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saison 2020/2021

Spectacle annulé
DSN - Dieppe Scène Nationale est fermée au public en application des mesures gouvernementales. Nous sommes contraints d'annuler la représentation de ce spectacle.

LE SENS DE LA VIE

La vie a-t-elle un sens ? Trois rendez-vous, trois rencontres artistiques, tenteront d'apporter quelques réponses… aux questions que nous nous posons.

Mar. 16 mars

Durée 1h10

Grande Salle
Tarif A

Le Chant des ruines

DANSE | DÈS 11 ANS
Mise en scène Michèle Noiret, Cie Michèle Noiret

Lorsque théâtre, danse et cinéma interrogent avec force et élégance l'instabilité du monde, surgit la beauté du chaos.
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« Bienvenue dans votre guide de survie au 21e siècle ! » C'est par ces mots que s'ouvre ce saisissant traité du désastre, concocté par Michèle Noiret avec le concours de David Drouard. Progressivement assaillis de toutes parts, les cinq personnages tentent de résister au feu, à la pollution ou à la violence qui menacent une heure durant de les anéantir. Le chaos s'incarne au plateau dans une scénographie aussi simple que suggestive, par une série d'éléments en carton imaginés avec Wim Vermeylen et à travers les vidéos en très grand format environnant les danseurs. Les mouvements des corps disent la résistance, le désir de fuite ou l'espoir d'un monde meilleur. Ils rendent sensible la pensée de la chorégraphe, qui veut « interroger notre société en mutation perpétuelle », dans un dialogue entre danse et cinéma. La force du spectacle tient également à ses ruptures de rythme qui introduisent dans cette vision sombre des moments de danse aérienne et de petites séquences humoristiques bienvenues. Un humour qui fait mouche tout en restant dans l'esprit général d'un spectacle qui appuie là où ça fait mal dans notre folle fuite en avant.

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« Avec chaque séquence projetée en direct, la lecture des images part de la danse et crée l'étonnement, grâce à la qualité chorégraphique et la présence captivante des cinq interprètes qui affirment des identités fortes, répondant à une écriture du mouvement limpide, précise et transparente. (...) Une chose au moins est certaine : la réussite réelle de cette polyphonie danse-images. » www.dansercanalhistorique.fr

Chorégraphie Michèle Noiret, David Drouard. Créée avec et interprétée par Alexandre Bachelard, Harris Gkekas, Liza Penkova, Sara Tan, Denis Terrasse. Collaborateur artistique David Drouard. Création vidéo et caméraman plateau Vincent Pinckaers. Composition musicale originale et régie son Todor Todoroff. Musiques additionnelles Summer Samba de Walter Wanderley, An der schönen blauen Donau, Op 314 de Johann Strauss II, Back to Black de Amy Winehouse et Mark Ronson, Saturno o cipolla de Eric Aldea. Scénographie Wim Vermeylen. Création et régie lumières Gilles Brulard. Costumes Silvia Ruth Hasenclever. Direction technique Gilles Brulard. Développeur et régie vidéo Frédéric Nicaise. Régie plateau Aude Ottevanger.
Production : Cie Michèle Noiret/Tandem asbl. Coproductions : Charleroi danse – Centre chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles et le Théâtre National de la Fédération Wallonie- Bruxelles. Résidence : « La Fabrique Chaillot » – Chaillot – Théâtre National de la Danse, Paris. Soutien : La Fédération Wallonie-Bruxelles – service de la Danse, La Loterie Nationale, Wallonie-Bruxelles International (WBI), Tax Shelter du Gouvernement Fédéral Belge – Casa Kafka Pictures Tax Shelter empowered by Belfius, Adami.

© photo : Sergine Laloux

Site de la compagnie

« On ne sait plus dans quelles proportions on construit ou déconstruit notre monde »

Un petit groupe d'individus se retrouve entrainé dans une course folle, chacun ignorant les circonstances qui les ont réunis. Peu à peu, une micro société s'organise faisant de chaque individu une allégorie du corps social tout entier. Leur périple les mène à parcourir des paysages bouleversés par des phénomènes inconnus où, s'infiltrant dans de minuscules brèches, ils découvrent de gigantesques territoires d'exploration.

Une écriture s'invente, volontairement déconstruite, faite de ruptures temporelles franches et percutantes, où le libre enchevêtrement d'idées et l'association des scènes ne suivent aucun fil narratif à l'instar de nos vies où surgissent une succession d'éléments singuliers, reliés entre eux sans logique évidente.

Tout progresse ainsi dans un flux intérieur que la chorégraphie de Michèle Noiret rend visible.

L'image filmée met en relation l'espace, l'interprète et les éléments scénographiques. Prise sur le vif, elle multiplie les points de vue et reprend l'espace réel du plateau investi par les interprètes. Elle se joue de différentes perspectives, trouble les proportions de l'espace, pénètre les recoins invisibles à l'œil nu. Elle fait incursion dans la matière, entre dans les textures et dévoile les images d'un monde insoupçonné et fantastique, faisant écho à notre imaginaire collectif.

