Pierre Notte, auteur fidèle à DSN, revient pour une première proposition cette saison avec un conte de Noël aux saveurs drôles et grinçantes, comme il sait si bien les concocter.
Les guirlandes débloquent, les plombs sautent, la grand-mère disparaît. Ça commence mal, ça ne De l’art de s’enguirlander en famille…finira pas mieux. Entre temps, il y aura eu Noël et Nouvel An. Des disparitions et des révélations. Des rancoeurs et des pardons. Une robe à fleurs et un bonnet en laine. Des dindes et des chips. Des écarts de conduite et des habitudes tenaces. De la tendresse et des saillies tranchantes. Et de l’amour tout de même, beaucoup d’amour ! Comme l’écrit Pierre Notte, « le bonheur d’être ensemble et en vie passe par là, c’est malheureux mais c’est comme ça. C’est aussi très marrant parfois. »
Vous voyez, on s’amuse, venez quand-même !
« Notte cultive avec modernité un ton michel audiard à hurler de rire, il réinvente le conflit de générations comme jamais ». TÉLÉRAMA
Il s’agit d’un clan explosé en identités perdues, qui finira comme enfin ensemble peut-être pour la première fois soudé. Il s’agit d’une petite famille, d’un clan d’individus solitaires que l’épreuve et la conscience vont lier les uns aux autres, mieux que le régime familial et ses rites obligés.
Cinq individus dans trois champs de bataille contrastés : le sapin de Noël, le lit d’hôpital, la corde du pendu. Ces trois éléments marquent les trois grands temps de la pièce. Avec des respirations, des échappées belles (en voiture, en ascenseur, en machine à café, en couloir) où les êtres se disputent et se réconcilient, toujours.
On se suicide, mais on se rate et on renaît. C’est ça, le tableau familial presque religieux à ériger : des désastres qui ne se suffisent jamais à eux-mêmes, des solitudes tragiques qui se réparent grâce à d’autres solitudes tragiques, pour former des couples de gens qui aiment, s’aiment, et survivent, et continuent.
Le ton alterne entre la tragédie tendre, la comédie vacharde, la farce explosée et la miniature religieuse. Les chansons s’inscrivent là-dedans comme des aérations, des bulles absurdes et joyeuses dans le grand champ de mines des paysages familiaux. PIERRE NOTTE
LE PARISIEN
Drôle et grinçant.
LES ÉCHOS
Une farce à la fois hilarante et tragique. Drôle, osé, le spectacle ménage de beaux moments de tendresse.
FRANCE TV
«C’est Noël tant pis» version Pierre Notte (...) follement rythmée et saignante à souhait, nous a beaucoup amusés. C’est cru et noir, astucieusement mis en scène.
Tonio est revenu, il porte une des robes de sa grand-mère il est maquillé.
Nathan découpe les photographies de famille
Tonio - elle n’est pas là-haut
Nathan - qu’est-ce que tu fais avec cette robe ?
Tonio - qu’est-ce que tu fais avec ces ciseaux ?
La mère - oh mon dieu j’ai comme un grand coup de fatigue
Tonio - il découpe nos photos de famille
La mère - mais qu’est-ce que tu fais avec ces ciseaux ?
Le père - je finis le sapin et je fais une tisane
Tonio - il découpe toutes nos photos de famille
Nathan - qu’est-ce que tu fais dans cette robe ?
Tonio - elle n’est pas là-haut mamie - je ne l’ai pas trouvée
Nathan - tu as trouvé une robe
Tonio - je l’ai cherchée partout je ne l’ai pas trouvée
Geneviève - elle te va bien cette petite robe à fleurs
La mère - mais qu’est-ce que tu fais dans cette petite robe à fleurs ?
Tonio - et ses collants tout fins tout doux tout collants
Geneviève - ses collants aussi ah oui bien sûr très bien
La mère - et ton frère qui coupe et découpe nos photos de famille
Tonio - tout était comme ça sur son lit étalé j’ai tout pris j’ai tout essayé
Geneviève - c’est très bien mon chéri
La mère - j’ai deux fils et ils me crucifient le soir de Noël
« C’est Noël » oui d’accord, mais «tant pis», pourquoi ?
Bernard Alane : Cette pièce est un exutoire... Etant né le 25 décembre, je me suis senti beaucoup mieux le jour où j’ai accepté de ne plus lutter avec Jésus. C’est son jour, c’est son jour ! Alors Noël, c’est tant pis. Mais peut-être bien que ça va devenir tant mieux...
Silvie Laguna : C’est Noël mais c’est très vite la Saint-Barthélemy.
