Le Révizor
ou l’inspecteur du gouvernement

TEXTE NICOLAS GOGOL
ADAPTATION ET MISE EN SCÈNE PAULA GIUSTI
COMPAGNIE TODA VIA TEATRO

Tout commence par un quiproquo… Lorsqu’une lettre arrive au gouverneur pour lui annoncer l’arrivée d’un inspecteur du gouvernement, la paranoïa et la mauvaise conscience se répandent Dans une mise en scène rythmée et stylisée, Paula Giusti mêle habilement jeu et manipulation de marionnette.immédiatement auprès des autorités de cette petite ville de province russe. Quand deux commerçants découvrent dans une auberge un jeune voyageur fauché dénommé Khlestakov, la peur qui attise vite la bêtise fait de lui ce redouté « Révizor »… Au-delà de dénoncer la corruption de la hiérarchie politique et sociale, cette comédie grinçante est surtout une satire de la mauvaise conscience et de la médiocrité humaine. La mise en scène rythmée de Paula Giusti mêle comédiens grimés (faux nez et perruques extravagantes) et marionnette (le personnage de Khlestakov est une marionnette de taille humaine). La joyeuse troupe nous offre un nouveau regard sur cette oeuvre majeure de Gogol dans laquelle on rit des situations absurdes et de la bêtise des personnages autant que l’on est effrayé par ce qu’ils disent de la nature humaine.

« Paula Giusti signe une mise en scène soignée du texte de Gogol, pleine de trouvailles, des tableaux en ombres chinoises aux didascalies qui s’écrivent comme sur une page de roman, au son d’une musique originale ». LE FIGARO.FR

« Mise en scène par Paula Giusti, sur le double mode du théâtre d’acteurs et de la marionnette, cette comédie grinçante, un rien amère, devient un cauchemar aussi jubilatoire qu’effrayant. » LA CROIX



VIDÉO

 

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Toda Via Teatro est une compagnie qui s’est forgée dans le travail et notamment avec la création et les tournées du Grand Cahier d’après le roman d’Agota Kristof. Le Révizor s’inscrit dans la continuité de ses recherches artistiques et l’équipe reste pratiquement la même. Nous serons toujours dans un monde poétique et stylisé, mais cette fois, un nouveau défi anime notre collectif : travailler ensemble l’humour, le rire.

Ce texte m’intéresse tant par son contenu que par les possibilités formelles qu’il offre à la mise en scène. Toucher au thème du vice et des passions intérieures que l’homme n’arrive pas à contrôler me semble fondamental. Je veux explorer les mécanismes de corruption dans toutes les strates d’une structure hiérarchique parce que cela résonne aujourd’hui terriblement. Nous faisons partie d’un système où chacun doit maintenir en éveil sa conscience, car quelque soit notre métier, notre position sociale et notre origine, l’éthique est à la base de ce que l’on souhaite construire.

Il est rare de trouver une comédie de l’homme courant, populaire qui ne se réduise pas aux intrigues amoureuses. Ce texte est puissant car il opère une transposition ; il y est question de la corruption dans une petite ville russe au début du 19ème siècle mais il nous parle de l’avidité et du risque de la décadence d’une ville plus intérieure en quelque sorte. Comme dirait Gogol : « (...) faisons dès maintenant un séjour dans l’affreuse ville de notre âme, bien pire que n’importe quelle autre, cette ville où nos passions se déchainent avec indécence, comme de scandaleux fonctionnaires, dévalisant la trésorerie de notre propre âme ! Dès le début de notre vie nous devrions engager un révizor et examiner avec lui, la main dans la main, tout ce qu’il y a en nous... »

Quel plaisir et quel défi pour nous d’explorer l’univers de cet auteur qui mêle le rire à la tristesse et qui a l’air de nous dire : qu’est devenue l’existence de ces êtres que le vent entasse dans un coin de la scène...? Aspirateurs du rien dans l’échelon du vide, formes sans humanités, drôles, acides et sombres portraits de l’homme.PAULA GIUSTI

 

