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saison 2018/2019

SAM 18 MAI 11H
durée 30 minutes
RÉSERVER
LE DRAKKAR
tarif D
THÉÂTRE ET OBJETS
JEUNE PUBLIC
dès 3 ans

séances scolaires jeu 16 mai 9h30 & 11h & 14h15 | ven 17 mai 9h30 & 11h & 14h15.

Olimpia

MISE EN SCÈNE CHRISTINE LE BERRE
COMPAGNIE HOP!HOP!HOP!

 

Tout est cousu d'enfance. Découvrons le héros qui est en nous !

Olimpia, petite fille toute fluette représentée ici par une poupée de chiffon, est chargée par les dieux de partir en mission à travers le monde. Elle ne comprend pas pourquoi elle, mais accepte de partir quand même, sans rien savoir de sa destination… Au travers de rencontres mythologiques (le Minotaure, le Cyclope, Sisyphe…) et d'une route semée d'épreuves, Olimpia va partir à la recherche d'elle-même. Guidée par sa seule intuition et les rencontres qui révèleront ses forces et ses faiblesses, elle restera habitée par l'émerveillement tout au long de son odyssée. Traversant les symboles et les archétypes, Olimpia va tenter de recréer un mythe universel.

Christine Le Berre se présente à la fois comme la créatrice de la marionnette et son double en quête de sens qui l'aide dans les situations délicates. Elle communique avec les petits spectateurs sans un mot, de manière intuitive et symbolique en privilégiant l'expérience de l'émotion esthétique. Il suffit de se laisser glisser dans son univers baroque, parfois étrange, et à cet exercice, les enfants dépassent souvent les parents !

 

Conception, mise en scène et interprétation Christine Le Berre. Conception, lumière et régie Didier Martin. Musique Thomas Poli. Décors Alexandre Musset.

Production Association Zic Z'Art – Compagnie hop!hop!hop! Coproduction Centre Culturel de La Ville Robert, Pordic (22) – Coopérative de production du Réseau Ancre (Bretagne) – Festival Puy de Mômes, Cournon d'Auvergne (63) – Festival Prom'nons-nous, entre Golfe et Vilaine (56) – Salle Guy Ropartz/Ville de Rennes (35) – Maison du Théâtre, Brest (29). Soutien ministère de la Culture – DRAC Bretagne, Conseil Régional de Bretagne, Conseil Départemental d'Ille et Vilaine, Ville de Rennes et Rennes Métropole, Réseau Canopé, Très Tôt Théâtre, Quimper (29), Théâtre de Poche, Hédé (35), Service Culturel, Thorigné-Fouillard (35).

© photo : Cie Hophophop

Site de la compagnie


La poupée, c'est à la fois un corps et un objet, un corps-objet.
J'aime l'idée que l'enfant repousse le réel pour se laisser croire à cette autre réalité qu'est la marionnette : une poupée vivante et autonome, capable de dire non à son créateur.

J'aimerais cerner cette notion d'objet-poupée en tant que projection des désirs pour l'enfant, mais aussi pour l'adulte et la rapprocher de la création artistique. Je souhaiterais montrer la puissance de l'inconscient et des associations mentales, la force de l'imagination et du fantasme.

Sur scène, je créerai un « terrain expérimental de jeu » inspiré par les figures allégoriques des mythes. Olimpia elle-même incarnera une héroïne.
La scénographie s'attachera à souligner la charge symbolique des objets et des mythes abordés. Elle sera composée de matériaux naturels, en référence aux 4 éléments : sable, eau, plume, bois, feuillage mis en espace sur des éléments de décors qui se transformeront au fur et à mesure des épopées d'Olimpia.

Elle s'attachera également à matérialiser le regard : celui d'Olimpia, celui que les autres portent sur nous, celui qui nous bouscule, qui nous touche. Ainsi les arbres auront des yeux, l'eau aura des yeux et le désert aura des yeux… Ces yeux seront le symbole universel de la « fenêtre de l'âme ».

En écho à mes précédentes créations, il sera à nouveau question de « (re)construction », de de « (re)naissance » à travers un voyage initiatique…

Porter un regard empathique sur l'autre différent de soi, l'aider en le reconnaissant, l'aimer pour le faire revivre.

Les enfants n'ont évidemment pas connaissance de ces mythes mais chacun d'entre eux pourra se retrouver dans le combat de l'animal, dans la douceur de l'eau, dans la sécheresse du désert, dans la mélodie du vent dans les arbres, dans la répétition des gestes, dans le transvasement des matières, dans la reconnaissance des éléments naturels. 

J'ai envie de partager l'abandon d'une poupée dans la jouissance secrète d'avoir (re)trouvé la vie. Et avec le théâtre, je peux faire ça !... Et les enfants y croire !...

