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saison 2017/2018

THÉÂTRE CORPOREL / MARDI 17 OCTOBRE 20H / GRANDE SALLE / DURÉE 1H10 / TARIF A / CONSEILLÉ À PARTIR DE 6 ANS RÉSERVER

Encore une heure si courte

TEXTES MUSICAUX GEORGES APERGHIS MISE EN SCÈNE CLAIRE HEGGEN

THÉATRE DU MOUVEMENT

Une fantaisie gestuelle et musicale irrésistible, où la logique disparaît sous la force de l’imaginaire.

 

De trois caisses émergent trois hommes en costume-cravate. Leur gestuelle, pour le moins insolite, oscille entre virtuosité raffinée du mouvement et acrobatie. Leur langue, pour le moins insolite aussi, est musicale et poétique. Tels des aventuriers, ils explorent un monde qui leur est inconnu, voire hostile. De planches en caisses, de caisses en cubes, de cubes en feuilles de papier, ils se lancent dans un voyage improbable et vivront autant d’aventures que les boîtes peuvent en cacher. Ils traverseront une jungle, se sauveront d’un naufrage, feront des ascensions, des plongeons, arriveront à des équilibres qui ressemblent à des illusions d’optique…
Claire Heggen a choisi trois interprètes catalans, anciens élèves du Théâtre du Mouvement, pour remonter cette pièce fondatrice, tissée sur l’écriture musicale de Georges Aperghis. Une façon de poursuivre leur recherche sur l’art du mime et du geste contemporain, avec beaucoup de fraîcheur, de rigueur, d’humour et d’exigence.

Mise en scène Claire Heggen. textes musicaux Georges Aperghis • Distribution Pau Bachero, Albert Mèlich Rial, Alejandro Navarro Ramos • Création sonore et conseil musical Richard Dubelski. Création lumière Etienne Dousselin. Création costume Jean-Jacques Delmotte. Régie Manu Martínez. Assistanat à la mise en scène Joana Castell. Photographie Sandrine Penda.
Production Pau Bachero et Théâtre du Mouvement. Soutiens Teatre Principal de Palma de Mallorca et l’Institut d’Estudis Baleàrics. Le Théâtre du Mouvement est conventionné par le Ministère de la Culture – DRAC Ile-de-France

© photo : Sandrine Penda

Site de la compagnie


AUTOUR DU SPECTACLE

ATELIERS DÉCOUVERTE
LUNDI 16 OCTOBRE

ATELIER MIME MUSICAL

AVEC PAU BACHERO
À destination des adultes et adolescents dès 15 ans. Lundi 16 octobre, de 18h30 à 20h30, au studio de DSN.
Pau Bachero invite les spectateurs à expérimenter la notion de mime musical ou musicalité du mouvement. À travers les textes musicaux de Georges Aperghis, il nous convie à explorer de façon ludique la relation son/objet/mouvement et à découvrir comment notre corps devient théâtre musical. Venez titiller le mime qui est en vous ! [+]


AUTOUR DU SPECTACLE

MARDI 17 OCTOBRE 19H

SCÈNE OUVERTE

Avant le spectacle, scène ouverte à la classe ensemble de sax du Conservatoire à Rayonnement Départemental Camille Saint-Saëns. [+]


Encore une heure si courte explore et tisse différents registres : Le travail du Théâtre du Mouvement, et en particulier dans cette pièce, ne part jamais d’une histoire, mais toujours d’une exploration, en l’occurrence ici, musicale : la mise en relation des textes musicaux et des partitions de Georges Aperghis (sans les altérer) avec la musicalité du mouvement, telle que pratiquée par le Théâtre du Mouvement. Ainsi que leur confrontation aux différents matériaux mis en jeu, eux aussi de manière musicale (les caisses et le papier).

LE MUSICAL

A partir des textes musicaux et des partitions rythmiques de Conversation et Enumération, Claire Heggen donne une version corporelle où :
- la musique ne s’entend pas toujours, mais se voit constamment.
- l’organisation rythmique est lisible sur/dans les corps.
Le corps, sorte d’orchestre dont chaque partie peut être assimilée à un instrument, une tonalité, une couleur musicale, révèle, confère, une musicalité particulière au mouvement.

LE CORPOREL

La pièce s’appuie sur un va et vient permanent entre corps à effet de réel et corps fictif alimenté par :
- la double qualité corporelle et dramatique des acteurs dont la palette de jeu s’étend de la discrétion à la physicalité la plus grande.
-la maîtrise éveillée, sensible et dramatique des acteurs, due à la finesse des analyses corporelles et à leur pratique entretenue (de l’isolation intime à la globalité du corps en mouvement).
- l’amplitude du registre dynamique de l’acteur (au spectre large , depuis la lenteur imperceptible à l’explosion brusque).
- la capacité de décomposer le mouvement dans l’espace, à le diffracter, le géométriser, le dilater ou le réduire.
- enfin, le pouvoir de générer des images corporelles poétiques, de jouer les métaphores, de donner à voir des présences émouvantes, de déclencher le rire par un humour décalé.

