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saison 2021/2022

L'Horizon des Évènements

THÉÂTRE | DÈS 10 ANS
Mise en scène Léa Perret / Compagnie M42
Création & coproduction DSN

Mardi 16 novembre 20h
Durée 1h45
Grande Salle
Tarif A | Réserver

 

Avec Heidi-Éva Clavier, Tristan Cottin, Guillaume Laloux, Audrey Lopez, Léa Perret, Fanny Zeller. Collaborateur artistique / Chorégraphie Alexandre Finck. Lumières Marie-Sol Kim. Musique Guillaume Mika. Assistant mise en scène Théo Comby Lemaître. Regard extérieur Louise Dudek.

Célibat prolongé ? Érotomanie ? Manque de confiance en soi ? Don-juanisme aigu ? Terreur du contact physique ? Une thérapie va vous aider à trouver l'âme sœur.
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Féru d'astronomie, pétri de mysticisme, de bienveillance et de bonne volonté, le Professeur Ibrahim a fondé la clinique du Myselfworld dans le but d'aider les rares individus au comportement amoureux déviant à trouver l'âme soeur. Pour la première fois, il conduit une nouvelle thérapie révolutionnaire mêlant les rêves des participants à un jeu vidéo en réalité virtuelle. Aidé par son optimiste et pédagogue assistante, il va s'employer à guider ses quatre premiers patients dans le labyrinthe de l'amour. Prêts à tout pour panser leurs blessures et tomber enfin amoureux, même à apprendre à charmer des avatars virtuels, ils ne se doutent pas des effets secondaires du traitement proposé par ce mystérieux Professeur. Ni des véritables motivations de celui-ci… Mais si les débuts sont prometteurs, peu à peu, une étrange apathie s'installe chez les cobayes et bientôt l'un d'entre eux refuse de quitter le Myselfworld. L'Horizon des Évènements parle du paradoxe entre ce fantasme du grand amour et l'incapacité à rencontrer l'autre en profondeur, cette sensation de perte de repère, de disparition de l'identité, de la tentative d'être au monde.

CINÉMA
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The Lobster
FILM EUROPÉEN DE YORGOS LANTHIMOS | 2015
+ d'infos

© Photo DR.

Production : Cie M42. Avec le soutien de DSN – Dieppe Scène Nationale, du Théâtre 13, du Théâtre de l'Étincelle – Ville de Rouen, du Super Théâtre Collectif, du Théâtre La Reine Blanche, et du T2G - Théâtre de Gennevilliers. L'Horizon des évènements a bénéficié d'une résidence d'écriture d'un mois à l'Open Workshop de Viborg, au Danemark. Avec l'aide de la DRAC dans le cadre de France Relance, la Région Normandie, Communauté de communes de Dieppe.

Site de la compagnie

La libération sexuelle a propulsé la sphère intime dans la sphère publique, créant des experts de l'amour : psys en tous genres, thérapeutes, sexologues, journalistes, gourous…
Et avec eux est apparue la culture du self-help, le développement personnel, qui invite le client - devenu malgré lui patient - à analyser et disséquer son mode de fonctionnement pour maximiser ses désirs.
Main dans la main avec les fictions contemporaines (cinéma, littérature, publicité, magazines…), mots d'ordres et impératifs culpabilisants se succèdent et colonisent l'imaginaire ainsi que le rapport amoureux.

Le self-help nous enjoint à devenir « vraiment nous-mêmes » : des individus autonomes et maîtres de leurs émotions.
Alors pour tenter d'être à la hauteur, il faut se mettre en scène.
Le travail de représentation, du cérémonial public à l'intime, pousse à la falsification, à la reproduction de comportements et à une construction aussi minutieuse que théâtrale de notre identité, réglée sur les normes fictionnelles d'un code de bonne conduite marketé.
Face à la profusion des choix sur le marché de l'amour, à une concurrence qui fait rage et à une imagerie de l'amour idéalisée, nous devenons entrepreneur de nous-mêmes, performers et acteurs de nos propres vies.
Dans la crainte du jugement de l'autre, dans la comparaison que nous faisons sans même parfois nous en rendre compte entre notre propre vie et les vies célébrées par les fictions, nous sommes tiraillés par le doute et une angoisse constante. Sans contours, nous finissons par nous dissoudre et peu à peu, disparaître à nous-mêmes.
Le souci de plaire et la séduction deviennent obsessionnels et avec eux, le besoin d'être rassuré, légitimé. Car ce que nous cherchons en l'autre, c'est un ciment qui rassemblerait notre "vrai moi ", qui nous donnerait forme.
Réclamant sans cesse la reconnaissance d'un autre fantasmé, nous sommes pris dans une quête aussi essentielle qu'impossible : celle de l'Amour avec un grand A.