Réussir à trouver la « forme », « l’esthétique » pour raconter cette histoire est un défi. Un côté sombre plane au-dessus de cette comédie, un froid nous saisit comme une alerte de solitude. On entend Gogol murmurer contre les bassesses humaines mais il s’adresse au spectateur sans moraliser. Il va nous faire rire mais à condition que l’on accepte de payer un gage: « n’accuse pas le miroir si tu as la gueule de travers »

Il m’a semblé primordial de partir sur une recherche très dessinée des personnages et de leur caractère afin que se révèle une grande richesse de passions humaines avec leurs défauts correspondants. Nous devons faire vivre cette ville intérieure «où nos passions se défoulent » comme disait Gogol.

Je souhaite donc poser concrètement une loupe sur « les nez » des personnages et ainsi explorer le caractère et le style de jeu que vont nous dévoiler ces petits masques. Nous travaillons avec des nez en silicone et chacun de ces nez contient l’essence d’une personnalité. Le jeu devient condensé, stylisé et rythmé. Gogol, obsédé par son nez, a même écrit une nouvelle où un personnage part en quête de cet élément central qui a disparu de son visage et pris une existence indépendante. C’est à partir de cette nouvelle que l’idée m’est venue de partir de l’exagération de cet élément expressif du visage pour la transfiguration des acteurs.

La fonction du personnage de Klestakov ou « le faux Révizor » dans la pièce m’a particulièrement interpelée. Contrairement à la première impression qu’on peut avoir, il n’est pas le protagoniste mais plutôt l’élément clé de la pièce qui provoque malgré lui la révélation des autres personnages. C’est pourquoi j’ai décidé de faire jouer ce personnage par une marionnette qui sera principalement manipulée par Ossip, son valet, mais qui, parfois, le sera de façon chorale par tous les personnages qui gravitent autour. Cette marionnette est ce vide où l’on projette les fantasmes de notre mauvaise conscience. Ce choix donne une plus grande densité à la pièce car il amplifie le quiproquo qui est à l’origine de l’intrigue tout en introduisant au coeur de cette comédie un élément poétique.

Chez Gogol, le protagoniste est l’homme du commun et les personnages secondaires ont une grande importance. Ma mise en scène avec huit acteurs et un musicien sur scène fera vivre tout ce petit monde grâce à des changements rapides et par l’utilisation de pantins.
L’espace est traité avec une grande économie d’objets. Il peut être réel et concret et en même temps devenir symbolique. Par exemple trois paires de portes mobiles nous amènent vers un intérieur de maison mais leur mobilité peut laisser les personnages seuls dans l’immensité, les opprimer, les poursuivre ou, rapidement, les faire basculer vers l’extérieur.

La musique, à travers une composition originale, tiendra un rôle fondamental dans notre pièce. Tout tient au rythme dans une comédie mais la musique peut aussi nous rappeler le drame qui se noue et qui est à la base du comique, ou amener de la poésie et de la profondeur. Ainsi le musicien, au son de nombreux instruments (viole de gambe, guitare électrique, xylophone, mélodica, clavier, bouzouki, balafon, bendir) pourra aussi bien donner l’impulsion aux comédiens que suggérer une deuxième lecture de l’action.

Nous travaillons avec la traduction d’André Markowicz qui accepte l’adaptation de son texte pour les besoins du plateau. Les répliques de Khlestakov sont souvent partagées avec Ossip, son valet manipulateur, et adaptées pour un meilleur fonctionnement de la marionnette. Les coupes opérées dans le texte visent à maintenir le rythme de l’avancée de l’action.PAULA GIUSTI

 

NICOLAS GOGOL (MARS 1809- FÉVRIER 1852)

SA VIE, SON OEUVRE
Né en Ukraine en 1809, Gogol développe son goût pour la littérature grâce à son père, ancien officier cosaque. Sa mère lui transmet sa foi religieuse qui évolue, vers la fin de sa vie, en un mysticisme maladif.

