Janvier pour vous plaire, en histoires fabuleuses de héros, de joie, de danses voraces…
un mois de comédie, un mois de radieuses rencontres !
Un objet théâtral singulier en écho au monde moderne, entre polar palpitant et étude introspective.
— Attentats, démocratie dégradée, pouvoir de l'argent… Trois metteurs en scène – acteurs – directeurs de compagnies (Philippe Awat, Guillaume Barbot et Victor Gauthier-Martin), accompagnés d'un musicien (Pierre-Marie Braye-Weppe), s'interrogent sur la déglingue du monde et se lancent dans une enquête folle avec leurs peurs, leurs sensibilités et leurs intuitions. Trois ans de recherches et de fraternité pendant lesquels ils rencontrent des gens comme vous et moi, des spécialistes comme des anonymes, pour parler de ce mot, « guerre », dans le but de tenir un journal de bord d'artistes en éveil. Embarqués dans une aventure qui les dépasse, ils croiseront ce qu'ils devinent être une nouvelle forme de héros : des supers citoyens, lanceurs d'alerte, migrants, ou révoltés, des hommes et des femmes qui tentent de reprendre le pouvoir et d'écrire leur histoire. L'Histoire.
— Voici une enquête aux allures d'épopée, non pas sur l'information journalistique, mais sur l'humain, cette dimension qui résiste et qui fonde.
« Ils jouent avec intelligence de tous les rouages ayant conduit le monde vers des dérives ultralibérales qui polluent nos démocraties au bénéfice d'un très petit nombre. Un très beau travail, entre espoir et désespoir, d'hommes ayant besoin de croire en l'avenir. » Bruit du Off
Un projet de et avec Philippe Awat, Guillaume Barbot, Victor Gauthier-Martin. Création sonore et musique live Pierre-Marie Braye-Weppe. Écriture Guillaume Barbot, d'après un travail collectif. Lumières Nicolas Faucheux. Scénographie Benjamin Lebreton. Vidéos Jérémie Gaston-Raoul, Benjamin Lebreton.
Productions : Cie Coup de Poker, Cie du Feu Follet, Cie Microsystème. Coproductions : Théâtre de Chelles. Soutiens : Théâtre Sorano, La Chapelle Dérézo, Les Studios de Virecourt, le 104, Adami, Spedidam.
© photo : Chelles, Sylvain Duffard
Tout aurait du commencer à l'automne 2015…
Un texte de Marc Ravenill, dramaturge anglais, sur une vision futuriste d'un état de guerre qui nous semblait de plus en plus actuelle. Mais le 13 novembre a rebattu les cartes.
Hiver 2016
On rebondit sur un projet de théâtre documentaire, autour de ce sentiment nouveau d'être en danger en bas de chez nous. Sur notre impuissance face à cela. Nous, artistes, parcourant la France pour parler, partager, se confronter autour d'un mot pas si clair : 'la guerre'. Dans le sillon de Depardon, faire du théâtre avec des paroles recueillies loin de notre terrain de jeu habituel et habitué. Mais dès le mois de mars la France est dans les rues contre la loi travail. Les citoyens veulent reprendre leur histoire - l'Histoire - en main. Ce sentiment d'inertie que l'on interrogeait est déjà loin derrière nous.
Tout aurait du continuer au printemps 2016…
La question du héros s'ouvre à nous. De l'incarnation. De l'espoir. Du modèle. Si guerre il y a, si manifestation il y a, si combat il y a, quels sont alors les héros contemporains ? Les figures qui nous poussent à agir ? A-t-on encore finalement besoin de héros ? Mais le 3 avril a rebattu les cartes. A nouveau. Le 3 avril 2016 ? La révélation du scandale des Panama Papers. La guerre se révéle avant tout économique. Bien sûr. Et les héros deviennent lanceurs d'alertes. Citoyens, pour certains anonymes (comme John Doe), qui se sacrifient au nom de l'intérêt général. Au nom de la transparence. De la démocratie économique.
Tout s'est donc construit comme on ne l'attendait pas.
L'Histoire nous rattrapait à chaque fois, à grande vitesse. Nous forçait à voir le monde différemment. A parler du monde différemment. A changer d'axe. A requestionner notre rôle au sein même de la machine théâtre. Que dire ? Comment le dire ? Les formes de narration théâtrale, nos outils scéniques, nos façons de raconter des histoires est en mouvement constant. L'information se croise sur les réseaux comme dans nos têtes. On suit plusieurs histoires en même temps, ce sentiment fragile que chaque jour peut apporter une nouvelle information qui fera oublier celle de la veille. Même si on se fragmente on a besoin d'histoires, vraies ou fausses, mais d'histoires ! Celles qui nous aident à penser, celles qui nous font rêver, celles qui nous apprennent à voir… Maintenant, il faut écrire. Non pas l'actualité, non pas l'information journalistique, mais l'humain qui résiste, qui fonde, qui colmate.
