LES INCONTOURNABLES

DES FILMS MYTHIQUES DE RETOUR SUR GRAND ÉCRAN EN VERSION NUMÉRIQUE RESTAURÉE
LES 5 & 7 JUILLET

Paris, Texas

FILM AMÉRICAIN DE WIM WENDERS | 1984 | 2H28
AVEC HARRY DEAN STANTON, NASTASSIA KINSKI, DEAN STOCKWELL
PALME D'OR, CANNES 1984

Un homme réapparaît subitement après quatre années d'errance, période sur laquelle il ne donne aucune explication à son frère venu le retrouver. Accompagné de son fils, il part au Texas à la recherche de Jane, la mère de l'enfant…

HORAIRES

3 > 9 JUILLET
vendredi 20:45
dimanche 16:00 D

Dossier de presse

LE MOT DES EXPLOITANT·ES
40 ans après sa Palme d’Or à Cannes, le mythique Paris, Texas n’a rien perdu de sa puissance visuelle et émotionnelle. Derrière une apparente simplicité, Wim Wenders nous livre une quête brûlante, celle d’un amour perdu et d’une identité. Peut-on réparer le passé et ses failles ? Les paysages désertiques, la photographie sublime, les accords de guitare envoûtants de Ry Cooder installent une atmosphère qui laisse son empreinte au plus profond de notre âme. Contemplatif et intime, ce road-movie aux images inoubliables, co-écrit avec Sam Shepard, reste l’un des sommets du réalisateur.

Sarah Beaufol - Cinéma La Comète, Chalons-en-Champagne
Membre du groupe Répertoire de l'AFCAE
https://www.art-et-essai.org

Entretien avec Wim Wenders

Il y a une image à l’origine du film ? 
Il y en a toujours. C’est une image qui existait dans une seule phrase de « Motel Chronicles », l’image de quelqu’un qui quitte le freeway et se met en marche directement dans le désert. Et aussi un autre sentiment présent dans « Motel Chronicles » - plus une image qu’un sentiment : regarder l’atlas ou la carte routière des États-Unis et partir d’un moment à l’autre à un endroit qu’on trouve sur l’atlas. C’est là vraiment que le film a commencé. Avant qu’il ait une biographie, avant qu’il n’y ait le garçon, et la femme, Travis était quelqu’un qui regardait la carte et qui se perdait. Il était un jour au Texas, et deux jours après on le retrouvait dans l’Illinois parce qu’il avait vu le nom d’une ville sur la carte et qu’il voulait y aller.

Le titre : Paris, Texas, c’est venu comment ? 
Ça aussi, c’est en rapport avec cette toute première idée d’un homme qui voyageait sans cesse d’une façon totalement impulsive. Moi aussi, j’étais un peu comme ça quand j’ai pensé à ce film. J’avais commencé à écrire une histoire d’une cinquantaine de pages, pas un scénario, une nouvelle. C’était en 79 ou en 80, et ça s’appelait « Motels » c’était l’histoire de quelqu’un qui voyageait sans but, sans autre repère que ça : regarder les cartes routières et prendre une décision. 

Quand on a commencé à inventer une histoire ensemble, Sam et moi, l’histoire de Travis, ça n’avait pas de titre. À un moment donné, quand Travis voulait retourner à un endroit, pas celui où il était né mais celui où il avait été conçu, j’ai dit : « Tiens, pourquoi pas Paris ? » Ce n’était pas encore le titre. Puis un jour on a joué avec les titres, on a fait une liste. Et peu à peu il est devenu évident que toute notre histoire se retrouvait dans ce titre et qu’il n’y avait pas de titre plus complet ou plus simple. 

Vous vous êtes efforcé de tourner autant que possible dans l’ordre chronologique ? 
Ça a été un grand avantage, surtout du fait que la fin du film n’existait pas. Sinon nous aurions pu faire des fautes graves, surtout dans le personnage de Travis. Pour l’enfant aussi, il nous semblait absolument nécessaire qu’il puisse vivre son rôle et son personnage en continuité. 

Dans les premières semaines de tournage, il n’y avait pratiquement que Harry Dean Stanton et Dean Stockwell. Harry Dean avait besoin de connaitre son passé, et son ignorance de ce qu’il s’était passé il y avait quatre ans le rendait incertain. Bien sûr cela était lié avec la fin. La façon dont il allait retrouver Jane était liée à ce qui s’était passé quatre ans avant. Et ça changeait. 

Quand on avait fait le plan de travail, il y avait pas mal de petits détours, de méandres dans l’histoire qui comptaient beaucoup pour Sam, des petits personnages dont deux ont été conservés : Tom Farrell, l’homme qui hurle, et Viva à la télévision, la scène avec l’étoile sur Hollywood Boulevard. Il y en avait beaucoup plus. Mais le film s’est beaucoup réduit pendant le tournage. On aurait pu le réduire avant, ça aurait été peut-être plus sage, mais en même temps, c’était bien que ça se passe d’une façon plus organique, j’ai mieux compris le rythme et je savais mieux, après deux semaines, ce qui était important et ce qui l’était moins. 