Né dans une famille de petite noblesse, avec une enfance extérieurement heureuse malgré le décès du père, il compte huit soeurs aînées. Entouré uniquement de femmes, soeurs, nounous ou gouvernantes et dernier de la famille, Gogol est considéré comme le petit génie adoré. Un climat qui le persuade qu’il est un génie, ce qu’il va d’ailleurs devenir. La situation le conforte également dans toutes ses névroses, dont ses oeuvres présentent des traces. Car Gogol est l’un de ces écrivains dont la personnalité ne peut absolument pas être dissociée de son oeuvre.

Après des études médiocres, ce frêle jouvenceau au visage austère quitte l'Ukraine et trouve un modeste emploi de bureau à Saint-Pétersbourg, dans un ministère. Son éloignement de l'Ukraine et la nostalgie qui en résulte lui inspirent les Veillées du hameau (1831-1832). Ce livre, il l’écrit à la fois pour affirmer son talent et pour répondre à l’intérêt naissant de la classe intellectuelle et de la noblesse envers les contes populaires. L’ouvrage remporte un succès énorme et Gogol, à 21 ans, devient le génie qu’il croit être. Adulé par l’aristocratie russe de Saint-Pétersbourg, Gogol se voit reçu dans les grands hôtels particuliers et les palais, où il trouve toujours un appartement pour lui. Il ne possède rien, dépense tout l’argent que lui rapportent ses livres et demande, au besoin, de l’aide à ses admirateurs. Dont le tsar, tout naturellement. Son expérience d’employé lui inspire une magnifique nouvelle, Le Manteau (1843), dont le héros est devenu l'archétype du petit fonctionnaire russe.

Il devient ensuite professeur d'histoire à l'Institut patriotique des jeunes filles, puis à l’université de Saint-Pétersbourg (1831-1835). Durant cette période, Gogol publie de nombreuses nouvelles.

En 1836, la pièce de théâtre, Le Révizor, connaît un réel succès. Elle est applaudie par les libéraux et attaquée par les réactionnaires. Mais Gogol se sent incompris. En plein désarroi, il fuit et erre à travers l'Europe. Il commence à écrire son grand roman, la pièce maîtresse de son oeuvre, Les Âmes mortes. Gogol le donne à lire à son ami Pouchkine, qui lui a inspiré l’histoire, lui disant qu’il va rire. Mais quand Pouchkine lui ramène son texte, il lui avoue n’avoir jamais ri, mais bien pleuré. Gogol ne comprend pas. Il vit le drame d’un écrivain qui souhaite ardemment écrire dans le style humoristique, afin de faire rire, mais dont le génie s’avère satirique et critique. Gogol est déchiré, désespéré par les commentaires sur le livre, alors qu’il connaît un succès phénoménal. Il essaye de faire publier son roman à Moscou en 1841, mais le comité moscovite de censure le refuse. Ce n'est qu'après une intervention de plusieurs amis et divers remaniements que le livre paraît, en 1842.

Ses tribulations reprennent: Italie, France, Allemagne. En 1848, il fait un pèlerinage à Jérusalem. Au fur et à mesure, sa santé se dégrade - et plus encore, la perception qu'il a de sa santé, car il se croit toujours beaucoup plus malade qu'il n'est. En parallèle, son sentiment religieux s’exalte. Rentré à Moscou, il rédige la seconde partie des Âmes mortes. Mais, dans un moment de délire, il brûle tous ses manuscrits inédits. Gogol s’aigrit, sa gloire ne le satisfait pas, l’incompréhension des lecteurs le désespère. Il se renferme et écrit des lettres où il ne jure que par le tsar, le conservatisme et la religiosité. Parmi ses amis et admirateurs, un profond malaise se répand.

Souffrant de dépression nerveuse il se laisse mourir de faim chez l’un de ses proches, à l’âge de 44 ans. Il meurt le 21 février 1852, épuisé par les jeûnes. Gogol est enterré à Moscou.

SON POINT DE VUE SUR SA PIÈCE
Lors de la première du Révizor, au Théâtre Alexandra à Pétersbourg en 1836, domine au sein du public, composé essentiellement de hauts fonctionnaires, un malentendu quant à l’interprétation de la pièce qui connaît un réel succès. Gogol se sent incompris. Il est tout autant irrité par ceux qui le soutiennent que par ceux qui le critiquent. Car tous simplifient et détournent sa pensée profonde, voyant dans son oeuvre une attaque des institutions, de façon presque militante. Alors que l’auteur a juste voulu dénoncer les vices et les abus qui se trouvent en chaque homme.

