfant et ses parents et comment cela décide d’un parcours singulier. Avec délicatesse et poésie, la parole d’Anissa atteint chacun dans sa propre histoire.
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« Ahmed Madani a le don pour récolter la parole et transformer des récits intimes, faits de tragédie et de comédie, en expériences théâtrales inoubliables. (...) Sa nouvelle création, Au non du père, offre aux spectateurs un moment de vie, au sens plein et entier du terme. » Le Monde
La sélection bibliographique de la librairie-café La Grande Ourse.
Avec Anissa et Ahmed Madani. Écriture & mise en scène Ahmed Madani. Environnement sonore Christophe Séchet. Images vidéo Bastien Choquet. Construction, régie Damien Klein. Texte publié aux éditions Actes Sud-Papiers.
© Photo : Ariane Catton, Nicole Bengiveno
Production : Madani Compagnie. Coproductions et aides à la résidence : Fontenay-en-Scènes ; Ville de Fontenay-sous-Bois ; Le Théâtre Brétigny – Scène conventionnée d’intérêt national art et création ; L’Atelier à spectacle – scène conventionnée de l’Agglo du Pays de Dreux pour l’accompagnement artistique. Coproductions : Le Grand T – Théâtre de Loire-Atlantique ; Agora-Desnos – scène nationale de l’Essonne. Aides à la résidence : Théâtre Am Stram Gram – Genève, La Minoterie – scène conventionnée Art, enfance, jeunesse – Dijon. Soutiens : Fondation E.C.Art-POMARET, Conseil Départemental de l’Essonne Ahmed Madani est artiste associé au Théâtre Brétigny – scène conventionnée Arts et Humanités, artiste associé à L’Atelier à Spectacle – Scène conventionnée d’intérêt national de l’Agglo du Pays de Dreux et Compagnie en résidence à Fontenay-sous-Bois. Madani Compagnie est conventionnée par la Région Île-de-France, par le Ministère de la Culture – DRAC Île-de-France.
« Le destin n’est pas qu’une question de chance, c’est une question de choix : il n’est pas quelque chose qu’on doit attendre, mais qu’on doit accomplir. »
Depuis 2012, Madani Compagnie développe le projet artistique Face à leur destin qui s’interroge sur le destin de la jeunesse des quartiers populaires. Un premier opus consacré au point de vue des jeunes hommes a donné naissance à deux créations : Illumination(s) en 2012 et Je marche dans la nuit par un chemin mauvais en 2014. La réflexion consacrée au point de vue des jeunes femmes s’est concrétisée par la création de F(l)ammes en 2016 et de J’ai rencontré Dieu sur Facebook en 2018. Le dernier opus consacré aux rapports entre les hommes et les femmes a abouti à la création d’Incandescences en 2021. Au non du père, mis en chantier en 2019 et finalisé à l’automne 2021 au Théâtre Am Stram Gram à Genève, vient clore l’ensemble de cette trilogie.
Chacune des six pièces de ce parcours a fait l’objet d’une édition chez Actes Sud- Papiers.
AU NON D’UN PÈRE QUI N’A PAS SU DIRE OUI
Avec Anissa, nous sommes partis en quête du nom d’un père qui n’a pas su dire oui. Notre enquête proprement policière nous a poussés jusqu’à la porte d’une boulangerie perdue dans le fin fond du New Hampshire aux Etats-Unis. Qu’allions-nous trouver derrière cette porte ? Là était la question essentielle que nous nous sommes posée depuis le premier jour où nous avons commencé à réfléchir au voyage et au spectacle qui en découlerait. Rien n’était sûr, ni l’issue du voyage, ni l’issue du spectacle. C’est sur cette incertitude que, jour après jour, mois après mois, nous avons rêvé notre périple dans le réel et dans l’imaginaire. Après notre retour, une nouvelle question s’est posée à nous, fallait-il raconter ce qui s’était réellement passé ou bien allions-nous devoir inventer une histoire ? Nous avons fait le choix de laisser à chaque spectateur la possibilité de se forger son propre point de vue et de s’écrire son histoire. Aussi le récit repose sur une ambiguïté qui ne permet de distinguer le vrai du faux qu’à force de supputations. Où commence le réel et où s’achève la fiction est l’interrogation qui met les spectateurs en haleine. Le dispositif scénique très réaliste indique que nous sommes dans un atelier de cuisine : deux plans de travail, des ustensiles de cuisine, un four, des ingrédients culinaires, un écran plat sur lequel sont projetées des vidéos et des photos, des interprètes qui s’adressent au public. L’interprète principale s’active bien à son fourneau et les pâtisseries préparées seront partagées. Sur l’écran, ce qui est projeté donne l’impression d’avoir été vécu. Qui plus est, les spectateurs sont régulièrement interpellés pour donner leur point de vue sur ce qu’ils voient et entendent. Cette interaction parfois déconcertante va jusqu’à inviter ceux qui le souhaitent à franchir les limites de la scène pour prendre part en direct au récit. L’excès de vérisme laisse supposer que l’oeuvre se place dans une perspective de théâtre documentaire. C’est là où les choses se compliquent, si le matériau premier de notre création s’est constitué à partir d’entretiens, de prises de sons, de prises de vue, de récits autobiographiques et quelques fois d’improvisations, il n’en reste pas moins qu’un acte d’écriture a été effectué avec l’ambition de placer le récit dans l’ordre du symbolique. Avec cette oeuvre, mon choix de nourrir l’écriture du matériau brut de la vie des protagonistes aura été poussé au plus loin. En plongeant dans la vie d’Anissa, je n’ai pas réalisé tout de suite à quel point je plongeais dans la mienne.