Voici donc notre journal de bord
à travers notre trio, deux années d'enquête, deux années de fraternité, deux années où l'on a essayé ensemble d'apaiser nos peurs.
Les Panama Papers désignent la fuite de plus de 11,5 millions de documents confidentiels issus du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca, détaillant des informations sur plus de 214 000 sociétés offshore ainsi que les noms des actionnaires de ces sociétés. Parmi eux se trouvent des hommes politiques, des milliardaires, des sportifs de haut niveau ou des célébrités. Les chefs d'État ou de gouvernement de six pays — l'Arabie saoudite, l'Argentine, les Émirats arabes unis, l'Islande, le Royaume-Uni et l'Ukraine — sont directement incriminés par ces révélations, tout comme des membres de leurs gouvernements, et des proches et des associés de chefs de gouvernements de plus de 40 autres pays, tels que l'Afrique du Sud, la Chine, la Corée du Sud, le Brésil, la France, l'Inde, la Malaisie, le Mexique, le Pakistan, la Russie et la Syrie.
Les documents fournis par un lanceur d'alerte anonyme et non rémunéré (connu seulement sous le pseudonyme de John Doe) remontent aux années 1970 et vont jusqu'à fin 2015, représentant un total de 2,6 téraoctets de données. Initialement envoyées au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung en 2015, les données ont rapidement été partagées avec les rédactions de médias dans plus de 80 pays par l'intermédiaire de l'International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ) basé à Washington. Les premiers articles sont publiés le 3 avril 2016, accompagnés de 149 documents. D'autres révélations suivront les publications initiales, et sont toujours en cours.
EXTRAITS DU JOURNAL DE BORD
Victor
14 juillet
Guillaume
23h
Feu d'artifice
Nice
Philippe
Trois jours plus tard
Je roule dans ma petite voiture verte
Bord de mer, chaleur, vacances
Je vous appellerai en rentrant, les amis
La radio diffuse du Bach ce jour là
Quand j'ai peur
Je mets la musique trop forte pour ne pas m'entendre respirer
Alors, je mets Bach trop fort, mais je m'entends encore respirer
Faudrait que j'arrête de fumer, je sais, je sais, je sais
Quand j'ai peur
Je vais voir mon père
Faut pas avoir peur, d'accord, mais la tristesse, on en fait quoi de la tristesse ?
Quand j'ai peur
Je me dis que tout va bien, mais ne parle pas trop vite, tout va bien, mais ne parle pas trop vite
Quand j'ai peur
J'ai une crampe au coeur et je ne sais pas comment on fait pour l'étirer
Quand j'ai peur
Mes doigts tremblent au fond de ma poche à l'abri des regards
Quand j'ai peur
Je ne dis jamais non
Quand j'ai peur
Je ne me souviens plus de rien, mais vraiment, rien de rien
Quand j'ai peur
J'ai envie d'une couette, d'un chocolat chaud, d'un câlin de ma grand-mère
Quand j'ai peur
Impossible de tuer l'enfant qui est en moi
Quand j'ai peur
Je ne crois toujours pas en Dieu
Quand j'ai peur
J'ai besoin d'un héros qui viendrait me sauver
C'est con, non ?
Dans HEROE(s), deux travaux se dégagent :
Le premier sur l'histoire, le carnet de bord. Les voix des trois personnages seront présentes sans effet, sans artifice. Brut. Comme une radio qui enquête et des voix qui racontent. La composition musicale, elle, prendra des airs de polars. Elle se nourrira des peurs de chacun et la transformera en énergie sonore. Pour aller vers le cauchemar, la réflexion, l'effervescence et les tensions et même la saturation.
Le deuxième travail porte sur les sons qui nous entourent. Ce que l'on peut appeler « les politiques sonores ». Celles qui nous sont dédiées au quotidien. Des explosions Dolby Surround 8.1 du cinéma aux mégaphones des gares, aux musiques rassurantes des parkings souterrains. De la voix douce qui vous explique comment se protéger d'une attaque à la voix d'un terroriste retransmise en direct sur toutes les télés des bars de Paris. La musique est populaire. Celle qui nous accompagne au quotidien.
Aujourd'hui, dans ce quotidien, la quantité de matière sonore dont nous sommes les auditeurs est énorme : informations à la télévision dans tous les bars, 2355 Mp3 dans les oreilles et kit mains libres. Radio dans la cuisine, dans la voiture. Klaxons. Sirènes. Musiques dans les supermarchés, musiques dans les parkings. Musique dans l'avion... etc. Le son partout autour de nous arrive à une sorte de saturation. Quelque part dans cette masse sonore se trouve encore une quantité énorme d'information. Notre pensée, notre parole est couverte, presque inaudible. Comment relever ce qui nous parait intéressant ? Comment trouver ce qui nous pousse à s'interroger ?
