Janvier pour vous plaire, en histoires fabuleuses de héros, de joie, de danses voraces…
un mois de comédie, un mois de radieuses rencontres !
Pour ne plus jamais entendre l'expression « bête comme ses pieds » !
— « Bête comme ses pieds ! » Parce qu'ils sont situés à l'opposé de la tête pensante, les pieds seraient dénués de tout intérêt ? Pourtant ces héros du quotidien nous portent, supportent, transportent. Bien plus que pour d'autres parties du corps, leur potentiel sensoriel et transmetteur devrait naturellement faire se lever les foules. Hélas, notre regard à leur égard est bien moins flatteur. Deux danseuses partagent théories loufoques et partitions dansées, faisant le pari d'une reconquête podalo-pédestre. Du petons aux panards, tous les pieds se sentiront pousser des ailes !
Conception et chorégraphie : Bérénice Legrand Collaboration dramaturgique : Marie Levavasseur Interprétation : Dorothée Lamy et Zoranne Serrano Scénographie : Johanne Huysman Réalisation scénographique : Fred Fruchart Création musicale : Benjamin Collier Création et régie lumière : Rémi Vasseur Régie son et plateau : Greg Leteneur Costumes : Mélanie Loisy.
Production : La Ruse Coproductions et accueils en résidence : La Maison des Arts et de la Communication de Sallaumines, Chorège à Falaise, l'ARC – scène nationale au Creusot, L'échangeur – CDNC Hauts-de-France. Avec le soutien de la DRAC Hauts-de-France, de la Région Hauts-de-France et du Conseil départemental du Pas-de-Calais. Mise à disposition d'espaces : CCN de Roubaix, Le Gymnase|CDCN de Roubaix et le Bateau Feu – Scène Nationale de Dunkerque.
Pour la 1ère étape de création du projet, La Ruse a reçu les soutiens de : La DRAC Hauts-de-France, de la Région Hauts-de-France et de la Ville de Lille. Coproductions : Le Vivat, Scène conventionnée d'intérêt national danse et théâtre à Armentières, Les Maisons Folie de Lille, Le Gymnase | CDCN de Roubaix.
© photo : Erika Vaury, Frédéric Lovino
2011 300 étudiant.e.s chinois.e.s invitent leurs parents ou grands-parents à un soin de pieds lors d'une cérémonie célébrant le prochain Double Ninth Festival (Chine)
D'abord traversée par un certain scepticisme, j'admets une jubilation de ma part à la découverte de cette photo. Quel pied ! C'est, en effet, tellement exaltant d'imaginer une communauté éphémère se former autour du soin du corps, et encore plus du pied.
En 2016, j'écrivais pour les prémices de mes recherches : « Parce qu'ils sont situés à l'inverse de la tête pensante, les pieds seraient dénués de tout intérêt ? Pourtant, ces héros du quotidien nous portent, supportent, transportent, insupportent ... Bien plus que pour d'autres parties du corps, ma pratique de la danse notamment, m'a prouvé tout leur potentiel sensoriel et transmetteur. Et c'est justement cette approche active et empathique que je cherche à partager dans le spectacle vivant.»
Ces réflexions podalo-pédestres et plantaires m'inspirent sans relâche depuis cette période.
Je ressens aujourd'hui la nécessité de m'obstiner dans l'écriture Des Chroniques d'un pied héroïque, mon 1er projet plateau. Consciente des forces et faiblesses du 1er opus, cette possibilité de réécriture est une étape nécessaire dans le parcours de ce projet. Il y a dans ce nouvel élan, la volonté de ré-impulser, avec un nouveau duo d'interprètes, un autre processus de création en phase avec l'approche dramaturgique aujourd'hui plus précise.
Les questionnements qui m'animent aujourd'hui sont différents. Ils me semblent tellement plus pertinents à interroger et partager avec les jeunes générations. Je souhaite valoriser à leurs yeux l'intelligence du mouvement, du corps, des sensations et de nos élans de vie. Ne plus entendre un « Bête comme ses pieds » de sitôt... Il y a dans ma volonté de reconquête de nos pieds, l'intime conviction que ce socle de notre corps détermine notre posture, notre démarche ; et donc notre relation corporelle au monde et à l'autre. En pleine construction sensible et corporelle, enfants et adolescent.e.s découvriront qu'ils en ont sous le pied, plus qu'ils n'y croient…
Bérénice Legrand – Mai 2018
De l'expérience des projets participatifs à la création d'un spectacle
La Ruse est née d'expériences « de terrain ». De la nécessité à intégrer les questions de médiation au coeur même de l'élaboration de dispositifs de création artistique. Notre attachement à guider à chaque projet, enfants, adolescent.e.s et adultes vers une attention décomplexée sur le corps et le mouvement guide nos rencontres depuis la création de la compagnie.
