Un personnage irrécupérable, entre le minable et le magnifique.
Dans cette pièce, Molière transgresse les règles de l’écriture théâtrale de son époque : l’histoire évolue en différents lieux, est écrite en prose, mélange les registres... Le personnage principal est sulfureux par essence, lui-même transgresse les règles de la bienséance, fait fi de la religion, séduit, ment, sauve, détourne, dérange.
Guillaume Doucet (de retour à DSN après Nature morte dans un fossé et Mirror Teeth) montre un Dom Juan porteur de retournements sociétaux larvés. Doit-on condamner son attitude ou admirer son culot ? Dom Juan est un rocker, borderline. Sganarelle, son valet, a un côté plus beat-generation, plus doux. Sous la patte Vertigo, la pièce devient baroque, Guillaume Doucet s’amuse des situations, des registres de jeu, implante les actes dans un sauna, une station balnéaire, une décapotable, une petite église à la Tarantino… jusqu’à la mort inédite de cet attachant pathétique. C’est clinquant, d’un kitsch revigorant et décomplexé.
« En ôtant quelque peu à la figure centrale sa singularité de séducteur déraisonné et en signifiant le joug du désir sur cette figure davantage libérale que libertine, Guillaume Doucet dénonce habilement des déviances communes, sans colère ni scrupule, avec humour et amour du jeu. » Le Souffleur
JEUDI 6 OCTOBRE, HALL DE DSN
Avant ou après le spectacle, La Grande Ourse (librairie café dieppoise) sera présente dans le hall de DSN et proposera des œuvres en rapport avec le spectacle. [+]
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D’après Dom Juan de Molière • Mise en scène Guillaume Doucet • Jeu Philippe Bodet (Dom Juan), Elios Noël (Sganarelle), Gaëlle Héraut (Elvire, Charlotte, le spectre), Boris Sirdey (Pierrot, La statue), Nicolas Richard (Dom Louis, Le pauvre), Antoine Besson (Gusman, Ragotin, La Violette, La Ramée, Dom Alonse), Yann Lefeivre (Dom Carlos, M. Dimanche), Bérangère Notta (Mathurine) • Collaboration à la mise en scène Bérangère Notta. Régie générale et régie lumière Lucas Samouth. Création lumières Jean-Charles Esnault. Son Maxime Poubanne. Régie plateau Ludovic Losquin et Antoine Pansart. Technicienne plateau et figuration Ophélie Lhermitte. Costumes Laure Fonvieille.
Production Groupe Vertigo Coproductions Théâtre La Paillette – Rennes, Théâtre Universitaire – Nantes, L’Archipel – Fouesnant, Quai des Rêves – Lamballe, Maison du Théâtre – Brest, La Lucarne – Arradon, Le grand Logis – Bruz, Théâtre National de Bretagne / aide à l’insertion école du TNB. Soutien Carré magique – Lannion. Partenaires institutionnels Ville de Rennes (soutien régulier et aide au fonctionnement), Conseil Général d’Ille et Vilaine (soutien régulier et aide au fonctionnement), Région Bretagne (soutien régulier et aide au fonctionnement), Ministère de la Culture – DRAC Bretagne (aide à la production en 2014, aide au conventionnement en 2015)
© photo : C. Ablain
PROCHAINEMENT ANNULÉ
DE VINCENT MACAIGNE (2015)
« Il faut sortir du fantasme romantique d’un Dom Juan séducteur. C’est au contraire un homme en cavale, malade, un être impur, oisif, qui dilapide l’argent de son père et se dresse contre Dieu ». Dans ce téléfilm réalisé pour la collection « théâtre » d’Arte, le metteur en scène et acteur fétiche du jeune cinéma français Vincent Macaigne livre sa vision du classique de Molière. Il sera intéressant de la confronter avec celle de Guillaume Doucet qui s’est lui aussi emparé du Festin de pierre.
UNE MATRICE DE THÉÂTRE
Dom Juan est depuis très longtemps une pièce que j’ai envie de mettre en scène. J’ai parcouru et lu de nombreuses adaptations de cette histoire, imaginant confronter le texte de Molière avec d’autres point de vue, classiques et contemporains, avant de me rendre à l’évidence que la version de Molière était la seule qui m’attirait, aussi parce qu’elle semble contenir toutes les autres.