LE SERVICE DE L'OBJET

L’exploration musicale de la relation voix-texte-mouvement se prolonge dans la « musicalisation » des caisses-matériaux, des feuilles de papier (glissements, percussions, froissements, grattements, …). C’est dans la relation des acteurs à ces objets, à leur matérialité, qu’est née une narration porteuse de sens et qui s’adresse à nos sens. La circulation de ces objets, devenus métaphoriques par leur traitement, a servi de trame au récit. C’est leur déplacement qui a fait l’histoire.

LE DRAMATIQUE

Incarnées par les acteurs, les figures de cette fantaisie gestuelle et musicale, sont extraites, puis déviées de la réalité ordinaire : un infime décalage du familier qui donne le vertige, une inclinaison des corps qui va au-delà de la normale, un agrandissement et une diffraction des comportements qui les mènent à un extrême gestuel et vocal. L’extravagance, l’insolite, l’absurde sont des manières banales d’être dans leur quotidien.

C’est à travers cette déconstruction du réel, que se crée une étrangeté, assumée par les trois acteurs qui ne la commentent pas. Seul, le spectateur en est témoin, s’en réjouit et l’espère. Chacune de ces figures se colore en personnage distinct, repérable par sa propre façon de réagir aux autres, d’agir ou de rêver en solitaire. Les particularités des vocabulaires gestuels et musicaux mis en jeu, en créant de la distance au réel, s’approchent et révèlent des personnages proches de Mr Hulot, Buster Keaton, appartenant aussi bien au dessin animé qu’à d’autres univers proches de Henri Michaux, Jean Tardieu voire Jean-Christophe Averty ou Raymond Devos.

Dans cette pièce, ces trois hommes sont « mis en boîte », au sens propre et au sens figuré, de diverses manières… c’est ainsi qu’apparaissent par défaut, leurs petites et grandes peurs, leurs lâchetés déguisées, leurs désirs égoïstes, leur fuite dans l’imaginaire enfantin, leur naïveté et autres petites manies sympathiques.

La narration pourrait être, tout simplement , dans le temps si court de la vie, le déroulement de l’existence de ces trois hommes, depuis la naissance jusqu’à leur disparition, en passant par l’enfance, l’adolescence mouvementée, la découverte du monde et ses dangers, le passage à l’âge adulte et l’entrée dans le monde du travail. Ce monde du travail qui les déborde et les engloutit, au point de retourner finalement se réfugier dans une autre caisse, la dernière peut-être, celle-là. A partir de là, de caisse en caisse, chacun peut se raconter son histoire.


Claire Heggen et Yves Marc rencontrent Georges Aperghis en 1986 à Aix-en-Provence, au cours d’un stage de théâtre musical. Intrigués puis séduits par la musique de ces mots, réels ou ima ginés, de leur juxtaposition, de leur succession…ils se plongent dans ses pièces : Conversations, Solos et Récitations.

Georges Aperghis crée une musique de syllabes et de sons, musique abstraite où, au détour d’un mot ou d’une note, un sens appa raît : clé ou fausse piste de la compréhension ? Jamais la réponse ne s’exprime aussi simplement, puisque ce sens, qui semble naître du hasard, obéit en fait à la rigueur de l a composition musicale et non à la logique du récit. C’est là, que peut s’engouffrer, entre autre, le jeu et l’humour.

Ce processus de composition se retrouve dans les spectacles de Claire Heggen et Yves Marc. La composition dramatique met en jeu la dynamique du mouvement, son articulation (syntaxe), sa « musicalité ». Et là encore, au carrefour de deux mouvements, un ge ste apparaît, amorce de sens qui s’évanouit au fil du temps ou le dé passe. C’est de cette analogie des démarches artistiques que va naître Encore une heure si courte en 1989, à l’Institut Français de Londres.

Encore une heure si courte synthétise le travail de recherche de la compagnie dans sa transversalité. L’engagement physique (voire l’acrobatie) côtoie la musicalité du mouvement, le jeu d’acteur dialogue avec l’énonciation musicale des textes et la manipulation des matériaux-objets. Loin d’un réalisme, le scénario permet l’écriture de situations dramatiques où le mouvement, les mots, les objets peuvent atteindre une extravagance, mais aussi dialoguer avec une réalité plus concrète. Le traitement des partitions gestuelles et des partitions musicales permet une distance envers la réalité et crée un effet d’humour et de légèreté.


La compagnie Fêtes galantes, créée en 1993 par Béatrice Massin, développe les multiples aspects de la danse baroque ainsi qu’une écriture chorégraphique spécifique. En s’écartant de toute entreprise de reconstitution, la compagnie a choisi d’affirmer la capacité de la matière baroque à être dans des enjeux de rupture et des « points » de rencontre « critiques » avec des dispositifs de création novateurs. Cette démarche se développe et s’approfondit tout au long du parcours de créations. La constante préoccupation de la compagnie Fêtes galantes pour la pédagogie l’amène à créer l’Atelier baroque en 2003. Lieu de recherche et de transmission de son savoir, il met au coeur de son activité l’action culturelle et la formation des professionnels. Ancré dans son temps, l’Atelier baroque est un lieu de découverte alliant le passé et le futur.