La Ruse est aujourd'hui clairement identifiée par un champ large d'acteurs culturels, éducatifs, sociaux, pour ces valeurs et son « savoir-faire » à la mise en oeuvre de telles actions. Nés de commandes de partenaires, elle crée des performances, bals, parcours interactifs, goûters dansés : Animalux, bal parents-enfants avec La Scène du Louvre Lens / Les Itinéraires, balades dansées avec Le Festival jeune public Les Petits pas / M.I.A.M, goûter dansé avec Le Festival Jeune Public Tréto / Initiales BB, stage danse et dessin animé pour enfants avec Le Vivat…
C'est forte de ces différentes approches que la compagnie a entrepris sa 1ere pièce plateau Les Chroniques d'un pied héroïque , 1er volet du projet P.I.E.D.
Le processus de création s'est donc appuyé sur cette base de réflexion : comment des expériences artistiques interactives pour les jeunes spectateur.trice.s peuvent nourrir une manière singulière d'écrire et concevoir un format de spectacle à contempler. Un spectacle, lui même partagé comme une expérience…
« Bête comme ses pieds ! »
L'injustice de cette expression nous a amené à nous questionner sur les formes de savoirs, au final, valorisées dans notre société ou dans les systèmes éducatifs.
Une plus grande attention aux savoirs du corps et au sensible ne pourrait-il pas parfois modifier notre regard sur l'autre. Si nous naissions par les pieds, ceci changerait-il notre rapport au monde ?
Autant de questionnement conduisant à une envie, une évidence à traiter de ce sujet et redorer l'image du pied.
Le présenter aux yeux de tou.te.s comme un héros du quotidien. Un héros aux mille facettes et possibles. Du peton au panard, chaque pied se sentira pousser des ailes.
L'ÉCRITURE DRAMATURGIQUE :
un éloge des pieds, du peton au panard N'a-t-on jamais été surpris.e de l'énergie déployée par les enfants dès leur plus jeune âge pour se mettre debout, faire leurs premiers pas, se déplacer, courir, sans calcul, sans objectif particulier que le simple plaisir de le faire ? Il nous importe de remettre la lumière sur ces gestes, ces actions innées dont nous oublions trop vite le cheminement vécu et les sensations procurées. Que petit.e.s et grand.e.s puissent appréhender depuis leur fauteuil de spectateur.trice l'appétit du mouvement et du geste.
La marche et plus précisément, la démarche est une singularité d'être mais aussi d'exister dans le monde qui nous entoure. Pour l'enfant, le.la pré-adolescent.e, l'adolescent.e, l'adulte, l'adulte vieillissant.e, elle est en constante évolution, en perpétuelle métamorphose. Ceci la rend fascinante à observer et analyser. Que traduisons-nous d'une démarche qui « va de l'avant » ou qui traîne des pieds, qui rentre dans le rang, qui marche au pas, ou fait un pas de côté pour se distinguer ? Nous souhaitons avec P.I.E.D. , partager avec les jeunes générations comment une démarche peut définir les personnalités, états d'âme, vécu, empreintes sociales et culturelles. Ceci sans jugement. P.I.E.D. est un éloge des pieds mais aussi un éloge à la singularité corporelle et la poétique des corps.
Il y a enfin la question du pied comme espace d'intimité. Pourquoi est-il si aisé pour certaines cultures de le dévoiler, voire de le vénérer, alors que pour d'autres, le simple fait d'en parler provoque gêne et répulsion ? Pourquoi le passage de l'enfance à l'adolescence nous éloigne t-il de cette partie du corps ; alors que le pied est une des premières choses que le nourrisson attrape et commence à porter à sa bouche ? Les premières recherches du projet ont prouvé que par des ruses riches et variées, il était possible de parler de pied avec des enfants et adolescent.e.s. Assumer leur nudité, les masser, prendre le temps de les regarder, d'ironiser sur leur forme, leur odeur…
L'ÉCRITURE CHORÉGRAPHIQUE
Dans les 2 formats, P.I.E.D est porté par deux interprètes féminines : Dorothée Lamy et Zoranne Serrano. Leur singularité corporelle, kinesthésique et sensibles donne à voir et à réfléchir ce qui peut nous faire accéder au savoir du corps : l'apprentissage et l'instinct. A partir de ce postulat, l'écriture de la danse évolue en s'appuyant sur le déploiement de la partition de chaque interprète, dans leur différence mais aussi leur rencontre.
De l'intimité à la glorification du pied, du réveil à l'exaltation physique du mouvement, du sol à l'élévation, du focus sur le pied au lien inévitable au reste du corps, de la pénombre à la lumière… L'écriture de la danse s'est construite à travers ces différents champs de progression propre à chaque interprète. Ces cheminements sont composés de tableaux où le pied infuse les imaginaires : une naissance par les pieds, une discussion pour voix et pieds, une montée des marches, un rituel dansé, une référence à la voyance de pied…
Une attention constante a également été portée à la subtilité du mouvement par le pied : des appuis, de l'attaque du geste, sa forme, du rythme, sa position, sa connexion avec le reste du corps, la symbolique de son placement … Le pied en devient parfois un personnage à part entière. L'image d'un animal ou d'un individu fantastique nous traverse parfois en regardant le spectacle. Ces détails donnent à l'écriture de la danse toute sa singularité esthétique et une empreinte chorégraphique affirmée.