Il y a dans cette pièce toutes les bases du théâtre. Molière saute d’un espace à l’autre avec une liberté inouïe, fait se côtoyer comédie et tragédie, pose des problèmes de mise en scène, et met en place des situations d’une puissance théâtrale impressionnante. Il y a là un certain nombre de scènes à la mécanique théâtrale impeccable, jouissives à mettre en scène, qui semblent avoir donné naissance à beaucoup de ce qui a été écrit après lui.
On passe de codes de jeux issus de la comedia dell arte, à des scènes de discussion crues et ciselées qui semblent tirées d’un texte contemporain. Il est très excitant pour nous de nous attaquer à ces structures imaginées par Molière, qui semblent, par les espaces et les temps qu’elles proposent, être à l’origine des questions de théâtre contemporain que nous avons abordées jusqu’ici.
En imaginant des dispositifs scéniques pour chacun des actes ou des « mouvements « pensés par Molière, je me suis retrouvé à plusieurs reprises face à des idées que j’avais déjà eues pour d’autres pièces, mais chaque fois face au coeur de l’idée, à son essence. Comme si chaque partie de Dom Juan pouvait être la matrice d’une pièce entière de théâtre contemporain sur laquelle j’ai pu travailler. Elle les contient. Plutôt que d’écarter cette pensée au profit de nouveaux dispositifs et d’une « originalité » factice, j’ai décidé de la suivre. J’ai décidé de prendre cette pièce comme elle s’imposait à moi : une matrice de théâtre.
Et cette démarche m’a permis, pour la scène finale de la pièce, de réunir mes préoccupations et d’aller plus loin que je n’ai pu aller jusqu’ici dans ma recherche sur le présent théâtral qui réunit réalité et fiction. Après avoir exploré cette matrice, la pièce termine sur un acte théâtral qui représente pour moi le coeur de mon travail, et qui sort du cadre imposé par l’époque de Molière. Comme si ce retour aux sources me permettait d’aller toucher l’ultra contemporain.
UN PERSONNAGE IRRÉCUPÉRABLE
A la lecture de la pièce, une envie fait très vite son apparition : celle de récupérer Dom Juan. Ce personnage qui se moque de ses engagements, qui préfère l’assouvissement du désir de conquête à la relation amoureuse, qui profite de sa position et de sa situation tout en se moquant de l’ordre moral, invite à s’en faire une idée toute personnelle et à l’y enfermer. A l’époque de Molière, cette récupération devait bien sûr passer par l’idée que c’était un homme dangereux avec des idées malsaines qui devait un jour où l’autre subir le châtiment du ciel.
A l’époque moderne, le processus a pris d’autres formes : Dom Juan est devenu un homosexuel refoulé, un patron qui abuse de son pouvoir, un séduisant libertin en révolte contre l’ordre moral poussiéreux (principalement), un héros tragique qui défie la mort…
Aujourd’hui, en lisant Dom Juan, on aimerait bien pouvoir se dire que c’est simplement un héros, quelqu’un qui défie l’ordre moral et les conventions au nom de la liberté individuelle et de la recherche du plaisir. Mais en étant honnête avec ce que dit la pièce, il est difficile de s’en tenir à cette version qui nous arrange. Dom Juan raconte par exemple l’envie qu’il a, en voyant un jeune couple amoureux et heureux, de défaire ce couple pour séduire la femme, tant il est pris de jalousie pour leur bonheur. Il n’y a là rien d’héroïque. Dom Juan ne prétend pas agir au nom de la liberté de tous, mais d’un désir de conquête très personnel. Il a donc des comportements de véritable « salaud ». Et en même temps il est tout ça, ce révolté contre l’ordre moral, cet homme qui défie la religion, les codes sociaux, et même la mort. Il est à la fois minable et magnifique. C’est cette contradiction, ce personnage ambivalent et impossible à juger comme on le voudrait, qui m’intéresse. C’est sa complexité qui fait toute sa richesse.