Dans HEROE(S), chaque fragment sonore est choisi pour attiser la curiosité de l'individu, le pousser à s'interroger, poursuivre son enquête. Une enquête, rythmée elle, par des silences, et des musiques originales. Dans l'écriture globale du spectacle, une partie plus documentaire est prise en charge par ces extraits sonores. Piqûre de rappel du réel. Et, mine de rien, informations que l'on glisse à l'oreille du spectateur. Le dispositif sonore va dans ce sens : installé en diagonale entre la scène et la salle, il amènera aussi le spectateur à s'inclure dans un espace de réflexion ouvert avec les acteurs.
La guerre sonore laissera place à la réflexion et à la sensation.
C'est au lendemain des attentats du Bataclan, qu'est né le spectacle Heroe(s) conçu par Philipe Awat, Guillaume Barbot et Victor Gauthier-Martin. Le spectacle est saisissant. Il questionne les faits d'actualité. De cette guerre menée contre Daesch jusqu'à l'émergence des lanceurs d'alerte, ces héros du 21ème siècle qui dénoncent les dérives du monde capitaliste. Heroe(s) est l'un des spectacles choc de ce Off. Il est programmé tous les matins à 10h20 à la Manufacture jusqu'au 26 juillet. Stéphane Capron - France Inter
Ces trois artistes sont bien plus que des Pieds Nickelés comme ils aiment à se définir. Ils fabriquent un théâtre en Etat de siège, comme un lieu de refuge. Avec un humour féroce, avec une acuité journalistique épatante, avec un regard cynique et critique, ils décrivent des évidences : "Le capitalisme a besoin de guerre pour se nourrir". Et rappellent des chiffres éloquents comme celui de l'évasion fiscale en France : 250 milliards par an placés dans les paradis fiscaux. Heroe(s) n'est pas uniquement un brûlot politique, c'est un spectacle citoyen. Sceneweb.fr
Ils se mettent à table, l'un cuisine un peu. Et ils enquêtent, cherchent sans trouver de quoi alimenter leur spectacle. Échec total jusqu'au jour où le sujet se décale. Et si l'ennemi ce n'était pas les terroristes mais ceux qui les financent ? Ils s'intéressent alors aux évasions fiscales et découvrent qu'il est bien trop facile d'ouvrir un compte offshore. Le jeu est direct, sans emphase théâtrale. Ils nous parlent, en leur nom, et nous font partager leurs avancées. Ils sont incollables sur les « Panama Papers » comme sur les « Paradise Papers » et nous font réaliser à quel point les lanceurs d'alerte sont des héros, dont les missions vont être compliquées par la loi sur le secret des affaires qui impose le silence à la presse sur des sujets sensibles. Heroe(s) est le récit de leurs recherches, très journalistiques. Cela ne changera pas l'état du monde, mais permet, et c'est déjà bien, de le regarder en face. Toutelaculture.com
Trois comédiens – metteurs en scène et un musicien sur le plateau, jouant avec intelligence de tous les rouages ayant conduit le monde vers des dérives ultralibérales qui polluent nos démocraties au bénéfice d'un très petit nombre. Un très beau travail de recherche, entre espoir et désespoir, d'hommes ayant besoin de croire en l'avenir. Un spectacle qui peut donner le tournis tant chacun peut se sentir impuissant devant cet ultralibéralisme galopant, mais aussi la démonstration que le petit grain de sable qu'est un lanceur d'alerte, ce héros anonyme de tous les jours, peut enrailler cette machine infernale en se sacrifiant pour le bien commun, quitte à se faire broyer par le système. Pierre Salles - Le Bruit du Off
Heroe(s) est le fruit de deux ans de recherches, vaste entreprise menée avec verve et humour sous la forme d'une réunion de crise, QG de leurs espoirs et de leur amitié à toute épreuve. Accompagnés d'un quatrième larron à capuche (un anonymous?), sous les traits de Pierre-Marie Braye -Weppe, un musicien qui ajoute une touche poétique et dramatique à l'entreprise, ils vont surtout s'arrêter sur le vaste scandale d'évasion fiscale dénoncé par les Panama puis les Paradise papers. Leur réflexion prend alors le visage d'un combat jusqu'au-boutiste contre l'injustice. Il y a un côté à la fois candide et sincère dans leur démarche qui fait mouche et nous tend un miroir très noir de notre société. Même les lanceurs d'alerte, ces derniers héros de notre temps, viennent pointer à Pole Emploi. On sort de ce spectacle avec l'envie de renverser les tables, et de les rejoindre dans cette lutte pour un monde meilleur. Anne Verdaguer - The Art Chemists