LE DIALOGUE CORPS ET VOIX
Dès le début des recherches, il nous est apparu évident que la présence scénique des danseuses, ne pouvait pas être exempte d'une forme de discours, de paroles énoncées et de mots. Ce dialogue corps et voix laisse ainsi entrevoir des lectures différentes du propos. Il donne accès au sujet du pied par de multiples vecteurs, jouant constamment entre compréhension, narration, sensation, imaginaire et émotion. Les textes permettent d'éclairer certains passages dansés par une forme de compréhension ou de poésie. Un mouvement peut mettre à distance un texte, une affirmation verbale. Nous souhaitons donner accès au sujet du pied par de multiples vecteurs, jouant constamment entre compréhension, narration, sensation, imaginaire et émotion. Toucher et nourrir les sensibilités d'un spectre large de générations de spectateur.trice.s.
LA MUSIQUE
Le compositeur Benjamin Collier s'est, dans un 1er temps, appuyé sur le titre de Nancy Sinatra « The boots are made for walking », utilisée de manière fortuite durant les 1ères répétitions. A partir de séquences et éléments instrumentaux de ce titre, la création musicale s'est construite par accumulation de nappes ou boucles, au son électro. L'écriture de la musique stimule une appréhension palpitante de la pièce. Nous souhaitions éveiller l'attention au spectacle pour les plus jeunes spectateurs grâce une emprise empathique de la musique : élans fulgurants, séquences répétitives, phrasés très épurés…
LA SCÉNOGRAPHIE
Sans référence d'époque, ni de lieu précis, un espace abstrait. Un cyclo en mur de fond de scène, jouant avec la mise en relief de l'espace, de l'intimité à la vastitude. Un tapis de sol couleur noir, mettant en exergue par contraste la couleur de la peau du pied. Une couverture en fourrure foncée que l'on retrouve tout au long du spectacle. Les multiples fonctions proposées lui permettent de faire émerger des images symboliques, offrir des sensations empathiques, isoler l'espace scénique, faire émerger des personnages, mettre le focus sur le pied…
L'espace est empli de cubes en bois, d'abord rassemblés et déposés au bord du plateau, tel des corps au repos. Le bois brut et les arrêtes arrondies des ces éléments inspirent une certaine douceur et quiétude. Ces cubes se révèlent ensuite des supports aux multiples fonctions, toujours au service de la valorisation du pied : piédestal, cachette, tremplin, marches, autel religieux, assise, socle, tableau… De tailles différentes, à l'image de cubes pour enfants, ces éléments en bois invitent au jeu : déplacement, superposition, retournement… Cet ensemble forme un tableau mobile, se transforme, se reforme, s'éclate et s'approche du public tout au long de la représentation. Pour se retourner en toute fin du spectacle, dévoilant un paysage peint dans lequel un pied géant phosphorescent apparaitra.
Créée en juillet 2013, La Ruse est une compagnie de danse contemporaine engagée dans la création et la diffusion de dispositifs toujours résolument interActifs. Ce désir permanent à fabriquer des projets collaboratifs avec les publics est pour La Ruse, sa manière de questionner la place de l'artiste dans notre société, de l'artistique dans le quotidien de chacun, et défendre le spectacle vivant comme espace d'expérience et de pratique(S).
Tous les projets artistiques soutenus par La Ruse (spectacles, performances, ateliers, visites in situ...) cherchent donc à faire émerger l'art comme vecteur de lien social par la valorisation d'une construction sensible de l'individu... Au coeur de cette réflexion, la volonté de pouvoir faire contempler, parler et faire pratiquer la danse contemporaine par un large public. Et donc chercher les ruses pour y parvenir...
LA RUSE soutient les projets conçus par Bérénice Legrand. Après de nombreuses propositions portées directement par des partenaires fidèles (LE VIVAT / scène conventionnée d'Armentières, Le Gymnase / CDCN de Roubaix, A.I.M.E. / Julie Nioche...), LA RUSE entend lui permettre de poursuivre et développer ce type de partenariats grâce à une structuration associative, soucieuse de réflexions collectives et engagées.
Depuis 2019 et pour 3 saisons, La Ruse est compagnie associée à l'ARC – scène nationale du Creusot. La Ruse fait partie du collectif «Entre Scènes» rassemblant 30 compagnies des Hauts-de-France autour d'un projet de gestion commune et solidaire d'un hangar de stockage de matériel et décor sur Hellemmes. La Ruse est membre du CA du Collectif Jeune Public Hauts-de-France.