Retour sur le devant de la scène pour cette jeune artiste affranchie de sa seule posture d’interprète.
Révélée à seulement 16 ans par un célèbre télé-crochet, beaucoup d’attente reposait sur cette jeune chanteuse à la voie si singulière. Après un premier album sorti dans l’effervescence de cette notoriété nouvelle, Camélia Jordana aura attendu quatre ans pour sortir son nouvel album, Dans la peau, réalisé avec l’aide de ses comparses Babx et Mathieu Boogaerts. Quatre années salvatrices, qui lui ont permis de se concentrer sur sa musique, de peaufiner son univers mais aussi de tenter quelques expériences (réussies) au cinéma notamment auprès de Pascale Ferran dans Bird People. Souvent comparée à Barbara (et pas seulement pour sa longue chevelure brune), Camélia Jordana revient pleine d’assurance et de maturité avec des mélodies entrainantes, inspirées, qu’elle a en partie écrites et composées elle-même, portées par une voie jazzy toujours aussi délicieuse.
« Dans la peau » tel est le nom du nouvel album de Camélia mais aussi son premier extrait qui nous rappelle avec joie la douceur des longs étés, la fraicheur des doux hivers, la lumière des beaux automnes, elle qui n’a que 21 printemps a déjà su se renouveler.
Ceux qui pensaient qu’elle était uniquement promise, et certes ce n’est pas rien, à endosser l’onirique noir laissé par Barbara et bien non, non, non.
Camélia, même dans ses allées mélancoliques n’oublie pas qu’il existe d’autres chemins où se croisent les sentiments mêlés d’une jeunesse curieuse aussi pop qu’éthiopique aussi chanson que disco futuriste, la poésie épique d’une nouvelle époque où l’on ne classe plus mais où l’on vit.
Camélia a dans la peau cette envie irrépressible de goûter à tout et de le partager.
Après le succès de son premier album avec plus de 150 000 albums et une tournée de deux années, Camélia a su- ce qui est rare pour son âge- prendre son temps.
Le temps de faire du cinéma avec le nouveau film «Bird People» de Pascale Ferran sélectionné à Cannes ou encore «La stratégie de la poussette» l’an passé, mais aussi du théâtre.
Le temps de dessiner l’horizon, le temps de choisir, le temps de jouer et d’écrire.
Celle que nous connaissions interprète hors pair est aujourd’hui devenue auteure et compositrice pour notre plus grand plaisir. Entourée de son ami de toujours BabX qui a réalisé entièrement ce nouvel album, entourée de ses musiciens qui l’accompagnent aussi sur scène, Camélia a su trouver sa famille. Car Camélia a cela dans la peau, la famille, les amis, les rires, l’amour, la vie quoi.
Cet album est d’une élégance rare et d’une ambition peu commune dans la chanson. Son 1er extrait «Dans la peau» est une ode pop, une invitation au jeu, à la sensualité, au tourbillon de l’amour.
De l’amour il y en a dans cet album, d’ailleurs il ne s’agit que de cela sous toutes ses formes, et ses formes sont généreuses que ce soit «Colonel Chagrin» qui semble tout droit sorti d’un club cubain du New York des années 50 que l’on écume à la recherche du tout, «Comment lui dire» est une déclaration où la pudeur nous fait fondre, «A l’aveuglette» duo qui évoque la jalousie et la pollution entourant parfois les amoureux et ce désir d’être parfois seuls au monde, «Jeune homme» se fait attendre au coeur de l’hiver, et que dire du tubesque titre pop mexicano-éthiopiquo «La fuite» qui nous rappelle que les bras de la vie ne sont pas toujours ceux qui nous serrent, il y’a dans l’amour des ailleurs qui conduisent parfois à quitter «Laisse-moi» pour se retrouver seul avec «Ma gueule» hommage à toute une génération en questionnement et manque d’amour.
Alors certes il pleut sur «Berlin» titre hautement classieux mais Camélia garde en mémoire - contrairement au personnage de l’envoûtant «Sarah sait» ou autre dansant «Madi» - son Syracuse à elle à savoir «Miramar», plage sur laquelle son horizon a commencé à prendre forme.
Avec autant d’amour il est certain que le ciel de Camélia a de très longs et beaux jours à nous offrir encore, ses nuages sont doux et ses soleils radieux.