A sa création originelle, cet « objet théâtral non identifié » est reçu par le public et les professionnels avec enthousiasme et étonnement. La tournée doit malheureusement s’interrompre, suite au décès de l’un des comédiens.

A l’aube des quarante ans du Théâtre du Mouvement, Claire Heggen décide de recréer Encore une heure si courte, dans une perspective de transmission revisitée et renouvelée par une recherche approfondie, un ré-envisagement des partitions corporelles et une interrogation sur l’écriture. Les potentiels de jeu élargis, les corps et les capacités physiques des acteurs d’aujourd’hui, vont permettre de prolonger et d’amplifier les dimensions virtuoses des gestuelles de la pièce.

La transmission des savoirs, des savoir-faire spécifiques de la compagnie, mais aussi d’une certaine vision d’un Art du mime et du geste contemporain, dans ses dimensions à la fois technique, dramatique, dramaturgique, ainsi que de ses modes d’énonciation et d’interprétation pour l’acteur est une préoccupation constante de la compagnie.

Empreint de modernité, le spectacle reste en adéquation avec les questions esthétiques d’aujourd’hui par la transversalité des disciplines et des techniques mises en jeu. Il résonne d’une étrange actualité par la vision du monde qu’il propose et se questionne sur «là où il va».

C’est aussi le plaisir de retrouver trois jeunes acteurs catalans, professionnels talentueux, tous issus de l’Institut du Théâtre de Barcelone, et qui ont suivi à un moment ou à un autre l’enseignement du Théâtre du mouvement.


Encore une heure si courte est un travail canonique, une référence définitive. Il n’existe pas de théâtre gestuel qui atteigne ce génie. Le corps au service de l’humour. Un corps imposant, entrainé pour exécuter les plus grandes prouesses sans se livrer à l’héroïsme. Trois corps qui se mettent au service d’une histoire absurde et naïve à l’imagination délirante, obéissant à une discipline extrêmement rigoureuse. Impressionnant. Un travail d’acteur hors pair, épuisant, confié à des professionnels très spécialisés. Trois comédiens qui nous font revivre le spectacle fondateur comme s’il s’agissait d’une première. Exact, parfait, intemporel. Ultima Hora

Encore une heure si courte : Buster Keaton chez Beckett. Que peuvent faire sur une scène trois hommes en pantalon gris, chemise, cravate, avec des caisses en bois ? Des choses incroyables, comme se sauver d’un naufrage, se faire peur, et jouer avec tous les équilibres avant de plonger dans un flot de papier, au fil d’un voyage étrange et merveilleux ou leur logique extravagante est imparable. Sur des textes musicaux de Georges Aperghis, avec un travail gestuel au millimètre, Claude Bokhobza, Yves Marc et Lucas Thiery créent un univers fantastique, au comique étrange et poétique, qui dégage une émotion fine. C’est Buster Keaton au royaume de Beckett. Tati démultiplié. Après une tournée internationale, ces trois merveilleux mimes sont enfin à Paris. Le Journal du Dimanche

Ils parlent peu, et quand ils le font, c’est dans une langue inventée. Mais ils s’adressent à tous. Tous les âges, toutes les origines... Claire Heggen, à qui l’on doit ce voyage hors des sentiers balisés, a mis en scène Pau Bachero, Albert Mèlich et Alejandro Navarro, tois gaillards qui d’abord, mais oui, surgissent de cubes, se dépliant comme des pantins pliés en huit ou douze. Non seulement ils sont contorsionnistes, mais aussi poètes du geste, rêveurs de l’espace, acrobates et jongleurs. Tout cela, cependant, ne résume pas encore leur univers, qui, pendant une bonne heure, devient le nôtre. Qu’ils glissent dans un monde inconnu ou sur des pistes de papier, d’où s’échappent on ne sait quelles idées ou quels plans inachevés, ils ne laissent pas une seconde le regard tranquille, tant il faut veiller, pour s’en réjouir, au moindre mouvement qu’ils esquissent. L'Humanité

Difficile de qualifier ce spectacle inclassable, disons seulement qu’il est désopilant, désorientant, désordonné, déstructuré et définitivement réussi. (...) Du grand art que le public conquis applaudira avec une ferveur rare en Avignon... La Provence

Sérieux et joueurs, avec cette mélancolie cachée derrière le rire… une heure longue qui nous est apparue si courte grâce au déploiement particulier de l’humour. Journal de Zaragoza

Dans cet univers au carré, la mise en scène de Claire Heggen se révèle une construction horlogère d’une étonnante exactitude. Machine génialement contrôlée par trois acrobates super doués. La liberté de l’Est

C’est de loin le plus bel exemple de la « marque » Decroux que j’ai vu à ce jour. Cela prouve bien que toute étude rigoureuse de l’architecture du corps est fructueuse quand l’imagination se joint à la technique. The Guardian