Avec L'Horizon des Évènements, je veux parler du paradoxe entre ce fantasme du grand amour et l'incapacité à rencontrer l'autre en profondeur.
Des nouveaux comportements liés aux prismes technologiques à travers lesquels se font maintenant les rencontres amoureuses. Et de l'inquiétude générée par la profusion des possibles et des discours contradictoires de la psychologie de comptoir.
Je veux faire la part belle à toutes ces angoisses qu'on dissimule en société, toutes les inquiétudes vertigineuses et impudiques qui nous assaillent. À la minutie avec laquelle nous construisons les masques que l'on croit devoir porter pour être aimés.
Décrire la grande parade nuptiale, dans tout ce qu'elle a de terriblement touchant et ridicule.
La sensation de perte de repères, de disparition de l'identité. Qu'on ne doit surtout pas montrer sous peine de passer pour un « looser ». Le besoin d'amour débordant que chacun porte en soi. Je veux parler de tentative d'être au monde, dans ce monde-là.
De résistance face au positivisme obligatoire et à une « authenticité » trafiquée.

ÉCRIRE POUR LES ACTEURS

Étant moi-même comédienne, le plus important pour moi sur une scène de théâtre est que « ça joue ».
Et pour que « ça joue », j'ai besoin que le comédien rencontre mon texte et que le texte rencontre le comédien.
Cette rencontre se fait pour moi dans le processus même de l'écriture.
J'ai besoin d'éprouver au plateau un texte avant de le figer.
C'est pourquoi L'Horizon des Évènements fera l'objet de ré-écritures au plateau en fonction des acteurs, au fur et à mesure de l'avancée du travail.

DE MULTIPLES REGISTRES

L'Horizon des Évènements mélange les registres et est construit en 3 parties :

- LE JEU EN RÉALITÉ VIRTUELLE
Les patients jouent en direct à MyselfWorld.
Les acteurs porteront des combinaisons blanches pour provoquer une sensation de vulnérabilité et accentuer la découpe de leurs corps dans l'espace, ainsi que des masques de réalité virtuelle. Sans se voir, ils se croiseront, se cogneront, et auront des interactions virtuelles intimes les uns à côté des autres.
On ne devinera du jeu que les mouvements des acteurs qui matérialiseront les espaces, ainsi qu'un écran indiquant les scores de chacun et une importante bande-son : des voix virtuelles avec lesquelles les acteurs dialogueront, les consignes et les scores qui cadenceront le jeu, dans un rythme contraignant et frénétique, dans une partition de groupe, un travail de composition quasi musical des voix qui s'entrecroiseront.
Usant d'un décor fixe pour toute la pièce, une salle propre et aseptisée de thérapie, le jeu sera aussi l'endroit qui convoque l'extérieur dans l'imaginaire : bords de mer, restaurants, chambres à coucher...
Ce ballet tourbillonnant de mouvements et de sons créera un sentiment d'étrangeté et de ridicule, matérialisant en le dématérialisant le fantasme de l'Autre et les solitudes qui évoluent en parallèle en s'ignorant les unes les autres.
D'abord cacophonique et grotesque, le jeu sera peu à peu le' ndroit où les voix s'unissent.

- LES SÉANCES DE COACHING
Le cœur du travail de l'écriture est la collision de deux langues qui interagissent, se battent, s'interpénètrent et se répondent.
La langue que les patients tentent de réciter au mieux, une langue mainstream, la langue managériale des « winners », technique, superficielle, normalisante, pseudo-psychologique, et efficace.
Pleine de clichés et de formules toutes faites, c'est une langue aux termes acérés, qui coupent, tranchent, distribuent le sens sans équivoque. Une langue qui impose un rythme rapide, presque vertigineux.
Et la leur, une langue intime, lyrique, la langue des « loosers », plus hasardeuse et touffue, plus bancale et imagée, qui tente de communiquer une vie intérieure, celle du rêve, celle d'un ailleurs espéré.

- L'EXPOSÉ SUR LES ÉTOILES
En parallèle de l'histoire à proprement dite, le Professeur Ibrahim déroule un exposé sur la vie, la mort des étoiles et les trous noirs.
Métaphore filée de la disparition de soi qui avance conjointement avec l'action, l'exposé paradoxalement à sa langue scientifique - interroge les mots, ouvre des espaces poétiques et des respirations.
Il donne à découvrir les états intérieurs des personnages et contrebalance la superficialité apparente de leurs propos et pré-occupations.

