Giu’ La Testa

STEFANO DI BATTISTA ET SYLVAIN LUC (QUARTET)

Quand deux grands noms du jazz décident de s’amuser un peu en réinterprétant quelques grands standards de musiques de films, cela donne Giu’ La Testa (titre original du film Il était une fois la révolution). Sylvain Luc à la guitare et Stefano Di Battista au saxophone s’en donnent à coeur Sylvain Luc à la guitare et Stefano Di Battista au saxophone réunis pour un grand moment de jazz sur fond de musiques de films. joie : d’Ennio Morricone à Michel Legrand en passant par Nino Rota, ils jouent avec les mélodies originales pour offrir une seconde lecture propre à leurs souvenirs et à leurs émotions. Tel un chat et une souris, ils se courent après, marquent l’arrêt et repartent pour mieux rejouer. Un jeu qui pourrait être dangereux, mais ces deux-là ont le talent nécessaire pour déjouer les pièges des improvisations qui tournent mal. Daniele Sorrentino à la basse et Pierre-François Dufour à la batterie et au violoncelle enrichissent la formation pour proposer un répertoire riche et funky agrémenté de quelques compositions originales.

« Luc et Di Battista laissent virevolter les climats, le premier aussi confortable dans l’acoustique sereine que dans une électricité empruntée au rock, le deuxième tirant de son soprano des ressources insoupçonnées. » JAZZ NEWS

« Faut-il résister au plaisir simple d’écouter deux formidables musiciens se faire plaisir, un oeil sur les charts ? » TÉLÉRAMA (fff)



EXTRAIT VIDÉO

 

 

 



VIDÉO

 

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Entretien avec Stefano Di Battista et Sylvain Luc à propos de leur album
« Giù la testa » « La musique n’a pas de compartiment »


Stefano Di Battista et Sylvain Luc viennent de signer un album commun. « Les Trois Coups » ont voulu savoir comment s’était produite cette rencontre inédite de deux musiciens connus et reconnus dans leur spécialité.

Comment, Stefano Di Battista et Sylvain Luc, en êtes-vous arrivés à faire un disque sous votre double signature ?
Stefano Di Battista. — Sylvain m’a appelé pour partager avec lui un nouveau projet. Giù la testa est le résultat d’une envie de jouer ensemble que nous avions depuis longtemps.
Sylvain Luc. — Stefano n’avait pas fait d’album avec un guitariste, et je n’en avais pas fait avec un saxophoniste, c’était une occasion rêvée.

Vous êtes épaulés par une rythmique bien présente et efficace, comment en avez-vous choisi les membres ?
Sylvain Luc. — Stefano a proposé un bassiste, Daniele Sorrentino, avec qui il joue régulièrement. Et j’ai proposé un batteur-violoncelliste, Titi (Pierre-François) Dufour, que des amis m’avaient recommandé. C’était un défi, car il faut parfois du temps pour qu’une rythmique qui ne se connaît pas parvienne à jouer ensemble. Et ça a fonctionné !

Très bien, même. Tous les deux, dans cet album, vous exploitez très largement la palette de chacun de vos instruments. Comment avez-vous géré la répartition des rôles entre vous et le mariage des couleurs musicales ?
Stefano Di Battista. — Ça a été assez facile, vu que la musique elle-même nous amène dans des lieux différents, qui nous ont donné, naturellement, la direction des notes.
Sylvain Luc. — Oui, et en jouant, on s’est rendu compte que les unissons fonctionnaient à merveille.

Stefano, en 2013 à Jazz sous les pommiers et cette année encore lors de Jazz à Vienne, je vous ai entendus exprimer votre souhait de rendre justice aux compositeurs italiens, de les faire mieux connaître. Est-ce un des buts de votre nouvel album, Giù la testa, qui vient de paraître chez Just Looking Productions / Harmonia mundi ? Et si oui, n’y a-t-il pas un paradoxe à nommer ce disque « Baisse la tête », puisque c’est la traduction du premier titre de ce qui deviendra Il était une fois la révolution ?
Stefano Di Battista. — J’aime jouer la musique des compositeurs italiens. Pas forcément pour leur rendre justice ou pour les faire connaître, mais simplement par plaisir. Dans le cas de cet album, nous avons trouvé avec Sylvain que nous avions un « patrimoine » à proposer. Si le public peut imaginer autre chose que le film en écoutant la musique, alors ça nous fait plaisir.

