Après l’adaptation de La Maman et la putain de Jean Eustache presentée au Drakkar en février 2016,
Dorian Rossel s’attaque au chef d’œuvre du réalisateur japonais Yasujiro Ozu, Voyage à Tokyo.
Un couple de retraités fait le voyage à Tokyo pour retrouver enfants et petits-enfants. Dans le tourbillon de la grande ville, la famille est absorbée par le quotidien et le temps manque pour être ensemble. Les enfants se cotisent pour offrir à leurs parents quelques jours de repos au bord de la mer mais l’hôtel balnéaire est bruyant, peuplé d’étudiants qui festoient. La mère est prise de vertiges…
La poésie d’Ozu donne à voir sans juger. Derrière l’apparente simplicité de sa fable, il révèle les moments de vérité des personnages, leurs espoirs, leurs regrets qui nous touchent au cœur en résonnant avec nos propres expériences. Il pose la question du temps qui passe, de la filiation et de l’éclatement de la cellule familiale dans un Japon qui se modernise.
© d'après le scénario de Yasujirō Ozu et Kōgo Noda
Avec : Rodolphe Dekowski, Xavier Fernandez-Cavada, Delphine Lanza, Yoshi Oïda, Fiona Sanmartin, Elodie Weber, Alex Muller Ramirez et Yohan Jacquier (musique), Immanuel de Souza (musique) Mise en scène : Dorian Rossel Dramaturgie : Carine Corajoud Collaboration artistique : Delphine Lanza Création musicale : Alex Muller Ramirez & Immanuel de Souza Responsable technique et régie générale : Matthieu Baumann Scénographie : Clémence Kazémi, Sibylle Kössler, Manon Fantini Lumière : Abigail Fowler Costumes : Amandine Rutschmann Assistanat et dessins : Clément Lanza Photos : Laurent Weyl / Argos Construction : Valère Girardin Directrice de production : Muriel Maggos Assistante de production : Johanne Pigelet Diffusion : Emilie Hénin (Bureau Formart)
Production : Cie STT Co-productions : Théâtre Forum Meyrin, MAC Créteil, TPR La Chaux-de-Fonds, La Garance Scène Nationale de Cavaillon, Théâtre Paris-Villette Avec le soutien de : Fondation Meyrinoise du Casino, Loterie Romande Genève, Pro Helvetia, Corodis, Ernst Göhner Stiftung, Pour-cent culturel Migros Remerciements : Carine Barbey, Piera Bellato, Marco Calamandrei, Marina Golovine, Karim Kadjar, Nicolas Lieber.
La Compagnie est conventionnée avec les Villes de Lausanne, Genève et Meyrin et avec le Canton de Genève. Elle est associée à la Garance, Scène Nationale de Cavaillon et artiste associé en résidence au Théâtre Forum Meyrin.
© photo : Carole Parodi
DIMANCHE 14 MAI 18H30
DE YASUJIRO OZU (JAPON - 1962)
« Les films d’Ozu parlent du long déclin de la famille japonaise, et par-là même, du déclin d’une identité nationale […] Pour moi le cinéma ne fut jamais auparavant et plus jamais depuis si proche de sa propre essence, de sa beauté ultime et de sa détermination même : de donner une image utile et vraie du 20e siècle. » Wim Wenders [+]
Séance suivie d’une conférence de Youri Deschamps, rédacteur en chef de la revue Éclipses.
MARDI 16 MAI, BAR DE DSN
Avant le spectacle, scène ouverte à la classe de saxophones du Conservatoire à Rayonnement Départemental Camille Saint-Saëns. [+]
(..) Tel ce Voyage à Tokyo du cinéaste japonais Yasujiro Ozu (1953), adapté sur les planches par un autre Suisse, Dorian Rossel, et où il est question de transmission entre générations aussi. Le metteur en scène de 40 ans aime à s’attaquer à une matière non théâtrale. Justement pour en faire théâtre, échange, lien vivant. On avait déjà apprécié qu’il transpose La Maman et la Putain, de Jean Eustache, ou la BD Quartier lointain. Il s’y emploie toujours avec une étonnante économie de moyens, un sens du détail concret, de l’épure, de la stylisation. Comme Ozu. (..) Il suffit d’un accessoire — paire de lunettes, cabas — de quelques phrases murmurées pour suggérer l’âge, le temps, la détresse pudique de parents silencieux, abandonnés à la solitude, aux modes de vie qui changent. C’est simple et juste. Avec du saké et de l’ivresse comme chez Ozu. Beaucoup de tendresse aussi et d’humour triste. On ne cherchera pas à comparer le film et la pièce. On se laissera juste consoler par le regard ami du metteur en scène — ou cinéaste — sur ses personnages. Sur les traces qu’ils laissent.