Dom Juan pose des problèmes, c’est ce qui fait sa force théâtrale. Il ne cesse d’en poser. Après avoir courageusement sauvé un inconnu sur la route, n’hésitant pas à se jeter dans la bataille alors qu’ils sont « en minorité de nombre », cet homme se révèle être Dom Carlos, le frère de Done Elvire, qui est à la recherche pour sauver son honneur d’un certain… Dom Juan. Dom Juan pose problème à Dom Carlos. Il lui a sauvé la vie avec bravoure, et en même temps il est l’homme qui a déshonoré sa soeur. Molière démine le schéma de vengeance du théâtre classique, en même temps qu’il nous met tous face à un personnage qui est à la fois héros et anti-héros. Un homme, donc.
C’est bien l’homme qui m’intéresse, avec toute sa complexité. Le choix de Philippe Bodet pour jouer Dom Juan, qui est pour moi une évidence, est intimement lié à ce point de vue. Il me fallait un homme qui puisse prendre en charge toute l’étendue du rôle, qui puisse se rendre séduisant et détestable, et porter avec lui sur le plateau toute la profondeur de cette figure théâtrale en rendant visibles les recoins de l’âme humaine.
LE CLASSIQUE ET LE MODERNE
Dom Juan est une pièce qui présente de surprenants accents de modernité : dans la forme du langage, dans les propos, dans les rapports entre le serviteur et le maître (qui débattent ensemble de sujets philosophiques), dans l’abandon radical de l’unité d’espace, dans le personnage de Dom Juan qui fait fi des conventions.
Pour moi, la figure de Dom Juan est celle qui amène dans la pièce la modernité, avec tout ce qu’elle implique (plus de peur de la religion, une parole en prose très libre, pas de différence entre les statuts sociaux des femmes qu’il séduit, plus d’autorité du père etc). C’est un personnage moderne qui chemine dans un monde classique. Personnellement il court droit à sa perte, mais il porte en lui le retournement des valeurs d’une époque.
C’est là que le personnage de Sganarelle est particulièrement intéressant. Il remplit à la fois les rôles de bouffon de comédie (qu’on attend de lui), et d’alter ego : il n’a de cesse d’entrer en discussion avec son maître et d’interroger sa vision du monde. Sganarelle est tiraillé entre sa fidélité à Dom Juan (qui est contrainte mais démontre aussi une vraie empathie) et ses propres croyances, celles avec lesquelles il est né. Il est perdu entre le classique du monde et le moderne de son maître, et n’arrive pas à joindre les deux bouts. Ce qui le rend d’autant plus drôle, mais aussi très fin et émouvant. Ce n’est seulement un valet de comédie, il cherche vraiment à comprendre l’ensemble de la situation, à tout réconcilier. Il se fait le porteur du « bon sens », bien plus que le garant de l’ordre moral. Et ici le bon sens est confronté à un problème insoluble, sur lequel il veut raisonner sans perdre sa posture classique. Mais c’est impossible. Car Molière a ouvert une faille : en permettant au valet de discuter régulièrement avec le maître d’égal à égal, il détruit le modèle classique par le simple fait de l’interroger.
Cette pièce a donc pour moi une place essentielle dans l’histoire de l’art et de la société. L’image de Dom Juan pourrait être celle d’un homme qui retire sa perruque du XVIIème siècle pour aller semer le trouble dans une fiction théâtrale aux codes bien établis.
Pour aller un peu plus loin, Dom Juan dit à un moment à Sganarelle : « Tu pleures, je pense ». Prise au premier degré, cette réplique pourrait être révélatrice. Sganarelle pleure, pendant que Dom Juan pense. Sganarelle dans le sentiment, Dom Juan dans la pensée, voilà l’autre coeur de cette confrontation entre classique et moderne pressentie par Molière. Sur le plateau, cet aller-retour entre émotion et intellect est une source de jeu et d’interrogation inépuisable
UN DÉBUT OUVERT
L’éloge du tabac et des fumeurs en forme de prologue, sur lequel Sganarelle démarre la pièce, est un motif que j’ai envie de décliner par la suite. Parce qu’une pièce qui s’ouvre sur un acteur qui fume est aujourd’hui une sympathique provocation. Parce que l’image de la cigarette est bien représentative de Dom Juan, qui pourrait bien être lui-même un grand fumeur dans le spectacle. Une cigarette qui se consume raconte bien cette pulsion autodestructrice et cette recherche de plaisir immédiat qui habitent Dom Juan.