Les danseurs utilisent les matériaux pour construire des espaces malléables, facilement modulables; la scénographie légère se prête à toutes les métamorphoses. Elle joue le rôle d'une interface interactive où la technologie intégrée à sa structure en fait un partenaire sensible et sonore, qui réagit à la présence des interprètes et dialogue avec leurs mouvements.

Michèle Noiret insiste particulièrement sur l'importance de considérer le regard. C'est pour elle un élément fondamental qui sous-tend la construction du mouvement. Il détermine la présence de l'interprète, son intention, sa relation à l'autre. Il transforme la perception de l'espace par la suggestion d'un hors-champ qui à son tour nourrit la fiction qui s'invente sur scène.

Au cours des saisons 2017-2018 et 2018-2019, des ateliers préparatoires explorent de nouvelles techniques de production du son et de l'images en direct. Ils permettent de tester les matériaux de la scénographie, sur lesquels les images sont projetées, ainsi que d'expérimenter les techniques d'analyse et de synthèse du son associées à des capteurs — accéléromètres, gyroscopes et magnétomètres — et à des micros contacts intégrés aux éléments scéniques manipulés par les danseurs, ou portés par eux.

Ces recherches en amont permettent d'identifier et d'affiner les outils techniques les plus en adéquation avec les enjeux du projet final avec toujours le même souci : mettre la technologie au profit du sens, de l'émotion et de l'humain.

La chorégraphe Michèle Noiret entre en 1976 à l'école Mudra de Maurice Béjart, où elle étudie durant trois ans. En 1977, elle y rencontre Karlheinz Stockhausen, qui lui parle d'un projet de danse solo intégré à sa musique. Dès sa sortie de Mudra, elle étudie la notation gestuelle du compositeur et travaille avec lui comme soliste durant une quinzaine d'années. De cette collaboration naissent trois créations, faisant partie de l'opéra Donnerstag aus Licht. Elles sont représentées un peu partout dans le monde. L'opéra est notamment monté dans son intégralité, pour la première fois en 1981 à la Scala de Milan, avec Luca Ronconi pour la mise en scène et Gae Aulenti pour la scénographie et les costumes, puis en 1985, au Covent Garden de Londres, avec Michaël Bogdanov et Maria Bjornson. En 1981, Michèle Noiret rencontre Pierre Droulers avec qui elle travaille sur plusieurs projets, notamment La Jetée (1983). Elle part en 1982 explorer la scène new-yorkaise, où elle est marquée par la rencontre avec les danseurs de la compagnie de Trisha Brown et la « danse contact ».

De retour en Belgique, elle monte sa compagnie en 1986, en créant et interprétant le solo La Crevêche, et un duo du même nom avec Jean-Christian Chalon. Dans le même temps, elle continue de tourner à travers le monde avec Karlheinz Stockhausen, en version concertante, avec huit solistes — chanteurs, musiciens et danseurs —, les pièces extraites de l'opéra Donnerstag aus Licht, notamment en France, à la Fondation Maeght à Saint Paul-de-Vence, au Festival d'automne de Paris, au Festival de Salzbourg, à Varsovie, Moscou, Rio de Janeiro, etc. Elle est souvent sollicitée pour enseigner le travail de notation du mouvement du compositeur.

Son activité de chorégraphe prend une place de plus en plus importante dans son travail avec Vertèbre (1989), Louisiana Breakfast (1990), dansé et chorégraphié avec Bud Blumenthal, avec qui elle collaborera pendant une dizaine d'années, L'Espace Oblique (1991), Avna (1992), Tollund (1994), Les Plis de la nuit (1996), qui intègre pour la première fois des images filmées, Paysage promenade et Hisolo (1997). Puis viennent Solo Stockhausen (1997), interprété par Michèle Noiret sur la musique Tierkreis de Stockhausen, en hommage à ce dernier, et <En Jeu> (1998) où, avec le compositeur Todor Todoroff, elle explore des technologies interactives du son.

À partir de 2000, invitée par Geneviève Druet en résidence au Théâtre des Tanneurs à Bruxelles, elle crée In Between (2000) et Twelve Seasons (2001), avec la collaboration de Paolo Atzori pour les images et les scénographies interactives, et de Todor Todoroff pour le son. En 2002, avec ce même compositeur et le vidéaste Fred Vaillant, elle monte un projet qui s'ancre dans la durée : les « Prospectives » (2002-2004). Elles approfondissent des recherches sur la décomposition de l'espace et l'intégration de technologies interactives du son et de l'image. De ce processus naissent trois créations : Mes jours et mes nuits (2002), Sait-on jamais ? (2003) et Territoires intimes (2004), autant d'occasions pour affirmer un langage chorégraphique original et inventer de nouvelles synergies entre danse et technologies. En 2005, à la demande de Brigitte Lefèvre, Directrice de la Danse de l'Opéra National de Paris, elle crée avec la même équipe Les Familiers du labyrinthe, pièce pour quinze danseurs, où elle collabore avec Alain Lagarde qui signe la scénographie et les costumes. Elle rencontre en 2002 le cinéaste Thierry Knauff. Ensemble, ils créent deux films, Solo (2004) et à Mains Nues (2006), poèmes cinématographiques, chorégraphiques et musicaux. Vient ensuite Chambre blanche (2006), quatuor féminin, sobre et dépouillé. Ce spectacle a reçu le Prix de la critique Théâtre-Danse de la Communauté française de Belgique du meilleur spectacle de danse de la saison 2006/2007.