Chloé Olivères : Parce qu’en fait pour la plupart des gens cette joyeuse fête de famille est une épreuve redoutée. D’ailleurs nous y échappons tous cette année grâce au Rond-Point !
Brice Hillairet : Parce que Noël est une fête qui amuse beaucoup les enfants, parce qu’il n’y a pas d’enfants dans cette famille, parce que les personnages ont atteint l’âge légal pour se foutre sur la gueule.
Renaud Triffault : Noël est le rendez-vous familial de l’année, un moment de fusion et de bonheur. Mais chez nous ça dérape beaucoup... On sait pourtant bien que c’est Noël, mais tant pis !
Avez-vous une réplique favorite ? Emblématique ? Un moment préféré ?
Silvie Laguna : Favorite, emblématique ? « Déboutonner ton pantalon quand on sait ce qu’il y a en dessous c’est presque humanitaire - pour ce que tu en fais de mon humanité. » Un moment préféré ? Ce qu’il se passe juste au début de la pièce ! Cf. la phrase au-dessus !
Renaud Triffault : Favorite ? Non. J’en aime beaucoup trop ! Même si je crois que le passage de La Belle Hélène me fera toujours beaucoup rire. Et le moment préféré, peut-être la scène de l’affrontement père/ fils, pour avoir le plaisir de la jouer aussi.
Brice Hillairet : la mère qui va perdre son enfant : « pour moi aujourd’hui mourir ça ne veut plus rien dire - mais plus rien - alors vivre je fais comment ? »
Chloé Olivères : J’adore la détonation dramaturgique, quand Bernard n’y comprend goutte !
Bernard Alane : Il y en a plein que j’aime, « une chose précise dans la vie qui me soit arrivée ? tu veux dire en dehors de vivre déjà ce qui n’est pas rien ? » ou Nathan : « maman ! elle m’est sortie de la tête comme moi d’entre ses jambes » ou « les cimetières, toutes ces boites à viandes sèches, ça fait froid dans le dos ». Il y en aurait plein d’autres... « à l’ouest toute la mamie, une vache normande dans une fête foraine » etc.
Aimez-vous votre personnage ? Aimez-vous sa famille ? Aime-t-il la famille ? S’agit-il d’une famille bleu marine ?
Renault Triffault : Oui je l’aime, on dit qu’il est «le fils modèle». J’aime sa tenue, sa rigidité, sa vivacité d’esprit. Et derrière cette façade, je savoure encore plus ses faiblesses, ses maladresses et sa sensibilité. Sa famille je l’aime ! Elle m’amuse beaucoup ! D’autant plus que j’aime les acteurs qui les jouent. Et bien sûr que Nathan l’aime aussi, même si elle est lourde à porter. Parfois, du moins, avant Noël...
Brice Hillairet : Certainement pas bleu marine… C’est une famille névrosée comme les autres qui a l’immense courage de rester soudée toujours et malgré tout.
Bernard Alane : c’est un foutoir sans nom. Mais ce qu’il y a de dingue, c’est qu’ils s’aiment. Je ne suis pas bien sûr qu’ils sachent pourquoi, ni comment, mais il y a de l’amour là-dedans... ça communique de manière baroque mais ça communique.
Chloé Olivères : Oui j’aime mon personnage, c’est un personnage qui a un grand besoin d’être aimé, même par une famille « bleu marine » (même !?!!).
Silvie Laguna : Les personnages les plus beaux à jouer sont les monstres. La mère est une ogresse jamais rassasiée d’amour et de reconnaissance, dramatiquement humaine. Famille, je te hais puisque je ne peux m’empêcher de t’aimer. « Bleu marine » ou « Bleu Marine » ? Aïe, aïe, aïe. Surtout pas ! Notre famille, dans sa radicalité est universelle.
C’est une pièce de théâtre, avec des situations, des personnages, des dialogues, une histoire. Tout cela ne fait-il pas un peu vieux genre ringard ?
Chloé Olivères : Oui ! Tout à fait, mais comme je suis une actrice ringarde, ça me va très bien.
Silvie Laguna : Pour ne pas faire un peu vieux genre ringard, il faudrait une pièce sans théâtre, sans situations, sans personnages, sans dialogues et sans histoire... comment dire ?...!!! Dans les années 70, nous avons eu le film «les Gauloises Bleues»...
Bernard Alane : Et depuis quand une vraie tranche de vie serait-elle ringarde ? Et l’écriture Monsieur ? C’est tellement fou et décalé qu’il n’y a pas grand risque. En résumé j’ai hâte de plonger.
