Ne cherchez surtout pas à comprendre comment ça marche, laissez-vous porter par l’onirisme
et la poésie fantastique de ce maître incontesté de la « magie nouvelle ».
Les Limbes est un voyage aux frontières du réel, vers un ailleurs peuplé de créatures magiques. Jongleur, manipulateur et magicien, Etienne Saglio entretient avec les objets une relation troublante et virtuose. Son premier spectacle Le Soir des monstres, présenté à DSN en novembre 2010, nous avait déjà enchanté par sa poésie et son univers unique. Dans ce nouveau spectacle, un homme en proie à ses fantômes s’éloigne de la rive et s’enfonce alors doucement dans les limbes, cet endroit indéfini où s’égarent sans fin les âmes des morts qui ne méritent pas le paradis. L’inanimé prend vie, lévitations, disparitions et surgissements mystérieux se succèdent et nous laissent médusés. Étienne Saglio évoque magistralement cet étrange voyage aux images évanescentes et lyriques, dans un jeu d’ombres et de lumières magnifié par des extraits du Stabat Mater de Vivaldi. Un univers empreint de mystère et d’étrangeté, proche du romantisme noir des contes fantastiques, d’une beauté rare.
« Le jeune homme au manteau rouge et son double à la tête de (presque) mort, la quasi-obscurité, les ombres, la lumière blanche au fond du tunnel, l’âme matérialisée par un fantomatique long voile blanc… tout y est. En contrepoint, la musique baroque de Vivaldi sublime le tout. C’est beau et glaçant. » Télérama (TTT)
JEUDI 8 DÉCEMBRE, BAR DE DSN
Avant le spectacle, scène ouverte à la classe d'ensembles à cordes, quatuor et Mozaïk du Conservatoire à Rayonnement Départemental Camille Saint-Saëns. [+]
Création et interprétation Étienne Saglio • Écriture et regard extérieur Raphaël Navarro. Écriture Valentine Losseau • Création lumière Elsa Revol. Régie lumière Nicolas Joubaud. Régie plateau Laurent Beucher, Vasil Tasevski, Simon Maurice. Jeu d’acteur Albin Warette. Composition musicale Oliver Dorell. Costumes Anna Le Reun. Montage et suivi de production ay-roop.
Production Monstre(s). Coproductions, aides et soutiens Festival Mettre en scène (structures associées : Théâtre National de Bretagne à Rennes, Le Carré Magique pôle national des arts du cirque à Lannion, Théâtre Le Grand Logis / Ville de Bruz ), le TJP - CDN d’Alsace en partenariat avec Le Maillon Théâtre de Strasbourg, La Brèche pôle national des arts du cirque à Cherbourg, Le CREAC pôle national des arts du cirque Méditerranée, La Faïencerie Théâtre de Creil, EPCC Le Quai à Angers, l’Espace Jéliote à Oloron-Ste-Marie, l’Espace Jean Vilar à Ifs, La Méridienne scène conventionnée de Lunéville, L’Estran à Guidel. Avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication - DGCA et Drac Bretagne, de la Région Bretagne et de la Ville de Rennes. Un grand merci à Barbara, Mickael, Sandra, Anna et Martin... Résidences Théâtre Le Grand Logis / Ville de Bruz, le Centre Culturel Jacques Duhamel à Vitré, L’Intervalle à Noyal-sur-Vilaine, La Paillette à Rennes, Le Channel scène nationale de Calais, L’Estran à Guidel, L’Hectare scène conventionnée de Vendôme, Les Passerelles Espace Culturel de Pontault-Combault, La Brèche pôle national des arts du cirque à Cherbourg, Le Théâtre de Laval, Le Carré Magique pole national des arts du cirque à Lannion
© photo : Etienne Saglio
Ecriture
À la mort d'une personne, suit une période de veillée permettant aux personnes de l'entourage de s'habituer à la mort d'un proche. Mais le mort a aussi besoin de ce temps pour s'habituer à son nouveau statut. Dans beaucoup de traditions, d'ailleurs, la mort de la personne est suivie d'un voyage durant lequel le mort vit différentes aventures accompagné par un guide. Une sorte de guide des âmes qui l'accompagne jusqu'au royaume des morts. C'est ce voyage que j’invente afin de vous le conter.
Pour cela, le moment de bascule Vie/Mort ne m'intéresse pas. Nous arrivons juste après. Tout ceci reste le sous-texte. Le spectateur n'a pas forcément accès à ces informations.
Sur scène, il y a un personnage, un manteau rouge, une épée, du plastique.
Le personnage peut prendre plusieurs formes :
- Le comédien qui est le mort
- Le sosie du comédien qui est le fantôme du mort.
- Le crâne et le manteau qui représentent son cadavre stylisé
-Le pantin hyper réaliste en latex qui représente son corps sans vie.