Fabienne Pascaud - Télérama
Avec l’éblouissant Yoshi Oïda en chef de troupe, Dorian Rossel relève le défi de porter au théâtre une des œuvres majeures du cinéma d’Ozu. Entouré par les cinq jeunes acteurs de la troupe de Dorian Rossel qui se distribuent tous les rôles, le grand Yoshi Oïda incarne avec une infinie tendresse ce père prenant doucement conscience d'avancer vers le couchant de la vie. Avec son humour, sa voix au phrasé incomparable et sa silhouette hirsute, c'est un délice de le retrouver sur le plateau. A 83 ans, celui qui a participé à tant d'aventures théâtrales au côtés de Peter Brook est, à lui seul, le prestigieux garant de la légitimité de cette entreprise osant se confronter à l'univers des images d'Ozu... Plus qu'un comédien, il est alors ce lien précieux réunissant avec brio le théâtre et le cinéma.
Patrick Sourd - Les Inrockuptibles
Depuis 2004, Dorian Rossel a su imposer son style en choisissant principalement d’adapter pour le théâtre des œuvres artistiques qui n’en sont pas : coupures de presse manga, partition musicale ou bien encore très récemment les minutes du procès de Véronique Courjault avec “Une femme sans histoire”. Des transpositions qui sont toujours subtilement adaptées, interprétées avec brio, des mises en scènes visant à l’essentiel et axées sur les champs imaginatifs. Il y a bien aussi un brin de Brook dans la signature de ses créations, le public le sait et le soutien. Une pièce à ne manquer sous aucun prétexte et pour tous ceux qui n’ont jamais osé aller au théâtre, c’est un des meilleures occasions pour le découvrir.
Julie Lang-Willar - Le Dauphiné libéré
(...) D'abord, on soulignera un grand plus : il n'utilise jamais de vidéo et reste très proche de la structure narrative d'Ozu et de son scénariste complice Kogo Noda. Dans ce cinéma très formel, on parle finalement très peu, mais les dialogues sont d'une grande qualité d'écriture qui leur permet de passer la rampe et d'être utilisés sans l'image. Ici, Dorian Rossel a astucieusement remplacé les célèbres plans d'Ozu par des bruitages ou par l'utilisation de la musique jouée en direct par Alex Muller Ramirez et Immanuel de Souza. Autre problème formidablement résolue par Dorian Rossel : celui concernant les acteurs et leur jeu. Si l'on connaît le cinéma d'Ozu, on n'ignore pas qu'il utilise les meilleurs de son pays(...) Dorian Rossel s'est ainsi entouré d'acteurs de grande qualité et a confié le rôle du père interprété par Ryu au seul Japonais de la troupe, Yoshi Oida. (...) Avec son délicieux accent japonais, ses petits pas faussement gauches, son penchant pour la boisson, il incarne parfaitement le vieux père. (...) On avait émis des réserves sur son adaptation de "La maman et la putain" de Jean Eustache, réintitulée "Je me mets au milieu mais laissez-moi dormir". Cette fois-ci, on les écartera toutes pour applaudir le travail de passeur de Dorian Rossel qui, avec son "Voyage à Tokyo", devrait donner envie à bien des spectateurs de voir ou de revoir les admirables films de Yasujiro Ozu.