LE JEU

De ces multiples registres jailliront de multiples codes de jeu.
L'idée majeure qui guidera le jeu des acteurs sera celle de la « vallée de l'étrange ».
La vallée de l'étrange est une théorie scientifique du roboticien japonais Mashimo Mori, selon laquelle plus l'apparence d'un robot est semblable à celle d'un humain, plus ses observateurs humains sont susceptibles de percevoir ses défauts, et d'éprouver un sentiment d'étrangeté, qui confine au monstrueux.
Les comédiens oscilleront entre le réalisme et « jouer à jouer » , comme des robots qui tenteraient de ressembler à des humains, les genres reconnaissables des fictions (romantique, guerrier, comique...), provoquant le sentiment dérangeant d'humanité imparfaite énoncé par cette théorie. L'idée du numéro d'acteurs sera également importante. Puisqu'il s'agit de prouver aux autres ou à soi-même que l'on existe, chacun aura au moins « son moment », son show, pour prendre la lumière et déployer sa palette d'acteur.

SCÉNOGRAPHIE

La scénographie sera extrêmement épurée.
5 fauteuils à roulettes blancs pour figurer l'espace de la thérapie.
La scène sera surmontée d' un grand plafonnier lumineux, qui donnera à la fois une sensation d' écrasement et de ludisme, puisque ce plafonnier changera de couleur selon les ambiances du jeu Myselfworld et selon les espaces.
Dans cet espace presque vide, la lumière aura une importance particulière, elle habillera la scène et modèlera les espaces.

Les patients et l'Assistante en demi-cercle.

L'ASSISTANTE
Je voudrais revenir sur ce qu'il s'est passé pendant la dernière immersion. On commence avec Giulia.
Tout d'abord, je voudrais que vous vous souveniez de ce que vous avez fait, et que vous cherchiez avec nous les raisons qui vous ont amené à échouer.

GIULIA
Je dirai que j'ai un problème de concentration. Et puis les doubles lunettes, c'est un peu gênant, pas très confortable.

L'ASSISTANTE, polie
Hum, hum? Vous soulevez un premier point intéressant. Et ?

GIULIA
C'est qu'il y a beaucoup de consignes à mémoriser. Et puis j'ai l'impression que tout le monde a des facilités, et pas moi. Enfin, qu'ils y en a certains pour qui c'est plus facile…

MAXIME
Oui, enfin, chacun son ressenti…Pardon. Je suis un raté.

L'ASSISTANTE
Pour moi Giulia, il y a un problème de cohérence au niveau de votre avatar. Vous avez suivi mes conseils sur la customisation, mais ce n'est pas très probant. Ça ne fonctionne pas. Pour le moment. Il faut re-travailler pour que votre avatar soit plus convaincant. Parce que là, pour l'instant, on ne sait pas bien à quoi il ressemble, il a quelque chose de presque dérangeant… (Elle rit) Non ? Vos avis ?

MONA
Giulia, tu as l'air d'avoir une personnalité très attachante, tu es droite dans tes bottes, mais tu gagnerais à être plus féminine. La séduction, c'est simple. Il faut commencer par être soi-même –

L'ASSISTANTE
Just be yourself. That's right !

GIULIA
Mais je suis moi-même.

MONA
Absolument. Mais je pense que tu pourrais être plus toi-même.

GIULIA
Moi-même ?

L'ASSISTANTE
Yourself.

GIULIA
Plus moi-même ? Moi-même comment ?

JR
Moi-même.

GIULIA
« Moi-même… »

MONA
En t'écoutant plus -

GIULIA
Mais je m'écoute !

MONA
et en allant vers les autres. Il faut travailler ton attitude. Travaille à être vraiment toi-même. Tu es toi-même, c'est sûr. Mais pour que les autres voient qui est toi-même, il faut leur donner accès. Il faut entrer en contact. Leur donner envie. Regarde. Tu te tiens mal, toute recroquevillée.

MAXIME
Oui, ça ne donne pas très envie de te rencontrer. Pardon. Je suis désolé.

MONA
Alors que tu as de si jolies clavicules… Très fines, très gracieuses.

GIULIA
C'est vrai que ces derniers temps, j'ai du mal à être moi-même.

JR
Il faut se différencier. Quelle est l'identité avec laquelle tu veux te battre, les qualités que tu veux mettre en avant ? Tu as la chance d'avoir une personnalité très spéciale, très authentique. Et pourtant tu manques de style, il n'y a pas la patte, la griffe, la signature.
Qu'est-ce que tu veux valoriser chez toi ?