Artiste associée depuis la saison 2006-2007 au Théâtre National de Belgique, dirigé par Jean-Louis Colinet, elle y crée Les Arpenteurs (2007), pièce pour sept danseurs et les six musiciens des Percussions de Strasbourg, sur une musique originale de François Paris. Toujours en 2007, elle retrouve ses complices Fred Vaillant et Todor Todoroff dans De deux points de vue, duo créé pour les danseurs du Ballet de Lorraine, dirigé par Didier Deschamps, dans lequel elle développe, grâce à de nouveaux outils interactifs, une « danse-cinéma » qui nous entraîne dans les profondeurs de l'être. Dans DEMAIN (2009), pièce chorégraphique multiforme pour quatre assistants, un caméraman et une danseuse, Michèle Noiret se laisse habiter par un personnage saisi par l'inacceptable du monde. Ce spectacle a reçu le Prix de la critique Théâtre-Danse de la Communauté française de Belgique du meilleur spectacle de danse de la saison 2008/2009. En juillet 2010, elle crée La primultime rencontre à la demande de Bernard Foccroulle, pour le Festival d'Aix-en-Provence. Toujours en 2010, Michèle Noiret crée Minutes opportunes, thriller chorégraphique pour quatre interprètes. Ensuite vient Hôtel Folia en mai 2011, à la demande de Frédéric Flamand, pièce pour 10 danseurs du Ballet National de Marseille. Elle signe également un court solo pour Thomas Lebrun qui s'intègre à la pièce Six Order Pieces, dansée par le chorégraphe et créée aux Rencontres chorégraphique internationales de Seine-Saint-Denis.

Dans la pièce Hors-champ (2013), Michèle Noiret approfondit les liens entre spectacle vivant et cinéma autour de la question: "une réalité hallucinatoire ?". En mai 2014, la chorégraphe créé Palimpseste. Elle revisite le Solo Stockhausen, pièce importante de son répertoire, créée en 1997 et adaptée au cinéma en 2004 par le cinéaste Thierry Knauff. En mars 2015, Michèle Noiret poursuit sa recherche artistique sur la danse-cinéma avec le court-métrage scénique Radioscopies et en février 2016, avec la performance L'Escalier Rouge, un duo dansé avec David Drouard. En 2016, elle créé Palimpseste Solo/Duo au Théâtre National de Chaillot à Paris. En 2019, les formes courtes DÉSIRS et Vertèbre voient le jour.

Michèle Noiret a été artiste associée au Théâtre National de la Fédération Wallonie-Bruxelles de 2006 à 2017 (direction : Jean-Louis Colinet), et au Théâtre Les Tanneurs de 2000 à 2006 (direction : Geneviève Druet). Elle est membre de l'Académie Royale de Belgique.

Chaos dehors, chaos dedans. Beauté, force, élégance
«L'univers de carton, matériau bon marché qui permet une scéno minimaliste est parfaitement adapté aux ruines mouvantes d'un monde chaotique. La puissance des images dominée par l'élément aquatique et les plaques tectoniques menaçantes sont bien là, tout comme leur lien avec le groupe de cinq danseurs à la technique parfaite effectuant un périple erratique dans un monde plein de menaces. Le sujet du désastre annoncé est bien là, ce chaos intérieur et extérieur avec ses thèmes et variations visuellement somptueux. (...) La mise en scène de Michèle Noiret assistée de David Drouard nous faire pénétrer dans un monde fascinant et inquiétant où les vieilles valeurs presque englouties flottent à l'horizon.» RTBF

Fenêtre sur un sombre futur
«Un spectacle étonnant où Michèle Noiret réinvente son univers scénographique avec une série d'éléments en carton imaginés avec Wim Vermeylen mais aussi une partie de son vocabulaire chorégraphique, porté par cinq superbes danseurs (...) La force du spectacle tient à ses ruptures de rythme qui introduisent dans cette vision sombre des moments de danse aérienne et de petites séquences humoristiques bienvenues, comme les discours robotiques d'une jeune femme nous proposant un guide pour survivre au XXIe siècle. Un humour qui fait mouche tout en restant dans l'esprit général d'un spectacle qui appuie là où ça fait mal dans notre folle fuite en avant.» Le Soir

Sombre et ludique "Chant des ruines"
«Sans renier son identité créative, Michèle Noiret renouvelle son vocabulaire. Toujours présents, les personnages chorégraphiques – ici un quintet – habitent un espace-temps où la chorégraphe projette ses réflexions. (...) Le jeu orchestré ici par la chorégraphe ose une immédiateté allégée en métaphore.» La Libre Belgique