Philippe Person - www.froggydelight.com
une transposition de l’épure
Les films de Ozu sont une source d’inspiration pour notre travail. Nous les avons découverts lors de la création de Quartier lointain en 2009, dont l’auteur Taniguchi a été influencé par le travail de Ozu. Après cette première exploration, nous désirons poursuivre cette recherche. Plus Ozu avance dans sa carrière, plus il épure les traits de son cinéma. Il opte pour des plans fixes à hauteur de tatami et déplace la caméra de manière précise. Les ponctuations opérées par le montage sont quelques coupes placées comme des respirations. Ses scènes se passent dans des intérieurs et se centrent sur les liens de famille.
Sur le plan esthétique, cette recherche d’une ligne épurée caractérise nos choix de mise en scène qui rompent avec un traitement réaliste. Par un travail de transposition à travers des métaphores scéniques, il y a une manière de raconter l’intériorité des personnages sans recourir à un appareil psychologique. Nous voulons inviter le spectateur à s’immiscer dans le spectacle de manière suggestive, en restant plus évocateurs qu’explicatifs. Cela libère, selon nous, l’imaginaire et l’émotion, tout en donnant au spectateur une place active.
“Chez Ozu, tout nous est montré, rien n’est dit”. (1)
[La voisine] Vous devez vous sentir bien seul maintenant qu'ils sont partis...
[Shukichi, le grand-père] Ma foi...
[La voisine] Tout s'est passé si vite.
[Shukichi, le grand-père] Oui... C'était quelqu'un qui n'en faisait jamais qu'à sa tête, mais si j'avais su ce qui allait se passer, je me dis que j'aurais dû me montrer plus gentil avec elle tant qu'elle était encore en vie... Quand on se retrouve seul, les jours paraissent soudain plus longs...
[La voisine] C'est vrai, et tout cela est bien triste pour vous...
[Shukichi, le grand-père] Ma foi...
Jusqu’alors, nous avons déjà interrogé notre pratique de la scène par la transposition d’univers textuels non issus du répertoire théâtral (roman, cinéma, BD). En reprenant une matière cinématographique, nous cherchons la porte d’entrée à la profondeur de l’univers de Ozu qui, par des situations très concrètes, trouve le moyen d’ouvrir sur l’universel. Cela suppose de trouver des transpositions scéniques qui donnent à voir et à entendre le goût d’une réalité qui nous dépasse. En décontextualisant les mots de l’image réelle, en les faisant résonner sur la scène, il y a aussi matière à les faire entendre différemment.
Quelles métaphores pour toucher l’intimité et l’intériorité des films, la force des situations décrites ? Comment transposer les sentiments intérieurs par des actions concrètes ? A quelle intensité placer le jeu des comédiens ? Quels univers visuels et musicaux ? Quel rapport entretenir avec le public ?
Cela ne signifie pas une économie de moyens, mais au contraire d’utiliser la dimension spectaculaire du théâtre pour amplifier les traits sans perdre la qualité et la finesse du langage cinématographique.
Nous voulons trouver la force et la dimension percutante de Ozu en créant une partition sonore et visuelle pour exprimer les enjeux que traversent les personnages, captés à un moment crucial de leur existence.
(1) Les citations sont tirées de l’ouvrage de Donald Richie, Ozu, éd. Lettre du blanc.
une exploration de l’humain
Si Ozu a débuté sa carrière en interrogeant dans ses films la réalité sociale du Japon avant la Seconde Guerre mondiale, il se dirige progressivement vers des thématiques qui mettent en jeu la condition de l’humain. Il maintient un univers très concret, mais il se concentre sur l’état des personnages placés dans des situations précises. La famille et l’univers intérieur des foyers domestiques deviennent son lieu d’exploration. Car, dans cette concentration de liens, se jouent les grands thèmes qui traversent l’existence : la naissance, la mort, le mariage, l’amour, le deuil, la séparation.
“Ozu a déclaré: “Qu’est-ce que j’entends par personnage? Eh bien, en un mot, humanité”.
Ozu capte l’attitude existentielle dans la vie quotidienne. L’humanité des personnages surgit à travers l’évidence des situations, comme des moments révélateurs. Les événements et les situations sont simplifiés au minimum, la réaction des personnages également. Aucun éclat et déballement d’état d’âme ne sont réellement proposés, mais la cruauté de notre condition éclate dans cette évidence.
