Spectacle vivant, épuré et élégant.
L’espérance de vie augmente, le risque de rentrer dans la démence aussi. Notre société prône la jeunesse comme seule valeur « valable », voire acceptable. Que faisons-nous de cette contradiction ? Le travail mené par Emmanuelle Hiron autour de la vieillesse, de la dépendance, de la démence et de la mise en institution vise à poser la question collective de notre rapport à la mort et de ses conséquences, (re)mettant ainsi « les vieux » au centre de l’attention. La metteuse en scène, réalisatrice et comédienne a rencontré ces résidents et les a filmés, les invitant à parler d’eux et de leur vie. Transposant à la scène leurs dires et ceux de leur gériatre, elle se met au service de son sujet et cherche la limite de la représentation qui permet la réflexion, entre l’adresse directe et l’espace poétique, entre théâtre et réalité documentaire. Le spectacle est composé comme un duo, le monologue d’Emmanuelle Hiron sur scène répondant au documentaire projeté sur écran, installant un rapport intime, une introspection et une émotion.
« Emmanuelle Hiron lève avec beaucoup de sensibilité un regard juste humain sur la vieillesse. » LE MONDE
Avec le soutien de l’Onda - Office national de diffusion artistique
Texte, idée originale et mise en scène Emmanuelle Hiron. Avec Emmanuelle Hiron. Assistée de Nicolas Petisoff. Collaboration artistique David Gauchard • Création lumière Benoît Brochard. Régie lumière Alice Gill-Kahn. Administration Maud Renard. Diffusion La Magnanerie, Julie Comte et Victor Leclère.
La compagnie L’unijambiste est associée à l’Espace Malraux / scène nationale de Chambéry et de la Savoie de 2014 à 2018, en résidence à l’Espace Jean Legendre / scène nationale de l’Oise en préfiguration, et conventionnée par la Région Nouvelle Aquitaine et par le Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Nouvelle Aquitaine. David Gauchard est artiste coopérateur au Théâtre de l’Union, Centre dramatique national du Limousin de 2014 à 2018. Production L’unijambiste. Soutien de l’Ehpad Les Champs Bleus de Vezin-le-Coquet (35), du CIAS à l’Ouest de Rennes, du Théâtre Le Grand Logis ville de Bruz, du Théâtre de Poche-scène de territoire Bretagne Romantique & Val d’Ille Hédé, de L’Aire Libre, Saint-Jacques-de-la-Lande.
© photo : François Langlais, Dan Ramaën
L'espérance de vie augmente, le risque de rentrer dans la démence aussi. Notre société prône la jeunesse comme seule valeur “valable”, voire acceptable. Que faisons-nous de cette contradiction ?
Ce travail autour de la vieillesse, de la dépendance, de la démence et de la mise en institution ne vise pas à donner une, voire des réponses mais à se poser la question collective de notre rapport à la mort et de ses conséquences.
À (re)mettre aussi au centre de l'attention “Les vieux”.
“Les résidents”, ceux que j'ai rencontrés, filmés et qui ont amené cette réflexion.
À parler d'eux, de leur vie.
Entre théâtre, lieu de fiction et réalité documentaire, comment me mettre au service de mon sujet ?
La catharsis n'est plus seulement portée par l'acteur.
Les résidents sont les acteurs de cette réalité.
Je les accompagne.
Emmanuelle Hiron - automne 2014
J'ai travaillé ces sujets-là avec mon amie [Laure Jouatel]. Enfin elle, elle ne travaillait pas, elle écoutait, elle parlait. J'ai retranscrit ça. J'ai voulu que ce soit un monologue assez documentaire pour répondre à des images qui le sont. Ça m'a paru difficile de faire un texte trop poétique avec des images très documentaires. Ça rendait la chose mièvre. Je n'avais pas envie que cette vision soit sentimentaliste. Je voulais qu'elle soit concrète, très directe. Et pas forcément plus drôle que ce qu'elle est, ni non plus plus grave. Le documentaire est un média que j'adore.