La plupart reconnaissent dans la pièce une force subversive que Gogol lui-même ne pense pas avoir distillée. Lui qui entend dénoncer certains défauts humains et non pas s’attaquer au monde social et politique russe, se sent perçu comme un libéral bien malgré lui.

On l’a dit : Gogol n’est pas satisfait. Les acteurs ont, à ses yeux, rendu son Révizor méconnaissable. À son grand dépit, sa pièce lui paraît être alors plus qu’une farce, encore accentuée par leur jeu caricatural, mais moins qu’une satire politique. Le héros est faux, aucun personnage n’est ni bon ni vraiment criminel et le protagoniste principal ne contrôle ni ne subit véritablement les événements. Bref, la pièce n’est ni farce, ni satire.

En outre, les habitudes théâtrales de l’époque se tournent plutôt vers les comédies légères qui mettent en scène barons et vicomtes ; tout un petit monde bien éloigné des fonctionnaires de Gogol. Or le comique contenu dans Le Révizor n’est pas « léger» puisque les personnages finissent figés, lors de la dernière scène.

En vérité, Gogol a utilisé la structure du vaudeville et du mélodrame, courants à cette époque, en les pervertissant. Du premier, il conserve l’intrigue amoureuse et, de l’autre, sa conception catastrophique. La transformation s’effectue d’abord en introduisant des passions que Gogol juge actuelles (carrière, mariage, jalousie, pouvoir,...) et en remplaçant l’homme du vaudeville au sein d’un milieu familial par un homme social, dans une ville organisée hiérarchiquement. Ensuite Gogol supprime ou minore les grands effets du mélodrame : en lieu et place des crimes et poisons, il place des ragots et pots-de-vin minables.

L’originalité de Gogol est de faire glisser le comique vers l’hallucinante pétrification finale et de nous faire peu à peu basculer dans l’horreur (On y a aussi vu la hantise mystique de Gogol contre Satan). Il ne s’agit donc plus d’un humour léger mais bien d’un rire qui grince et qui glace. Les mises en scène du vivant de Gogol, toutefois, n’ont pu dégager la nouveauté de la pièce, par le jeu de l’acteur ou par le parti pris dramaturgique. Elles l’ont plutôt dénaturée, en la rendant au vaudeville, en la caricaturant …

L’écrivain ne cessera pas de remanier le Révizor... Sa pièce, et ses interprétations surtout, lui échappent, et de toute façon chaque époque va trouver dans cette pièce un miroir de ses tares aini qu’une efficace machine à jouer…

THÉÂTRORAMA
En choisissant de faire incarner le personnage de Khlestakhov, le faux inspecteur, par une marionnette, (…) Paula Giusti renforce le quiproquo initial, insufflant à sa mise en scène une dimension poétique et une certaine distance. Le jeu avec cette marionnette à taille humaine rend compte d’une grande virtuosité des comédiens et finit par renforcer l’imbroglio. Soulignant la folie du jeu des acteurs, le plateau se transforme à vue. (…) Paula Giusti et sa bande de joyeux hurluberlus, en démontant les mécanismes de la peur et du mensonge, mettent à jour ces promesses où chacun se prend à rêver et à faire tout son possible pour rendre tangibles “[ces] possibilités de pouvoir” De toute cette histoire, il ne reste rien si ce n’est le souvenir d’un bourgmestre qui s’est fait rouler offrant l’opportunité à un scribouillard de raconter cette histoire. “Comment c’est arrivé ? C’est le diable qui nous a ensorcelés ! “.