D’où l’importance d’un scénario très construit où chaque mot porte une signification clairement définie. Les non-dits sont la porte ouverte à la charge émotionnelle, la façon de capter la vérité du moment que vit chaque personnage.
C’est cette matière verbale très dense qui nous intéresse en saisissant ces instants cruciaux des personnages. Nous voulons donner à entendre cette partition a priori très sobre mais qui ouvre sur des révélations existentielles atteignant le spectateur au coeur de sa propre expérience.
“Pour Ozu, la fable n’est qu’un prétexte; il lui importe bien plus de nous montrer comment ses personnages réagissent à ce qui se passe et quels modes de comportement ces relations favorisent.”
Voyage à Tokyo pose la question de la passation entre générations et les mutations qui touchent à la famille dans le Japon des années 1950, avec un effritement du socle traditionnel. Cela se joue dans la distance entre le village éloigné des parents et la grande ville de Tokyo, symbolisée par le voyage en train. Sans tomber dans un jugement sur les enfants qui évitent d’apporter le soin nécessaire à leurs parents, le film de Ozu montre la montée d’un nouveau mode de vie lié à la culture urbaine. Un hiatus se crée lorsqu’un éloignement et des différences de contextes séparent les générations. Cette thématique possède aujourd’hui une résonance forte, où les références des nouvelles générations évoluent rapidement et où une forme de solitude caractérisent la vie urbaine.
Toutefois le génie d’Ozu n’est pas de juger, mais de montrer. Chaque point de vue des personnages est posé, permettant au spectateur d’entrer en empathie avec plusieurs d’entre eux sans masquer les contradictions possibles.
Nous allons dans ce sens : interroger le rapport au passé, à la mémoire, à nos ascendances et nos descendances. Dans ce lot de questions posées, le spectateur refait son propre chemin : d’où vient-il et que veut-il faire de son héritage ? Que veut-il léguer à ses enfants ? En élargissant sa compréhension de lui-même et celle des autres.
Carine Corajoud
Notes scénographiques
Notre point de départ est toujours l’espace vide, la scène en elle-même. Puis nous cherchons des éléments généralement abstraits qui suscitent l’imaginaire et des perceptions sensibles. Nous souhaitons que les systèmes perceptifs soient mis en éveil (une écoute plus fine, des illusions d’optique, etc…). Parallèlement, des matériaux concrets nous aident à mieux faire apparaître les saillies du réel. La scénographie ne doit pas « représenter » le drame et ses rebondissements mais aider à faire entendre la parole des acteurs et leur donner un espace de jeu. Certains accessoires ou meubles dans une disposition harmonieuse s’ils servent l’une ou l’autre scène pourront trouver une place dans le dispositif.
Le texte génère des images chez les acteurs et les spectateurs. Il ne faut pas que la scénographie encombre ces projections mentales. Elle doit faire voir, entendre et résonner le texte sans l’étouffer.
Les corps, les sons, le jeu, les mots dialoguent avec un support visuel proche d’une installation d’art contemporain plus qu’une représentation d’un espace réaliste, on peut le voir comme un espace mental. Les sessions de recherche, chères au fonctionnement de la Cie STT, exploreront comment trouver et jumeler cet accompagnement visuel à la délicatesse et la poésie des mots.
Musique
Dans nos spectacles, des musiciens ont toujours trouvé leur place sur scène avec les comédiens. Sobre et simple, la musique se distingue par une absence d’effusions ou d’envolées lyriques, elle ne souligne pas l’action mais reflète sa complexité. Si jusqu’alors des mélodies ont accompagné le récit, en contrepoint, sur ce nouveau projet c’est aussi à une autre forme de musique que nous ferons appel. Une place sera réservée à des sons enregistrés en direct. Cette « musique » qui peut sembler à priori moins perceptible et narrative effectue en réalité un travail de « rapprochement intime » par l’amplification, la transformation et le traitement des sons et bruits générés par les corps des acteurs.
