Une parole profonde et vraie.
Combien de citoyens s’inquiètent aujourd’hui du sort de la planète ? Les tritons prendront l’avion pose la question de l’engagement en prenant comme référence l’histoire d’un préfet qui, un jour, dépose les armes parce que sa conscience lui dit que cela n’est plus possible. La pièce évoque cette conscience individuelle si chère à Hannah Arendt, celle qui fait qu’un homme un jour se lève et dit non quand tous disent oui. À l’origine se trouve une série d’entretiens avec une vingtaine d’opposants de tous bords, tous âges, toutes sensibilités, à un grand projet controversé, celui de la construction de l’aéroport de Notre Dame des Landes. L’écriture de Patrick Grégoire prend appui sur leurs témoignages, mêlant en permanence la fi ction et le réel vécu par ces militants. Les compagnies L’Estaminet Rouge et La Dissidente ont associé leurs forces pour porter cette parole militante, sur le ton de la comédie et de l’engagement.
Encore quelques places de disponibles, rapprochez-vous de la billetterie !
Le Cauchemar du Préfet est une autre pièce de L'Estaminet Rouge, qui fait revivre le combat des opposants. Patrick Grégoire, seul en scène, en fait une fable écologique et universalise cette lutte. Au théâtre des Charmes de eu, le mardi 14 novembre à 20h30. Réservations : 02 35 86 29 09.
Pour aller un peu plus loin à propos de la préservation des espèces et sur le territoire dieppois : L'Estran Cité de la Mer s'implique dans l'opération « Un dragon sur mon chemin » qui permet à tout citoyen de participer à l'inventaire et à la connaissance des amphibiens et reptiles de sa région. Plus d'informations : www.estrancitedelamer.fr
Une création de la Compagnie l’Estaminet Rouge et la Compagnie La Dissidente • Sur une idée de Jean-Philipe Magnen. Mise en scène Marie-Hélène Garnier et Patrick Grégoire. Écriture Patrick Grégoire • Avec Marie-Hélène Garnier, Patrick Grégoire, Flora Diguet, Raphaël Thièry • Création et régie lumière Jean-Jacques Ignart. Création et régie son/vidéo Aurélien Chevalier. Costumière Corinne Lejeune. Création visuels Séverine Deguerville/ Cie l’Estaminet Rouge.
Soutiens CDN de Montluçon-Théâtre des Ilets en coproduction, Fondation Lassalle/Coupleux sous l’égide de la fondation de France, Conseil départemental de Saône et Loire, Conseil départemental de Seine Maritime, Conseil Régional de Normandie, DSN – Dieppe Scène Nationale, théâtre des Charmes à Eu, Office Municipal de la Culture de la ville d’Autun, ville de Chenôve, Salle Louis Jouvet à Rouen, C2 à Torcy, le Réservoir à Saint-Marcel, ECLA à Saint-Vallier, Association Relais en Pays de Loire, Réseau Affluences et dans l’attente de confirmation de soutiens de l’ADAMI et du Conseil Régional de Bourgogne Franche Comté.
© photo : Estaminet Rouge
Aborder un sujet grave avec un ton grave aboutit le plus souvent à un pensum moralisant et démorali- sateur. Le théâtre n’a pas à démontrer mais démonter. Démonter au sens de déconstruire. Déconstruire des idées, des discours tout faits. La mise en distance de la soi-disant normalité est un outil de prise de conscience. Et puisque l’humour est un aiguillon qui aime piquer et dégonfler les baudruches, nous n’hésiterons pas à en faire une arme de combat.
Dans la lignée de Brecht qui considérait que la première fonction du théâtre était le divertissement, dans la lignée de Chaplin qui a traité de sujets sociétaux avec le plus bel humour, contre les censeurs qui hurlent qu’on n’a pas le droit de rire de ceci ou cela, l’écriture de «Les tritons prendront l’avion» revendiquera la liberté de l’insolence, la légèreté de l’impertinence. S’inscrivant dans la filiation de « Métallos et dégraisseurs », elle mettra en présence quatre comédiens. Chacun d’eux aura un rôle principal archétypal et des rôles annexes. Il passera très rapidement de l’un à l’autre, toujours en rupture, comme il quittera rapidement et régulièrement son emploi de comédien pour prendre celui de narrateur.
Comme pour « Métallos et dégraisseurs » encore, le travail a commencé par une série d’interviews auprès d’une vingtaine d’opposants de tous bords, tous âges, toutes sensibilités, à un grand projet inutile et bétonneur. Celui de l’aéroport de Notre Dame des Landes pour ne pas le nommer. L’écriture prendra appui sur leurs témoignages. Elle mêlera en permanence la fiction décrite ci-après dans « La fable » et le réel vécu par ces militants. Il s’agit d’inscrire dans cette fiction relevant de la comédie une réelle pâte humaine. Une parole profonde et vraie.
Deux zones bien distinctes sur scène : Un couloir de deux mètres de profondeur en devant de scène pour les opposants, puis le reste de la scène pour le Préfet. Entre les deux zones, un tulle.
Sur le tulle, en rétroprojection, des images, des vidéos. Pour commencer, les images prises par la journaliste avec la caméra espion dissimulée dans sa montre (gros plans de visages des comédiens qui lui donnent la réplique par exemple). Puis des images d’opposants interviewés en symétrie avec le propos défendu par le comédien sur scène. Ou encore un dialogue entre la journaliste sur l’écran et Fanny sur scène, les deux femmes étant jouées par la même comédienne. Ou bien des visions cauchemardesques du Préfet sous forme de têtes de tritons énormes. La liste n’est pas exhaustive.