Renaud Triffault : Ah je ne suis pas tellement la mode... C’est quoi le théâtre aujourd’hui? Je veux bien qu’on m’en parle parce que je suis incapable de répondre (autrement dit, si c’est le cas, j’aimerais bien le savoir, rien n’est encore signé...)
Brice Hillairet : Le théâtre nouveau genre serait donc un théâtre où le spectateur n’aurait pas d’histoire à comprendre, pas de situations à suivre, pas de dialogue à écouter, la tête au repos, des bribes de mots à entendre et des répliques à rêver seul, le vrai théâtre nouveau genre devra donc naître dans des dortoirs et nulle part ailleurs… j’ai hâte !!! propos recueillis par l’auteur
PIERRE NOTTE auteur, metteur en scène
Pierre Notte est auteur, compositeur, metteur en scène et comédien. Il signe notamment La Chair des tristes culs ; Sortir de sa mère ; C’est Noël tant pis ; Demain dès l’aube ; Et l’enfant sur le loup ; Pour l’amour de Gérard Philipe ; Bidules trucs ; Deux petites dames vers le Nord ; Les Couteaux dans le dos ; J’existe foutez-moi la paix ; Journalistes ; Moi aussi je suis Catherine Deneuve. Ses pièces sont traduites et présentées en France, en Belgique, en Allemagne, en Italie, en Autriche, au Portugal, en Angleterre, en Grèce, au Japon, en Bulgarie, aux États-Unis, au Liban ou en Russie. Ses pièces sont mises en scène par Jean-Claude Cotillard, Masaru Hirayama, Patrice Kerbrat, Anne-Laure Liégeois, Sylvain Maurice, Vladimir Petkov, Patrick Schoenstein, Valéry Warnotte, ou lui-même : J’existe foutez- moi la paix, cabaret ; Pour l’amour de Gérard Philipe ; Sortir de sa mère ; La Chair des tristes culs ; il met en scène Kalashnikov de Stéphane Guérin (création mai 2013 au Théâtre du Rond-Point, prix Diane et Lucien Barrière.) Il est l’auteur de romans, La Chanson de Madame Rosenfelt (éditions Maurice Nadeau) ou La Nuit irrésolue (éditions Loris Talmart), et de pièces radiophoniques pour France Culture. À Tokyo, il donne à plusieurs reprises des récitals de chansons. Il chante également à Bologne, à Rome ou à Washington. Il est nommé à trois reprises dans la catégorie « auteur » aux Molières. Il reçoit le prix jeune talent de la SACD, et le prix Émile Augier décerné par l’Académie française, et le Publikumspreis du Blickwechsel à Karlsruhe, en Allemagne. Pierre Notte est chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres.
BERNARD ALANE
comédien
Né en 1948, fils de la comédienne Annick Alane, il débute très jeune au théâtre, en 1962, dans une mise en scène des Joyeuses Commères de Windsor au Théâtre de l’Ambigu, avant de devenir pensionnaire de la Comédie-Française, en 1972. Il joue alors sous la direction de Jean-Louis Barrault dans Le Bourgeois gentilhomme en 1972 et sous celle de Jacques Charon dans Tartuffe puis Un fil à la patte en 1973. La même année, il quitte la Comédie-Française mais continue une carrière théâtrale prolifique. Il travaille, entres autres, avec Michel Fagadau, Jorge Lavelli, Jean- Claude Brialy et plus récemment avec Patrice Leconte et Christophe Lidon qui le met en scène dans Les Dames du jeudi au Théâtre de l’Oeuvre en 2010. En 1993 puis en 1997, il est nommé pour le Molière du comédien dans un second rôle dans La Jalousie de Guitry, mise en scène par Jean-Claude Brialy au Théâtre des Bouffes-Parisiens et Sylvia de Gurney, mise en scène par Lars Schmidt aux Bouffes-Parisiens. Bernard Alane s’est également très tôt intéressé au cinéma, il a notamment travaillé avec Claude Chabrol, Coline Serreau ou Jacques Audiard. Avec Pierre Notte, il jouait le rôle de Max Vogler dans Pour l’amour de gérard philippe en 2011 au Théâtre de la Bruyère, aux côtés de Romain Apelbaum, Sophie Artur, Emma de Caunes, et Raphaël.
BRICE HILLAIRET
comédien
En 2011, Brice est l’assistant à la mise en scène de Pierre Notte sur le spectacle Pour l’amour de Gérard Philipe, au Théâtre La Bruyère, et jouera en janvier 2013, dans le dyptique Sortir de sa mère / La chair des tristes culs, au Théâtre du Rond-Point. En 2012, il travaille sous la direction de Jacques Lassalle pour la création de la pièce de Christophe Pellet Loin de Corpus Christi, en septembre au Théâtre des Abbesses. Il travaille aussi avec Gilbert Désveaux, à deux reprises, dans les pièces de Jean-Marie Besset Perthus et R.E.R au Vingtième Théâtre et au Théâtre de la Tempête. Au cinéma, il a tourné avec Olivier Ducastel et Jacques Martineau Nés en 68, puis Un jour d’été, réalisé par Franck Guérin.