Les voix sont des instruments de la musique et constituent une polyphonie. C’est donc d’abord de l’amplification des voix qu’il s’agit, mais pas seulement. Respirations, bruits de pas, frottement des habits, déplacement d’objets ou décors sur le plateau contribuent également l'environnement sonore de la pièce.
Ces jeux d’amplification accentuent l’idée d’observation à la loupe. Un travail subtil et discret que nous avons commencé à développer récemment. Le traitement du son se rapprochera ainsi du travail développé parfois au cinéma afin d’inventer un langage scénique propre fait de sons, de mots, et de mélodies qui se répondent et s’entrechoquent.
Fondée en 2004, la Cie STT a déjà créé une quinzaine de pièces, installations, performances, saluées en Suisse et à l’étranger. Entouré d’une équipe fidèle (Delphine Lanza à la collaboration artistique, Carine Corajoud à la dramaturgie, Muriel Maggos à l’administration et la production), Dorian Rossel favorise le travail d’échange et de partage entre tous les intervenants au projet. Il confère donc une place majeure aux artistes en scène (acteurs, danseurs et musiciens) avec qui il aime poursuivre la collaboration sur le long terme.
Généralement les textes ou support sur lesquelles ils travaillent (roman, récits film, essai documentaire, ou bande dessinée) ne sont pas empruntés au répertoire théâtral. Les spectacles sont conçus dans un va-et-vient entre l’élaboration dramaturgique et le travail du plateau. La dimension empirique de la démarche est fondamentale. Elle implique une réévaluation permanente de ce qui se construit au fil des sessions de recherche et des répétitions. Cela nécessite, par ailleurs, de travailler sur le long terme. Même si le travail dramaturgique est initié avant le début des répétitions, le texte varie continuellement en fonction de ce que génère le travail au plateau.
Le texte ne s’impose donc pas de l’extérieur, mais il est considéré comme un élément parmi les autres langages scéniques, pour que le sens puisse émerger grâce aux autres systèmes de signes. Un geste, un éclairage, une idée scénographique en disent parfois autant qu’un mot, ou parlent différemment, ce qui permet une lecture polysémique. Le travail choral est aussi fondamental, les acteurs étant quasiment toujours tous en scène, passant d’un personnage à un autre sans qu’aucun réalisme ne soit recherché. De ce fait, l’illusion théâtrale est affirmée. Nous privilégions donc les ressources cachées du théâtre, l’inventivité de la scène, par une esthétique qui préfère les vides que les pleins, la retenue plutôt que les effets spectaculaires. Cela afin de laisser les « oeuvres ouvertes », invitant le spectateur à combler les « vides » par son imaginaire. Susciter plutôt qu’imposer.
« L’envie est toujours de développer un théâtre accessible, direct mais exigeant, singulier et contemporain. La particularité des mises en scène de la Cie STT réside dans le fait qu’elles ne se construisent pas toujours autour d’un texte ou pièce du répertoire théâtral, mais à partir d’une problématique contemporaine avec la volonté de parler de notre époque et de l’expérience que les individus en font.
Au cours de l'élaboration dramaturgique et tout au long du processus de création, il s'agit de ne jamais se baser sur des présupposés théâtraux ou scéniques. Je souhaite affirmer le caractère empirique du théâtre.
Je réunis non pas des interprètes mais une équipe de créateurs pour chercher comment raconter et construire notre propos. Ensemble on chemine dans l'approche d’une problématique globale, l’imprégnation d’une langue et sa transposition vers une écriture scénique.
Nous voulons créer des « oeuvres ouvertes », polysémiques, où le sens n'est pas arrêté une fois pour toutes et figé dans des balises uniformément intelligibles. Nous sommes à la recherche d’un théâtre qui rassemble et donne l’envie de se questionner, d’apprendre et de s’ouvrir aux autres. Mais aussi qu’il donne du plaisir et la force de se dépasser, d’apprendre, d’aimer, de retourner au théâtre, de sortir de ses préjugés. Qu’il soit une invitation à entrer dans un univers délicat, exigeant et complexe, miroir de notre monde »
Dorian Rossel