SPECTACLE VISUEL
EN FAMILLE
CIRQUE | DÈS 7 ANS
Modou Fata Touré | Compagnie SenCirk’
S’ancrer dans ce qu’on a de plus profond en soi pour mieux s’élever, se dépasser.
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Circassien d’origine sénégalaise, fils d’un marabout renommé auquel il devait succéder, Modou Fata Touré a rompu avec la tradition pour s’affirmer en tant qu’artiste de cirque contemporain aux pratiques multiples − acrobate aérien, jongleur d’objets improbables. En écho à sa propre histoire, il questionne dans Ancrage le rapport déconnecté, parfois conflictuel, qu’entretient l’Homme à la nature. Avec le voltigeur Ibrahima Camara, ils manipulent la paille, le bois et la terre, matières nourricières et créent de nouveaux agrès comme une façon de revendiquer un retour à l’essentiel, à nos racines. Les corps se jaugent, s’affrontent, se supportent puis s’apprivoisent mutuellement pour finalement trouver leur point d’ancrage dans la terre ancestrale.
L’engagement est total, oscillant entre poids, tension et équilibre. L’écriture, libre et plurielle, esquisse le nouveau visage du cirque africain contemporain.
La sélection bibliographique de la librairie-café La Grande Ourse.
Création & mise en scène Modou Fata Touré. Jeu Ibrahima Camara, Modou Fata Touré. Création lumière Grégoire de Lafond. Création sonore & musicale Loïc Sagot. Regards extérieurs Boureima Keinou, Nathalie Tarlet.
© Photo : Michel Françoise
Coproductions et accueils en résidence : Agora- Desnos – Scène Nationale de l’Essonne – Evry- Courcouronnes ; le Plus Petit Cirque du Monde – Bagneux ; Espace d’Albret – Nérac ; Cirque électrique – Paris ; Théâtre des Bergeries – Noisyle- Sec ; Cie Vis Comica – Quessoy ; Côté lumièrecôté décor – Saint-Esprit des bois ; le Grand Théâtre National de Dakar Sénégal. Soutiens : Ministère de la Culture (DGCA) ; Région Ile de France ; SACD et Académie Fratellini – Lauréat 2021 « Processus Cirque » ; Institut Français Paris – Lauréat 2020 « Visas pour la création » ; SACD/ Beaumarchais – Lauréat 2020 « Aide à l’écriture de cirque » ; l’Institut Français de Dakar.
Genèse Ce petit village de Gambie où je suis né. La vie y était stricte et rude. Mon enfance disparut dans les lignes du Coran que je devais réciter par coeur dès l’âge de sept ans. Tout était prévu pour moi : En tant que fils de marabout renommé, j’avais la responsabilité de reprendre sa place plus tard. Il fallait donc apprendre à être droit, fier et dur. Ne jamais montrer mes faiblesses car toute une communauté comptait sur moi. Impossible de dévier de ce chemin tout tracé.
Révélation Après des années d’incertitudes, de colère, et de peurs, le cirque m’a libéré. Pour la première fois, je me sentais libre. Libre de rire, libre de maîtriser mon corps, libre de choisir ma vie. En choisissant le cirque, si éloigné du chemin qui m’était destiné, j’affirmais mon individualité personnelle et je trouvais progressivement mon identité artistique.
Poids, tension, équilibre trois mots clefs qui reviennent dans mes recherches. Les poids que je porte en équilibre sur ma tête sont autant de responsabilités qui pèsent dans nos vies, particulièrement au Sénégal, où la famille, la tradition, la religion, sont les indispensables de notre quotidien, et sont parfois difficile à porter. La tension des corps suspendus, tordus, soutenus, en échos aux écarts souvent improbables que nous faisons pour vivre en harmonie. Entre tradition et modernité. Entre ici et ailleurs. Entre individu et communauté. L’équilibre qui fait tenir tout cela, fragile mais juste, précis, exacte.
Prise de risques comme élément pivot de ma pratique artistique. Elle fait aussi partie intégrante de ma vie et de mes questionnements. Aller vers l’inconnu, sortir de sa zone de confort et tenter de maîtriser un nouvel environnement, une nouvelle figure, un nouvel agréé, une nouvelle façon de créer.
Confrontation/ouverture Mon projet est de proposer un nouveau visage du cirque au Sénégal et en Afrique en général. Je m’amuse à bouleverser les codes et les clichés traditionnels avec des artistes venus d’horizons différents (breakdance, gymnastique acrobatique, danse traditionnelle…) qui fusionnent leurs spécialités et leur culture sénégalaise avec celle du nouveau cirque, venu d'ailleurs.
NOTE D'INTENTION & GENÈSE DE LA CRÉATION
L’obscurité d’abord… Puis la lumière. Peu à peu se révèle une scène envahie par la paille. Un être en émerge, comme issus du ventre de la terre…
Avec Ancrage, Modou Fata Touré propose un spectacle empreint d’humanité et profondément nourri par sa terre d’origine. Sur le plateau, l’engagement est total, oscillant entre poids, tension et équilibre. Les corps s’affrontent et se supportent, se jaugent et s’apprivoisent, pour finalement trouver leur point d'ancrage. Un nouveau monde s’invente alors, où la nature et l’humain se confondent, s’enracinent l’un à l’autre et nous plongent dans une profonde paix.
