Parce qu'être spectateur, ça mérite aussi reconnaissance !
— Pierre Notte est auteur, metteur en scène, compositeur, comédien ; nous l'avons plusieurs fois accompagné à DSN, (Sur les cendres en avant, Ma folle Otarie dans la ville de D., C'est Noël tant pis…) et le recevrons aussi en avril prochain avec La nostalgie des blattes.
— Pierre est aussi un spectateur assidu, attentif, curieux, en empathie, fasciné, en souffrance, en doute, en ennui profond. Un vrai spectateur, qui ressent et participe au spectacle en train de se faire. Et qui questionne la relation entre la scène et la salle : pourquoi sommes-nous si nombreux à nous endormir pendant les dix premières minutes ? Pourquoi la toux du public ? Pourquoi la gêne de la nudité ? Qu'est-ce que l'artifice, la vérité qui jaillit, le scandale ?
— Seul en scène, peut-être avec un hula hoop, un harmonica, voire un verre d'eau, Pierre Notte se livre à une conférence et raconte son expérience, ses ratages, ses aspirations, ses considérations autour des métiers du spectacle vivant, autour de l'état et de l'effort d'être spectateur.
Ce spectacle est joué chez des particuliers et autres lieux insolites, en partenariat avec le musée de l'horlogerie de Saint-Nicolas d'Aliermont et le musée d'Histoire de la Vie Quotidienne de Petit-Caux. Renseignez-vous auprès de l'équipe billetterie pour connaître les adresses précises. 1h avant la représentation, nous sommes joignables au 06 73 79 84 07.
MERCREDI 20 FÉVRIER | 20H | SAINT-NICOLAS D'ALIERMONT, Musée de l'horlogerie
JEUDI 21 FÉVRIER | 20H | DIEPPE, Le Pollet
VENDREDI 22 FÉVRIER | 20H | DIEPPE, Maison de l'Avocat
SAMEDI 23 FÉVRIER | 20H | DIEPPE, Le Pollet
DIMANCHE 24 FÉVRIER | 18H | PETIT-CAUX, Saint-Martin-En-Campagne, Musée d'Histoire de la Vie Quotidienne
Regard extérieur Flore Lefebvre des Noëttes. Conception lumières Eric Schoenzetter.
Production Compagnie des gens qui tombent. Soutien Prisme et DSN – Dieppe Scène Nationale.
© photo : Eric Schoenzetter
L'auteur livre une conférence. Quelques sons, lumières, et des expériences à tenter avec les spectateurs : comment la voix de l'acteur peut-elle dessiner un espace ? à quoi correspond la toux du spectateur ? qu'est-ce qu'une mise en danger de mort sur un plateau ? La nudité est-elle une option ? À l'aide d'un verre d'eau, d'un harmonica, d'un hula-hoop, l'auteur illustre son propos par des images réussies ou ratées pour prouver que le spectateur est avant tout un travailleur de la pensée, de l'imagination, et qu'il fait seul avec les autres son chemin dans la forêt des choses plantées sur le plateau.
Pierre Notte
« Je ne dors pas donc je compte, je compte donc je suis. J'ai joué, spectateur rongé par l'ennui, à compter souvent les toux du public dans des salles submergées par la mollesse d'une attention détachée. C'est que la vie, le sens, celui des acteurs sur la scène et celui de la présence d'un tiers dans la salle, manquaient. L'ennui mortel d'une représentation provoque le plus souvent ça. Des toux. Parcellaires, petites touches, éclaircissements de voix. Par petits à-coups, assez bas, toux discrètes de raclements de gorges. Je les ai comptées, elles se répandaient au parterre d'un public alourdi, toutes les trente à quarante secondes. On aurait pu tisser une topographie des toux de spectateurs qui s'éclaircissent la voix pendant la représentation qui se déroule.
Je croyais comprendre en les guettant que chaque toux appelait l'acteur. Chaque toussotement était comme une manière de dire « eh toi là-bas regarde un peu par ici. » Une manière de dire « j'existe. » La toux s'impose comme une façon inconsciente de faire savoir qu'on est là, un rappel à l'ordre d'une représentation où la vie a fui. Je tousse mécaniquement car mon corps assis, inerte et mortifié, veut faire signe à l'acteur, malgré moi peut-être, que ce qu'il fait là ne me regarde pas. »
« Ce n'est pas la vraie vie que je veux voir dans cet écrin de mensonges, c'est la vérité qui jaillit du mensonge, la fragilité de la note juste, la chute du funambule, les larmes de la comédienne, la sueur du danseur, le fou-rire des ringards : c'est le surgissement d'un instant de vérité au milieu du mensonge dont j'ai besoin. Bizarrerie ou cohérence dans un monde surchargé d'images authentiques, représentations véridiques d'émotions et de violences en tous genres et sur tous les écrans. Explosion exponentielle du spectacle du réel sur tous les fronts. Le jaillissement du vrai dans un monde d'artifices. »