L'ASSISTANTE
Exactement. Qu'est-ce que l'on perçoit ? C'est la question très importante qu'il faut se poser.
Be aware, Giulia. Clarity is power. Il faut faire des choix. On en a déjà parlé.

JR
Alors que si tu te redresses, regarde, comme ça… Je peux ? Tu ouvres le plexus solaire, et ça dit « Je suis Giulia, je suis géniale, et je m'aime ». Lève-toi.
Giulia se lève en faisant tomber sa trousse et ses stylos.
Fais comme moi.
Jr se tient droit, se cambre légèrement et sourit d'un sourire étincelant.
Giulia tente timidement de prendre la même pose que Jr, sans grand succès. Ils se regardent.

GIULIA
Oh mon dieu. Oh mon dieu. Il me voit. Il me voit, il me voit entièrement. Son oeil est soudain devenu un pays. Son visage s'ouvre quand il me voit. Il me voit, moi. Son visage, un tunnel qui débouche, un sous-terrain qui jaillit, des ombres lumineuses et printanières comme des échos sous ses paupières… il me voit!

JR
Là…. Voilà!

GIULIA
Il m'a devinée. Il m'aime. Terriblement. Mais il ne peut pas le dire. Il ne peut pas l'avouer. Il a honte, le pauvre. Il pense à moi le soir. Il joue nonchalamment avec ses cheveux, avec ses boucles grecques scintillantes de cheveux grecs, c'est un dieu grec et quand il est dans son lit, il pense à moi, rêveur… Oh, comme j'aimerai l'embrasser!

JR
Je crois que c'est le noeud du problème. C'est de la com', tu sais. Il faut qu'on te voit et qu'on se dise « Ouah mais qui est cette personne géniale? ». Tu vois, il faut t'ouvrir.

GIULIA
Il est là, il me voit et il rêve à moi. Il nous rêve, marchant côtes-à-côtes par un après-midi aux couleurs orangées chocolatées, il voit nos hanches palpitantes qui se bousculent - j'ai perdu l'équilibre tant le bonheur vacillait mes contours. L'air léger hurle une symphonie familière et fantastique, des cuivres dans les arbres, chacun de nos pas fait tressaillir l'asphalte, le sol se recourbe sous le choc, une onde, un tsunami renverse tout sur notre chemin. Les insectes, les hommes, les femmes, les figues, les branchages nous saluent et applaudissent à notre passage tant ils n'en reviennent pas.
Ils n'ont jamais vu ça! Un plasma volcanique, de la lave en trombe, en étincelles qui s'échappent de nos mains, c'est du jamais vu! Ils ne soupçonnaient pas que l'être humain puisse commencer ses phrases dans le même temps qu'il les disait, ils n'imaginaient pas que nous puissions être si ivres et brinquebalants de cette tendresse déchirante.

Et son esprit est submergé par la grande cérémonie de mon sacrement, il m'a couronnée de sa vie, il m'a couronnée de la totalité de son enfance. Il me l'a offerte car il se rend compte à présent qu'il a vécu jusqu'à notre rencontre, qu'il a embrassé toutes ces femmes, toutes ces cruelles vestales, pour m'offrir tous leurs baisers, tous leurs fluides qui ont maculé ses mains, et son sexe, et son ventre.
Et ses souvenirs s'éclairent, oui, quand il était à peine un homme et que des torrents dans son coeur moussaient, le suffoquaient, affluaient, le tourbillonnaient comme une machine à laver à plein régime; quand les tanks jouaient du tambour là, au coin de l'œil, il songeait : à qui vais-je confier ma chaleur? Et déjà, il songeait à moi, et il sanglotait car il ne m'avait pas encore trouvée. Il n'était pas certain qu'il me trouverait. Désormais, il est éclos, le doute a déserté, oui, c'est bien moi! C'est moi! Oui. Je suis là. Je suis là mon amour…

L'ASSISTANTE
Jr, vous qui semblez avoir une certaine... maîtrise du jeu, vous pourriez expliquer à Giulia un de vos de trucs, une petite ruse, enfin, quelque chose de concret, dont elle puisse se servir dès demain?

JR
Très simple. J'emploie souvent la technique dite du « visage de canard ». Il s'agit de redessiner sa bouche pour lui donner la forme et l'aspect d'un bec allongé de canard. Alors, peu importe son espèce, canard sauvage, colvert, dendrocygne des Antilles, dendrocygne à lunules, canard de Saxe etc etc…. Parce qu'en réalité, ils ont des becs assez similaires.
Donc.
J'esquisse une moue, je contracte mes lèvres vers l'avant, créant ainsi l'image de deux saucisses bombées, légèrement suintantes et perlantes de gras… Puis elles s'entrouvrent négligemment, évoquant ainsi les prémices d'un rapport sexuel. Ce faisant, je rassure mon.ma potentiel.le partenaire de mon excellence en l'art de la sensualité, au cas où mon physique avantageux laisserait malgré tout planer quelque doute. C'est une technique explicite moyennement agressive à employer lorsque la méthode de la statuisation ne trouve aucun écho.