De tous vos films récents, c’est celui qui est le moins un film sur le cinéma. 
C’était, bien sûr, délibéré. C’est une des premières choses que j’ai dites à Sam : ce qui m’intéressait, c’est quelque chose qui ne soit pas basé du tout sur les expériences d’autres films. Et il n’y a même pas les petits jeux qu’il y a dans n’importe quel film. On n’y a même pas pensé dans ce film. C’est vraiment un film hors des règles du cinéma.

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Wim Wenders

Né en 1945 à Düsseldorf, Wim Wenders étudie d’abord la médecine puis la philosophie, mais son grand rêve est de devenir peintre. Il décide de s’installer à Paris en 1966 pour poursuivre des études dans l’art, mais ne réussit pas à passer ses examens. En se rapprochant d’un professeur de son école d’art, il apprend la gravure et travaille dans ce domaine lors de son séjour à Paris. Il passe la plupart de son temps libre à la Cinémathèque française où, au cours d’une année, il découvre environ 1 000 films, ce qui lui permet de construire sa cinéphilie. Un changement de carrière lui paraît alors évident : il veut devenir cinéaste. Recalé de l’IDHEC (actuellement la Fémis), Wenders retourne dans son pays natal où il suit les cours de la Hochschule für Film und Fernsehen à Munich.

Après quelques courts métrages, il réalise son premier long métrage, Un été dans la ville, en 1970. Celui-ci est suivi de L'Angoisse du gardien de but au moment du penalty en 1971, adapté d’un roman de Peter Handke et premier film du réalisateur à être retenu dans un grand festival, celui de Venise, où il remporte le prix FIPRESCI. Après une expérience désastreuse avec le tournage de La Lettre écarlate (1972), film commandité par un producteur allemand qui contraint Wenders à le finaliser malgré un budget insuffisant, le réalisateur se questionne sur son travail.

"J'avais fait trois films : Un été dans la ville, dans la lignée de John Cassavetes, L'Angoisse du gardien de but au moment du penalty, qui devait beaucoup à Hitchcock et La Lettre écarlate, qui était du David Lean pour les pauvres. J'avais le sentiment d'avoir survécu à mes trois premiers projets, mais aucun d'entre eux n'avait ce que j'attendais de moi en tant que réalisateur - ils ne portaient pas ma propre signature. Je me suis dit que soit je retournerai à la peinture, soit je réaliserai un film qui me prouverait que j'avais en moi la capacité de faire un film comme personne d'autre ne le ferait. C'est ainsi que j'ai écrit Alice dans les villes”, explique-t-il dans un podcast.

La consécration arrive en 1984 avec Paris, Texas, Palme d’or de la 37e édition du Festival de Cannes. Grand succès commercial, le film est primé dans de multiples festivals internationaux. Les attentes pour le prochain film du cinéaste sont élevées. Mais ce dernier décide que son prochain projet sera radicalement différent de Paris, Texas. Inspiré par le retour aux sources, le cinéaste plantera son décor dans la ville de Berlin. C’est par ailleurs elle qui lui insufflera le sujet du film, et plus particulièrement les nombreuses statues d’anges qui peuplent la capitale allemande. Les Ailes du désir (1987), ou l’histoire de deux anges qui survolent Berlin, animés par des questions d’humanité, de mortalité, de spiritualité ou bien, d’amour, reste aujourd’hui l’une des œuvres les plus mémorables de son réalisateur.

C’est avec la même finesse et intérêt pour la nature humaine qu’il infuse à ses fictions que Wim Wenders traite les sujets de ses nombreux documentaires, très souvent orientés vers des personnalités artistiques qui l’ont marqué. Nous nous souviendrons, entre autres, de Buena Vista Social Club, nommé pour l’Oscar du meilleur documentaire en 1999, Pina en 2011 ou Anselm (Le bruit du temps), plus récemment, en 2023.

En 2023, Wenders continue son exploration du Japon, entamée 38 ans auparavant avec Tokyo-Ga, pour s’intéresser cette fois à un sujet improbable : les toilettes publiques de Tokyo. Initialement une commande de la ville de Tokyo, qui demandait à Wenders de réaliser quelques courts films pour mettre en avant les architectes de ces constructions, le réalisateur y trouve un réel sujet de fiction. Perfect Days, qui suit le quotidien d’Hirayama, un agent de nettoyage de toilettes publiques, a remporté le prix de la meilleure interprétation masculine pour Kōji Yakusho ainsi que le Prix du jury œcuménique au Festival de Cannes. Wim Wenders travaille actuellement sur un documentaire consacré à l'architecte suisse Peter Zumthor.

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EXTRAITS DE PRESSE
À partir du 3 juillet.