THÉÂTRE | DÈS 14 ANS
Mise en scène Clément Poirée
Théâtre de la Tempête
Texte Emmanuelle Bayamack-Tam d'après Le Triomphe de l'amour de Marivaux. Avec Bruno Blairet, Sandy Boizard, François Chary, Joseph Fourez, Louise Grinberg, Elsa Guedj, David Guez (en alternance). Scénographie Erwan Creff. Lumières Guillaume Tesson assisté d'Edith Biscaro. Costumes Hanna Sjödin assistée de Camille Lamy. Musiques et son Stéphanie Gibert assistée de Farid Laroussi. Maquillages et coiffures Pauline Bry-Martin. Collaboration artistique Pauline Labib-Lamour. Régie générale et plateau Silouane Kohler en alternance avec Franck Pellé. Régie son Stéphanie Gibert en alternance avec Farid Laroussi. Régie lumière Edith Biscaro en alternance avec Guillaume Tesson. Habillage Emilie Lechevalier en alternance avec Pauline Bry-Martin et Solène Truong.
« L'amour existe. »
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À l'abordage, c'est Le Triomphe de l'amour de Marivaux, adapté par Emmanuelle Bayamack-Tam et mis en scène par Clément Poirée. C'est l'histoire de Sasha une belle jeune fille pugnace, qui sait ce qu'elle veut et comment l'obtenir. Fougueuse, elle tombe amoureuse au premier regard d'un tout jeune homme, Ayden, croisé lors d'une promenade en forêt. Elle jette son dévolu sur lui. Il sera son amant, son âme soeur. Mais Ayden vit dans une communauté où l'amour est proscrit. Déguisée en garçon, avec l'aide de son amie Carlie, Sasha va pénétrer cette société confinée et mener une guerre de séduction implacable. Délibérément contemporaine mais dans le respect absolu de l'oeuvre de Marivaux, la réécriture d'Emmanuelle Bayamack-Tam aborde les questions d'aujourd'hui : peut-on vivre à l'abri du monde ? Comment se libérer de nos peurs ? Comment conquérir sa liberté, son identité et son désir ? La scénographie place les spectateurs en voyeurs bienveillants et permet la découverte de sept comédiens excellents dans un jeu précis, vif et éblouissant tel des pirates de l'amour ! Leur énergie virevoltante nourrit l'argument de la pièce en une réjouissante alchimie, emportant les spectateurs dans une joyeuse célébration de l'amour. Car c'est bien l'amour qui triomphe à la fin, emportant tout sur son passage.
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« Ludique et drôle, admirablement incarnée par une jeune troupe faisant corps avec la langue gouleyante de Bayamack-Tam, cette fiesta parfois délirante aborde sensuellement les questions de genre, d'identité comme le pourquoi des passions. » Télérama
© Photo : Morgane Delfosse.
Production : Théâtre de la Tempête, subventionné par le ministère de la Culture, la Région Ile-de-France et la Ville de Paris ; avec la participation artistique du Jeune théâtre national ; avec le soutien du Fonpeps et de l'Adami.
«L'amour existe. » C'est sur ces mots que s'achève Arcadie, le roman d'Emmanuelle Bayamack-Tam, autrice à qui Clément Poirée a commandé la réécriture du Triomphe de l'amour de Marivaux, y décelant comme une figure inversée d'Arcadie. D'un côté, l'amour libre, de l'autre l'abstinence moralisatrice. Quel dialogue possible entre ces deux utopies ? Quelle voie choisir pour ces personnages porteurs de désir, qu'ils le clament ou le taisent ? L'usage du faux emporte tout, l'amour devient une véritable arme de combat dans ce clash générationnel entre la jeunesse ardente des uns et la frilosité des autres. Emmanuelle Bayamack-Tam propose dans une langue d'aujourd'hui une relecture jubilatoire de l'utopie formulée trois siècles avant.
Parce qu'Arcadie d'Emmanuelle Bayamack-Tam est une forme de triomphe de l'amour, avec une communauté fermée à la fois protectrice et carcérale, guidée par la folie idéaliste d'un maître à penser, avec dans un cas une jeune fille qui s'en extirpe et dans l'autre une jeune femme qui y fait effraction, j'ai eu envie de proposer à Emmanuelle Bayamack-Tam de réécrire Le Triomphe de l'amour de Marivaux. Au cœur de cette aventure, il y a la question du retrait du monde, du confinement, qui taraude notre époque troublée. Comment vivre pour échapper aux dérives et aux périls de notre monde globalisé ? Comment grandir sous la menace permanente ? Mais aussi comment se libérer de nos peurs ? Comment conquérir son désir ? Comment faire triompher l'amour ?