Vous êtes coleaders d’un opus qui paraît très éclectique : deux de vos compositions, Luc, une de vous, Stefano, deux reprises d’Ennio Morricone et de Michel Legrand, une de Nino Rota qui forment un bloc de musiques de film, une de Ray Charles et une de William Walton. Y a-t-il néanmoins une unité dans votre dernière production à tous les deux ?
Stefano Di Battista. — L’unité réside dans le fait que nous avons essayé de suivre un chemin sonore que nous avons aimé, et qui nous a accompagnés jusqu’à aujourd’hui. Nous avons essayé d’en faire un parcours sincère, entre ce « patrimoine » et nos compositions, car nous pensons que la musique n’a pas de compartiment.

Stefano, vous dédiez une très belle ballade, Arrivederci, à votre mère et vous lui rendez un hommage émouvant et vibrant dans le livret. Quel a été son rôle dans votre vie de musicien ?
Stefano Di Battista. — Tutti !

Sylvain, la plupart des auditeurs sont frappés par l’originalité dans l’interprétation du célèbre I Got a Woman de Ray Charles, votre introduction n’y pas étrangère. Comment vous en est venue l’idée ?
Sylvain Luc. — J’avais envie de le jouer avec un son un peu saturé. Je suis dans une période de recherches de sons, et je souhaitais être en accord avec ces expérimentations sonores. Cette intro a été improvisée, et l’idée est venue assez naturellement. JEAN-FRANÇOIS PICAUT - LES TROIS COUPS.COM

 

TÉLÉRAMA
Ne lésinons pas sur les clichés pour suivre nos héros, assistés de Daniele Sorrentino (basse et contrebasse), Pierre-François Dufour (batterie et violoncelle), dans leurs interprétations désinvoltes de Morricone (Giù la testa, d'Il était une fois la révolution), Nino Rota (Otto e mezzo), Michel Legrand (La Chanson des jumelles) et de leurs propres compositions, qui ressemblent comme deux gouttes d'eau (parfumée) à leurs modèles. Faut-il résister au plaisir simple d'écouter deux formidables musiciens se faire plaisir, un oeil sur les charts ?

LIBÉRATION
Dès le premier morceau, le guitariste inflige un détournement d’anthologie à l’attaque de I Got a Woman (Ray Charles). Ensuite, il n’est qu’à suivre La Chanson des Jumelles, un bijou signé Michel Legrand extrait des Demoiselles de Rochefort, pour reconnaître que l’Italien démantibule. Le duo implose avec une élégance démentielle l’un des couplets légendaires de la comédie musicale. Sylvain Luc confirme : «on l’a gentiment fracassé». Il décompose le thème, titille le saxophoniste, propose un air nouveau, ce dernier suit. Incessante et goûteuse interaction. Traitement similaire du Dingo Rock, que Legrand composa pour Miles Davis. Luc bifurque. Di Battista enchaîne. Les compères déglinguent les lignes, ouvrent un nouveau terrain de jeu, enfin tordent la trame en balancement funky. Les iconoclastes nous régalent. Sur la création de Nino Rota pour 8 1/2 de Fellini (Otto e Mezzo), ils s’autorisent un interlude nonchalant, truffé de citations au jazz de Miles Davis période Kind of Blue.

CINÉZIK
Sur certains titres, les thèmes exposés restent clairement identifiables, dans d'autres ils sont suggérés par petites touches, quelques notes qui permettent de reconnaître une œuvre en quelques secondes. Et la magie s'opère.

TRIBUNE2LARTISTE
Giu’ La Testa se fonde certes sur un parcours balisé par des musiques de films, mais en réalité, il s’offre tant aux mélomanes qu’ aux musiciens avertis, comme un espace de jeu. Un jeu d’interprétation de rôles, de course-poursuite et parfois comme des scènes de dialogue entre deux acolytes qui, chacun avec son langage, nous content la même féerie de leur histoire commune. Parfois cette histoire nous semble évidente et connue parce qu’on en a les bribes dans la mémoire ; parfois elle nous est suggérée, pour ensuite nous transporter dans la magie de l’improvisation de ces deux musiciens passés maitres dans cet art.