SILVIE LAGUNA
comédienne
Silvie Laguna est une actrice française. Elle a suivi sa formation de comédienne avec Elisabeth Depardieu, puis à l’Ecole Florent en classe libre où elle a ensuite été professeur. Au théâtre, elle a travaillé sous la direction de Raymond Acquaviva, de Patricia Giros, de Philippe Minyana, de Robert Cantarella, de Michel Cerda, de Florence Giorgetti, d’Emmanuel Suarez. Elle a travaillé pendant 10 ans sous la direction de Didier Ruiz dans la Compagnie des Hommes. Elle a mis en scène Crime contre l’humanité de Geneviève Billette. Au cinéma, elle a tourné dans une quinzaine de longs métrages : Delicatessen, Le Zèbre, Jefferson à Paris, Un Samedi sur la terre, Les Trois frères, Meilleur espoir féminin, Un Homme un vrai, Albert est méchant, Hellphone, Rush Hour 3, Sagan, Parlez-moi de vous... Pour la télévision, elle a tourné dans une cinquantaine de films.
CHLOÉ OLIVÈRES
comédienne
Formée au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique (promotion 2009), Chloé a pour professeurs Dominique Valadié, Andrzej Seweryn, Gérard Desarthe, Daniel Mesguich, Alfredo Arias, Antoine Mathieu, Mario Gonzales, Caroline Marcadé… De 2007 à 2009 elle participe aux Portraits d’acteurs sous la direction de Pierre Notte au Vieux Colombier. En février, puis novembre 2009, elle participe à des stages avec Ariane Mnouchkine, Alain Maratra et Kristyan Lupa. Elle a joué notamment dans Il faut Je ne veux pas d’Alfred de Musset et Jean-Marie Besset, Sortir de sa mère de Pierre Notte, La dernière noce création collective masquée du théâtre Nomade, RER de Jean-Marie Besset mis en scène par Gilbert Desveaux, Vania, histoire de la révolte d’aprèsAnton Tchekhov (rôle de Sonia) et Gloire aux endormis mis en scène par Denis Moreau, Asservies de Sue Glover et Une famille ordinaire de José Pliya mis en scène par Maxime Leroux, Le Cid de Corneille mis en scène par Catherine Hirsch et Antoine Mory (rôle d’Elvire), et dans La comédie sans titre de Federico Garcia Lorca, mis en scène par Anahita Gohari. Pour ARTE, elle interprète une scène de Phèdre de Racine dans Les grands rôles : Phèdre réalisé par Samuel Doux et Agathe Bermann. Elle joue également dans des court- métrages : Seuls de Samuel Doux, Le Bel Esprit de Frédéric Guelaff, et 1871 de Vincent Leport. Pour France Culture, elle travaille sous la direction de Christine Bernard-Sugy dans Nowhereville, Nuits blanches et L’abécédaire de Pierre Notte.
RENAUD TRIFFAULT
comédien
Renaud Triffault se forme au Cours Florent et dans les Conservatoires parisiens pendant quatre ans. En parallèle, il joue dans diverses créations dont La Mouette de Tchekhov mise en scène par Grégory Benoit. Il intègre l’EPSAD à Lille en octobre 2006. En juin 2009, il joue dans Quel est l’enfoiré qui a commencé le premier ? de Dejan Dukovski, mis en scène par Stuart Seide. À sa sortie d’école, il est engagé en qualité d’élève-stagiaire à la Comédie-Française où il joue dans des mises en scène de Muriel Mayette, Catherine Hiegel, Jacques Lassalle et Alain Françon. Il y est ensuite engagé en qualité d’artiste auxiliaire dès septembre 2010 pour jouer dans Les Oiseaux d’Aristophane mis en scène par Alfredo Arias. Ensuite, il travaille avec Richard Brunel à l’Opéra de Lille (L’Elixir d’amour de Donizetti) et retrouve Muriel Mayette qui met en scène Bérénice de Racine (tournée de Mai à décembre 2011). A Lille, il joue également, avec la Compagnie des Choses dans une oeuvre contemporaine Encore un jour sans de Samuel Gallet et dans Britannicus de Racine mis en scène par Françoise Delrue (janvier, février 2012).