J'ai proposé à une autrice du XXIe siècle d'ouvrir une nouvelle conversation avec Marivaux, auteur du XVIIIe siècle. Deux femmes travesties en hommes qui viennent conquérir l'être aimé, coûte que coûte ; un jardin, havre de paix, farouchement coupé du monde ; un maître à penser charismatique dirigeant les faits et gestes de sa petite communauté autarcique ; un tout jeune homme dangereusement protégé de l'amour. L'envie, c'est de garder les grands mouvements, les archétypes, les figures présents dans la pièce de Marivaux, et d'écrire une toute nouvelle pièce avec ces éléments en tête. L'espoir c'est de gorger la trame subtile et implacable de Marivaux de toute l'ardeur, la jeunesse et la force du désir qui illuminent les pages des romans de Bayamack-Tam. Ah ! parler de désir et de liberté ! Se laisser rattraper par la vie et son chaos ! Le travail se lance et une conversation s'engage, celle entre le plateau et l'auteur. C'est un grand privilège que de pouvoir se mettre au service d'une écrivaine. Étape par étape pouvoir mettre à l'épreuve les scènes qui s'écrivent, laisser les corps des acteurs nourrir le texte qui s'élabore. C'est une première pour moi que de pouvoir construire un lien organique entre une œuvre et une troupe. C'est un rêve de metteur en scène. Et puis, c'est l'occasion de se poser des questions qui méritent aujourd'hui toute notre attention je crois : Peut- on vivre à l'abri du monde comme il va ? L'amour est-il une arme de combat ? Doit-on échapper à nos sens ? Tout un programme…
Clément Poirée
« Réécrivant » la pièce de Marivaux, je me tiens à distance (relative) de sa langue mais j'en conserve la distribution et la structure. J'y importe mes mythes personnels : le trouble dans le genre, le charivari du désir, la ligne de partage entre les impétueux, les combattants, les « actifs » d'une part, et les « passifs » de l'autre. Il ne m'échappe ni que cette terminologie est sexuelle ni qu'elle est simpliste, mais dans le cas du Triomphe de l'amour, elle me semble opératoire : Hermocrate et sa petite communauté sont dans une forme de repli sur soi, de renoncement à l'amour et à l'action au profit de la contemplation et de la méditation. Phocion, et dans une moindre mesure Hermidas, sont du côté de l'énergie, de la dépense et de l'excès. La pièce peut se lire comme un carnage méthodiquement opéré par Phocion, exécutant point par point son programme de séduction tous azimuts. Qui veut la fin veut les moyens et Phocion ne regarde pas aux siens. Mais à la fin, ce n'est peut-être pas tant l'amour qui triomphe que la rhétorique amoureuse. Si tant est que le mot « réécriture ait un sens», il s'agit pour moi de ressaisir ce que la pièce de Marivaux a d'actuel ou d'atemporel : à la fois questionnement sur les affects et démonstration magistrale des pouvoirs du discours, fût-il mensonger.
Emmanuelle Bayamack-Tam
« À Liberty House, nous baignons dans l'amour : celui qu'Arcady nous donne et que nous lui rendons bien, mais aussi celui que nous éprouvons les uns pour les autres malgré l'exaspération que suscite immanquablement la vie en communauté. […] Voilà pourquoi le nouveau prêche d'Arcady ne me surprend pas plus que ça. Car en somme, que nous propose-t-il si ce n'est de mettre en pratique à l'extérieur de notre colonie ce qui s'y expérimente intra-muros, à savoir le don de soi, la jouissance sans entraves ni conditions, l'amour qui ne peut être que complètement libre et absolument fou ? Ayant laissé ma pensée vagabonder, je fixe de nouveau mon attention sur l'orateur. […] Arcady en est à la marche du monde, et justement le monde marche sur la tête, faute d'avoir compris qu'il suffirait d'aimer, d'être un peu attentif et bienveillant, de prodiguer partout où c'est possible la force irrésistible du désir, pour annihiler définitivement la barbarie. »
Arcadie, Emmanuelle Bayamack-Tam, éd. P.O.L, 2018
« Eh bien ! Seigneur, je pars : mais je suis sûre de ma vengeance ; puisque vous m'aimez, votre coeur me la garde. Allez, désespérez le mien ; fuyez un amour qui pouvait faire la douceur de votre vie, et qui va faire le malheur de la mienne. Jouissez, si vous voulez, d'une sagesse sauvage, dont mon infortune va vous assurer la durée cruelle. Je suis venue vous demander du secours contre mon amour ; vous ne m'en avez point donné d'autre que m'avouer que vous m'aimiez ; c'est après cet aveu que vous me renvoyez ; après un aveu qui redouble ma tendresse ! Les dieux détesteront cette même sagesse conservée aux dépens d'un jeune coeur que vous avez trompé, dont vous avez trahi la confiance, dont vous n'avez point respecté les intentions vertueuses, et qui n'a servi que de victime à la férocité de vos opinions. »
Le Triomphe de l'amour, acte II, scène 12, Marivaux, 1732
Clément Poirée
Directeur du Théâtre de la Tempête depuis 2017, il met en scène Kroum, l'Ectoplasme (2004), Meurtre (2005) et Vie et mort de H de Hanoch Levin (2017) ; Dans la jungle des villes (2009) et Homme pour homme de Brecht (2013) ; Beaucoup de bruit pour rien (2011) et La Nuit des rois de Shakespeare ; Moscou, la rouge de Carole Thibaut (2011) ; La Baye de Philippe Adrien ; La vie est un songe de Calderon (2017) ; Contes d'amour, de folie et de mort d'après Horacio Quiroga , Les Enivrés d'Ivan Viripaev (2018). En 2019, il crée un trytique Dans le Frigo d'après Le Frigo de Copi, Macbeth de Shakespeare et Les Bonnes de Genet et met en scène Élémentaire de Sébastien Bravard. Il a participé, en tant que collaborateur artistique de Philippe Adrien, à la plupart de ses créations depuis 2000 au sein de la compagnie ARRT et de la compagnie du Troisième OEil.