Après MAN FAN LAA, créé en 2021, qui explorait le déracinement de la jeunesse sénégalaise contrainte à quitter sa terre natale à la recherche d'un avenir meilleur, en détournant cette fois-ci des objets du quotidien, Ancrage, est une quête d’identité, un retour aux racines. En écho à sa propre histoire, Modou Fata Touré questionne le rapport que l’humain entretient avec la nature, déconnecté et parfois conflictuel. En duo avec le voltigeur Ibrahima Camara, il s’est inspiré de matières brutes : la paille, le bois, la terre… pour développer de nouvelles techniques et de nouveaux agrès, sa façon de faire du cirque. L’écriture, libre et plurielle, esquisse le nouveau visage du cirque africain contemporain.
MATIÈRE BRUTE N°1
Paille/Raphia
Référence au Kankourang (danse traditionnelle de Casamance, au sud du Sénégal)
Elle habille, elle recouvre le corps
Personnages modelés par la paille : créature mythologique, sorcier...
Des formes émergent et les interprétations sont libres
Référence aux croyances animistes
Sorcellerie / cérémonie marabout
Maison / Foyer / Nid / Renaissance
Nourricière / cycle de la vie
9 mois avant de pouvoir récolter le blé
Musicalité de la paille / bruissement / Son naturel
Paille comme élément propre au cirque traditionnel // comment l’intégrer au cirque contemporain
MATIÈRE BRUTE N°2
Bois
J’avais en tête la technique du mât chinois mais en essayant quelque chose de différent, de l’adapter, de le personnaliser. J’ai trouvé des branches et je les ai transformés en perches. Une perche frontale, que je place sur mon front et sur laquelle je fais tenir mon partenaire en équilibre. Et une deuxième perche que je porte à l’épaule. Mon partenaire est hissé au-dessus de ma tête à plus de 7m50 de hauteur.
J’y explore concrètement la notion d’ancrage au 1er sens du terme. En tant que porteur, sans mon ancrage au sol, mon partenaire perd son équilibre et n’aura pas la possibilité de s’exprimer. Et sans l’agilité et la légèreté d’Ibrahima, je tombe.
Cette technique témoigne aussi d’une forte connexion que j’ai avec lui, nous sommes reliés, interdépendants, et conscient l’un de l’autre dans nos moindres gestes. Elle témoigne aussi de notre rapport au risque et de nos énergies, propre au Sénégal, qu’on retrouve aussi dans nos vies au quotidien. C’est ce qui fait la force de notre cirque.
Le bois est un élément qui va se décliner au fur et à mesure du spectacle et qui finira en arbre, que nous aurons construit ensemble. Le bois est une matière transformée/manufacturée par les humains : on le coupe, on le taille, on lui donne la forme qu’on veut, et pour cela on rase des forêts entières… Cela avait du sens pour moi de m’en servir comme medium entre moi et Ibrahima.
MATIÈRE BRUTE N°3
Terre
Modou est recouvert de terre / Il fait corps avec la nature / Il se fond en elle
C'est une créature qui sort du ventre de la terre
Ibrahima est « propre » / humain
Rapport à l’enfance
La terre nourricière, origine du monde, la mère
Rapport au vivant, à l’humanité (rf. à Adam constitué d'argile selon le Coran)
Manipulation de la terre : Je joue avec ma terre au 1er sens du terme
Modou Fata Touré est un artiste de cirque contemporain sénégalais. Il jongle entre les disciplines et fusionne sa culture avec celle du nouveau cirque.
Il est aussi un artiste hybride et multiple : acrobate, aérien, manipulateur d’objets les plus improbables…
Modou Fata Touré découvre le cirque à l’adolescence à la suite d’une rencontre avec une compagnie suédoise en visite à Dakar. Fasciné, il décide très vite d’y consacrer sa vie et d’en faire son métier. Quelques années plus tard, il est invité à se former à Cirkus Cirkör en Suède.
Il retourne ensuite à Dakar et fonde SenCirk, la première compagnie et école de cirque du Sénégal, dont il est aujourd’hui le directeur artistique et qui réunit une quarantaine de membres. Son ambition est de proposer un nouveau visage du cirque au Sénégal et en Afrique en général. Il expérimente en bouleversant les codes traditionnels et en réunissant des artistes venus d’horizons différents (breakdance, gymnastique acrobatique, danse traditionnelle…) qui fusionnent leurs spécialités et leur culture sénégalaise avec celle du nouveau cirque, venu d'ailleurs.Nathalie Tarlet - Artiste clown, metteuse en scène
Formée à l’Ecole de cirque Fratellini, puis auprès de Michel Dallaire , Nathalie Tarlet a joué et transmis l'art du clown aux 4 coins du monde, d’abord en tournée auprès d'Annie Fratellini, Cirque ARCHAOS, opéra de Nantes, opéra de Lyon, puis au sein de prestigieuses troupes de cabaret internationales en tant qu'artiste Clown sous chapiteau. Enfant du pays, elle revient en Côtes d’Armor en 1998 pour y créer la compagnie VisComica qui s'impose avec le cabaret tournicote en 1999-2000 puis alterne petites formes et spectacles (Le nez dans la rue, les Z'alpagueurs, le Chut, Concerto loco, Cabaret le Fla Fla Fla, Pouce (solo crée en 2015).