J'ai aussi joué beaucoup de classiques et j'avais très envie d'aborder un théâtre beaucoup plus concret, très actuel. La question que je pose là, elle se pose maintenant. Dans quarante ans, elle n'aura peut-être plus valeur. Le texte est valable maintenant. Ça, ça me donnait très envie. Ça s'est donc traduit comme ça.
J'y suis allée tellement naïvement. Avec de la pudeur aussi. Je filmais les gens sans trop d'a priori. Je n'étais moi-même pas confrontée aux soins. J'étais avec eux.
Je suis par exemple partie sur le rapport à la jeunesse que notre société entretient. Et par conséquent de notre rapport à la mort. C'est vraiment combiné. Je suis également partie sur une phrase que j'ai beaucoup entendue lorsque je disais que je travaillais sur ce sujet (elle se récrie) : « Oh ! Moi je ne peux pas ! » Ça m'a passionnée ! Je ne demandais rien à personne mais j'avais souvent cette réponse : «ah, moi je ne peux pas. Je ne peux pas y mettre les pieds» Ce rejet m'a beaucoup intéressée. On a beaucoup parlé de ça. On a aussi parlé de la qualité de vie. De jusqu'où on va, et par conséquent de la question de l'euthanasie.
Et puis il y a aussi un peu de projection. On va vieillir plus longtemps. C'est aussi le but, la grosse question de ce spectacle : vivre plus longtemps, mais comment ? Cette grosse contradiction. Tu vas vivre plus longtemps, on te le promet, on fait tout pour, mais on ne te dit pas comment. La grande ambivalence de mon spectacle, c'est ça. Vivre plus longtemps, mais comment.
J'aime bien l'idée de la projection. C'est cathartique aussi. Une fois qu'on se pose la question, je trouve que ça va mieux. Ça me rassure.
Emmanuelle Hiron - avril 2015
Compagnie créée par David Gauchard, metteur en scène, en 1999.
“Au gré des créations et collaborations successives, je découvre le plaisir de l'alchimiste. Il ne s'agit pas d'additionner les talents mais de les fusionner. Rendre miscibles des composants supposés non miscibles.
Au fil de ma formation, de mes voyages et de mes rencontres... Donner envie à des artistes qui m'ont donné envie. Si j'ai un talent, c'est de m'entourer de gens qui ont du talent. Rassembler, organiser, mélanger et voir ce que ça donne.
Mon amour de l'artiste, de l'homme dans sa rigueur, dans sa folie, dans sa technique, dans sa force collective, me conduit à opérer cette fusion en veillant à ce que chacun y trouve matière à rêver et à s'épanouir.”
David Gauchard
La compagnie regroupe des comédiens (Nicolas Petisoff, Emmanuelle Hiron, Vincent Mourlon...), des musiciens (Robert Le Magnifique, Arm, Olivier Mellano...), un auteur-traducteur (André Markowicz), un vidéaste-graphiste (David Moreau), un ingénieur-concepteur (Taprik)...
En mariant le théâtre à la musique, aux arts numériques, à la danse, David Gauchard ne cherche pas à être innovant ni à relooker les œuvres classiques. Mais bien plutôt à chercher l'endroit de la réconciliation entre une vieille idée du répertoire et celle d'un théâtre dit contemporain. La quête de la compagnie est toujours la même : servir au mieux l'auteur et le sens du texte.
”Donner à voir et à entendre un texte fort, exciter l'oreille et l'œil par la mise en œuvre d'un théâtre pluridisciplinaire où l'émotion jaillit autant du propos de l'auteur et du jeu de l'acteur, que de la force de suggestion des images et du son : scénographie abstraite qui laisse le champ à l'imagination, accent mis sur le travail de la lumière, composition musicale originale jouée en live, intervention de la vidéo, des arts plastiques.”