THÉÂTRES.COM
Un univers foisonnant et généreux qui confère à la farce de Gogol une esthétique extrêmement poétique (…) Par un rigoureux travail de masques, ici plutôt de nez, Paula Giusti dresse une galerie de portraits drolatiques et touchants. Chaque personnage de Gogol se distingue par un détail, une manière de se mouvoir, une intonation de voix. Il en résulte une fresque parfaitement dessinée, une forme originale complétée par un sens aigu du tableau. En effet le metteur en scène distille des images saisissantes de beauté et surprenantes par leur lyrisme dans cette farce jubilatoire qu’est le Révizor. En choisissant de donner le rôle de Khlestakhov à un pantin elle amplifie dans un premier temps l’absurdité de la méprise des villageois. Visuellement la manipulation de la marionnette donne lieu ensuite à des scènes sublimes orchestrées avec finesse, notamment celle du tango ou encore les instants de choralité avec le peuple. Un spectacle ambitieux qui au-delà d’une distribution exemplaire se distingue avant tout par un travail minutieux, une précision redoutable.

LA REVUE DU SPECTACLE
La proposition de Paula Giusti mêle comédiens et pantins de bois et de chiffons dans une simplicité de théâtre de tréteaux. Elle s'appuie sur un parti fort, celui du grimage : geste théâtral minimal juste en deçà de celui du masque véritable. Comme un traité de physiognomonie désignant le caractère, chaque personnage a le visage de sa caricature. Et lorsqu'ils sont en groupe, ils ressemblent à un dessin réaliste. Le rôle central du supposé Révizor, celui à qui tous font la cour, est tenu par une marionnette à taille humaine. Manipulée par tous, elle prend les contre jeux. Ce parti pris risqué dans l'art de la comédie est d'une fidélité étonnante à l'œuvre de Gogol. Les comédiens s'en donnent à cœur joie, déploient dans cette mise en scène un art de l'ellipse et du glissando, qui transcende les limites de la farce traditionnelle ou d'une étude de mœurs. Le jeu est virtuose et délicat. Le spectateur se découvre comme feuilletant un livre d'images et entre progressivement dans un conte. Ce Révizor ? Une rêverie de théâtre ou plutôt une rêverie au théâtre qui parcourrait les tableaux d'une exposition retraçant l'univers des nouvelles de Gogol ou de Pouchkine*.

PARISCOPE
Comédiens investis et impeccables, proposition maîtrisée de bout en bout : Paula Giusti et sa compagnie Toda Via Teatro nous offrent un spectacle diablement jubilatoire. La belle idée est ici d’avoir choisi une marionnette pour interpréter Khlestakhov. C’est plutôt bien vu. La boucle est en quelque sorte bouclée, les guignols du pouvoir dénoncés par Gogol étant finalement manipulés par un autre pantin, au sens propre celui-là. (…) De quoi renvoyer à la réflexion plus profonde sur le vide, la peur et le pouvoir que cache la réjouissante efficacité de la farce satirique de l’auteur. Alors si vous voulez rire intelligemment, vous savez ce qu’il vous reste à faire…

LA TERRASSE
Paula Giusti a plus que réussi son pari. Pénétré des couleurs vives de la commedia dell’arte, mais aussi des nuances poétiques du bunraku (théâtre traditionnel japonais qui fait usage de marionnettes à taille humaine), le spectacle de troupe qu’elle a imaginé offre un point de vue éclatant sur la pièce de Gogol. La vie est là, à chaque instant de cette farce qui pointe du doigt les travers et le ridicule d’une société baignant dans la corruption.

LA CROIX
Corruption, malversation, bêtise, mesquinerie… Les cadavres sortent des placards. Les jalousies et frustrations s’expriment. Le tableau peint par Gogol de la vie de province et de ses fonctionnaires est sans pitié. Au point qu’il apparaîtra à beaucoup – au grand dam de son auteur, légitimiste – comme une charge féroce contre le régime. Peu importe. Mise en scène par Paula Giusti, sur le double mode du théâtre d’acteurs et de la marionnette, cette comédie grinçante, un rien amère, devient un cauchemar aussi jubilatoire qu’effrayant. Accompagnés d’une petite musique qui semble improvisée en direct, affublés de faux nez et de perruques extravagantes, les acteurs sont formidables.