Nathalie Tarlet est régulièrement sollicitée en mise en scène, direction d'acteurs, regard extérieur... sur des créations théâtre, clown ou musique, et donne des stages professionnels notamment dans son propre lieu, en Bretagne.
Boureima Kienou - Danseur, chorégraphe, percussionniste
Issu d’une grande lignée de griots et détenteur d’un diplôme d’état en danse contemporaine (CFBD de Lyon), Boureima Kienou est originaire du Burkina Faso. Depuis plus de 20 ans, il enseigne la danse africaine, l’afro-contemporain, la danse contemporaine, la world danse, l’afro-moderne urbaine, les percussions africaines et la percussion corporelle. Il transmet ses connaissances de l’histoire de la danse et de son contexte social, lors de cours, stages et ateliers de recherche chorégraphique qu’il dispense. Fondateur, chorégraphe et danseur interprète de la Compagnie Akli, il est à l’origine de plusieurs spectacles mêlant composition et interprétation chorégraphique et musicale. Son lien à la création et à la transmission étant indissociable, il invite un large public à suivre sa démarche. Au sein de son univers multiforme, Boureima Kienou nous mène et nous embarque sur les traces de son cheminement de passeur, avec engagement, amour, humour et folie.
SenCirk se veut un projet à la fois social et artistique portant plusieurs objectifs : former les jeunes aux arts du cirque et leur proposer par la suite des opportunités de collaborations au Sénégal et/ou à l’étranger, tout en développant des actions à caractère social envers un public en situation de grande précarité.
Au Sénégal, SenCirk’ est la seule structure de cirque existante : la première compagnie, la première école, et le premier chapiteau de cirque.
La compagnie, née en 2006, rassemble aujourd’hui une dizaine d’artistes professionnels circassiens et pédagogues venus d'horizons différents (breakdance, gymnastique acrobatique, danse traditionnelle…) qui fusionnent leurs spécialités et leur culture traditionnelle sénégalaise avec celle du nouveau cirque, venue d'ailleurs. L'esprit de la Compagnie SenCirk' puise sa force dans l'originalité de sa pratique des arts du cirque, décomplexée et empreinte d'une liberté sans égale. Leur performance physique se mute en un acte artistique, où la mise en danger des corps, brute, sans filet, met en scène un véritable nouveau cirque contemporain africain.
L’école, créée en 2010, accueille une quinzaine de jeunes (18-25 ans) en formation. L’essence même de son existence réside dans les valeurs et bienfaits du cirque qu’elle souhaite véhiculer et utiliser comme outils d’insertion sociale et professionnelle. L’association a ainsi accueilli de nombreux jeunes afin de leur apprendre les métiers du cirque et de les préparer à des carrières professionnelles, mais également de leur donner toutes les chances de s’épanouir, grandir, se responsabiliser et ainsi prétendre à un avenir meilleur.
Dans cette même démarche, des ateliers de cirque social sont aussi donnés dans des ONG et centres d’accueil de Dakar et sa banlieue en direction de jeunes et d’enfants en situation de grande précarité (enfants des rues, jeunes filles/femmes victimes de violence…).
Enfin, en février 2018, SenCirk' montait le premier chapiteau de cirque du Sénégal. Ce nouvel espace représente une formidable opportunité pour SenCirk' qui a l’ambition de devenir non seulement une nouvelle scène culturelle, spécialisée dans les arts du cirque, mais également un lieu de recherche artistique basé sur l’ouverture et l’échange (interdisciplinaire et international), et enfin, un espace d’insertion autour du cirque social.
« Jouant avec quelques troncs d’arbres, de la paille et de la terre, Modou Fata Touré et Ibrahima Camara créent un mix entre les traditions artistiques du Sénégal et une recherche contemporaine portée par une écriture circassienne tout à fait singulière. » Télérama
« SenCirk rassemble une dizaine d’artistes qui fusionnent leurs spécialités et leur culture traditionnelle sénégalaise avec celle du nouveau cirque. » Le Petit bleu d'Agen
« Son destin est aussi inouï que ses acrobaties sur la piste. Modou a quitté les bataillons misérables des enfants des rues à Dakar. Formidable résilient, aujourd’hui, il est le patron de l’unique troupe de cirque du Sénégal. Brillant athlète, il aurait pu jouir d’une belle carrière en Europe, en Suède où il s’est formé. Modou a préféré rentrer chez lui. Transmettre et donner l’exemple. Bluffant, et tellement réconfortant » Matchdocument