Christine Le Berre, Octobre 2017


Pour l'enfant, la poupée est en quelque sorte un double. C'est son visage « humain » qui fait de la poupée un jouet particulier. A ses yeux, elle est bien vivante. Elle représente une sorte de double muet auquel il s'identifie. S'il a besoin de tendresse, il la câline. S'il est inquiet, il la rassure. S'il est en colère, il la bat. La poupée acquiert ainsi un rôle primordial dans l'univers de l'enfant : réceptacle de ses émotions, elle lui permet d'exprimer, par des mots comme par des gestes, ce qu'il ressent. Avec elle, l'enfant peut laisser libre cours à son agressivité, son sentiment de frustration. Lorsqu'un nouveau-né capte l'attention de sa mère, plutôt que de renverser le berceau du petit frère, il se défoule sur la poupée. Elle représente alors un substitut salutaire ! C'est aussi une confidente. Support de l'imaginaire et de la créativité de l'enfant, la poupée devient peu à peu son amie intime, son alliée secrète, celle qu'il serre dans ses bras lorsqu'il se sent seul, celle à qui il raconte ses joies et ses soucis. En effet, si la poupée tient une si grande place dans la vie de l'enfant, c'est parce qu'elle est l'objet d'une tendresse sans égale, d'un attachement indéfectible.


Véritable support pédagogique, la poupée permet à l'enfant d'exprimer ses émotions, de prendre du recul par rapport à une situation, d'enrichir son langage, d'affirmer sa personnalité, mais aussi de développer sa motricité fine. On parle de l'effet cathartique, la catharsis étant un exutoire de tensions. Plus simplement, l'enfant exprime des émotions, prend du recul par rapport à une situation pour mieux la comprendre, mais surtout, il la fait évoluer comme bon lui semble : c'est lui qui décide de donner des frites ou de la soupe à son poupon. L'enfant a le pouvoir, et c'est cela qui lui plait. Ce jeu favorise également le développement et la consolidation de nombreuses compétences, telles que la motricité fine (habiller déshabiller), globale (porter le poupon, le pousser dans la poussette), le langage, la socialisation, l'imitation, l'empathie, la pensée symbolique en général. Cette dernière commence à émerger au cours de la deuxième année de l'enfant.
Tous les enfants, filles et garçons, ont besoin de se mettre à la place des grands (papa, maman, nounou...), d'avoir le pouvoir, de rejouer son quotidien d'un autre point de vue pour le faire évoluer en fonction de son envie et de son imaginaire.

Vers 18 mois
L'enfant veut souvent avoir sa première poupée vers 18 mois. À cet âge, il imite ce qu'il observe dans son entourage. Par exemple, l'enfant brosse les cheveux de sa poupée, comme ses parents brossent les siens tous les matins. Il la câline, la berce et la gronde, comme on le ferait avec un vrai bébé.

De 2 ans à 3 ans
La poupée fait partie de l'imaginaire de l'enfant et devient un véritable partenaire de jeu. L'enfant aime la câliner, la gronder, la mettre au lit, la laver, la faire marcher, la nourrir avec de la nourriture invisible et la faire dormir. Il joue à faire semblant d'être sa maman ou son papa. L'enfant refait les gestes et les événements du quotidien avec sa poupée. Il expérimente le monde des adultes. À cet âge, la poupée lui offre aussi la possibilité de reproduire ce qu'il vit, que ce soit les bons ou les mauvais moments. Il peut ainsi exprimer les sentiments qu'il ressent (tendresse, jalousie, joie …) et dédramatiser les situations conflictuelles, en rejouant les scènes avec sa poupée. De plus, l'enfant devient plus compétent pour s'en occuper, car ses gestes sont plus efficaces. Tout cela aide l'enfant à grandir et à prendre confiance en lui.

De 3 ans à 6 ans
L'enfant invente des histoires plus longues, plus complexes, avec des rôles sociaux (ex. : « Moi, je suis la maman et toi, le docteur »). Tout a un sens et les éléments sont liés entre eux. Dans son jeu avec la poupée, l'enfant reproduit souvent les interdits des adultes : « Tu iras réfléchir sur la chaise si tu tapes ton ami. »
La poupée représente une partenaire de jeu toujours disponible et docile. Confidente des plus discrètes, elle écoute tous les secrets de l'enfant. La présence de sa poupée peut aussi le rassurer à l'heure du coucher.
Jouer à la poupée est un élément de socialisation important à cet âge, car les enfants adorent jouer ensemble avec leurs poupées respectives. La présence d'autres enfants enrichit leur jeu et permet de développer des habiletés sociales, comme décider du scénario, partager des accessoires ou tenir compte de l'opinion de l'autre.    


