Comment rendre visible ce qui est invisible ?
L’ineffable se dit de ce qui ne peut être exprimé par des paroles. Sur scène sont unies différentes formes d’art sacré à travers la musique et la danse dans le but de rendre manifeste ce qu’on oublie souvent de regarder, notre nature profonde et immortelle, qui ne peut se décrire par les mots. Le sacré est pour moi tout ce qui traverse le temps sans prendre aucune ride, ce qui dépasse l’entendement, ce qui libère de la souffrance et nous élève au-dessus notre condition humaine.

Parvenir à toucher ce silence paisible et éternel qui repose en toute forme de vie est la quête la plus haute et la plus difficile qui soit, mais c’est aussi et surtout la plus belle. Ainsi, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce chemin personnel de réalisation intérieure ne peut être un parcours sans obstacles. Cette aspiration est si précieuse et si profonde qu’il est très facile de faire fausse-route tout en pensant être sur la bonne voie et il est impossible d’approcher cette pureté de l’âme sans d’abord profondément faire face à tout ce qui l’en éloigne. Ainsi, évoquer l’orgueil spirituel, cet esprit qui prétend détenir la vérité ultime sans s’être totalement purifié de toute trace d’égo, est un des points essentiels de cette création car il est au final le piège le plus dangereux.

Chorégraphiquement, j’ai pris un grand plaisir à nourrir ma danse de nombreuses formes d’expressions corporelles issues de rites religieux et en particulier des mudras, ce «yoga des mains» porteur d’un langage orné de symboles, en le fusionnant avec ma danse de prédilection : la danse hip hop et en particulier la technique du « tutting ». Etant également musicienne de formation, je compose et joue une partie de la musique en live afin de faire corps avec le son tout en invitant la magie de l’instant présent avec ses surprises et ses fragilités. En plus de la diffusion d’une sélection d’oeuvres musicales de différentes traditions spirituelles, mon intention est de montrer qu’il est aussi possible de déceler ce rapport au sacré dans des registres inattendus tels que le wadaiko (percussions japonaises traditionnelles) ou l’électro. Le répertoires des musiques sacrées étant un champs extrêmement vaste et riche de créativité, ma sélection ne reflète évidemment qu’une infime partie de tout ce qu’il est possible d’entendre. Cependant, j’ai orienté mes recherches en m’efforçant autant que possible d’écouter avec mon coeur et non avec mon esprit. Ainsi, j’ai l’intime conviction que chacune des musiques minutieusement sélectionnées pour cette création ont été écrites par un esprit aspirant à quelque chose de plus grand que simplement satisfaire ses désirs mondains. Bien que leurs formes diffèrent, le fond et la puissance de ces musiques ne sont en rien éloignés puisqu’elles sont le reflet d’une seule et même chose : notre essence immortelle.

Enfin, le sens que j’ai donné à ma vie et que je souhaite ici partager réside en l’apprentissage du contrôle de son propre corps et de son propre esprit, les deux précieux instruments de notre réalisation.

UN LIEN PUISSANT AVEC LE JAPON
Fascinée par la culture traditionnelle nippone depuis mon plus jeune âge et après une riche expérience de création au Japon en 2018 dans le cadre de la triennale de Yokohama, j’ai pu découvrir l’art du Wadaiko (percussions traditionnelles japonaises) qui a résonné en moi comme une évidence, et m'est instantanément apparu comme le chaînon manquant que j’attendais inconsciemment pour rendre ce projet de solo cohérent.

Jann Gallois

La scénographie du spectacle occupe une place importante dans la finalité de ce que Jann Gallois cherche à évoquer à travers cette création. Entièrement dessiné par la chorégraphe, ce décors est composé d’un plancher de 8m x 9m et aura l’aspect d’un sol “en lévitation” grâce à une installation des supports légèrement en porteà- faux, donc non visibles du point de vue des spectateurs.

Ce plancher est composé de différents niveaux de hauteur, déterminants deux zones distinctes sur lesquelles Jann interagira, passant de la danse à la musique : une zone surélevée, tel un podium, où sont disposés les instruments de musique et une tournette centrale encastrée au même niveau que le plancher principal.