Emmanuelle Bayamack-Tam
Agrégée de lettres modernes, elle enseigne le français en lycée depuis trente ans. Elle est codirectrice des éditions Contre-Pied et cofondatrice de l'association Autres et Pareils. En tant que romancière, elle connait depuis son premier roman Rai-de-Coeur une certaine notoriété. D'Hymen (2002) à La Princesse de (2010) en passant par Une fille de feu (2008), elle affirme son style. Elle obtient le prix Alexandre-Vialate et le prix Ouest-France Étonnants Voyageurs en 2013 pour Si tout n'a pas péri avec mon innocence. En 2018, son roman Arcadie est sélectionné pour divers prix dont le prix littéraire du Monde, le prix du roman FNAC… Il obtient le Prix du Livre Inter 2019. Elle écrit également sous le pseudonyme Rebecca Lighieri des romans noirs : Husbands (2013), Les Garçons de l'été (2017), Il est des hommes qui se perdront toujours (2020).
« A l'abordage ! des sentiments sans détour. Clément Poirée met en scène Emmanuelle Bayamack-Tam, qui revisiste Le Triomphe de l'amour de Marivaux avec des comédiens remarquables. A l'abordage ! joue sur plusieurs registres sans jamais bouder celui du rire. » L'Humanité
« Aux thématiques explorées par Marivaux (le sentiment amoureux et sa douleur universelle) se mêlent avec finesse des questions contemporaines sur l'identité sexuelle, la virilité, le dévoiement de la passion vers la violence et la méprise sur le sens des mots. » La Croix
« C'est une pièce de rentrée qui arrive à point nommé, tant elle célèbre joyeusement l'ouverture à l'imprévu, la liberté de pensée et d'action, la folle inventivité du théâtre, à l'encontre des tendances chagrines ou obsessionnelles comme en produit l'époque. » La Terrasse
« Clément Poirée rouvre en beauté son théâtre avec une réécriture ébouriffante du Triomphe de l'amour de Marivaux par l'écrivaine Emmanuelle Bayamack-Tam. Un spectacle galvanisant porté par de jeunes comédien(n)es virtuoses. » Les Échos
« À l'abordage ! est un immense coup de cœur. Une pièce aussi folle et démesurée que subtile et intelligente. Une vision très juste de la société et des rapports humains. L'amour coûte que coûte, à tout prix et éperdument. » Foud'Art
« Des acteurs formidables : il faudrait les citer tous ! Clément Poirée parvient à diriger sa petite troupe en en extrayant le meilleur. » Artistik Rezo
« On retrouve les thématiques souvent présentes dans l'œuvre d'Emmanuelle Bayamack-Tam, le trouble dans le genre, la puissance du désir comme arme de combat. Un souffle vital parcourt le théâtre de La tempête, c'est bon…. A l'abordage ! » Double Marge
« La pièce est bien menée, tambour battant par une troupe d'excellents comédiens. C'est le triomphe surtout de la femme qui décide de prendre en main son destin et qui refuse qu'on lui dise non. » Théâtral Magazine
« Un texte au style acéré et plein d'humour. La mise en scène virevoltante de Clément Poirée est très réussie. Mené par une troupe excellente, c'est un tourbillon dans lequel on se laisse emporter joyeusement. » L'œil d'Olivier
« Clément Poirée nous doit après l'arrêt si long du confinement ce cadeau exutoire de la joie du théâtre. La direction d'acteur du maitre de l'endroit se confirme une fois encore parfaite. La scénographie assure le show ! » Toute la culture