J’ai toujours su que raconter la vie des autres était ma façon de raconter la mienne, mais cette fois-ci, je n’ai pas pu ou pas voulu, garder de distance et j’ai été impliqué de manière décisive. Ce parcours inhabituel dans la création d’un spectacle m’a poussé à m’engager avec beaucoup de plaisir sur la scène, pour y faire part de ma propre expérience dans le déroulement des évènements. Tout comme Anissa qui incarne sa propre personne, le personnage que je joue n’est autre que moi-même. Notre complicité et notre manière de jouer donne à voir sur la scène un duo bien peu différent de celui que nous formons dans la vie. Cette volonté d’une interprétation réaliste a pour but de briser le quatrième mur et de faciliter le rapport avec le public, favorisant ainsi l’accès du théâtre à ceux, particulièrement les jeunes, qui n’osent jamais en franchir les portes. Mon souhait est de réduire l’écart entre ceux qui jouent et ceux qui regardent, en laissant à ces derniers la possibilité de les rejoindre sur scène comme leurs ombres bienveillantes. Cet enjeu essentiel est porté avec grâce et sensibilité par la faconde d’Anissa, par son charme, sa générosité, sa liberté de jeu intuitive, vivifiante et si joyeuse.
Ahmed Madani
« Une absence effective n’empêche pas d’avoir un père à l’intérieur de soi, sous forme de souvenirs ou d’objets substituts, avec qui il est possible de nouer un lien tissé de désirs, d’attentes, d’espoir. »
Ahmed Madani
Il a réalisé une quarantaine de spectacles. Son théâtre est fondé sur la matière humaine et l’écriture. Les questions du sociétal et du politique, toujours vivaces dans ce monde en mutation, sont la matière vive de sa dramaturgie. Ses pièces sont éditées chez Actes Sud-Papiers et à l’Ecole des loisirs. Il a dirigé le Centre dramatique de l’océan Indien.
Anissa
Diplômée d’un BTS gestion compta en 2008, elle crée sa première fille Alyah, puis son fils Mohamed-Imran en 2010, Sayra Nour en 2011, Ahlem en 2013 et Yamin en 2014. Après ces cinq créations originales co-réalisées avec son époux Nasser, elle rencontre Ahmed Madani en 2016 et accepte de prendre part au spectacle F(l)ammes qu’elle jouera 242 fois. Elle poursuit sa collaboration artistique avec l’auteur et metteur en scène en acceptant de cuisiner des pâtisseries pour les spectateurs tout en racontant sa quête de l’homme qui est à l’origine de sa propre création en l’an 1988.
Damien Klein
Compagnon de route d’Ahmed Madani en qualité de régisseur général et éclairagiste, il crée les lumières d’Architruc, Fille du paradis, Paradis blues et des six pièces de Face à leur destin.
Bastien Choquet
Il collabore sur chacun des spectacles de Madani Compagnie depuis la réalisation de la captation du spectacle Illumination(s) en 2011. En parallèle de ses projets en tant que chef opérateur, il fonde en 2015 l’association Visiomètre à Marseille, qui réalise des captations de spectacles ainsi que des clips musicaux et promotionnels. En 2016, il réalise le documentaire D’une F(l)amme à l’autre, autour de la création F(l)ammes.
Christophe Séchet
Formé au travail de composition sonore par les compositeurs de musique concrète du GRM, il a été lauréat de la Villa Médicis hors les murs à New-York en 1989. Il travaille notamment aux côtés de Mathilde Monnier, Jean François Duroure, Héla Fattoumi et Éric Lamoureux, Christine Bastin, Yves Beaunesne, Philippe Genty, Jacques David, René Chéneaux, Fellag.
« Spectacle sélectionné dans « les douze coups de coeur du Off » [Ahmed Madani] est aujourd’hui lui aussi présent sur scène. Comme l’aiguillon de cette aventure – partir à la recherche du père –, comme un auteur, comme un metteur en scène ajustant les enchaînements. Mais Anissa a son libre arbitre – le talent de la repartie… Et le public, souvent sollicité, devient partie prenante de l’échange entre eux deux. » Télérama – Emmanuelle Bouchez
« Comme toujours dans les spectacles du metteur en scène, les mots jamais décoratifs et surtout pas fatalistes rejoignent plutôt l’action : ils déjouent les attentes et transforment même l’avenir. Il est rare que la vie et le théâtre s’imbriquent et se renforcent de manière aussi délectable et généreuse. » La Terrasse – Agnès Santi
« Au non du père livre aussi une fine réflexion sur la liberté, le libre arbitre, la faculté de savoir prendre des décisions et d’orienter son destin. (…) Une belle ode à la vie. » La Provence – Jean-Noël Grando
« Cette quête, relatée avec l’appui de vidéos (réelles, bien sûr), emmène le spectateur vers des territoires émotionnels inattendus, et pour certains troublants. La mécanique Madani est bien là, avec cette aptitude à creuser les intimités sans impudeur et les émotions sans exhibition. » Marianne – Youness Bousenna
« Le quatrième mur est brisé, c’est réjouissant, attrayant et vivant. Anissa jouant son propre rôle est émouvante, chaleureuse et talentueuse. Ahmed Madani toujours généreux et d’une grande humanité nous enchante. C’est un magnifique voyage dynamique, vivant, captivant et gourmand... » Critiquetheatreclau.com - Claudine Arrazat