 

PAULA GIUSTI, metteur en scène, crée et dirige la compagnie Toda Vía Teatro. Elle est originaire de Tucumán en Argentine, où elle a étudié le théâtre à la faculté des Arts et la danse contemporaine auprès de Beatriz Labatte. En France elle fait son DEA à Paris 8, dans le domaine de l’analyse de texte dramatique, et suit une formation pratique à l’école L’oeil du Silence, dirigée par Anne Sicco. Elle suit des stages avec Ariane Mnouchkine, Julia Varley Larsen, Mamadou Dioume. Elle est distinguée pour son parcours universitaire en Argentine, reçoit le prix Iris Marga pour son interprétation dans Chronique de l’errante et invincible fourmi argentine, et est gratifiée d’une bourse de la Fondation Calouste Gulbenkian pour étudier le théâtre de Fernando Pessoa.

CARLOS BERNARDO est d’origine brésilienne, il est musicien multi instrumentiste et compositeur. Il est le collaborateur et l’assistant de Jean-Jacques Lemêtre au Théâtre du Soleil lors du spectacle Tambours sur la digue et pour des séminaires musicaux au Brésil. Au Brésil il travaille en tant qu’interprète et compositeur avec notamment la chanteuse Amora Pera et son groupe Chicas et au Canada avec Patricia Cano. Il est le directeur musical de la Compagnie Amok Teatro www.amokteatro.com.br pour la création et l’exploitation de Macbeth et Le dragon. Il travaille aussi avec le goupe Hombu de théâtre pour enfants et il collabore avec le metteur en scène Aderbal Freire fils et donne plusieurs cours de musique et de percussions à destination d’acteurs. Actuellement il habite Paris et travaille avec Vakia Stavrou ainsi qu’avec la Compagnie Toda Vía Teatro pour le nouveau projet du « Revizor » de Gogol. www.carlos-bernardo.com

DOMINIQUE CATTANI, comédien et pédagogue se forme aux Arts et Métiers du Spectacle à l’Université d’Aix en Provence. Il débute en tant que comédien avec plusieurs compagnies marseillaises: ln pulverem Reverteris, Les foules du dedans, Cithéa autour du répertoire classique et contemporain. Parallèlement, il s’intéresse à la manipulation de marionnettes et d’objets et il conçoit et interprète Son of a gun d’après les nouvelles de C. Bukowsky. Son parcours, basé sur diverses formes théâtrales, l’amène à suivre des stages avec Julie Brochen, Omar Porras, Linda Wise, Catherine Germain. En 2002, il intègre la compagnie Philippe Genty en tant que comédien et dirige divers stages basés sur le mouvement et la marionnette.

FLORENT CHAPELLIERE, après des études théâtrales au CNR de Rouen ainsi qu’à l’Académie Théâtrale de l’Union de Limoges, où il travaillera notamment avec M. Didym, P. Pradinas, C. Stavisky ou E. Pommeret, se forme au débat théâtral avec la Cie Entrée de jeu. Parallèlement, il joue dans des pièces telles Supermarché de B. Srbljanovic (Cie Joli Collectif), Je ne pense pas au futur ... de J-F Bourinet ou Qui suis-je ? de T. Gornet ou Le canard sauvage d’Ibsen (Cie Théâtre Déplié). Il s’essaie à la mise en scène avec Thésée de M. A. Perera et à l’écriture de spectacle, B’Rêves de Sciences.

LARISSA CHOLOMOVA, originaire de Russie, a suivi ses études au Conservatoire de Théâtre de Saint-Pétérsbourg. Parmi ses dernières interprétations elle apparait dans La Campagne de Martin Crimp mise en scène par Patrik Schmidt, La Mouette de Tchekhov mise en scène par Philippe Adrien, La Guerre n’a pas un visage de femme de Svetlana Alexievitch mise en scène par Stéphanie Loïk, La Farce de Maître Pathelin mise en scène par Hassane Kassi Kouyaté, Ashes to Ashes d’Harold Pinter mise en scène par Yves Bombay, Macbeth d’Heiner Müller mise en scène par Jean-Claude Berutti, Rêves une création mise en scène par Philippe Adrien ou encore Huis clos de Jean-Paul Sartre mise en scène par Vladimir Steyaert. Elle travaille avec la compagnie XZART, dirigée par Michel Rosenmann depuis une vingtaine d’années.