Enfin, cette scénographie sera lumineuse de « l’intérieur » grâce à un certain nombre de projecteurs dissimulés sous le plancher dans le but de rappeler la pureté de ce précieux joyau qui sommeille en chacun de nous.

La scénographie appuiera le propos de la pièce, jouant sur le visible et l'invisible, soulignant la dimension sacré, fil conducteur du spectacle.

JANN GALLOIS Chorégraphe, danseuse
En 2012, après un riche parcours d’interprète, Jann Gallois se lance dans l’écriture chorégraphique, elle fonde la Cie BurnOut et crée P=mg, recompensée par de nombreux prix nationaux et internationaux. Très vite remarquée, Jann Gallois confirme sa signature artistique en échappant aux conventions de sa famille hip hop. Elle crée Diagnostic F20.9 en 2015 (une nouvelle fois en solo) ce qui lui a valu le titre de "Meilleur Espoir de l’année" par le magazine allemand Tanz. Implantée en région Ile-de-France, elle fut d’abord artiste associée au Théâtre Louis Aragon de Tremblay-en- France (2016-2017) avant de l’être auprès de Chaillot – Théâtre National de la Danse (2017-2021) et à la Maison de la Danse de Lyon (2018-2019). Depuis 2020, Jann Gallois est artiste associée au Théâtre Paul Eluard de Bezons ainsi qu’au Théâtre du Beauvaisis, Scène Nationale de Beauvais.

Depuis ses débuts, Jann Gallois a créé 7 pièces chorégraphiques et 3 commandes :
P=mg -2013- solo créé à l’occasion du prix SACD-Beaumarchais
Diagnostic F20.9 -2015- solo créé au CDCN Atelier de Paris – Carolyn Carlson
Compact -2016- duo créé au Festival Suresnes Cités Danse
Carte Blanche -2016- trio créé à la Parenthèse – Festival off d’Avignon
Quintette -2017- pièce pour 7 danseurs créée au Festival de Danse de Cannes
Reverse -2018- puis reprise en 2020- pièce pour 5 danseurs créée à la Triennale de Yokohama – Japon
Samsara -2019- pièce pour 7 danseurs créée à Chaillot, Théâtre National de la danse

Parallèlement à ses projets personnels, elle reçoit régulièrement des commandes. En Mai 2014, elle répond à la commande de la MPAA de Paris et crée Humanoïde, pièce pour 7 danseurs amateurs, en février 2017 Jann crée One Step One Dream au Burkina Faso pièce pour 5 danseurs burkinabais suite à une commande de l’Institut Français de Ouagadougou et en Juillet 2017 elle co-écrit avec le metteur en scène Lazare le duo L’éclosion des Gorilles au Coeur d’Artichaut au Festival d’Avignon dans le cadre des Sujets à Vif. Chacune de ces créations sont autant de pièces que d’univers et d’esthétiques uniques, allant d’une danse exigeante et précise à une théâtralité affirmée.

CYRIL MULON Eclairagiste
La conception des éléments lumineux sera mis en place par Cyril Mulon, créateur lumière de la compagnie. Issu de l'Ecole Louis-Lumière, Cyril Mulon débute sa carrière à la caméra en élaborant les séquences vidéo d’un spectacle musical de Jérôme Savary, puis comme directeur de la photo pour des concerts filmés à la salle Pleyel et à la Cité de la Musique. En 1998, il intègre l'équipe de Peter Brook au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris et acquiert une large expérience artistique et technique, pendant dix ans, au travers de nombreuses tournées internationales. En 2003, il réalise les photographies et la lumière pour les spectacles du conteur et metteur en scène Hassane Kassi Kouyaté, avec qui il poursuit depuis une étroite collaboration artistique. Il conçoit les lumières pour des mises en scène de textes contemporains, de pièces classiques et d’opéras. Découvrant le monde de la danse contemporaine avec la chorégraphe américaine Stefanie Batten Bland, il collabore depuis 2011 avec les chorégraphes Sébastien Ramirez, Bintou Dembélé et Jann Gallois, dont il a fait toutes les créations lumières depuis les débuts de la CieBurnOut.