Dans l'Antiquité, les Grecs utilisaient le terme korè pour signifier à la fois la poupée et la jeune fille ; les Latins, celui de pupilla qui désignait, en outre, la prunelle. Ainsi logée dans le miroir de l'oeil, cette fenêtre de l'âme où se jouent les représentations de soi et de l'autre, la poupée suit les métamorphoses du regard.
Poupées « doudou » chez l'enfant, poupées emblème de la fécondité, poupées vaudou… Protectrice ou maléfique, la poupée porte en elle toutes les représentations symboliques et sacrées.

Dans notre culture occidentale, c'est la psychanalyse qui a permis de comprendre que les jeux de poupée avaient un sens plus profond que celui d'imitation du parent et qu'ils permettaient à l'enfant de résoudre les sentiments de frustration et de castration.

Chez le tout-petit la poupée représente la première matérialisation du « non-moi » qui lui permet d'appréhender son propre être et de le distinguer par rapport au reste du monde. Puis, avec l'objet, l'enfant développe une palette d'émotions et de sentiments qui participent de son évolution et de sa croissance en tant qu'être humain : affection, consolation, rejet, reconnaissance, identification, empathie, différenciation, transfert, quête autonomie, projection fantasmée, superstition…

Étonnement, Freud s'est assez peu intéressé à la représentation de la poupée dans la construction psychologique de l'enfant ou à son rôle dans sa socialisation. Les seules poupées qui l'ont vraiment interrogé sont celles de l'artiste surréaliste Hans Bellmer et Olympia, la poupée des Contes d'Hoffman.

Chez Bellmer, c'est la manière dont il désarticulait ses poupées, amalgame entre rêve et réalité, et l'impression de transgression inhérente à son oeuvre qui passionnait le psychanalyste. Le personnage d'Olympia, poupée animée si ressemblante à un être vivant, a été un exemple souvent cité par le maître dans ses travaux sur « l'inquiétante étrangeté ».

Dès la fin des années 1940, Françoise Dolto s'est, elle, intéressée à la poupée comme objet symbolique. Elle imagine et confectionne une poupée avec un corps de femme et un visage végétal. Cette poupée-fleur permet à une de ses patientes, une fillette anorexique de cinq ans, de se libérer de son agressivité en la transférant sur ce jouet. Plus tard, Françoise Dolto publiera un livre : « Jeu de poupée » dans lequel elle explore le rôle de la poupée dans la construction de l'identité de l'enfant. Dans les années 1950, Donald Winnicott, pédiatre, psychiatre et psychanalyste anglais théorise le célèbre doudou. Poupée ou jouet en peluche, objet sacré pour les tout-petits, le doudou permet une transition rassurante entre la mère et le monde extérieur.

Durant ces mêmes années, Mélanie Klein, psychanalyse d'enfants, énonce que le jeu est l'équivalent du rêve et qu'il constitue une voie royale d'accès à l'inconscient. Le jeu fait apparaître les fantasmes de l'enfant, un matériel clinique susceptible d'interprétations qui permettent de soulager les angoisses précoces de l'enfant. Grâce à ce moyen l'enfant peut associer librement comme le fait l'adulte à l'aide de la talking cure. Le jeu facilite l'expression des couches les plus profondes de la pensée, le plaisir du jeu provenant aussi du fait que l'interprétation rend inutile les frais du refoulement.

En Occident, si les psychanalystes ont étudié les poupées comme des objets structurants de l'enfance, ailleurs, quelle que soit la culture, quelle que soit la fonction, jouet ou fétiche, sacré ou profane, les poupées jouent le même rôle protecteur et/ou socialisant de l'enfance.


La poupée relie à l'univers, au cosmos, à la mythologie.
De nombreux artistes se sont emparés de cet objet et en particulier Michel Nedjar, que l'on classe dans l'art brut. Pour lui, « Tout peut être une poupée ».

Hans Bellmer s'était fait fabriquer une poupée à taille humaine qu'il a mis en scène et photographié dans de nombreuses positions.

Plus récemment, Louise Bourgeois a conçu de nombreuses poupées constituées pour la plupart de feutre.

De nos jours, des artistes comme Annette Messager, Anne Bothuon, Cécile Perra, Melissa Ichiuji exposent régulièrement leurs poupées.

« Qu'est-ce qu'une poupée ? Qu'est-ce qu'une poupée ?

C'est quelque chose d'étrange. C'est quelque chose dans l'ombre. C'est quelque chose de la terre. C 'est quelque chose de l'origine. C 'est quelque chose de magique. C'est quelque chose de paternel. C'est quelque chose d'interdit. C'est quelque chose de Dieu. C'est quelque chose de lointain. C'est quelque chose sans yeux. C'est quelque chose d'animal. C'est quelque chose d'oiseaux. C'est quelque chose de silencieux. C'est quelque chose d'éternel. C'est quelque chose de boue. C'est quelque chose de cailloux. Quelque chose de végétal. Quelque chose de l'enfance. Quelque chose de cruel. Quelque chose de joie. Quelque chose de cri. Quelque chose de muet. Voilà ! »

Michel Nedjar