David Gauchard
Après la trilogie Shakespearienne (Hamlet, Richard III et Le songe) Ekatérina Ivanovna de Léonid Andréïev la compagnie entre dans un cycle de recherche d'une forme de théâtre politique en réaction directe avec les questions de société qui nous entourent. C'est l'abandon pour un temps des grands classiques, et la recherche d'une forme de dramaturgie «plus documentaire» et plus ancrée dans le réel :
wk4[Inuk], un voyage chez les Inuit pour un spectacle dès 7 ans,
Les résidents, qui interroge notre rapport à la vieillesse et à la fin de vie,
Le fils, une commande d'écriture à Marine Bachelot Nguyen sur les dérives extrémistes,
et bientôt Le temps est la rivière où je m'en vais pêcher d'après les écrits d'Henry David Thoreau.
Comédienne
Emmanuelle Hiron a été formée à l'école de théâtre ACTEA de Caen, puis à l'Académie Théâtrale de l'Union de Limoges.
Au théâtre, elle joue sous la direction de Silviu Purcarete (Dom Juan, De Sade), Philippe Labonne (L'échange, George Dandin, La cerisaie), Mladen Materic ( La cuisine, Séquence 3, Nouvelle Byzance, Un autre nom pour ça) et participe depuis le début aux créations de David Gauchard au sein de L'unijambiste (Mademoiselle Julie, Talking Heads, Hamlet / thème et variations, Des couteaux dans les poules, Richard III, Le songe d'une nuit d'été, Ekatérina Ivanovna, Inuk, Le fils).
Elle joue aussi régulièrement pour la télévision et le cinéma.
A partir d'un travail documentaire mené depuis deux ans, elle signe avec Les Résidents sa première création au sein de L'unijambiste (création festival Mythos 2015).
A la fois réalisatrice du documentaire et interprète du monologue de la gériatre sur scène, Emmanuelle HIRON, lève avec beaucoup de sensibilité un regard juste humain sur la vieillesse. Étonnamment, sa caméra semble caresser les visages qu’elle filme, en retenant son souffle. Mais lorsqu’elle parle, nous sommes saisis par le flux de ses paroles qui dans une sorte d’urgence toute juvénile, exprime ce qui nous lie profondément à la vieillesse et aussi à la mort. Le Monde
Les Résidents est une forme théâtrale tout en finesse et sensibilité. Ce monologue (...) porte sur la vieillesse. Ce sujet dérange. On l’évite. C’est le constat posé d’emblée par la pièce. Alors, sans jugement, l’une des qualités ici, cette oeuvre entreprend de libérer une parole et, ce faisant, un tabou. Elle interroge notre façon de considérer la vieillesse, ou plutôt de ne pas la considérer. Or, elle nous concerne tous. La pièce pose ainsi des questions cruciales sur la place faite par la société aux vieilles personnes, sur la qualité de leur vie, leur bonheur possible, le respect, la dignité, la mort, l’accompagnement médical, mais surtout humain. La pièce sait engager notre responsabilité, en amenant une fine émotion. (...) Le ton intimiste et chaleureux de la pièce aide le spectateur à se libérer de ses peurs et de ses réticences. Il peut enfin considérer la vieillesse. Le Populaire
Entre les images, Emmanuelle Hiron parle du quotidien de ceux qui, arrivés au bout de leur vie, ont perdu la mémoire. Elle philosophe et exprime son désir de les voir à nouveau dans la vie. Pour elle, l’extrême vieillesse est aujourd’hui trop cachée. (...) Elle fait part des interrogations du personnel médical, des familles. Vivre longtemps, mais dans quel état et pourquoi ? Puis elle pose à nouveau la question du droit à la vie. (...) Tout le mérite de ce spectacle est de mettre au grand jour des «problèmes» dont on parle peu ou alors seulement lorsque l’on est, à quelque degré, concerné. Le Télégramme