MATHIEU COBLENTZ est à la fois guide-conférencier, régisseur, acteur, auteur et metteur en scène. Formé aux techniques de l’acteur à l’École Claude Mathieu. Il est comédien avec des metteurs en scène tels que Marie Vaiana, J-Y Brignon, Sylvie Artel, Keziah Serreau, Hélène Cinque, Caroline Panzera, Ido Shaked, Jean Bellorini avec qui il crée en 2010, « Tempête sous un crâne » d’après Les Misérables de Victor Hugo. Le désir de porter des spectacles le pousse à créer en 2005 la compagnie des Lorialets, aujourd’hui tournée vers l’espace public et les Arts de la Rue. En 2014, il met en scène « les Crieuses Publiques », spectacle musical et participatif pour la rue.

SONIA ENQUIN, danseuse et comédienne d’origine argentine, fait ses études au Théâtre San Martin et rejoint la compagnie dirigée par Oscar Araiz. Elle travaille en même temps avec plusieurs compagnies de théâtre en Argentine. En 1995 elle part à New York comme boursière auprès de Trisha Brown et travaille au Mouvement Research Project. Deux ans après elle s’intalle en France où elle travaille avec La Fura dei Baus, Laura Scozzi, Coline Serreau, Philippe Genty et Felix Ruckert. Elle se forme à la Méthode Feldenkrais. Son intérêt pour le théâtre l’amène à suivre plusieurs stages de théâtre et de clown avec Omar Porras et Fred Robbe et de danse avec Wim Vandekeybus.

ANDRÉ MUBARACK est d’origine brésilienne. Diplômé en interprétation théâtrale à l’Université Fédérale de Rio Grande du Sul, à Porto Alegre, il nourrit sa formation en la croisant avec différentes techniques corporelles et de jeu, notamment le yoga, le mime (avec Thomas Leabhart et Leela Alaniz), le contact improvisation (avec Jordi Cortés Molina), le viewpoints (avec Michael Stubblefield) et le clown (avec Philippe Gaulier, Ana Elvira Wuo et Hélène Cinque). Après avoir crée une compagnie de danse au Brésil, il intègre la compagnie norvégienne Klovholt/Kahn, sur une adaptation de La dame de la mer, d’Ibsen. En France, il travaille avec les compagnies Fabrica Teatro, Pas de dieux et Tutti Quanti.

LAURE PAGÈS, comédienne, clown et pédagogue, se forme au théâtre à l’université, puis à l’École Internationale de Théâtre Jacques Lecoq. Elle suit plusieurs stages professionnels en théâtre (avec Ariane Mnouchkine, Thomas Prattki, Jos Houben, Paola Rizza), en clown (avec Michel Dallaire, Gabriel Chame Buendia), en mouvement (avec Yves Marc et Claire Heggen). Son parcours est pluridisciplinaire et jalonné d’expériences théâtrales diverses: spectacles Jeune Public, créations collectives mêlant jeu, chant et danse, pièces du répertoire contemporain, jeu masqué (avec le Théâtre du Kronope). Elle porte une attention particulière à un jeu axé sur le mouvement; elle est très attachée au métissage des arts, à la rencontre de différentes disciplines, notamment du clown et du mouvement. Par ailleurs, elle est intervenante- théâtre en milieu scolaire, dans le cadre du Théâtre de la Tête Noire.

FLORIAN WESTERHOFF, comédien, se forme à l’école Claude Mathieu à Paris, puis joue en Bretagne avec la compagnie Aquilon, dirigée par Amélie Porteu. Il travaille dans Oedipe Tyran de Sophocle sous la direction de Benno Besson à la Comédie Française. Il a tourné dans plusieurs courts métrages d’élèves de la Fémis et de réalisateurs indépendants, et enregistré des fictions sonores pour la chaîne télévisée Arte et pour la Maison de la Radio. Il se forme également à la fabrication et au jeu du masque auprès de Jean-Marie Binoche.