Le manteau rouge et l'épée sont des symboles de puissance que le personnage manipule de façon marionnettique avant de se les approprier au fur et à mesure qu'il prend conscience de sa mort.
Le plastique peut prendre plusieurs formes :
- Un petit morceau de plastique comme une étincelle de vie
- Une grande bâche plastique qui est l'âme du mort
- Une méduse qui est le compagnon de voyage, l'animal psychopompe qui accompagne
le personnage vers l'autre monde.
- Une baleine éblouissante qui est la porte d'entrée vers l'autre monde. Un être de lumière.
Scénographie
Il n'y a pas de décor. Le plateau est recouvert d'une moquette noire épaisse qui nous permet un noir profond sans distinction entre le sol et le fond de scène. Il peut être fermé en avant scène et au milieu de scène par une soie noire qui permet de figurer différents espaces (net, flou, ombres).
Lumière
La lumière permet de situer les différentes zones du voyage, la "réalité" du mort, les limbes, l'enfoncement, les profondeurs ou les réminiscences de sa vie. Un jeu d'ombres et de floutés donne d'autres perceptions de l'espace.
Musique
La musique est un mélange de musique électronique et de musique classique. Elle figure des ambiances lointaines à partir de sons bruts desquels émergent des moments de clarté extraits du Stabat Mater de Vivaldi.
Marionnette
La marionnette est utilisée pour le moment miraculeux où les choses s'animent grâce à l'imagination des spectateurs. Ce moment souligne notre besoin de donner vie aux choses inanimées et permet une complicité qui m'est ensuite utile en magie pour désamorcer la tension du public qui veut comprendre "comment ça marche ".
Magie
La magie fait naître les images qui figurent les limbes, elle est partout, sur scène comme dans l'air que le personnage respire. Ce langage puissant et universel vient renforcer la confusion dans la perception entre vivant / inanimé et par là-même renforcer la plongée des spectateurs dans la narration en place. Cette magie s'inscrit dans une démarche de recherche autour de la magie nouvelle.
Magicien et jongleur formé aux écoles du Lido et du Centre National des Arts du Cirque. En 2007, il crée Variations pour piano et polystyrène et L'Envol pour son diplôme du CNAC, numéro qui sera joué l'année suivante au Festival Mondial du Cirque de demain. En 2009, il crée, avec Raphaël Navarro, Le soir des Monstres. Ce spectacle, déjà joué plus d'une centaine de fois, continue à tourner en France et à l'étranger. Parallèlement, il est interprète dans le spectacle Vibrations de la Cie 14:20. En 2011, il crée Le silence du monde / Installation Magique. Il collabore avec la Cie Barnabarn, la cie OrnotTo et le Blick théâtre (ex Boustrophédon) et intervient aux écoles du Lido et du CNAC.
«Tantôt spirite tantôt nécromancien», ainsi qu’il se présente dans la note d’intention, Saglio orchestre ainsi une drôle de sarabande sur les notes d’Antonio Vivaldi. Avec la minutie qui le caractérise (...), l’artiste s’épanouit de la sorte entre pénombre et lumière, jouant avec les échelles et les ambiances (spectrale, énigmatique, rêveuse, maléfique, facétieuse, poétique… la liste est longue). Chez lui, entre autres, le plastique volète dans les airs, comme prenant vie pour un singulier numéro de dressage, ou s’éparpillant pour mieux se recomposer. Certains écarquilleront les yeux pour essayer de comprendre, alors que le mieux reste pourtant de se laisser emporter. Next - Libération
Magnifique. Le mot est sur toutes les lèvres à la sortie du spectacle d’Étienne Saglio. (...) En silence ou en musique, sur l’air du magnifique Stabat mater de Vivaldi, l’artiste nous fait valser dans un ballet somptueux mais jamais esthétisant. Le parti pris d’un plateau nu, épuré, ne rend que plus grandiose l’irruption de formes volatiles, mais surtout leur engloutissement quasi instantané dans le sol. Des moments suspendus, éphémères, à la féerie rare. Les Trois Coups
Etienne Saglio fait naître comme par enchantement des images fantastiques et envoûtantes, baignées par la musique du Stabat Mater de Vivaldi. Le plus stupéfiant est la manière dont il fait apparaître et disparaître des formes volatiles et spectrales, petits fantômes dansants et moqueurs, ectoplasmes palpitant comme des méduses translucides, ou vastes manteaux de brume évoquant les voiles tournoyant de la danseuse Loïe Fuller, au début du XXe siècle. Comment fait-il, pour donner ainsi forme aux esprits ? Mystère. En bon magicien, Etienne Saglio ne veut surtout pas dévoiler le dessous des cartes, les secrets de fabrication qui tueraient l’inquiétante étrangeté et le charme de son univers. Tout juste consent-il à dire que ces chimères sont créées… avec des sacs en plastique. Ou comment atteindre la poésie la plus aérienne avec le matériau le plus trivial… Le Monde