L'ASSISTANTE
La…?

JR
La méthode de la statuisation. Il est normal que vous ne la connaissiez pas, je l'ai moi-même élaborée. C'est un protocole que j'aurais également pu appeler THSMS, Technique Herméneutique du Silence en Milieu Social, mais je préfère statuisation.
Plus parlant selon moi. Bref. Je m'explique.
Si les statues grecques de marbre blanc ont survécu après plusieurs millénaires, à l'inverse des statues de bronze ou d'ivoire et autres fétiches de terre cuite qui ont sombré dans les tréfonds de la terre… C'est pour plusieurs raisons spécifiques.

a) Le marbre est solide.

  1. Le marbre est blanc.
  2. Le marbre scintille.
  3. Le marbre éblouit.

Conclusion : Le marbre est fascinant. Donc.
Je me transforme en statue. Je me façonne un beau marbre, d'un blanc confondant. J'y ajoute quelques couleurs au gré de mes envies, mais pas trop trop, il ne faut pas charger, tout est dans l'économie. Et je conçois une pose. Astuce : je me réfère souvent à la période hellénistique pour trouver mon inspiration. La pose doit évidemment être gracieuse. Mais ça ne suffit pas. Il faut lui adjoindre une quatrième dimension, de la profondeur, du divin, du mystère. Je dois être insaisissable. Je tourne mon regard vers l'intérieur, comme si mon âme me suffisait et que mes horizons étaient infinis, comme si je voguais sur une mer connue de moi seul mais devinée par d'autres.
Et je m'y perds. Je m'y perds… Je m'y perds…
Les regards glissent sur moi mais ne me pénètrent pas… Je laisse à l'observateur tout l'espace de superposer son fantasme sur moi…
Je suis vivant, je suis libre, si libre que je n'ai besoin de personne. J'embrasse la solitude avec une bravoure impétueuse. J'ose l'impensable. Ce qui me rend tout à la fois impertinent, précieux, donc indispensable.
Et mon aura devient telle qu'elle aspire chaque désir… Voilà. Très simplement.
Alors évidemment, il faut être dans un lieu public, n'est-ce pas. Car chez soi, ça ne sert à rien. Personne ne viendra. Personne. Il faut être à l'extérieur.
Malheureusement, Giulia, je ne suis pas absolument certain que ce soit la technique adaptée à tes besoins.

GIULIA
D'accord.

L'ASSISTANTE
Merci pour ces précieux tuyaux. Je suis submergée de désir.

La compagnie M42 est présente sur le territoire normand depuis 2014.
Dirigée par Louise Dudek, la compagnie s'ouvre en 2019 et Léa Perret rejoint la direction artistique.

C'est la joie d'échanger et de créer des spectacles ensemble qui nous mène aujourd'hui à rapprocher nos projets artistiques.
Après un compagnonnage de longue durée, nous décidons donc de nous associer pour défendre les écritures contemporaines et creuser notre recherche au plateau avec les acteurs.rices.
Tour à tour lectrices assidues de nouvelles écritures, metteuses en scène, autrice ou interprète… Ce qui nous réunit, c'est la nécessité de faire entendre les voix d'aujourd'hui.
Partenariats avec des auteur.trice.s vivant.e.s, adaptations, écritures de plateau, notre travail commence toujours avec l'envie de raconter des histoires.

Louise aime les histoires intimes, les parcours de vie qui prennent un tournant inattendu et qui nous questionnent sur la place que l'on se fait parmi les autres. Chaque spectacle est l'occasion pour elle d'y associer un musicien.ne et son univers original, participant à la dimension cinématographique de ses créations.

Léa, quant à elle, part de la sociologie pour interroger la place et l'impact des fictions sur notre quotidien.
Inspirée par les dramaturgies sud-américaines et la science-fiction, elle utilise la culture populaire pour essayer de comprendre comment celle-ci nous façonne.

Toutes deux soutenues par Dieppe Scène Nationale, nous intervenons depuis 2 ans à l' Option Théâtre du Lycée Ango à Dieppe, et menons de nombreuses actions dans les communes environnantes.

DATES CLEFS
2019 Presqu'illes
2018 La Rage
2016 La Centrale