La pièce s’ouvre sur Sganarelle fumant une cigarette. Et avant sa première phrase, il cite en fumant une liste de fumeurs célèbres. On entend donc : « Winston Churchill, Serge Gainsbourg, James Dean, … Quoi que puisse dire Aristote et toute la philosophie, il n’est rien d’égal au tabac. » La pièce commencera donc par une connexion en forme de clins d’oeil à une liste de figures célèbres, au-delà des époques. Puis le texte de Molière est entièrement respecté … jusqu’à la nouvelle fin.
UNE NOUVELLE FIN
A la fin de la version originale de Molière, Dom Juan meurt foudroyé par la statue du commandeur dans les dernières secondes de la pièce, et se retrouve ainsi puni par le ciel des crimes qu’il a commis. Cette fin écrite par Molière, sous forme de Deus ex machina, est clairement une concession à la censure de son époque. Le procédé est tellement gros et tellement tardif dans la fiction, qu’il semble même une véritable provocation tant cette mort est grotesque et arrive comme un cheveu sur la soupe. A se demander si la démarche de Molière n’est pas volontaire de céder à la censure tout en s’amusant à ses dépens.
Pour moi, la première évidence, c’est qu’aujourd’hui ce deus ex machina se doit de ne pas fonctionner. Quand la statue doit foudroyer Dom Juan, les effets scéniques sont bien là, avec son et lumière comme il se doit, mais rien ne se produit. La dernière réplique de Dom Juan (« O ciel que sens-je, un feu invisible me brûle ») est donc explicitement ironique et provocatrice. Plus de censure religieuse en 2014, pas de raison de se plier à la censure, Dom Juan peut se moquer et fanfaronner, ouvrir grand les bras, s’amuser que l’effet « punition » ne fonctionne pas.
On croit que la pièce va se finir ainsi, Dom Juan indemne et triomphant en train de pavaner. C’est alors que brusquement une spectatrice se lève, parcourt l’espace qui la sépare du plateau, monte sur scène et poignarde l’acteur qui joue Dom Juan. Tout ça se passe très vite, comme un attentat dans un concert de rock ou un meeting politique, personne n’a rien vu venir. Le plus réaliste possible. Trouble dans l’assistance pendant un très court moment, puis c’est la voix de Sganarelle qui sort pour la dernière réplique (« Et mes gages ! »). Et la fiction se termine comme prévu.
Nul besoin de savoir qui est cette femme, sa place dans la fiction ou la réalité. Une amante éconduite, une femme qui venge une proche, une féministe, une spectatrice écoeurée, une justicière dérangée… De toute façon Dom Juan sait qu’il court vers sa mort pendant toute la pièce, bon nombre de gens le cherchent pour se venger, et au-delà de la punition du ciel, il se dirige aussi sans surprise vers une vengeance humaine. Au-delà se sa nécessité dans la fiction, cette fin est aussi l’accomplissement d’un geste de mise en scène, celui qui consiste à faire jouer la fiction avec le présent de la représentation.
LE PRÉSENT ET LA FICTION
Dans mon travail de mise en scène, je cherche toujours à faire jouer un double rapport avec le public : le rapport d’interaction de la fiction, et celui du présent de la représentation. Un acte scénique peut à la fois faire sens dans l’histoire, et raconter quelque chose de la cérémonie théâtrale, du lien direct entre l’acteur et le spectateur. Chacun des deux sens nourrissant l’autre. Pour prendre un exemple très marqué, dans une mise en scène précédente, un personnage tire un coup de feu en l’air, et un projecteur tombe soudain sur le plateau, comme décroché par ce coup de feu. Le trouble de voir un projecteur s’éclater au sol dans la réalité vient nourrir la crainte qu’inspire le personnage dans la fiction, et inversement. Le spectateur peut alors profiter de cette double sensation.
Ce rapport au présent, que j’essaie de développer, me séduit aussi parce qu’il est “ exclusivement théâtral ”, la même action n’aurait pas de force au cinéma par exemple, où une balle tirée en l’air n’atterrit nulle part puisqu’elle sort du cadre.