A jardin, devant, un cylindre sur lequel est enroulée une longueur de moquette noire. Tout au long du spectacle, le rouleau avance doucement, étalant derrière lui sa piste d’aviation. Jusqu’au moment où les opposants, à leur tour, enroulent la piste, qui, à la fin, deviendra cylindre à cour.
Derrière le tulle, la préfecture. Deux ou trois paravents du même noir que les rideaux. Des éclairages fins, le plus souvent latéraux, qui soulignent le mystère cultivé par le pouvoir. Des apparitions. Les tritons terroristes notamment, se serviront beaucoup des paravents. Pas de bureau. Pas même de chaise. Le préfet montre l’exemple de la nécessité de la mobilité.
Si l’éclairage du bureau du préfet relève de Kafka, en revanche, devant le tulle, les différents lieux évoqués (Le texte est découpé en neuf tableaux et l’on passe d’un tableau à un autre en changeant de lieu) le seront avec un accessoire éclairant (lanterne sur une place, abat-jour chez Fanny, etc.) L’éclairage délimitera donc les espaces.
Patrick Grégoire
Patrick Grégoire, sur une proposition de Jean-Philippe Magnen (originaire de Dijon, installé en Loire Atlantique, anciennement : élu EELV et vice président du conseil régional des Pays de Loire) travaille depuis quelques mois sur un projet théâtral autour du sujet de la création de l’aéroport de Notre Dame des Landes. Il a réalisé une trentaine d’heures d’enregistrements de paysans résidant sur le site, de pilotes de ligne, de juristes, de politiques, de spécialistes des travaux publics, etc…
Afin de donner suite à l’action de création menée depuis quelques années avec L’Estaminet Rouge, Patrick Grégoire a proposé à la compagnie le portage de ce projet. Sans hésiter les membres de la Compagnie l’Estaminet Rouge ont répondu favorablement à cette proposition, réaffirmant leur volonté de soutenir le spectacle vivant traitant des sujets de sociétés.
L’élu écologiste Jean-Philippe Magnen et l’auteur Patrick Grégoire préparent un projet théâtral
Jean-Philippe Magnen, 47 ans et Patrick Grégoire, 57 ans, se connaissent depuis longtemps. Avant d’arriver à Nantes, le premier s’occupait d’une association d’insertion et formation, à Dijon. L’homme de théâtre y animait des ateliers. Ils sont devenus amis. Lors de la campagne 2010 des élections régionales, la liste conduite par Jean-Philippe Magnen accueille Métallos et dégraisseurs, de Patrick Grégoire ; une pièce qui sera présentée une seconde fois sur le site des anciens chantiers navals nantais. À l’été 2013, juste après Avignon, ils commencent à tourner autour du thème Notre-Dame-des-Landes. Mais Jean-Philippe Magnen est pris par son action politique, son implication dans le débat public. Pas le temps, trop compliqué. Jusqu’à l’annonce, par le président du groupe écologiste à la Région, qu’il ne briguera pas de nouveau mandat. « C’est le moment. »
Joué près de 200 fois, Métallos et dégraisseurs a été écrit à partir des témoignages d’ouvriers. « Ce n’est pas du théâtre militant amateur, mais du théâtre politique, professionnel, exigeant, drôle, pour tous », insiste l’élu. La pièce raconte la dégringolade de l’industrie française. De la même façon, Patrick Grégoire a écouté les mordus du Tour de France qui suivent l’épreuve en camping-cars, ou encore des malades psychiatriques. « Sa démarche part du terrain, de la parole des gens. »
À Notre-Dame-des-Landes, les deux hommes ont recueilli trente heures d’interview. Ils ont longuement échangé avec les différents opposants au projet, en particulier les paysans. « J’étais arrivé avec un moral assez bas, et cette semaine me l’a remonté. Les gens que j’ai rencontrés montrent que l’espoir et l’intelligence existent encore, raconte l’auteur. Plusieurs fois, j’ai entendu le terme intelligence collective. Je crois que le combat des opposants tient à cela, à ces différences pour servir un objectif commun [...] Et je me dis qu’il y aurait beaucoup d’enseignements à tirer de cette lutte et de la façon dont elle est menée, pour l’avenir. »
À partir de cette matière brute, Patrick Grégoire écrira le texte. « Il y aura forcément des allers-retours ; c’est un projet que nous portons à deux, une sorte de coproduction entre un homme de théâtre et un politique. C’est aussi le projet de deux amis », précise Jean-Philippe Magnen.
Extrait de l’article écrit par Marc Le Duc paru dans Ouest France en mai 2015.
Créée en 2010, la Compagnie « L’ESTAMINET ROUGE » a pour but et ambition de dynamiser le territoire sur la thématique de la création, de la diffusion et de la formation dans le domaine du spectacle vivant.
Cette nouvelle structure installée à Anost répond à plusieurs demandes émanant d’artistes professionnels de la région : soutien à la diffusion, soutien au suivi des contrats d’artistes, élaboration de contrats d’artistes, etc….. la Compagnie l’Estaminet Rouge tente de répondre à plusieurs demandes de son territoire, le Morvan, pays de moyennes montagnes situé au centre de la Bourgogne :
> Augmenter l’offre culturelle
> Développer de l’action culturelle avec et pour la population locale
> Créer un espace de discussion et d’échange entre artistes de tous horizons et la population
> Développer de la création théâtrale professionnelle
Entourée d’artistes professionnels (peintre, photographe, graphiste, metteur en scène, chargée de diffusion du spectacle vivant, comédiens) et amateurs (pratiquants du théâtre amateur, musiciens, enseignants,…), d’amoureux du spectacle vivant, d’artisans du développement culturel en milieu rural, la Compagnie l’Estaminet Rouge va donner naissance à plusieurs projets.