JULIEN DAVID "LEO" Ingénieur Son
Diplômé de l’Institut Supérieur des Techniques du Son à Paris (en 2004), il se spécialise rapidement dans la sonorisation de Spectacles Vivants et de Musique Assistée par Ordinateur. Passionné et toujours curieux des nouvelles technologies, Léo est un technicien à 360°, qui joue avec le son et l’image à la frontière entre la technique et l’artistique. Après plusieurs années passées aux côtés du Collectif Ommm en tant que mixeur et manipulateur sonore, il intègre la Compagnie BurnOut en 2017 en qualité de régisseur son et vidéo sur la pièce Quintette.

FREDERIC LEVAN Regard complice
Écrivain confidentiel mais sans nul doute adulé par la postérité, Frédéric Le Van est l’auteur d’une oeuvre foisonnante incluant romans, récits, poésie, chanson, courriels et pense-bêtes sur le frigo. Il a aussi tâté du journalisme industriel, de la critique littéraire et de la correction d’essais divers. Au sein de Cies ou à l’occasion de créations ponctuelles, il accompagne depuis une dizaine d’années des clowns, des acrobates, des comédiens et des danseurs, sur un registre allant de la communication/diffusion à la collaboration artistique. Il a notamment travaillé en diffusion avec la Cie Claudia N., en adaptation théâtrale avec la Cie Les Fugaces et en « regard complice » avec la chorégraphe Jann Gallois pour la création de Quintette et Samsara.

Basée en Ile-de-France, la Cie BurnOut a été fondée par Jann Gallois en 2012 dans le but de promouvoir et développer une écriture chorégraphique singulière nourrie d’une technique hip hop incontestablement contemporaine. Depuis la création de sa compagnie en 2012, Jann Gallois diffuse la totalité de son répertoire avec plus de 350 représentations en France comme à l’étranger (Suisse, Espagne, Italie, Angleterre, Allemagne, Danemark, Israël, Brésil, Japon, Norvège, Laos, Russie, Panama, Burkina Faso…).

La compagnie a également développé un ancrage francilien fort avec des résidences territoriales (Brétigny-sur-Orge (91) – 2016, Tremblay-en-France (93) – 2017), où ont été menés différents projets de médiation culturelle, de sensibilisation en milieu scolaire ou de formation de formateurs. Depuis 2017 la Cie BurnOut est associée à Chaillot – Théâtre National de la Danse pour une résidence pluriannuelle. Depuis septembre 2019, Jann Gallois est également associée au Théâtre Paul Eluard (TPE) de Bezons, scène conventionnée d’intérêt national Art et Création danse et depuis janvier 2020 au Théâtre du Beauvaisis, Scène Nationale de Beauvais.

Jann Gallois est aux limites d'une danse transe d'une rapidité extreme, mais garde cette capacité rare de ne jamais lâcher ses spectateurs, les invitant à partager l'expérience de son regard profond, de son sourire doux, de son visage ouvert. Scène et salle grâce à elle, semblent ne jamais avoir été aussi proches. Sensation Ineffable... Emmanuelle Bouchez | Télérama

La danseuse se fait musicienne – à moins que ce ne soit le contraire- dans une création comme un voyage. On feuillette les pages de cette partition chorégraphique, riche d’emprunts aux danses d’ailleurs, ici une paume offerte comme dans une gestuelle lointaine, là un bras flottant dans l’espace. Du Japon à l’inde, Gallois navigue à vue, passe du cor au synthétiseur, imagine des boucles de son et de mouvement, défie le wadaiko, l’art du tambour, dans un même élan. Il y a quelque chose de jubilatoire à voir une telle interprète changer de masque, petit garçon tout d’abord puis courtisane l’instant d’après. Dans un solo robotique, elle retrouve les racines de la break dance. Philippe Noisette | Scèneweb.fr

Le voyage à coeur et à corps proposé par cette extraordinaire et insaisissable femme orchestre est d’une rare puissance, d’une profondeur mystique qui ne peut laisser indifférent tant il parle d’être à être, d’esprit à esprit. Derrière le visage angélique, humble, presque enfantin de Jann Gallois se cache un grand talent, une virtuose de l’Art. Olivier Frégaville-Gratian d’Amore | L’œil d’Olivier

Elle pousse l'expérience avec une maestria époustouflante. Rien ne résiste en elle à la puissance de la musique et de la danse. Elle se laisse complètement agir par elles, compose des images qui soulignent leur pouvoir et leurs interactions Ariane Bavelier | Le Figaro