Cette fin de Dom Juan, où l’illusion de réalité (la spectatrice qui monte sur scène) au service de la fiction (la mort de Dom Juan) joue tout son rôle, est aussi un manifeste : en faisant ce geste, cette femme met définitivement à bas le quatrième mur, et elle le fait même en tuant le héros. Et dans le même temps, aucun spectateur n’est défait de sa place, le public n’est pas atteint dans son intégrité. Le spectateur profite de l’illusion du présent, tout en restant totalement spectateur de théâtre. Le rapport entre l’acteur et le spectateur est à la fois troublé, et maintenu. Vivant.
Le groupe vertigo est une compagnie théâtrale basée à Rennes, créée en 2008 par Guillaume Doucet et Faye Atanassova Gatteau, et aujourd’hui dirigée par Guillaume Doucet et Bérangère Notta. Mathias Chandellier, administrateur de production et Mélissa Lebeau, assistante en administration, en assurent également le fonctionnement. La composition en est mouvante, avec des fidélités. Elle fonctionne au projet, réunissant une équipe pour la création d’un spectacle et la mise en place d’actions de transmission autour de ce spectacle. Artistiquement, elle s’intéresse principalement aux écritures contemporaines, en les confrontant à une théâtralité qui interroge le rapport au public et au présent de la performance. Les actes de transmission, qui sont essentiels et construisent la place de la compagnie dans la société, s’appuient sur une conviction : celle qu’une action pédagogique est un acte profondément politique. La compagnie reçoit le soutien de la Ville de Rennes, du Conseil Général 35, et de la Région Bretagne Le groupe vertigo est conventionné depuis janvier 2015 par le Ministère de la Culture - DRAC Bretagne.
Plus de 350 ans après, Dom Juan séduit toujours. Mieux, il fait un tabac ! C'est ce que le public du Nouveau théâtre, plein à craquer et toutes générations confondues, a exprimé vendredi soir par de multiples rappels. Une version revisitée par le jeune metteur en scène rennais Guillaume Doucet et la Compagnie Vertigo : le texte et l'esprit de Molière étant conservés, l'audacieux dépoussiérage s'est traduit par l'éclatement de l'unité en cinq lieux aussi décalés qu'une station balnéaire où règnent pub et kitch, une voiture décapotable, un sauna… Les changements de décors passent bien, fluides, sur des musiques contemporaines ad-hoc. Les comédiens Philippe Bodet et Elios Noël forment un duo complice. Leurs dialogues ne se bornent pas au thème du dandy séducteur addictif en mode rock. Ils interrogent aussi la religion, la médecine, le sens à donner à sa vie. Dom Juan semble se consumer en une lente autodestruction, dans une société « qui a élevé l'hypocrisie au rang de vertu ». La Nouvelle République
La pièce « Dom Juan », adaptée par Guillaume Doucet, sonnait rock, mardi et mercredi soir, au Carré Magique. Sur une forme moderne - cinq actes, cinq lieux - écrite par Molière au XVIIe, l'enfant du pays balade le séducteur irrépressible et son magistral valet depuis une décapotable jusqu'à une église à la Tarantino en passant par un sauna. Philippe Bodet campe Dom Juan, façon Rod Stewart, mécréant croqueur de novices. Sganarelle s'épanouit complètement dans le jeu incroyable d'Elïos Noël. Une quinzaine de comédiens, dont des figurants locaux, participent à cette création. Le Télégramme
Cette pièce est une comédie. Elle raconte les deux derniers jours de la fuite en avant de Dom Juan, accompagné de son serviteur et témoin. Haïssable et tellement attirant, prototype masculin binaire ou héros tragique en lutte contre l’ordre moral, égoste et généreux, Dom Juan ne cesse de poser des problèmes à ceux qu’il rencontre, personnages autant que spectateurs. A commencer par celui qui est chargé de le servir, et s’est mis en tête de chercher à le comprendre : Sganarelle. Entre classique et moderne, la mise en scène du jeune et inventif Guillaume Doucet explore toutes les ressources du plateau et invite sur scène rien de moins qu’une église, une plage, un sauna ou une vraie voiture, sans compter un nombre d’acteurs désormais rare sur les plateaux de théâtre, et parodie début et fin de façon réjouissante, sans jamais altérer le sens et le texte de Molière. Ouest France